Le livre des petits enfants/19

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Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 94-98).

LES
ENFANTS RECONNAISSANTS.

HISTOIRE VÉRITABLE
arrivée en juillet 1837.


Le petit Maurice et la petite Justine venaient de perdre leur Père et leur Mère ; Maurice avait sept ans, Justine n’avait que cinq ans. Un brave Ouvrier, nomme Thomas, qui logeait dans la même maison qu’eux, eut pitié de ces pauvres orphelins, et se chargea de les élever et de les nourrir. Il menait tous les matins Maurice à l’école, et Justine à la salle d’Asile la plus proche. Il leur donnait, à chacun, leur petit dîner dans un panier, et le soir, il allait les chercher.

Sans doute, mes chers amis, vous auriez aimé ce bon Thomas, et, comme les enfants qu’il avait adoptés, vous auriez profité des leçons qu’on vous donnait, et de tout ce qu’on vous enseignait. Ce fut ce que firent Maurice et Justine ; aussi, au bout de huit ans, ils furent assez instruits pour quitter les écoles, et leur père adoptif les mit en apprentissage. Ils réussirent si bien dans le métier qu’on leur fit apprendre, que bientôt ils purent gagner leur vie, et même ils mirent quelque argent de côté.

Mais ils eurent un grand tort ; ils oublièrent leur Bienfaiteur, et ne s’informèrent pas de ce qu’il était devenu !… Cependant Thomas était très vieux ; l’ouvrage manqua, il ne pouvait plus travailler comme autrefois ; enfin, ne voulant pas être à charge aux autres, il se décida à mendier !…

Un jour, il fut arrêté comme vagabond. Il parut devant le Tribunal ; mais il avait l’air si honnête et si respectable, qu’on pensa bien que c’était la misère qui l’avait forcé à demander l’aumône. Il intéressa tout le monde, et le Président lui demanda s’il ne connaissait personne… À l’instant même, on vit un jeune homme et une jeune fille s’élancer dans la salle en pleurant. « Nous le connaissons ! » s’écrièrent-ils en se jetant dans les bras du vieillard : « c’est Thomas, c’est celui qui nous a élevés, qui a pris soin de nous, quand nous étions petits ! »

Je suis sûre, mes chers enfants, que vous avez deviné que c’étaient Maurice et Justine ?

« Monsieur, dirent-ils au Président, permettez-nous d’emmener notre père Thomas ; nous reconnaissons que nous avons été bien ingrats envers lui et bien coupables devant Dieu ! Devions-nous jamais oublier tout ce qu’il a fait pour nous ?… Bon Thomas, dirent-ils au vieillard, venez avec nous : nous vous logerons, nous vous nourrirons, et jusqu’à la fin de votre vie nous prendrons soin de vous. »