Le grand troche, sorite/37

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Éditions Elaia (p. 51).

LE PAMPRE

à Michael Crista

Ô dieu Pan épanche tes détresses
sur mes épaules équarries à se porter.
Ce soir au cinéma nous aimerons les foules
des travailleurs aux mains crevassées
& les puces nous aimeront —
la nuit pluvieuse se laissera oublier —
l’ennui restera sur le banc que nous avons quitté.

Ô dieu Pan tu es ce vieux mendiant
déconcerté d’avoir perdu sa ceinture —
drapeau rouge des chefs de gare
& des chantiers du Premier Mai
humilié par les grilles des casernes.

& je suis ce Pan.
C’est moi que je dénonce —
Pan est Pan — & pan dans l’œil
& aussi plein de plomb dans l’aile.

Chaque soir faites votre examen de conscience
dit le curé au confessionnal —
mais Dieu est anticlérical
mais Dieu est-il & où est-il ?