Le manoir de Villerai/015

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XV


C’était le jour des funérailles de Joseph Lauzon. Ce matin-là, ses restes mortels avaient quitté sa chambre pour une demeure encore plus étroite et plus pauvre. Rose, assise près du lit vide, le front courbé sur le coussin où la tête de son père avait si longtemps reposé, était bien triste. Elle était vraiment plongée dans une immense désolation ; et, dans l’amertume de sa douleur, elle demandait instamment au ciel de partager bientôt avec son père le repos du paisible cimetière.

Mais le bonheur de s’abandonner tranquillement à sa peine ne lui fut pas longtemps accordé. Bientôt la porte de la chambre s’ouvrit, et la nouvelle veuve lui demanda brusquement :

— Vas-tu bientôt préparer le déjeuner de ces pauvres enfants, ou bien entends-tu passer toute la journée à pleurer ?

Essuyant les larmes qui roulaient dans ses yeux, la malheureuse fille se leva, et, sans prononcer une parole, elle passa dans une autre chambre. Les yeux de la belle-mère, cependant, étaient restés fixés sur elle avec un air de surprise, car Rose était vêtue d’une robe noire, qui, sans être entièrement neuve, était cependant d’un tissu et d’une coupe bien supérieure à ce que portaient ordinairement les personnes de son rang.

D’une voix empreinte d’une profonde jalousie qu’elle ne put maîtriser, madame Lauzon demanda où Rose avait eu une si belle robe.

— La servante de madame Deschamps ma l’a apportée ce matin de la part de cette dernière. Elle m’a dit que c’était en paiement de la couture que je lui ai faite.

— Tu as fait vraiment, dit-elle d’un air de moquerie, beaucoup de couture pour gagner une aussi belle robe de mérinos, bordée d’aussi larges garnitures de crêpe, et qui, je suis sûre, n’a pas été portée deux mois. Il est bien convenable que tu sois habillée comme une dame, tandis que moi, la veuve de ton père, je n’ai qu’une misérable robe de calicot blanc et noir à porter.

Rose était trop triste, trop fatiguée pour répondre à de tels reproches, qu’elle avait d’ailleurs à peine compris. Aussi, elle continua de vaquer à ses devoirs domestiques machinalement, mais aussi habilement que d’habitude.

Le lendemain matin, à son heure accoutumée, la gentille et malheureuse souffre-douleur de la maison était levée. Elle remplit, d’une manière irréprochable, pendant tout ce jour, qui lui parut bien long et bien ennuyeux, sa tâche fatigante ; elle supporta patiemment tous les caprices tyranniques des enfants mal élevés de sa belle-mère ; et quand enfin, avec le soir, vint un moment de répit, après avoir endormi la jeune famille et tout arrangé proprement dans la maison, elle se rendit promptement au cimetière pour dire une courte prière sur la tombe de son père.

Elle n’osa s’absenter bien longtemps : mais son absence, quelque courte qu’elle fut, parut suffisante pour irriter l’esprit impérieux de madame Lauzon, déjà piquée par le cadeau de la robe. Lorsque Rose rentra à la maison, la belle-mère qui était occupée à bercer un vigoureux enfant de trois ans, le plus jeune de la bande, l’apostropha rudement.

— Où as-tu été, mademoiselle ? réponds-moi tout de suite.

— Au cimetière, fit-elle doucement.

— Au cimetière ! Tu en es donc encore revenue à ton ancien jeu, d’imiter les grandes dames ! Tu n’as donc rien à faire, si ce n’est que d’aller au cimetière et montrer partout ton nouveau deuil, me laissant toute seule à la maison, et abandonnant ce pauvre petit qui criait à en mourir.

Pour rendre justice à Rose, nous devons dire que ce pauvre petit dont on parlait avec tant de pitié, était celui que nous avons vu tantôt reposer sur les genoux de sa mère, et que la patiente jeune nourrice avait endormi avant de laisser la maison. La jeune fille ne fit aucune réponse, mais d’un air de suprême lassitude et presque d’indifférence, elle s’en alla se débarrasser de son chapeau et de son châle.

