Le pays, le parti et le grand homme/La conciliation à M. Chapleau

La bibliothèque libre.
Castor
Gilbert Martin, éditeur (p. 81-89).

LA CONCILIATION À M. CHAPLEAU :


qué qu’c’est qu’ça ?


I


Faire de la province de Québec, unie en un seul parti politique, son piédestal pour monter au faîte du pouvoir à Ottawa, ça été, depuis longtemps, le motif déterminant des principaux actes politiques de M. Chapleau.

C’est là le secret de cette fameuse conciliation que, depuis quelques années, M. Chapleau prêche, à temps et à contre-temps, contre les intérêts des principes conservateurs.

Depuis plus de dix ans, le Grand Homme calcule tous les actes de sa vie politique de manière à atteindre le but suprême de son ambition. Être premier de sa province, ce n’était pas assez pour lui ; ce n’était là qu’un échelon pour monter plus haut. Depuis vingt ans qu’il se pose comme l’imitateur en tout de sir John, il s’est dit qu’il était appelé à lui succéder. Or, comment en arriver là ? Il aura pour compétiteurs non seulement les sommités politiques anglaises du parlement fédéral, tels que Tilley, Tuppor, Campbell, Galt, Abbott-McCarthy, Cameron, Fitzpatrick et une foule d’autres, mais encore et surtout son compatriote, sir Hector Langevin, son aîné de vingt ans dans le ministère fédéral : Langevin, déjà proclamé chef il y a dix ans !

Sir Hector est de cette race d’hommes qui durent longtemps. Ça ne meurt pas : et Chapleau ne veut pas attendre !

Que faire donc ? Acquérir bon gré mal gré, per fas et nefas, un titre supérieur à ceux de tout ce monde-là : arriver à Ottawa avec une force supérieure à tous, de manière à dire : « Qu’importe vos titres et vos états de service ! Vous tous, vous commandez à peine à une majorité, chacun dans vos provinces. Eh bien ! Moi ! Je viens avec toute une province ! Seul, lorsque tous : Langevin, Masson, de Boucherville ont échoué, j’ai réalisé l’union, j’ai fait l’unité ! Je suis plus grand que tous ! plus grand même que Cartier. Je suis appuyé par ma Province de Québec ! À moi seul, je puis faire pencher la balance, d’un côté ou de l’autre, suivant que je place ma Province dans le plateau de Sir John ou dans celui de Blake. Or, les principes ne me gênent pas, mon bagage en est léger ! Qu’importe le plateau qui descende, pourvu que je monte, moi ! »


II


Tout le secret de sa grandeur future, c’était donc, pour M. Chapleau, de faire l’unité politique dans la Province de Québec.

Or, cette unité, elle était impossible tant que notre province se diviserait en partis, surtout, aussi longtemps que cette division serait basée, sur deux principes essentiellement opposés l’un à l’autre, le principe conservateur catholique et le principe libéral plus ou moins anti-catholique.

Pas d’union donc sans la destruction de l’un de ces deux principes.

Faire une union basée sur le premier eut été grand et patriotique ; c’eut été un projet digne-d’un véritable homme d’état, un projet dont la réalisation eut assuré à jamais, la prospérité de notre province. Le réaliser était d’autant plus facile que déjà l’union était plus qu’aux trois quarts faite, et par la proclamation, de la part de l’autorité religieuse, des enseignements propres à faire luire la vérité dans les esprits, et par un retour sincère d’un grand nombre de libéraux de bonne foi vers le principe catholique, les circonstances étaient donc exceptionnellement favorables. M. Chapleau ne vit malheureusement pas la voie lumineuse qui s’ouvrait devant lui, voie qui l’eut conduit à la gloire et eut assuré le bonheur de son pays. Une double pierre d’achoppement le fit trébucher.


III


La première, ce fut un faux calcul, en d’autres termes, ce fut l’illusion libérale.

Au lieu d’avoir foi dans le principe conservateur catholique, principe dont il avait été nourri dès son enfance, qui jusque-là avait fait sa force et lui promettait grandeur et succès, il se dit que la tendance du siècle étant au libéralisme, les sophismes modernes envahissant partout les sociétés, bientôt cette erreur puissante du libéralisme serait, en Canada comme ailleurs, « la grande force et le grand orgueil. »

Il crut donc que, pour être du côté du plus fort, pour triompher… pour régner ! il fallait être libéral… Libéral de principes seulement, car il voulait rester en politique du côté des conservateurs qui étaient les plus nombreux et avaient le pouvoir.

