Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne/Sommaire

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SOMMAIRE



C harlemagne annonce à ses conseillers la résolution qu’il a prise d’aller en Bretagne combattre les païens [1]. — Le manuscrit commence par les trois derniers vers de son discours. — Le duc Naimes applaudit à ce projet. Charlemagne fait rassembler ses troupes par Fagon, maréchal de l’ost. Soixante mille combattants sont réunis, ils chevauchent cinq jours vers la Bretagne. V. 1-13.

L’empereur et son armée sortent de France, traversent la Normandie, se dirigeant vers la Sélune. Charles s’arrête près d’Avranches. Il entend la messe à Saint-Gervais. V. 14-21.

Après cette messe, qui est dite par un évêque d’Avranches, appelé Thierry, l’armée se remet en marche. — Charlemagne s’en va prier au Mont Saint-Michel et y fait un riche présent. — L’armée chevauche à travers la grève, passe la Sélune et occupe les rives du Couësnon, Ces deux rivières séparent les Normands des Bretons. Les troupes de Charlemagne entrent en Bretagne et marchent sur Dol. Il y a dans cette ville un archevêque redoutable aux païens. Charles et ses barons réunis dans la cathédrale implorent l’appui de saint Samson. V. 22-55.

Énumération des chevaliers bretons qui accompagnent Charlemagne. — Les païens se sont saisis des châteaux qui leur appartenaient pendant qu’ils étaient en Saxe avec l’empereur. — Ce sont : Conan de Léon, Richardel et Guion de Léon, Merien de Brest, Aray, baron de Mené, Théhart de Rennes, Thierry, Salomon, neveu de Thierry, le même qui fut plus tard roi de Bretagne et suivit Charles dans la guerre d’Aspremont. On y voit encore : Yves de Cesson, Hamon de Morlaix, Ahès de Carhaix, Morin, comte de Daoulas, Excomar de Saint-Pabu, Eon de Servan-Châtillon, dont le donjon sur le bord de la mer a été bâti par les Sirènes ; Agot, seigneur de l’île Agot, et foule d’autres que commande le vaillant archevêque de Dol. V. 56-100.

Cet archevêque vient devant Charlemagne, se jette à ses pieds, et en présence de toute l’armée le conjure, comme « droit seigneur » des Bretons après Dieu et le pape, de les venger tous d’Aquin et de ses gens. — Grimoart et ses cousins Clarion, Grihart, Florion, Avisart, Corsalion, Néron, occupent le château de Dinard. — Doret, autre prince, neveu d’Aquin, tient la superbe ville de Gardaine sur la rivière du Bidon. — Ces païens ont assailli maintes fois la tour même de Dol ; elle a résisté à leurs efforts, mais ils ont tué beaucoup des hommes de l’Archevêque et ravagé sa terre. Aquin, établi à Quidalet, y adore Tervagant et Mahomet, et désole toute la Bretagne. Tous les princes de ce pays qui sont là présents ont perdu leurs domaines. Charlemagne leur doit protection. La résistance de l’archevêque, aidée du secours de Ripé, comte de Dol, de Salomon, de Baudouin, de Richer, de Thierry, a d’ailleurs seule empêché les païens de franchir le Couësnon. Aquin s’apprête à conquérir Orléans, Lyon, Paris, Chartres, Saint-Denis, Soissons ; il se vante de faire Charlemagne prisonnier et de l’enfermer dans sa prison d’Oreigle. V. 101-157.

« Dieu me défende », s’écrie Charles, et il demande conseil à l’Archevêque, ainsi qu’aux barons. — Il faut, répond celui-ci, sommer le roi Aquin de se faire baptiser, envoyer la sommation par les quatre comtes, Ripé de Dol, Baudouin, Richer et Thierry. Si Aquin se refuse au baptême, l’empereur l’attaquera avec toutes ses forces. « J’irai avec vous, termine l’Archevêque, avec quatre mille bons chevaliers de Bretagne dont j’ai payé la rançon. » L’empereur suit l’avis d’Isoré. On fait faire une lettre en forme. On la confie à Ripé. Les quatre comtes s’arment et partent. V. 157-192.

Ils arrivent à Quidalet. — Description de cette ville. Le roi Dayres l’a fait bâtir avant J.-C. et entourer de murs épais. La mer l’environne de tous côtés, sauf d’un seul, celui qui regarde Bise. On y voit la porte et le pont tournant qui unissent la ville au continent. Le portail est voûté, la grande porte est faite de bronze, le pont et la poterne sont de fer. Près du port, au midi de la ville, s’élève, sur un rocher, dans une enceinte de peu d’étendue, une forteresse de quatre étages, Ses murs ont cinq pieds de large et cinquante-six de haut. Cette tour est imprenable. Sur le haut, il y a un donjon en marbre blanc, séjour favori d’Aquin et de l’impératrice. Ce château est proprement appelé la tour Aquin. Il est la prison des chrétiens captifs. Le gardien du havre et ses soldats s’y tiennent et veillent à la sûreté des richesses innombrables que renferme le port. — Liste de ces trésors dont Aquin dispose. V. 193-247.

Description de l’antique palais situé au milieu de la ville. Il contient le trône d’Aquin enrichi de pierreries ; quatre escarboucles rouges comme la braise éclairent le palais nuit et jour. Le roi Aquin est assis sur ce trône. À côté de lui est l’impératrice, la plus belle des femmes. — Portrait d’Aquin : barbe blanche, tête chenue, couronne en tête, air de ruse et d’audace. Il tient à la main un riche javelot. Près de lui, quatre cents païens en costumes magnifiques. V. 247-264.

Les messagers arrivent à Quidalet. Ils s’arrêtent sous un laurier et montent au palais par des degrés. Ripé salue Aquin et l’impératrice, et commence son discours. Il raconte rapidement la passion de N. S. et supplie Dieu, qu’il prend à témoin de la vérité de son récit, de protéger Charlemagne et les siens. Quant au roi Aquin, qu’il soit sauvé par Mahomet son dieu, qui a juste la puissance d’un chien mort ! À cette injure, Aquin furieux riposte en lançant son javelot contre Ripé, qui évite le coup par la protection divine. Il s’ensuit un combat entre les païens et les Français. Les quatre comtes, écrasés par le nombre, vont périr ; l’impératrice intervient en leur faveur. — Beauté et parure de la femme d’Aquin. — Elle embrasse celui-ci pour calmer sa colère : « On doit, lui dit-elle, laisser parler librement les ambassadeurs ; ce serait un déshonneur s’ils étaient tués. » V. 270-328.