Cette manière d’agir de la jeune fille exaspéra souverainement madame Lauzon, qui, frappant violemment du pied, s’écria de sa voix la plus aigre et la plus perçante :

— Reviens ici de suite, insolente enfant, et réponds-moi.

Rose revint et se plaça, sans rien dire, devant son tyran.

— Combien de temps ce jeu-là va-t-il durer ? demanda furieusement la belle-mère. Penses-tu que je vais te garder ici dans ma maison, à manger le pain de mes enfants, sans que tu ne fasses rien pour le gagner ? Penses-tu que je vais être la servante et toi la maîtresse, la grande dame ?

Rose garda encore le silence ; mais la profonde pâleur qui avait d’abord couvert sa figure se changea subitement en une vive rougeur.

— Qui es-tu, toi, continua la marâtre, pour prendre de tels airs ? Une créature inutile que personne maintenant ne penserait à prendre pour femme. Tu n’as pas eu une seule demande, depuis tes ridicules avances à ce jeune fat d’amoureux de mademoiselle de Villerai. Chassée honteusement du manoir, abandonnée par tes anciens amants, évitée par les autres jeunes filles respectables du village, il te convient bien, réellement, de prendre des airs pareils !… Pourquoi restes-tu ainsi à me regarder avec tant d’insolence et de malice ? Va à ton ouvrage de suite, si tu n’as pas de meilleure réponse à me donner.

— Oui ! madame Lauzon, reprit Rose d’une voix ferme dont les premiers accents causèrent une vive surprise à sa compagne, tant ils étaient différents de son ton ordinairement humble et timide ; oui, j’ai une réponse ; mais je n’en ai qu’une à vous faire à tout ce que vous venez de me dire, à toutes les injustices, à toutes les cruautés dont vous m’avez abreuvée depuis que vous êtes venue sous ce toit, il y a sept ans, comme la femme de mon père. La voici : c’est que je vais sortir avec joie de votre maison, aujourd’hui, à l’instant même, pour n’y jamais rentrer, pour ne jamais me retrouver, même pendant une heure, sous le même toit que vous.

Rose eût subitement présenté un pistolet au visage de madame Lauzon, que cette matrone déterminée n’aurait pas été plus stupéfaite et plus confondue qu’elle ne le fut alors. Pendant les premières années de son mariage, elle avait réellement fait tout son possible pour chasser Rose de la maison ; car, avec cette petitesse de sentiments propre aux esprits comme le sien, elle était excessivement jalouse de l’entière confiance et de la profonde affection qui régnaient entre son mari et Rose. Cependant, depuis que la pauvreté et la maladie s’étaient introduites dans leur ménage, augmentant l’ouvrage de la maison en les privant de l’aide d’une servante, la présence de Rose devint aussi nécessaire à madame Lauzon qu’elle avait auparavant été désagréable ; et si les admirateurs et les amoureux avaient si subitement abandonné la belle du village, madame Lauzon pouvait reconnaître dans ce résultat le succès de ses paroles et de ses malicieuses remarques. Elle s’était flattée naguère de la certitude que Rose, entièrement rejetée par ses anciens amis du manoir et abandonnée par tous ceux qui l’avaient recherchée en mariage, et trop fière pour entrer en service dans une maison étrangère, resterait toujours dans sa maison, l’esclave soumise de ses enfants et l’objet de toutes leurs mauvaises humeurs. La nouvelle subite, donc, qu’elle allait perdre si brusquement et si inopinément l’aide précieuse qu’elle sentait bien, même dans ce moment de vive colère, ne pouvoir jamais remplacer, la dérouta complètement pendant un instant.