Mais comment put-il se convaincre que, par ce moyen, il arriverait à l’unité ? Ne savait-il pas que tous les libéraux avancés ont une haine instinctive, allant jusqu’au fanatisme, contre la saine doctrine sociale, et qu’il est absolument impossible de les amener à la vérité qu’ils fuient instinctivement, comme la chauve-souris fuit la lumière du jour ?

D’un autre côté, ne savait-il pas également qu’il était impossible d’induire les vrais conservateurs catholiques à accepter les erreurs sociales qui font la base du libéralisme ? Ne devait-il pas être évident pour lui que jamais il ne réussirait à les faire pactiser avec l’erreur, ni à venir la rencontrer à mi-chemin, dans la voie d’une fausse conciliation ?

C’est bien ce qu’il pensait ; c’est bien ce qui d’abord l’exaspérait tant. Il sentait instinctivement que ses apostasies de principes lui avaient déjà aliéné irrévocablement le sentinent conservateur catholique, que jamais il ne pourrait compter sur cet élément pour son unité !

Toujours ces infâmes ultramontains, en travers des projets qu’il caressait, avec le plus de tendresse !

C’est pourquoi il décida de les écraser si possible, et dans tous les cas de faire, sans eux, l’unité dans la paix et dans la conciliation. Le gros des conservateurs partisans quand même, Jobbers, chercheurs de places, écumeurs de patronage : tous gens qui s’agitent bruyamment, crient très-fort et font croire par là qu’ils sont tout le parti, le suivraient toujours aussi bien dans ses pérégrinations vers les régions libérales que partout ailleurs ! Et quand aux gens de principes, ou bien on les bâillonnerait en criant bien fort à la discipline ! ou bien on les accuserait avec fracas d’être des traîtres à leur parti ; ou bien encore on paralyserait leurs forces en les divisant au moyen de faveurs personnelles accordées aux moins fermes d’entre eux ; ou bien, enfin, on les ruinerait par la calomnie, on les abîmerait sous le poids de la haine et de l’odieux qu’il est toujours facile d’amonceler sur la tête des honnêtes gens ! Que ne peut-on pas accomplir, rien qu’avec le cri d’Ultramontain, auprès de gens fanatisés par certains préjugés grossiers soigneusement nourris dans l’ignorance !

Alliés aux libéraux, rien de plus facile que d’accomplir ce résultat ! N’avait-on pas naguère employé cette tactique avec grand succès et perdu à jamais ces odieux programmistes, sans même avoir jamais eu la peine de préciser de quoi on les accusait !

L’union projetée devait donc se faire en dehors des principes. Déjà même on réussissait à en discréditer l’étude ou même l’énonciation ; et le temps n’était pas éloigné où le compère Fabre pourrait féliciter nos députés d’avoir assez de sagesse pour traiter les questions sociales sans s’occuper des principes…


IV


La deuxième pierre d’achoppement, ce fut sa haine des ultramontains. Il ne voulut pas comprendre que le Concile du Vatican, en pulvérisant les erreurs gallicanes et libérales, donnait raison aux ultramontains et qu’il n’y avait plus, pour les catholiques, aucun prétexte de se diviser ; que, être catholique et être ultramontain c’était désormais une seule et même chose. Il continua donc à haïr les ultramontains et à répudier leurs doctrines.

Suivre cette pente, cela flattait en outre son amour-propre. Il avait l’habitude de se réclamer de l’école de Cartier. Or, avoir épousé les haines de Cartier, ça le posait, il le croyait du moins, aux yeux des plus ardents du parti conservateur.

Il se trouve ainsi, sans trop le savoir peut-être, tant il est peu instruit sur toutes ces matières, en hostilité formelle avec l’enseignement catholique.


V


Combien de fois ne s’est pas traduite, sous une forme ou sous une autre, cette hostilité de M. Chapleau, non-seulement contre les laïques ultramontains, mais encore contre les ordres religieux !