Aquin, apaisé, dit aux messagers : « Voici trente ans que j’ai conquis la Bretagne, et que j’ai été couronné à Nantes ; les gens de mon pays y occupent encore le pays de la Mée. Depuis ce temps, personne n’a osé me sommer de me faire chrétien. Vous êtes fous. Cependant, vous pouvez parler librement. » — Discours de Ripé : « Amirant, tu as tort de ne pas croire à Dieu, car tu aurais le paradis ; tu as tort de ne pas servir Charlemagne qui est le plus puissant roi du monde. Il arrive ici, sois-en sûr ; il est déjà à Dol, accompagné de cent mille hommes, de dix-sept rois, de ducs et comtes puissants, qui vont t’attaquer et t’entourer. Voici le message de Charles. » Il lui tend le bref. Aquin le lit, car il était fort instruit. Il s’écrie ironiquement : « Votre Charles me mande d’abandonner Mahomet pour adorer vos faillis dieux, je ne le ferai jamais. Si vous venez m’attaquer ici, avant quatre jours votre camp sera détruit, j’aurai le roi de France mort ou vif et je l’enfermerai dans Oreigle ; je conserverai la Bretagne, Nantes-la-belle, cette ville que j’aime, ce pays que mon aïeul possédait au temps de Clovis. Il ne s’appelait pas France quand il y vint. Allez-vous-en, mes beaux amis, dites à Charlemagne qu’il n’aura jamais cette contrée, mais que j’aurai Paris, Orléans et Saint-Denis. Quant à vous, sans cette gentille dame, vous ne m’échapperiez pas ! » V. 329-395.

Les quatre comtes sortent du palais sans prendre congé ; mais au moment de franchir les portes, chacun, en guise d’adieu aux païens, tue son Norois. Ils piquent des deux, les païens les poursuivent. Un nuage miraculeux les soustrait aux regards de leurs ennemis. Les Norois montent sur un tertre et aperçoivent les enseignes de Charlemagne ; ils s’écrient : « Charles, sois maudit ! tu viens ici, mais tu ne t’en retourneras pas ; nous te mettrons dans la prison d’Aquin ; les richesses que tu apportes nous seront très-utiles. » V. 396-421.

L’auteur laisse les païens et revient aux quatre comtes. Ceux-ci rencontrent Charlemagne, qui leur demande s’ils ont trouvé Aquin. « — Oui, répond Thierry, nous avons fait votre message, mais Aquin est si orgueilleux que vous ne valez pas pour lui un denier parisis. » Charlemagne soupire deux fois. Naimes le réconforte et lui conseille de chevaucher rapidement et d’assiéger Quidalet jusqu’à la ruine d’Aquin. Charlemagne est de cet avis. À ce moment, on aperçoit des ennemis. « Ne sont-ce pas les païens ? dit Charlemagne. — Oui, sire, répond Baudouin, ce sont ceux qui nous poursuivent depuis Quidalet. » Charles se réjouit de l’à-propos de cette rencontre. V. 422-454.

La bataille commence : Richard, Thierry, Ernoul de Flandres, Garin, le duc Naimes, Baudoin et les Bretons courent au combat. — Épisode. Un conseiller d’Aquin attaque Ripé et lui porte un coup furieux. Ripé reste sur son cheval, mais il rougit de honte d’avoir reçu un pareil affront devant le duc Thierry, son voisin de combat. Il se précipite sur le païen et le tue. À ce beau coup, celui qui porte l’enseigne de saint Denis crie : Montjoie ! Les autres comtes et ducs joutent ensuite, chacun vient à bout de son adversaire. Un seul des Norois s’échappe ; il s’enfuit vers la rivière [de Rance] et se dérobe entre les rochers. V. 455-486.

Le païen échappé du combat arrive au palais d’Aquin ; il appelle trois fois l’émir et lui annonce que Charles va s’emparer de lui, que de son royaume, qui s’étend jusqu’à la Sélune, il ne lui restera rien. Aquin s’écrie avec fureur : « Charlemagne n’est pas si fou que d’entreprendre de conquérir ma terre. Par Mahomet ! avant quatre jours, je l’aurai tué ou emprisonné dans Oreigle. — Vengez donc mes frères, dit le Norois. » — L’impératrice fortifie la résolution du roi : « Quand je suis venue ici, dit-elle, vous m’avez fait don d’Oreigle et de Paris, de la belle France ; vous me devez le roi de Saint-Denis pour que je l’envoie tout vivant dans votre pays. Si vous tenez ces promesses, je vous aimerai et vous aurez un honneur éternel. Hâtez-vous, car ils détruisent votre royaume. » — Assentiment d’Aquin, préparatifs du combat ; trente mille hommes vêtus de fer sortent de la ville et marchent sur les Français. — « Prions Dieu qu’il les secoure ! » s’écrie l’auteur. V. 487-535.

Affreux tumulte, dont le bruit s’entend de deux lieues. Les païens resplendissent d’or et d’argent. Aquin marche en tête, il est brave ; c’est malheureux qu’il ne soit pas chrétien. Il se dirige vers l’avant-garde des Français. — Charlemagne s’avance avec son armée. Fagon et Naismes sont en tête, les Bretons les suivent. Ils occupent une colline, en face de leurs ennemis. Charles s’approche des païens. L’Archevêque exhorte les troupes et promet le paradis à ceux qui mourront dans le combat. V. 536-563.

L’auteur s’interrompt un instant, puis met dans la bouche de l’Archevêque une seconde allocution : « Combattez pour Dieu, pour Charlemagne qui vous a nourris. Voici les païens ! Frappez votre poitrine, demandez pardon à Dieu et pardonnez à vos ennemis. » Après ce discours, l’empereur se tourne du côté de l’orient et prie de nouveau le Seigneur de le défendre d’Aquin, son ennemi. « Nous vous défendrons, s’écrient les Français ; nous reprendrons la Bretagne. » Charlemagne les remercie de ces paroles. Tous s’arment. V. 564-599.

Charles appelle alors un chevalier qui n’est autre que Thierry, et lui ordonne d’aller trouver Aquin pour le sommer une dernière fois de se convertir. Thierry se rend près d’Aquin et fait le message du bon vieil empereur. Aquin frémit à cette seule pensée. Il sera en bataille les trois jours qui vont suivre, répond-il fièrement, alors on verra où sont les braves et les lâches ! Thierry rapporte ces paroles au fils de Pépin, qui se résigne à la bataille et implore le secours de Dieu. V. 600-645.

