Le livre des petits enfants/10

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Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 33-37).


LE CHÊNE.


Le Chêne est plus haut et plus gros que beaucoup d’autres arbres ; l’écorce de son tronc est épaisse et raboteuse ; ses feuilles sont d’un beau vert et fort luisantes. Il porte un petit fruit qu’on appelle gland, qui est amer et qu’on donne aux cochons ; cette nourriture les engraisse beaucoup. Cet arbre dure très long-temps : on en a vu qui avaient plus de cent ans. Dans une province d’Angleterre il y avait un chêne si gros et si grand, que plus de quatre mille personnes pouvaient se mettre à l’ombre sous ses branches. En Allemagne il y en avait un autre si énorme, qu’il servait de fort, c’est-à-dire que les soldats s’y établissaient pour défendre une ville, comme ils s’établiraient à Montessuy, pour défendre Lyon, si les ennemis venaient nous attaquer.

Quand cet arbre a été abattu, on en a fait un mât pour un vaisseau, et ce mât avait cent pieds de haut.

Avec le Chêne on fait des moulins où l’on moud le blé, pour en tirer la farine ; on fait aussi des pressoirs, avec lesquels on écrase les raisins pour faire du vin. On en fait encore des poutres pour soutenir les toits et les planchers des maisons. Il ne se pourrit pas comme les autres bois, et il se conserve souvent six cents ans. Les pilotis en chêne qui sont dans l’eau ou sous terre, durent si longtemps qu’on pourrait voir encore des ouvrages faits du temps de Pharamond, qui fut le premier roi de France.

On écrase l’écorce du Chêne, et avec cela on prépare les cuirs. On s’en sert aussi pour teindre en jaune-brun ou en noir. Quand l’écorce de cet arbre a servi pour les cuirs, on en fait des mottes pour brûler ; ce sont ces mottes que nous allons acheter pour le poêle.

Les noix de galle viennent sur les chênes ; avec ces noix on fait de l’encre.

La même année que le petit François alla se réchauffer entre les pattes de l’ours Masco (il y a plus de cent trente ans,) il y eut une grande disette : on ne pouvait avoir du pain, et les pauvres gens furent obligés d’en faire avec de la farine de gland ; et, quoique ce pain fût bien amer, on en mangea beaucoup.

Aujourd’hui nous sommes bien plus heureux : Dieu a permis qu’il y eût toujours du pain chez le boulanger, puisqu’il croît toutes les années en France plus de blé qu’il n’en faut pour nourrir ses habitants. Ainsi, quand même la récolte manquerait, nous ne serions pas obligés de faire du pain avec les glands.