Reprenant cependant, par un violent effort, son extérieur composé, elle dit d’un air de moquerie :

— Et pourras-tu aussi me dire où tu vas aller te retirer ? ce que tu te proposes de faire ? Souviens-toi, ma fille, avant de quitter une maison qui t’a abritée pendant tant d’années, que tu n’en as pas d’autre pour te recevoir. Les mauvais traitements dont tu te plains si hautement, tu les as supportés longtemps et tu peux encore les supporter, en échange de la situation respectable et décente que tu as ici.

— Et pensez-vous, demanda Rose d’une voix pleine d’amère mélancolie et qu’aucune expression ne pourrait rendre avec justesse ; pensez-vous que j’ai sacrifié tant et de si belles années de ma jeunesse pour la misérable nourriture et les pauvres habillements que vous me donnez ? Pensez-vous que j’aurais supporté ce que j’ai supporté, et demeuré même une seule année ici, si ce n’eût été pour mon pauvre et malheureux père, dont le bonheur m’était encore plus cher que le mien propre. Oh ! non, et maintenant que ma tâche fatigante est achevée, je m’en vais sans l’ombre d’un regret, et bien plus, joyeuse autant que vous devez l’être vous-même de ce que le fardeau de mon entretien, dont vous vous plaignez tant, ne pèsera plus désormais sur vous.

Madame Lauzon demeura silencieuse pendant quelque temps ; la rage et les regrets lui avaient presque coupé la parole ; mais en voyant sa belle-fille rattacher son châle, elle lui dit, pleine de colère :

— Mais tu ne partiras pas ainsi, ingrate enfant ! Mon respect pour ton défunt père m’ordonne de veiller sur toi et de te protéger contre la misère ou les disgrâces que tu te prépares à rencontrer.

— Je sais bien, madame Lauzon, et vous devez aussi le savoir, que partout où j’offrirai les services que j’ai rendus ici, ils me feront toujours obtenir au moins autant que j’ai reçu de vous. Je n’ai donc aucune crainte sur ce point, et maintenant laissez-moi aller sans plus de discussion.

— Quoi ! ai-je bien entendu ? demanda madame Lauzon avec un dédain emphatique. Ainsi, la délicate Rose, avec sa jolie figure et toute son instruction, elle qui était la compagne et même la rivale de la seigneuresse de Villerai, va aller s’engager comme servante, à tant par mois ! C’est là certainement un rude coup à ta vanité ; mais tu ne m’as pas dit où tu allais, continua-t-elle, remarquant que sa belle-fille avait fini d’attacher son chapeau. Tu répondras au moins à cette question ?

— N’importe où, n’importe où, dit Rose en soupirant ; pourvu que je sois en paix. Et murmurant un mot d’adieu, elle passa pour toujours le seuil de cette maison dans laquelle, comme elle venait de la dire elle-même, tant d’années de sa jeunesse avaient été sacrifiées.

La triste jeune fille n’hésita pas longtemps avant de savoir où elle dirigerait ses pas. Le vénérable ami qu’elle avait toujours été trouver dans ses moments d’épreuve, qui seul avait connaissance du secret qui avait causé tant de chagrin à sa jeunesse, se présenta naturellement à ses pensées, et elle dirigea immédiatement ses pas vers le presbytère.

Sans la moindre colère, sans la moindre émotion, et comme si elle eût parlé d’une personne qui lui eût été étrangère, elle raconta la plus grande partie de ce qui s’était passé entre sa belle-mère et elle.

M. Lapointe écouta tout avec une attention pleine de sympathie ; et quand, elle eut fini, il reprit doucement :

— Ma chère enfant, j’avais prévu tout cela et je m’y attendais. Je vous crois parfaitement justifiable, maintenant que Dieu a retiré votre père du monde, de chercher une autre demeure où vous puissiez être plus heureuse. Le lendemain de la mort de votre père, j’écrivis à une vieille dame de Montréal, aussi riche que bienveillante, que je connais depuis de longues années. Je lui racontai toutes les circonstances exceptionnelles dans lesquelles vous vous trouvez, et la priai de vous recevoir chez elle, au moins pour quelque temps. Votre habileté dans les ouvrages d’aiguille, qui vous rendrait utile partout, et la parfaite connaissance que vous avez en lecture et en écriture, vous rendront pour elle une acquisition infiniment précieuse. La réponse, j’en suis assuré d’avance, sera affirmative, car la charité de madame de Rochon est aussi active et prompte qu’illimitée ; elle arrivera probablement demain ou après-demain, et d’ici là, ma bonne sœur Marie partagera avec vous sa chambre et fera tout son possible pour vous rendre heureuse.