Charlemagne et Aquin rangent leurs armées. — Grande bataille. Tumulte, cris ; hennissements, son des trompes, des cors et des greiles. Engagement. — Aquin sort des rangs et fait de terribles exploits. Il fend les heaumes, fait sauter les têtes, en criant : « Manbrie », c’est son cri de ralliement. Affreux carnage, comme jamais on n’en vit en Bretagne. Bravoure des Bretons, ainsi que des Français. Les nôtres sont vainqueurs jusqu’à l’heure des vêpres ; alors les païens quittent le champ de bataille, emmenant trois cents chrétiens prisonniers. Les Français, de leur côté, ont pris mille Sarrasins. V. 646-687.

Charles s’éveille à l’aube et retourne au combat ; Aquin y arrive dès le petit jour. Menaces d’Aquin. Charlemagne lui-même se lance dans la mêlée. Il tue un païen, c’est le sire de Cordoue. Cette victoire valut au roi de France un bon cheval. — Ce cheval, appelé Corengne, lui servit beaucoup dans d’autres combats ; (rappelez-vous, dit l’auteur, l’affaire où périrent Roland, Olivier et les hommes de Charlemagne). — Suite de la bataille. Le duc Naimes pousse son cri de guerre ; les Bretons frappent sur les mécréants avec plus de vigueur ; à leur tête l’archevêque de Dol maltraite rudement les païens. Aquin se défend. V. 688-718.

La bataille continue. Exploits de Naimes. Aray, vicomte en Cornouaille, et les Bretons, s’y distinguent. V. 719-737.

Nouvelle énumération de ces chevaliers bretons. L’auteur cite : Ripé, comte de Dol, Baudouin de Nantes, Nynet de Châteaulin, Hubaut de la Ferté, Dom Tourgis, qui ne figuraient pas dans la première liste. V. 738-764.

Ils sont tous compagnons d’Isoré l’archevêque, et armés à ses frais, car il a souvent besoin d’eux contre les païens. — L’Archevêque a surtout à se plaindre de Doret, un neveu d’Aquin, qui possède [aux environs de Dol] la ville de Gardaine, sur le Bidon. Cette ville est entourée d’un canal de 20 pieds de large et de 60 pieds de profondeur, qui se prolonge jusqu’à la mer. Elle est flanquée d’un château fort, dont la porte et le portail sont d’or et d’argent. L’éclat s’en voit d’une lieue. Le duc Doret les a fait dorer avec l’or qu’il a apporté d’Oreigle, où il naquit. Ce château est appelé Dorlet. Doret y possède toute espèce de vivres et d’armes ; il y entretient un grand nombre de païens, qui empêchent tout chrétien de passer dans les environs pour venir au secours de Charlemagne. V. 765-799.

L’auteur reprend le récit de la journée. — L’Archevêque se précipite au fort du combat. — Épisode : Doret atteint Ahès de Carhaix dont le haubert, par la permission divine, résiste à tous les efforts. Ahès, à son tour, va tuer le mécréant, mais le diable d’enfer le secourt. Au moment où Ahès tire son glaive pour lui couper la tête, Aquin et les païens viennent à la rescousse et remettent Doret sur son cheval ; celui-ci s’enfuit et pique des deux. Ahès poursuit le couard de ses invectives ironiques. Doret s’en moque et continue sa route vers Gardaine. Il en fait fermer les portes, un habile médecin le guérit en trois jours de ses blessures. — Aquin, abandonné par son neveu, est forcé de quitter le champ de bataille. V. 800-848.

Le soleil était couché, les nôtres retournent à leurs tentes. Ils font entre eux l’éloge d’Ahès qui a fait tant de prouesses ce jour-là, quoiqu’il eût sept vingts ans passés. Ils en viennent à parler de sa femme, dont Ahès leur raconte l’histoire : C’était la fille de Corsout, elle vécut plus de trois cents ans. Elle croyait ne devoir jamais mourir ; aussi entreprit-elle un grand chemin dur comme du fer qu’elle voulait conduire, à travers les bois, de Carhaix à Paris. Ce chemin avait déjà vingt lieues de long, quand, un jour, la dame trouva un merle mort dont la vue l’étonna. Elle appela alors un clerc de grande science, et en ayant appris que rien ne pouvait empêcher de mourir comme ce merle, elle comprit la vanité du siècle et renonça au grand travail qu’elle avait commencé. Cette dame était morte depuis plus de cent ans, ajouta Ahès ; il ne s’était pas remarié depuis lors, et désormais il était trop âgé, car les vieux hommes sont trop refroidis pour plaire aux jeunes femmes. — Cette plaisanterie provoque de grands rires chez les assistants. V. 849-924.

L’auteur revient au roi Aquin. — Celui-ci est de retour dans Quidalet d’où il sort [le troisième jour de combat], en menaçant de nouveau Charlemagne. Le roi de France l’entend et fond sur lui. Ils se donnent de grands coups et tombent tous les deux à terre. Les païens bondissent au secours de leur roi qui se débat sur le sol et lui redonnent l’avantage. Charles à son tour va être occis quand il est secouru par le duc Naimes, l’Archevêque et les autres. Cette rescousse produit un massacre de mille païens. Charlemagne est remonté à cheval. — Aquin fait de grandes pertes. De trente mille hommes qu’il avait au début de l’action, il n’en échappe que quatre mille. Le roi de Nort pays voit qu’il a le dessous et s’enfuit à Quidalet sur un cheval rencontré par hasard. L’impératrice vient à sa rencontre et le renvoie au combat. V. 925-979.

Nouvelle bataille. Quatre cents Français sont tués. Richard, Ripé, Baudouin, Hues, Naimes, Geoffroy l’Angevin sont blessés. — Ce fut là que périt Thierry de Vannes, père de Roland. V. 980-990.

