Le parfait mareschal/125

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Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 371-376).


PRenez Antimoine crud du meilleur, c’est à dire, du plus aiguillé, les aiguilles les plus larges, & nitre ou salpestre, autant de l’un que de l’autre, mettez-les en poudre, & les mélez ensemble dans un creuset ou pot qui tienne au feu, mettez-y le feu, avec une méche ou un charbon ardent, le tout s’enflammera, laiffez refroidir, & renversez le pot, le foye d’antimoine sera au dessus des scories.

Separez le foye des scories, lesquelles sont bonnes à certaines choses, & pilez, ce foye en poudre fort fine. Estant pilé, jettez-le dans l’eau, rebroyant dans le mortier ce que l’eau n’aura pas dissout, & continuez jusqu’à ce que la matiere soit en poudre impalpable, & qu’elle passe avec l’eau, laissez-la reposer, & au fonds vous aurez une poudre d’un feüille morte, sur laquelle vous verserez d’autre eau ayant ôté la premiere, juspu’à ce que vous ayez osté tout le sel du nitre qui est resté, & qui ne se sera pas enflammé.

Le Crocus Metallorum est propre pour donner interieurement aux hommes, & pour faire du vin émetique pour leur usage ; mais il n’est pas bon pour les Chevaux, & je me sers aux Chevaux du foye d’antimoine qui differe en quelque chose du Crocus Metallorum : on le prépare en la maniere suivente.

Foye d’Antimoine.

Prenez Antimoine crud fort éguillé six livres, pilez-le grossierement, prenez du salpestre de la seconde fonte quatre livres & demy, le blanc & le rafiné est trop violant, & brûle tout, pilez fort le salpestre, mêlez le avec l’Antimoine dans un pot de fer ou mortier de fonte, en sorte que les deux tiers du pot demeurent vuides, mettez-y le feu avec un tison de feu ou méche d’abord que le feu a pris à la matiere, éloignez-vous du pot, parceque la fumée de l’Antimoine dans le temps qu’il s’enflamme ne vaut rien. Laissez bouillonner ensemble les matieres jusqu’à ce que le tout Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/386 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/387 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/388 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/389 Chap.
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quand le Cheval a sué, le bien effuyer, & empêcher qu’il ne se refroidisse tout à coup, ce premier bouillonnement du sang estant appaisé, on n’a plus cette grande precaution à garder.