Ses intimes vont jusqu’à dire, à sa louange, que durant son voyage de l’an dernier, en France, non seulement il a soigneusement évité toute relation avec le parti catholique, mais qu’il a consacré la plus notable partie de son temps, à courtiser ce qu’il y a de plus avancé dans le parti des crocheteurs de portes, des violateurs de cloîtres, des profanateurs d’églises, des persécuteurs de religieuses et des briseurs de crucifix.

Quel déshonneur pour nous : l’objet de ses courbettes les plus assidues a été l’ignoble Gambetta, le méprisable dictateur qui ruinait sa patrie durant la guerre franco-Prussienne ! le fils sans cœur qui, dernièrement, faisait souiller, par la gente immonde de ses compères libres-penseurs francs-maçons, les cendres de sa pauvre mère ! ! !

Jusque-là, Dieu merci ! le nom de Gambetta avait été en exécration d’un bout à l’autre du Canada. Ce nom, il résumait pour nous ce qu’il peut y avoir de plus méprisable. Mais dès que M. Chapleau eut réussi à se faire admettre dans les rangs de ses adulateurs, on a vu, dans notre presse dégénérée, une quasi réhabilitation de ce monstre.

« Sans doute, disaient quelques feuilles sans vergogne, M. Gambetta a des opinions regrettables en matière de religion, mais cela ne l’empêche pas d’être l’homme le plus considérable de la France. » Et Il fallait encenser M. Gambetta, de qui M. Chapleau faisait anticiper des faveurs plus que royales pour le Canada.

Eh bien ! que nous ont valu ces courbettes au méprisable coryphée de la libre pensée française !

D’un autre côté, il est dix fois pénible d’avoir à constater l’existence d’une communauté d’idées et de sentiments entre le Gambetta français et notre grand homme. Non seulement, ils paraissent entendre de la même façon l’art de faire fortune aux dépens de l’état, mais leurs principes sociaux se rapprochent par plus d’un côté !

« Le cléricalisme. Voilà l’ennemi ! » Tel est le cri de guerre de Gambetta.

Or, si M. Chapleau a besoin d’étre plus discret pour ménager un sentiment public plus chrétien ; s’il n’arbore pas aussi haut l’étendard de la guerre au cléricalisme, il ne le combat pas moins avec énergie.


VI


Nous dirons, plus loin, sa guerre aux frères de St-Vincent de Paul, son hostilité aux Jésuites, ses tendances à la laïcisation de l’enseignement. On se rappelle la persécution sourde exercée contre les frères de la doctrine chrétienne, telle que l’a exposée le Frère Réticius.


Ce n’est pas tout, le printemps dernier même, il réclamait la paternité de la fameuse clause du fameux bill d’éducation, enlevant aux curés tout contrôle sur les écoles paroissiales… Certes ! cette clause, bien que moins arrogante que ne l’est le cri de guerre de Gambetta, n’en était pas moins une déclaration de guerre au clergé !


VII


De retour au Canada, M. Chapleau ne pouvait taire son admiration pour le grand homme de France. « Ce ne sont pas les curés en titre, ce n’est pas le clergé national, disait-il, que M. Gambetta hait et persécute, ce sont les religieux, parce qu’il prétend que les ordres religieux font une compétition injuste au clergé national »…

« Moi aussi, ajoutait-il, je suis en faveur d’un clergé national au Canada, et je prétends qu’il ne faut pas encourager les ordres religieux qui peuvent nuire au clergé national. »

Toujours comme le Grand Napoléon, Notre grand homme !


VIII


Cette hostilité de M. Chapleau s’est d’ailleurs souvent manifestée, surtout dans ses élans de sympathie en faveur des libéraux et dans ses rapports de bonne camaraderie avec eux.

— « Mais comme tu manges du Jésuite ! » lui aurait dit un jour un chef libéral.

— Et pourquoi pas ?

— Tu ne crois donc pas à toutes ces sornettes que tu débites à la louange du clergé et qui te font accepter comme un petit saint !

— Bah ! dès que ç’a donne le pouvoir !

— Mais puisque, nous sommes de même sentiment, pourquoi ne pas faire alliance, afin de mettre le clergé à sa place !