L’empereur gémit sur la perte de ses hommes. Il regrette surtout Thierry dont il fait l’oraison funèbre : « Gentil duc, en récompense de tes services, je t’avais donné pour femme ma sœur, la belle et noble Bagueheut. La voilà veuve et voici Roland orphelin ! » Puis il se pâme trois fois et tombe de cheval. Naimes le réconforte et le roi saute légèrement sur son cheval. Il s’en va frapper un chevalier ennemi, puis une foule d’autres. Au milieu de ces prouesses, Charles fend la tête à un des conseillers d’Aquin, appelé Séguin ; l’enseigne de Saint-Denis crie : « Montjoie ! » et Naimes s’exclame : « Vous avez bien vengé Thierry, duc pour duc ! » Les païens s’enfuient, emportant le corps de Séguin. V. 980-1030.

Aquin fuyant rencontre une seconde fois l’impératrice. Ils se désolent ensemble de la mort de Séguin et des autres. — Séguin se trouve être le propre frère du roi. — La reine s’évanouit. « Dame, reprend Aquin dont le courage se ranime soudain, cessez de pleurer, ils seront vengés. » V. 1031-1055.

Le jour est terminé, la nuit a mis fin au combat. La lune brille et éclaire le champ de bataille. Charlemagne le visite et fait mettre à part les corps des chrétiens qui ont péri. On construit un beau charnier sur lequel on établit une chapelle, dont le maître-autel est dédié à saint Étienne. Charles, après avoir enterré ses gens, gémit sur leur perte. Naimes lui prodigue ses consolations. Après leur entretien, les Français s’en vont sur le champ de bataille, ramasser hauberts, heaumes, écus, lances, haches, épées brillantes, jupes de paile, ciclatons et autres richesses sans nombre qui y sont demeurées, ainsi que les chevaux errants. V. 1055-1093.

Naimes donne alors à Charlemagne le conseil d’investir la ville. Le roi, pour mettre à exécution ce projet, fait écrire par un clerc des lettres à tous les barons de son royaume. — À la lecture de ce message, les barons s’empressent d’accourir ; il ne reste point d’hommes en France. Quatre cents chevaliers se distinguent entre les autres par la beauté de leurs armes. Charles éprouve une grande joie en les voyant arriver. Il jure par saint Denis de ne pas retourner en France avant d’avoir pris Quidalet. Les arrivants applaudissent. V. 1094-1131.

On entoure Quidalet. Charlemagne campe à une lieue environ de la Cité. Les campements des assiégeants n’occupent pas moins de trois lieues de long, sur une lieue de large. — Description de la tente de Charlemagne, qui se déploie sur un arpent de terrain : Les bandes sont de taffetas brodé d’or ; les cordes de soie. La tente est couverte de dessins d’or et d’argent, représentant des oiseaux et des animaux. Tout autour, une seconde enceinte de toile, puis une grande douve et un profond fossé. En l’honneur de saint Malo, ce lieu fortifié fut appelé Château-Malo. V. 1132-1147.

L’auteur raconte à ce propos l’histoire de saint Malo. Ce saint vivait dans une île près de la Cité, où il servait Dieu. Un an avant cette histoire, il ressuscita un païen mort [2], ce qui lui attira la vénération des peuples de la contrée et il se nourrissait de leurs charités, car il n’y avait point de chrétiens dans le pays. L’auteur prend à témoin de la vérité de son récit le livre [de la légende du saint] conservé à Saint-Malo. Cette sainte vie avait été racontée à Charlemagne. V. 1149-1170.

Situation de la tente de l’archevêque Isoré : elle est du côté de Bise, exposée au levant, touchant un marais, sur le bord d’un ruisseau qui court vers la Cité. Avec l’Archevêque, trois mille chevaliers. Il fonde dans cet endroit un moutier dédié à Notre-Dame. V. 1180-1188.

Le lendemain est le jour de la Pentecôte. Le matin, l’Archevêque veut dire la messe en l’honneur du Saint-Esprit. Il appelle son serviteur Guinemant et l’envoie chercher l’eau nécessaire. Guinemant s’arme de pied en cap, prend à la main une coupe d’or enrichie de pierreries et sort de la tente et du camp. Il s’achemine, car il connaissait le pays, vers la fontaine, dans la direction de la Cité. Un païen, monté aux créneaux, voit venir le vassal, se glisse traîtreusement à sa rencontre, lance son dard et le tue ; puis s’empare du calice, qu’il va offrir à Aquin. Le roi en fait hommage à la reine. V. 1189-1225.

Un valet d’armée qui avait suivi Guinemant, va raconter ce forfait à l’Archevêque, qui promet énergiquement de venger son bon vassal. Il fait armer ses trois mille hommes et va donner l’assaut avec une telle vigueur que les Norois sont sur le point de se rendre. V. 1226-1250.

Les Bretons attaquent le château de Dinard. Les Norois accourent et montent aux murs, du haut desquels le châtelain jette à Isoré les plus violentes invectives. Il termine en réclamant avec ironie le tribut que Charlemagne doit à Aquin. « Sortez, lui crient les compagnons d’Isoré, et nous vous le payerons ; nous vous apportons déjà des épées et des dards, que vous recevrez dans le corps. Rendez Dinard, ou vous serez tous pendus. » — Les Norois refusent avec indignation. Les Bretons les attaquent avec rage. V. 1251-1289.

Suite de l’assaut du château de Dinard ; ce château est presque entouré par la mer. Le lignage d’Aquin s’y défend courageusement. Grimoart, son neveu, en est le châtelain ; ses cousins sont avec lui ; ils sont plus de mille païens. Les Bretons leur lancent des dards de toute espèce, et au moyen de l’arc, du feu grégeois, qui les brûle ainsi que le château. Les Sarrasins, pris de terreur, s’enfuient à Quidalet en traversant la Rance sur les vaisseaux de Chaliart [3]. Aquin manque d’éclater en voyant ce désastre ; il avait le quart de sa famille dans Dinard. V. 1251-1312.

Aquin est au désespoir ; son château et ses hommes ont été brûlés. Il se roule sur le sol ; l’impératrice le relève et le baise trois fois. « C’est trop de deuil, dit-elle, pour un seul château ; vous en avez assez d’autres en Bretagne. » Aquin soupire en pensant à la perte de ses gens, mais sa douleur se calme. V. 1313-1334.

Les Bretons, après avoir détruit le château de Dinard, marchent sur Quidalet par la grève, car la mer baisse, et la Rance n’avait à peine qu’un arpent de large au pied de la ville. (La mer arrive dans cet endroit avec la rapidité de la foudre.) Les Bretons s’arrêtent au bord du courant, qui les empêche de passer. Ils lancent de là des traits aux murs inférieurs. Un grand nombre de païens, descendus de la ville haute, les garnissaient ; ils ripostent ; beaucoup de chrétiens sont tués. V. 1334-1353.

