Le mystère des Mille-Îles/Partie IV, Chapitre 9

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Éditions Édouard Garand (p. 48).

— IX —


Mais le but était encore éloigné et l’aviateur commençait à ressentir un peu d’appréhension, venant surtout de ce que ses adversaires étaient armés de carabines, tandis que lui-même n’avait que des revolvers à sa disposition.

La chasse reprenait, plus vive que jamais et la fusillade recommença. Par bonheur, la rapidité des deux embarcations empêchait de viser juste. Mais il suffisait d’une balle perdue…

Et le malheur se produisait, en effet.

Atteint à l’épaule, Hughes s’écroula soudain au fond de la carlingue. Un nuage passa devant ses yeux. Il perdit tout contrôle de sa machine, dont l’allure se modéra et qui se mit à zigzaguer dangereusement.

Renée s’était dressée, avec un grand cri et les yeux affolés. Elle vibrait d’angoisse, mais il lui était impossible de voler au secours d’Hughes, ni de rien faire pour éviter la catastrophe. Elle devait se contenter de contempler le désastre, immobile, inutile… Le yacht se rapprochait… Dans un instant, il aborderait l’avion, et alors… Le sang de la jeune femme se glaçait à cette pensée… Les ennemis comprenaient si bien que la proie tant poursuivie était enfin à leur merci, qu’ils cessèrent leur feu, maintenant inutile…

Moment tragique, où le sort de deux existences allait se décider, où la mort étendait sa main hideuse sur deux jeunes vies…

Le yacht approchait…

Secouant l’abrutissement où l’avait jeté le coup fatal, Hughes se souleva et présenta, à bout de bras, les deux revolvers à Renée, sans dire un mot.

Maintenant, les deux jeunes gens s’affolaient devant l’imminence du péril.

Tournée vers l’arrière, Renée déchargeait précipitamment ses deux armes.

Quant à Hughes, pris de frénésie, il fourrageait dans les leviers de sa machine, à l’aide de son bras intact et de ses pieds.

Le yacht approchait toujours…

Ce fut à ce moment…