La pauvre Rose, remplie de reconnaissance et d’émotion, pouvait à peine exprimer ses remerciements ; mais mademoiselle Marie entra sur ces entrefaites très à propos, et après quelques paroles bienveillantes, déclara qu’elle arrivait justement à point pour l’aider à faire ses pâtisseries du samedi, qu’elles commenceraient dès que la jeune fille serait prête.

Tandis que Rose et sa bonne hôtesse étaient occupées à peler les pommes et à confectionner d’excellents pâtés, dans la cuisine si propre et si simple du presbytère, M. Lapointe disait tranquillement son bréviaire dans une bonne vieille berceuse à l’ancienne mode placée près d’une fenêtre commandant la vue sur l’étroite allée bordée de dahlias qui conduisait à la porte de la maison.

Tout à coup, cependant, la physionomie gaie et satisfaite du bon pasteur s’altéra extraordinairement, en apercevant une femme à la démarche masculine, qui s’avançait en jetant des regards vifs et scrutateurs vers les croisées garnies de rideaux blancs du presbytère.

— Il n’est pas étonnant que la pauvre Rose ait peur d’elle ! pensa le prêtre, en fermant son livre précipitamment et s’agitant sur sa chaise. J’avoue que cette entrevue m’est rien moins qu’agréable.

Son courage, toutefois, s’éleva bientôt à la hauteur de la circonstance ; et quand madame Lauzon, la figure animée, la voix tremblante, non pas certainement de timidité ou d’inquiétude, lui souhaita le bonsoir, ses manières furent pleines de calme et de dignité.

— Je suis venue, monsieur le curé, commença-t-elle un peu brusquement, abordant de suite le sujet de sa visite, pour vous parler de cette petite ingrate et hypocrite, ma belle-fille, Rose, et pour vous faire connaître tout ce qu’elle m’a fait souffrir.

Puis avec une volubilité, une emphase et une quantité d’adjectifs que peu de personnes de son sexe auraient pu imiter, elle commença un récit circonstancié de sa dernière entrevue avec Rose. Quoique la proportion de véracité et de fausseté dans son histoire fût comme une goutte d’eau dans l’Océan, M. Lapointe ne l’interrompit pas. Il l’écouta patiemment pendant qu’elle déclamait contre l’ingratitude de Rose, contre sa duplicité et ses innombrables mauvaises qualités ; jusqu’à ce qu’enfin, à bout d’haleine, elle fût obligée de se taire.

Alors il reprit tranquillement :

— De sorte que cette ingrate jeune fille vous a quitté, à ce qu’il paraît ?

— Oui, monsieur, avec une méchanceté et une insolence sans pareille.

— Alors, ma bonne madame Lauzon, permettez-moi de vous féliciter ; car si elle est seulement la moitié aussi mauvaise que vous venez de me le dire, ce doit être pour vous une bénédiction que d’en être débarrassée.

Soit que madame Lauzon soupçonnât l’ironie cachée sous l’apparence amicale des paroles du bon prêtre, ou que les consolations qu’il tâchait de lui donner irritassent sa colère au lieu de l’apaiser, elle reprit avec un regard trahissant une tempête intérieure.

— Cela peut être, monsieur ; mais quelque méchante qu’elle soit, il est cependant de mon devoir de veiller sur elle, et de voir à ce qu’il ne lui arrive aucun mal. Puis-je donc vous demander respectueusement si vous savez où elle est à présent ?