L’auteur retourne à Charlemagne. Celui-ci donne un assaut général. Les païens résistent jusqu’à la fin du troisième jour. Charles est obligé de retourner à son camp. Les païens emmènent quatre cents Français prisonniers. V. 1354-1370.

Pendant ce temps, Isoré, de retour à son campement, regardant la mer, a aperçu trente barges et un dromont qui se dirigent vers Quidalet. C’est une flotte chargée de richesses immenses et surtout de vivres et d’armes que l’on envoie à Aquin du pays de ses pères. Juste à ce moment, la mer se retire et laisse la flotte sur le sable. L’Archevêque l’attaque avec deux mille chevaliers et s’en empare, malgré la résistance des païens de la flotte, secourus par ceux de la ville. V. 1371-1405.

Un seul navire s’échappe, la mer l’emporte vers les rochers de Biseux, puis il descend la Rance au fil de l’eau. — L’Archevêque fait le partage de la prise entre les chrétiens et retourne à sa tente avec un immense butin. V. 1406-1417.

Charlemagne tient conseil avec le duc Naimes devant sa tente. Il lui rappelle l’origine de cette guerre. Étant allé tout jeune conquérir la Saxe sur Guitelin, Aquin a profité de cette longue guerre pour s’emparer de la Bretagne et se faire couronner à Nantes. Il occupe maintenant Quidalet, mais Charlemagne craint qu’il n’abandonne cette ville et ne lui échappe. Naimes répond qu’il ira lui-même camper dans l’île de Césembre avec ses chevaliers. Il y mènera des vaisseaux. De l’île, il pourra surveiller tous les mouvements d’Aquin, et l’arrêter, s’il tente de s’enfuir. Charlemagne l’engage, pour plus de sûreté, à prendre Fagon avec lui. Celui-ci se joint à la troupe de Naimes ; tous deux, avec plus de mille chevaliers, s’en vont à Césembre à cheval. Ils campent dans l’île ; le soleil est levé, le jour est beau, Naimes, assis devant sa tente, regarde du côté de la Cité. Il aperçoit de nombreux Sarrazins sur les tours et les murailles. Il prie Dieu de livrer aux chrétiens cette redoutable ville ; il ne se doute guère du malheur qui lui arrivera avant trois jours, faute de faire bonne garde. V. 1418-1481.

Aquin est à Quidalet. Il est triste et se lamente de la perte de sa flotte et d’avoir vu naguère brûler Dinard et les siens. Il appelle ses gens et les excite en leur rappelant ces funestes événements. Les chrétiens l’environnent de toutes parts ; ils veulent même l’empêcher de fuir en son pays, et, dans ce but, Fagon et Naimes sont établis à Césembre, mais ils n’ont que mille hommes. Il sera facile, cette nuit, à la clarté de la lune, de les surprendre et de les massacrer. Cinq mille païens s’arment aussitôt. — L’auteur déplore ce qui va arriver. V. 1481-1520.

Les païens partent à minuit et s’acheminent vers l’île. Ils trouvent Naimes et les Français endormis. Ils saisissent leurs chevaux qu’ils tuent sans faire de bruit. Ils coupent ensuite les cordes des tentes, dont les toiles tombent sur les nôtres. Les Norois se précipitent alors, et frappent avec la hache et l’épée. Les Français, pris au dépourvu et accablés par le nombre, périssent presque tous. Naimes fait des prodiges de valeur. — Lutte terrible. Elle a lieu dans la partie basse de l’île. Les chrétiens invoquent le secours de Dieu et supplient Naimes de les sauver, car c’est lui qui les a amenés dans ce lieu. Le duc verse d’abondantes larmes et, de sa grande voix, ranime les siens en leur promettant le paradis. « J’entends, dit-il, les anges qui vous y appellent. » V. 1521-1579.

Un païen bondit alors sur lui, en invoquant Tervagant. D’un coup de hache, il fait tomber les pierres précieuses et les fleurs du heaume de Naimes. Heureusement, le duc n’est pas grièvement blessé. Fagon venge Naimes et fend la tête du mécréant d’un coup terrible qui partage en deux le cheval même du païen. Fagon continue ses exploits. Les Français jurent de ne pas fuir et retrouvent de nouvelles forces. — Il y avait là des Angevins, des Normands, des Lorrains, des Bavarois, des Allemands, des gens du Berry, de la Flandre et de la Frise, tous vassaux de Charlemagne. — La lutte se continue au clair de la lune et ne cesse que bien après le chant du coq. Tous les chrétiens sont occis, excepté Fagon et Naimes. Ce dernier est blessé et gît pâmé au milieu des cadavres. Il a reçu un grand coup de hache dans le côté. — Le lendemain, sur ce champ de bataille, on eût bien pu ramasser de bonnes armes et s’emparer de bons destriers dont les maîtres étaient morts. — Les païens sont retournés vers Aquin et lui ont fait le récit de la bataille. Grande joie du roi. V. 1580-1687.

L’auteur revient à Naimes et à Fagon qu’il a laissés dans l’île. Fagon se lamente de la perte de tant de Français et s’inquiète de Naimes. Il le cherche longtemps parmi les morts. Il le trouve enfin et lui demande s’il vit encore. « Oui, répond Naimes, mais j’ai peu de santé. » Le duc a perdu tant de sang qu’il est presque mort. Il s’inquiète cependant du sort des chrétiens. « Ils sont tous tués, sauf nous deux », répond Fagon. Naimes s’évanouit de désespoir. Fagon le ranime en lui parlant des nombreux païens qui ont été massacrés ; puis il le prend par la main et le remet sur ses pieds. Ils se dirigent ensemble vers la grève. Ils viennent au gué et entrent dans l’eau. La mer montait, ils en ont jusqu’à la ceinture. Naimes s’en tire à grand’peine, avec l’aide de Fagon, qui le porte dans ses bras et le dépose sur le bord. Naimes s’évanouit quatre fois. Fagon ne sait que faire, car il n’a pas de cheval. Il est trop affaibli lui-même pour porter le duc et ne veut pourtant pas l’abandonner. Il l’appelle une dernière fois ; celui-ci ne répond pas un mot. Fagon le quitte alors en le recommandant à Dieu et s’en va à pied retrouver Charlemagne ; il arrive près du roi, épuisé de fatigue. V. 1688-1754.