— Λh ! ce sont ces maudits programmistes, qui nous embêtent ! Faire alliance avec vous autres, ce serait chose facile. Avec les ultramontains, jamais ! ”

Ne l’oublions pas, dans sa bouche les paroles de paix et de modération, cette conciliation tant prônée, cela signifie : guerre ! et guerre à mort aux ultramontains ! c’est-à-dire à plus des deux tiers du parti conservateur ! c’est-à-dire à tout le parti conservateur catholique ! Alliance entre les conservateurs aveugles ou sans principes et les libéraux ! À cette alliance hybride, abandon sans partage des dépouilles opimes du parti conservateur, de la caisse publique, des jobs, du patronage ! et avec cela, bombance et joyeuse vie !


IX


M. Chapleau décida donc de travailler à réaliser l’unité dans le libéralisme.

Dés lors, on le vit, dans son fameux discours de St-Lin, offrir l’olivier de la paix à M. Laurier. À cette époque, comme toujours depuis, il s’est proclamé « le plus libéral des conservateurs ». Il a eu bien soin de toujours faire accoler, au nom du parti, l’épithète de libéral. Et malgré l’antithèse révoltante que présente l’appellation de libéral-conservateur, il n’a jamais voulu y renoncer. Durant toute sa carrière politique, on l’a vu constamment occupé à ruiner tout ce qu’il y avait de conservateur dans nos institutions. Le double mandat, la qualification foncière, le conseil législatif : tout a passé sous son marteau de démolisseur. En matière d’éducation, il est, comme nous l’avons dit, le plus fervent adepte de la laïcisation et travaille sans relâche à la réalisation du fameux programme maçonnique du frère Macé, dont cependant il ne connaît peut-être pas l’origine.

En 1872-73, il combattait avec énergie le projet de confier aux Frères de St-Vincent de Paul notre école de réforme.

Tout le monde se rappelle sa fameuse exclamation, lorsqu’il se vit battu sur ce sujet : il fit comme Socrate qui, en mourant, offrait en sacrifice un coq à Esculape. Lui, sacrifie, en parlant sur le ton du coq, l’une des immunités de l’Église au dieu État : « Au moins, M. l’orateur, s’écrie-t-il, si le gouvernement persiste à vouloir confier nos enfants à ces étrangers, j’espère qu’il ne le fera pas avant d’avoir vu à ce que ces religieux ne reçoivent aucun pouvoir que lorsqu’ils se seront fait naturaliser sujets britanniques ! »

Ces étrangers ! son gouvernement les poursuivait plus tard dans la personne des Jésuites, lorsqu’il n’assignait, au collège Ste-Marie, que le rang de collège de troisième ordre, dans la distribution des médailles du gouverneur général.

Non seulement il s’allie à Laval, dont le travail politique a ruiné le parti conservateur dans la région de Québec, mais encore il fait des efforts inouïs pour faire dominer son enseignement dans la région de Montreal.


X


Observez-le, maintenant, dans le choix qu’il fait, des hommes avec qui il partage les fonctions administratives, ou qu’il nomme aux divers emplois. Lui, chef conservateur, vous le voyez faire toujours très-large la part des libéraux et du libéralisme. S’il lui arrive de favoriser un vrai conservateur, c’est qu’il lui est impossible de faire autrement. Dans les hautes positions politiques, de même que dans toutes les branches du service, vous le voyez, toujours, entre deux candidats, donner la préférence à celui qui est entaché de libéralisme ou qui a pu mettre à son crédit quelque petite trahison dans le sens libéral.

Il abhorre ce qui est sain : il lui faut du faisandé.

Avant 1878, Turcotte était l’un de ses amis de cœur, malgré ses tergiversations continuelles. Et avant les dernières élections, il a reçu de M. Chapleau, un commencement de réhabilitation.

Combien de libéraux avancés ne sont-ils pas les amis de cœur de M. Chapleau et ne reçoivent-ils pas de lui une large part des faveurs ministérielles !

Tout le monde sait que le fameux Senécal était l’un des adeptes les plus avancés du parti libéral. L’on sait également que ce qui l’éloigna de son parti, ce fut le fait qu’on lui refusa le siège laissé vacant par la mort du Dr Mailhot au sénat. Malgré leur peu de scrupule et leur mépris pour le sénat dont ils veulent l’abolition, les libéraux eurent assez de pudeur pour refuser à Senécal un poste aussi honorable.

