Le parfait secrétaire des grands hommes/Lettre 53
Je vous ai déjà entretenu autrefois d’un jeune estudiant anglois nommé Isaac Newton qui m’avoit soumis quelques mémoires sur le calcul de l’Infini, sur le traité du système des tourbillons et sur l’équilibre et le pesanter des liquides, etc., dans lesquels mémoires j’avois trouvé des traits de lumière si sensés et si subtiles que j’en estois resté tout stupéfait, au point que je ne pouvois croire que ces travaux me vinssent d’un jeune homme encore studiant. En ayant esté assuré par nostre amy M. Boyle, alors je m’empresse de répondre à ce jeune sçavant ; et comme il m’a tesmoigné le désir de faire vostre connoissance dans la dernière lettre qu’il m’a écrite et de vous faire parvenir une lettre qu’il vous destine, je vous l’envoye et vous recommande ce jeune sçavant comme une jeune plante qu’il faut cultiver avec soin dans l’intérest de la science. Je vous envoye aussi diverses notes, fruit de mes observations depuis quelque temps, que je vous prie avoir pour agréable.
Je suis comme toujours, Monsieur et cher Gassendi, vostre bien affectionné,