Charles apprend le massacre de ses chevaliers et le sort de Naimes qui est resté étendu sur la grève. Il demande aussitôt son cheval, et, conduit par Fagon, il va à la recherche de Naimes. Le héros gisait toujours sur le sol, mais le flot avait monté et baignait déjà les jambes du bon duc. Charlemagne se précipite sur lui et met son baron en lieu sûr ; puis il fait son oraison funèbre, car il le croit mort. À ce point, on entend un soupir de Naimes. Charlemagne en remercie Dieu. La blessure de Naimes ne lui permet pas un mouvement, le roi commande qu’on lui fasse une litière. On pose cette litière sur des chevaux qui ramènent Naimes au camp. Un mire le guérit. V. 1755-1828.

Ici l’auteur proteste contre le récit qu’ont fait certaines gens au sujet de Naimes. On a dit que le duc mourut en cette rencontre, mais il n’y a en cela aucune vérité. Naimes vécut très-longtemps après. Il alla ensuite avec Charlemagne, dans les gorges d’Aspremont, combattre l’émir Agolant et son fils Eaumont, qui prétendait renverser l’empereur et se mettre à sa place. Cet Eaumont fut tué par Roland. Dans cette même bataille, Roland conquit son cheval Valentin et son épée Durandal, ce qui le fit armer chevalier. V. 1824-1848.

Charlemagne jure par saint Denis qu’il ne se reposera pas avant d’avoir vengé ses gens qui ont péri dans Césembre. Il donne l’assaut à la Cité avec cent mille hommes. Les sujets d’Aquin se défendent. Ils tuent même un archevêque et un abbé. V. 1849-1864.

Au milieu du combat, Charles se plaint à Naimes de la peine qu’il se donne pour conquérir cette ville. Naimes fait remarquer, en plaisantant, que l’endroit est mal choisi pour se livrer à ces réflexions. On retourne au camp. Charlemagne réunit les chefs de l’armée. L’empereur trouve son camp trop éloigné de la ville et ordonne à ses vassaux de s’en rapprocher. On décampe. Le roi de France établit sa tente près de la Cité, sur le bord de la mer, en face de la porte d’Aleth. Le roi fonde en ce lieu une chapelle en l’honneur de saint Servan. L’empereur enrichit cette fondation d’une croix de vermeil, renfermant des reliques des SS. Innocents, de saint Étienne et d’autres saints. V. 1865-1906.

Charlemagne demande à Dieu qu’il attache à cette croix le privilège de châtier les parjures dans l’année. L’archevêque consacre la nouvelle église. Le roi de France se prosterne devant l’autel et y récite en manière de prière un long Credo. Il termine en réclamant pour la croix de saint Servan la grâce qu’il a déjà demandée ; puis il fait une oraison particulière à saint Servan dont il nous fait connaître la légende. — Saint Servan était fils de la sœur de sainte Anne ; fait captif en Égypte, il fut mis en prison et gardé trois jours sans boire ni manger. Les portes de sa prison s’étant brisées miraculeusement, il se rendit par mer à Rome sans prendre aucun bateau. Le roi Adace qui était alors maître de Rome voulut le tuer ; le saint reprit son chemin sur la mer et arriva à Ascalon où Hérode lui fit couper la tête, qu’il envoya au roi de Rome. En attestant la vérité de ce récit, Charlemagne conjure le saint de châtier ceux qui se parjureront sur la croix qu’il lui a donnée, de quelque condition qu’ils soient. Il finit en conjurant le saint de lui rendre Quidalet, pour y rétablir le service de Dieu. V. 1907-2029.

Au moment où Charlemagne achève sa prière, un vieux chevalier de sa suite l’aborde et lui donne ce conseil : « Les gens de Quidalet n’ont point de source ; s’ils ont de l’eau, elle leur vient par un canal souterrain. Faites prendre un cheval, donnez-lui en abondance foin, orge, avoine et empêchez-le de boire, puis laissez-le aller en liberté. Il trouvera bien ce canal, s’il existe. » L’empereur trouve ce conseil salutaire ; on le met à exécution. Le cheval est lâché après trois jours, il se précipite vers la mer, ne pouvant s’y désaltérer, il revient sur ses pas. Les Français gardent le côté de la terre. Le cheval, mourant de soif, s’arrête alors près de la chapelle dédiée à saint Servan et gratte le sol du pied. On creuse en cet endroit, on rencontre une fontaine recouverte d’une voûte dont les murs et la margelle sont du marbre le plus beau. Un conduit de cuivre, scellé de plomb, porte à la Cité une eau limpide. Les Français jettent dans le conduit toutes les ordures du camp. V. 2030-2280.

Les vivres manquent dans Quidalet, les païens n’ont plus d’eau douce, le chef tient conseil. Chacun se désole de la famine. La femme d’Aquin est déjà toute « faillie », car elle a beaucoup jeûné. On parle de rendre la ville. À ce moment un Norois, âgé de plus de cent ans, qui paraît être le gardien de Solidor, s’adresse au roi Aquin : « Il y a déjà plus de cinq ans, dit-il, que l’archevêque Isoré nous a pris les navires que l’on envoyait à notre secours. Si tu m’en crois, tu partiras avant ce soir, et tu t’en retourneras dans ton pays, en emmenant un grand nombre de tes gens ; j’ai pour toi une barque que j’ai enlevée aux chrétiens, elle est près d’ici, attachée au donjon. Il y a peu de villes, sauf Vannes [4] et Dol l’archevêché dont tu ne sois maître. Que le feu d’enfer brûle cette ville, nous n’y sommes que trop demeurés. » V. 2090-2132.

Aquin profite du conseil et descend de la ville au havre. La nuit est noire. Le roi, la reine, quatre cents hommes avec de riches trésors, entrent dans la nef ; ils n’y mettent point de vivres, car il n’en restait pas dans Aleth. On met à la voile. — Beaucoup de Norois demeurent dans la ville. — Le navire d’Aquin suit la côte, Le roi des Norois passe devant Terzon. Arrivé à Saint-Mathieu, ses gens lui demandent où il veut aller. « Allons, répond-il, à Nantes, où j’ai été couronné il y a trente ans, et où il y a encore beaucoup des miens. Nous nous arrêterons à Brons ; ce château est fort, quoique petit. » Les païens doublent le cap Saint-Mathieu et changent de vent. Ils entrent dans le havre de Brest et pénètrent dans la ville. Ils s’y reposent et mangent copieusement. « Où irons-nous ? » demandent-ils dès le lendemain à leur roi. « À Carhaix, dit celui-ci ; c’est la ville du vieil Ahès, qui nous a fait tant de mal, et qui a blessé Doret mon neveu. » Ils montent tous à cheval ; la reine les accompagne. V. 2133-2189.

