Le livre des petits enfants/20

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Anonyme
Le livre des petits enfantsJohn Wiley (p. 99-103).


JEAN VIGIER.


Mes petits amis, Dieu nous dit dans sa parole : honore ton père et ta mère. Il bénit l’enfant qui obéit à ce Commandement, qui respecte ses Parents, et qui prend soin d’eux quand ils sont malades ou âgés.

Écoutez l’histoire d’un jeune garçon, dont le nom est Jean VIGIER, et qui vit encore. Il n’avait que six ou sept ans, quand il perdit son Père. Sa Mère avait eu autrefois de quoi vivre ; mais elle devint si pauvre, qu’elle allait mourir de faim, et qu’on allait la chasser de chez elle, parce qu’elle ne pouvait pas payer son loyer… Jean avait alors neuf ans et demi ; il était au collége, où il remplissait tous ses devoirs à merveille, et où il remportait tant de prix, que monsieur le Préfet lui fit cadeau d’une belle montre en or…

Un jour, un bon Curé, qui avait toujours aimé Jean, vint le voir et lui apprit qu’il n’avait été reçu au collége que parce que des personnes charitables s’étaient intéressées à lui, et avaient donné de l’argent pour l’y faire entrer. Il lui apprit encore que sa bonne Mère était malade, et qu’elle était devenue si pauvre, si pauvre, qu’elle allait entrer à l’hôpital.

À ces mots, le petit Jean se mit à fondre en larmes : « Non ! dit-il, ma Mère n’ira point à l’hôpital ; » et il alla prier ses frères aînés de venir au secours de leur malheureuse Mère, et de lui envoyer quelque argent ; car ces jeunes gens avaient un état, et ils étaient à leur aise ; mais ils avaient le cœur dur, et ils refusèrent de rien donner pour leur Mère. Jean fut bien affligé en voyant la conduite de ses frères. Alors, mes chers enfants, savez-vous ce qu’il fit ?

Il alla vendre ses habits neufs ; il vendit aussi la belle montre d’or qu’on lui avait donnée, et il en porta bien vite l’argent à sa Mère. Vous jugez de la joie de cette pauvre femme, qui se trouvait bien heureuse d’avoir un si bon fils ! Mais comme elle était malade, il fallut payer une garde et des remèdes, et cet argent ne dura pas long-temps. Quand le brave petit Jean vit qu’il n’avait plus rien à vendre, il quitta le collége et alla se présenter dans une auberge pour aider au service de la cuisine. On le prit donc comme garçon d’auberge, et l’on fut si content de lui, qu’on augmenta ses gages toutes les années, et encore aujourd’hui, mes chers enfants, Jean Vigier apporte tous les six mois à sa Mère une grande partie de ce qu’il gagne.

Au mois d’août mil huit cent trente-sept, on lui remit une médaille. Il ne savait pas pourquoi… on lui apprit qu’il avait gagné le prix de vertu. Il en fut bien étonné, car il savait que le devoir de tous les enfants qui aiment Dieu, est de soulager leur Père et leur Mère, quand ils deviennent pauvres ou qu’ils sont malades.