Se sentant apprécié par les siens à sa juste valeur, M. Senécal se jeta dans les bras de M. Chapleau. Ce dernier exigea-t-il de ce néophyte qu’il reniât quelques-unes de ses erreurs de principes ? Nullement. Il l’admit tel qu’il était ; et cet homme, jugé par les libéraux eux-mêmes indigne d’un poste honorable, M. Chapleau, lui, en fait de suite l’un des maîtres de la Province de Québec. Pouvait-il donner aux faux principes dont Senécal est saturé plus de chance de se propager dans notre province qu’en rendant cet homme tout-puissant au milieu de nous ? Et M. Dansereau qui sait tout cela, M. Dansereau ce parangon de vertus conservatrices, fait un crime à M. de Boucherville d’avoir été, dans sa jeunesse, l’ami d’Alexandre Dufresne !

Déjà nous voyons M. Senécal fouler aux pieds la loi de l’observation du dimanche et faire voyager, ce jour-là, ses trains de fret sur tout le parcours du chemin du Nord.

Autre indice non équivoque du libéralisme de M. Chapleau :

Tout le monde connait les tendances dangereuses et le cynisme révoltant en matières de principes du notoire M. Fabre. Eh ! bien ! c’est lui que M. Chapleau choisit pour en faire, en France, le représentant du Canada catholique…

Quelles sont ses fonctions à Paris, à part le soin de servir de cornac à MM. Chapleau et Senécal, si ce n’est celles d’accréditer chez nous, par ses écrits à l’Événement, les coriphées de la libre-pensée française et de distiller dans le cœur de notre peuple le poison des erreurs parisiennes ?


XI


Il fallait dernièrement remplacer M. Gaudet au Conseil Législatif : Le gouvernement n’avait que le choix entre un grand nombre des hommes les plus honorables, les mieux qualifiés, les plus fidèles au parti conservateur : L’Honorable M. Mailhot, Messieurs Picard, M. P. P., Dumoulin M. P. P., Houde M. P. P., J. O. Bourbeau, Dononcourt, etc., etc., eussent fait honneur à cette position. Mais M. Gérin était là ; M. Gérin qui, en 1872-73 avait été le bras droit de M. Chapleau, dans sa lutte contre les frères de St-Vincent de Paul ; M. Gérin qui avait manifesté, en chambre, une hostilité si venimeuse contre les Jésuites ; M. Gérin qui avait tourné le dos à son parti pour faire une opposition factieuse au gouvernement de Boucherville ; M. Gérin l’un des anciens admirateurs de la république française et de la gente libre-penseuse des boulevards de Paris ; M. Gérin qui avait jeté tant de boue à la figure de tant de notabilités conservatrices ; M. Gérin qui avait écrit contre le conseil : « Ces conseillers qui ne représentent rien que leur servilité se permettent de donner des leçons à la chambre… le conseil ne représente rien, ni intelligence, ni éducation, ni sens pratique, etc… » M. Gérin était là ; il fallait le choisir de préférence à ceux qui ont toujours été fidèles à leur drapeau et qui ont toujours respecté nos institutions nationales.


XII


Lors de la formation de son gouvernement, en 1879, M. Chapleau donna la préférence à deux libéraux de la valeur de MM. Flynn et Paquet, sur l’un des chefs les plus brillants et les plus distingués du parti conservateur, M. Angers.

Ce n’est pas lout, dans le dernier remaniement, tout, même votre intérêt, M. Chapleau, vous imposait une réparation d’honneur solennelle aux conservateurs de la Province. Or qu’avez-vous fait ? Pour récompenser M. Starnes d’avoir trahi une dixième fois son parti et de vous avoir aidé à escamoter le chemin du Nord, vous faites un ministre de cette vieille guenille politique !…

Et dans le service civil, lorsque M. Chapleau n’avait pas un morceau de pain à jeter à ces vieux serviteurs du parti qui, durant 30 ans et plus, s’étaient dévoués à la cause conservatrice, il avait des positions de $1, 000.00 et $1, 200.00 à donner à des hommes tarés, entrés la veille, seulement dans les rangs conservateurs qu’ils déshonorent ; à des hommes qui n’ont guère à présenter d’autres états de services que d’avoir, durant 20 ans, insulté à la moralité publique en tenant des tavernes de bas étages et des maisons plus que suspectes !…


Oui ! Il était écrit que le règne de M. Chapleau nous donnerait le spectacle de toutes les hontes et nous infligerait, à nous conservateurs, l’humiliation de toutes ces ignominies !