Les païens s’établissent à Carhaix, dont ils réparent les murs. Aquin appelle à lui tous ses barons païens fixés en Bretagne. Il se hâte surtout d’écrire aux Norois de Nantes. Ceux-ci font lire le message, y apprennent le désastre de Quidalet et envoient tout de suite au secours d’Aquin trente mille hommes et des provisions de bouche. V. 2191-2209.

L’auteur revient à Charlemagne. Celui-ci ne sait pas encore le départ d’Aquin ; il assiste à la messe dans sa chapelle, puis, sortant au dehors, regarde du côté de la Cité ; il entend des pleurs et des cris qui s’élèvent de la ville. Étonné, le roi envoie Fagon en reconnaissance. Fagon arrive à la porte de Quidalet, voisine de la Tour-Aquin. Il entend distinctement la voix des païens. « Ah ! font-ils, Aquin, nous ne devons guère t’aimer, car tu nous as abandonnés. Maintenant, il ne nous reste qu’à mourir de faim ou à nous chrétienner, » Fagon revient tout joyeux annoncer à Charlemagne que la ville est à lui. L’empereur fait sonner les trompettes, s’approche des murs. Les païens ouvrent la porte et baissent le pont-levis. L’empereur fait baptiser les païens qui se convertissent et trancher la tête de ceux qui se refusent au baptême. V. 2210-2277.

Charlemagne n’oublie pas les prisonniers chrétiens. Un des comtes s’offre de le conduire à la chartre où ils sont renfermés, forteresse dont l’entrée est près du pont-levis de la ville, au bord de la mer. Le seigneur qui la gardait s’est enfui avec Aquin. Ce donjon est si fort, que trois hommes l’auraient défendu contre une armée. L’étage le plus voisin de la mer était celui où le roi Aquin faisait jeter ses prisonniers. Charlemagne a hâte de s’y rendre. Il en fait briser les portes, il délivre les prisonniers et ordonne de dire des messes pour ceux qui ont péri dans cette prison. L’empereur ne néglige pas de faire raser et tondre les infortunés captifs, ni de leur donner de riches vêtements. Charles fonde alors dans la Cité un moutier sous le vocable de saint Pierre. L’Archevêque dit la messe de consécration. Le roi fait au nouvel autel de magnifiques offrandes. Après la cérémonie, Charlemagne s’adresse à Isoré : « Grâce à Dieu, sire Archevêque, nous avons pris cette bonne ville. Il nous en a coûté, car voilà plus de sept ans que nous sommes venus de France dans ce pays pour nous en emparer. Je vous la donne, vous l’avez méritée par vos faits d’armes. » L’Archevêque remercie « cinq cents fois » Charles et lui jure de marcher à son secours avec tous les siens, en quelque pays qu’il puisse être. V. 2277-2353.

Les Français sont campés dans la ville, l’empereur monte au palais où il trouve de grandes richesses. Le lendemain, Charlemagne offre à ses barons un festin dans le palais d’Aquin. Les convives se réjouissent de la nouvelle conquête. Le duc Naimes ouvre l’avis de s’emparer de Gardaine, cité puissante appartenant au prince Doret. Près de cette ville, il y a un château fort appelé Dorlet. Naimes demande à se charger de cette expédition, et prie le roi de lui confier son oriflamme. Il ne se soucie pas d’être accompagné par Isoré. Celui-ci peut rester avec Charlemagne dans la ville qui lui a été donnée. V. 2354- 2396.

Naimes part avec l’assentiment de Charles. Ayant fait deux lieues en chevauchant, on aperçoit l’admirable cité de Gardaine ; l’aspect en est terrible. Les fossés sont hérissés de longues broches sur lesquelles sont plantées plus de mille têtes de chrétiens. La ville est encore défendue par une foule de bêtes féroces, des lions, des léopards ; il y a même un géant. Un fleuve impétueux l’entoure, c’est le Bidon. « Dieu ! s’écrie Naimes, Quidalet est une bien belle ville, mais celle-ci est encore plus belle. Aidez-nous, et Charlemagne y sera couronné à la Pentecôte. » Et tous s’en vont à l’assaut. V. 2397-2431.

Un païen a vu venir les Français et a donné l’alarme. Quatre mille ennemis sortent de la ville. Chaque Français lutte contre sept païens. L’inégalité du combat arrache des plaintes aux chevaliers. « Malheur à nous ! Après avoir eu tant de mal dans ce pays pendant plus de sept ans, voici que Charles nous laisse périr aujourd’hui sans nous secourir. Que fait-il à cette heure ? Pendant que nous souffrons, il est bien à son aise dans Quidalet avec Isoré ; ils y boivent des vins aromatisés et ne s’occupent pas de leurs compagnons d’armes. — Barons, leur crie Naimes, combattez pour Dieu qui vous donnera la couronne du martyre et ne faites pas de lâchetés que l’on puisse reprocher à vos hoirs ». Ces paroles donnent une nouvelle vigueur aux chrétiens : vers le soir, leurs ennemis abandonnent le champ de bataille. En les poursuivant, les Français parviennent aux fossés. Ils enlèvent les têtes plantées sur les piques. V. 2431-2480.

Les Norois, de retour dans Gardaine, se plaignent à Doret de leur défaite et l’engagent, par sarcasme, à réclamer aux chrétiens le tribut qu’il a établi sur eux. Doret répond avec audace qu’il va le faire à l’instant ; il députe, en effet, le plus insolent de ses Norois vers le chef des chrétiens. V. 2481-2500.

Le païen, arrivé devant Naimes, énumère les différents objets de ce tribut : bourses d’or fin, selles de peile, ciclatons, cuirasses, boucliers, chevaux arabes, blanches haquenées, sans compter des lions et des monstres, et aussi trente pucelles. À cela, Naimes fait la réponse d’usage : « Ce tribut nous vous l’apportons à la pointe de nos lances ; nous voulions le payer à Aquin, votre roi, mais il s’est enfui. » Sur ces mots, lui et ses gens assaillent les païens et leur présentent un tribut de coups de toute nature. Il n’échappe que deux Norois. V. 2500-2530.