— Certainement, ma bonne femme, cette sollicitude de votre part est très louable, si vous y êtes poussée par de bons motifs. Elle est actuellement sous mon propre toit ; et tant qu’elle y sera ; je réponds de sa bonne conduite.

Madame Lauzon pâlit d’abord, puis rougit ; mais par un effort suprême, elle reprit avec calme :

— Alors, monsieur le curé, vous allez sans doute lui ordonner de revenir immédiatement à la maison avec moi, et de s’efforcer de réparer, par sa soumission et son obéissance, son opiniâtreté et ses caprices passés.

Le prêtre tira lentement sa tabatière d’écaille de tortue, se régala solennellement d’une prise, puis répondit avec une grande tranquillité :

— Eh bien, non, madame Lauzon, je ne le lui dirai pas.

— Comment monsieur ? et sa voix devint aussi perçante qu’une trompette de bataille ; est-il possible que vous l’encouragiez dans une révolte coupable contre ma juste autorité ? est-il possible que vous qui prêchez du haut de la chaire, presque à chaque troisième ou quatrième dimanche, sur l’importance sacrée du commandement qui dit :

« Père et mère tu honoreras,
Afin de vivre longuement, »

est-il possible que vous donniez raison, contre sa mère, à une fille de dix-huit ans ingrate et emportée ?

Soit que M. Lapointe sentît que son adversaire l’avait ici cruellement blessé, ou que sa patience commençât à se lasser, il reprit avec sévérité :

— Oui, femme arbitraire, et vous m’avez aussi entendu prêcher bien souvent sur les devoirs qu’ont à remplir les parents envers leurs enfants, devoirs sacrés que cette céleste, la charité, leur enseigne si fortement et si constamment. Permettez-moi de vous demander comment vous avez rempli ces devoirs. Quel amour, quelle tendresse maternelle avez-vous eue pour cette patiente jeune fille, qui, pendant tant d’années, a été votre véritable servante, sans jamais se plaindre, et qui a trouvé en vous non pas une mère, mais une sévère et implacable marâtre ? Elle ne retournera pas chez vous, à moins qu’elle ne le veuille bien, et si parfois sa main aussi habile qu’active, son industrie patiente et persévérante vous font défaut, souvenez-vous qu’à vous, et à vous seule en est la faute.

— C’est très bien, très amical de votre part, monsieur le curé, reprit la femme avec indignation. Maintenant, je ne suis plus qu’une pauvre veuve sans défense, que chacun peut mépriser, insulter, repousser ; mais on ne m’aurait pas traitée ainsi, si le pauvre Joseph avait vécu.

Il est bien heureux pour lui qu’il ne vive pas, pensa intérieurement le curé ; mais la charité chrétienne et la prudence l’empêchèrent d’émettre ce sentiment, et d’une voix plus calme, il reprit :

— Je n’hésite nullement à vous dire ce qui suit, attendu que cela pourra apaiser tous vos scrupules touchant vos devoirs envers votre belle-fille : c’est que votre mari, quelques jours avant sa mort, me pria de lui chercher une autre demeure, m’assurant qu’il était persuadé qu’elle ne pourrait jamais être heureuse avec vous.

— Le vieux radoteur, murmura sotta voce cette inconsolable veuve, et sentant maintenant qu’elle était défaite sur tous les points, elle sortit avec un salut glacial, en rappelant au prêtre que lui seul désormais serait responsable du bien-être spirituel et temporel de la jeune fille, ainsi que des disgrâces que sa beauté et son opiniâtreté pourraient lui attirer.

M. Lapointe lui souhaita avec calme le bonsoir, et comme la porte se refermait, il se laissa tomber dans son fauteuil, en se frottant les mains et souriant de son triomphe.

C’était vraiment en effet une victoire dont il pouvait à bon droit être fier. Il avait combattu, défait et réduit au silence la virago du village, et cela sans oublier une seule fois la dignité convenable à son caractère sacré et la courtoisie due au beau sexe.