Doret entend de ces derniers le récit de cette défaite. Il gémit du départ d’Aquin qui l’a laissé sans appui. « Il va falloir, dit-il, que j’abandonne Gardaine, Dorlet que j’avais fortifié. Je n’aurai plus de pouvoir en Bretagne ! Mais avant qu’il en soit ainsi, je ferai bien du mal aux chrétiens. » Il part contre ses ennemis à la tête de vingt mille hommes. V. 2531-2562.

Bataille terrible. Les Français perdent une lieue de terrain. Ils vont être mis en déroute, quand Naimes aperçoit, à travers les bois, Charlemagne qui arrive. À la vue de ce secours, les païens se replient sur Gardaine. Naimes va au-devant du roi, lui apprend le péril qu’il a couru et le remercie d’être arrivé à point. V. 2562-2588.

Le roi de France lui-même va donner l’assaut à Gardaine. Les assiégés se défendent ; l’un d’eux décoche traîtreusement son dard et atteint Charlemagne entre les côtes. Le roi tombe de son cheval et reste longtemps évanoui. Effroi des Français. Les païens redoublent d’ardeur, saisissent le corps de l’empereur et vont l’emporter dans leur ville, quand les chrétiens, ayant à leur tête archevêques, évêques, abbés et autres clercs, le délivrent. Le roi sort de l’évanouissement dans lequel il a été plongé durant toute cette scène, et, animé de colère contre le traître qui l’a blessé, il se jette à genoux et maudit la ville de Gardaine. Il demande à Dieu, dans une longue prière, où il insère, selon son habitude, une forte partie de l’Évangile, de confondre cette ville, que pas un seul de ces mécréants n’en puisse sortir, et qu’aucun homme n’y puisse habiter. V. 2589-2666.

Bientôt commence un orage épouvantable. À minuit, la ville s’écroule avec ses murs et ses forteresses. La mer sort de ses limites et envahit la contrée, engloutissant six lieues de large sur deux de long. Elle s’arrête au Terrain. Les Français tremblent de peur en voyant ce miracle. Plus de dix mille d’entre eux y périssent noyés. La tempête et l’obscurité durent quatre jours. L’empereur lui-même est saisi de frayeur. L’inondation parvient jusqu’à lui. « Vous avez trop bien prié, lui dit alors le duc Naimes ; voici que tous vos gens périssent. — Hélas, dit Charles, je n’ai pu mieux faire. » L’archevêque de Dol vient au secours de Charlemagne. Il s’en va dans la campagne, et, à l’abri d’un oratoire établi à la hâte, demande pieusement à Dieu de les épargner. Le miracle ne se fait pas attendre ; l’ouragan cesse, la mer retourne dans son domaine, le soleil brille, les prairies reverdissent. V. 2667-2712.

En ce moment Naimes, regardant du côté du nord, voit venir une brillante armée ; ils sont dix mille chevaliers richement équipés, dont les bannières flottent au vent. Le duc les prend pour des païens et se met à pleurer en apercevant tant de nouveaux ennemis. Il appelle Aion, Guinemer, Thehart de Rennes, et les envoie demander à cette troupe qui elle est. V. 2713-2734.

Ce ne sont pas des païens, c’est Garnier de Gascogne, que le « Gardien de Rome » envoie au secours de Charlemagne. Garnier, arrivé près de Charles, le salue au nom du pape et lui apprend que celui-ci ayant su le siège de Quidalet, envoie cette armée au secours de l’empereur. Au récit que Charlemagne fait à Garnier des fatigues qu’il a éprouvées, l’envoyé du pape lui demande s’il n’a pas l’intention de s’en retourner en France, après tant de maux. — « Certes non, répond Charles, il me faut aller ailleurs : j’ai ouï dire que le roi Aquin s’est établi à Carhaix ; je veux lui faire couper la tête ou le pendre, s’il ne se fait pas chrétien. — Vous le poursuivrez donc en char, dit alors Naimes, car avec votre blessure vous ne pourrez point chevaucher. » Naimes se charge de faire préparer le véhicule. — Description du char. — L’empereur s’y établit. Départ. Naimes et Garnier cheminent ensemble. V. 2735-2709.

Les Français passent la Rance à gué. Pendant qu’ils gravissent les collines du bord opposé, le roi de France perd connaissance dans son char et on le croit mort. Les Français pleurent et font son oraison funèbre. À ce point, il sort de sa pamoison et voyant la douleur de son peuple, il lui promet de guérir. Joie générale. V. 2800-2818.

L’ost s’arrête à Corseul, autrefois belle ville, mais alors ruinée et depuis longtemps sans seigneur. L’armée continue sa route vers Carhaix, par le grand chemin que fit la femme d’Ahès. Le char s’arrête dans la campagne et on établit le camp. Dix mille Francs vont courir le pays. Ils font un grand nombre de païens captifs et assiègent la ville de tous côtés. Effroi d’Aquin. Il jure de livrer bataille en rase campagne et sort à la tête de dix mille hommes. V. 2819-2840.

Paroles d’Aquin aux siens. — Combat acharné. — Aquin et Naimes se rencontrent, et avant de jouter l’un contre l’autre, échangent quelques discours. Le Norois rappelle le siège de Quidalet, qu’il a perdu après 22 ans de possession paisible, et dont la famine seule a pu le chasser. Isoré en occupe maintenant le palais. Cette pensée, amère pour Aquin, ne l’est pas moins pour Naimes, Le duc fait une courte invocation et entame le combat. Après quelques beaux coups, les deux champions tombent à terre. Naimes se relève le premier, mais les épées sortent en même temps du fourreau. Aquin est le plus fort. Naimes le voit et craint pour sa vie. Mais Dieu le protège et soutient son bras ; d’un coup irrésistible il fend le heaume de son ennemi jusqu’au cercle. Aquin eût péri sans le secours des siens. — V. 2850-2909.

Le combat continue encore quelque temps ; mais les païens ne peuvent résister et abandonnent Carhaix. Le roi Aquin s’enfuit, suivi de la reine. Naimes les aperçoit qui se sauvent à bride abattue. Il fond sur eux, arrête le cheval de la reine : « Dame, vous êtes prise, s’écrie-t-il ; je vous emmène au roi de France et vous serez chrétienne. — Je ne puis résister, fait-elle, mais je suis reine, je suis la femme de l’émir Aquin, gardez-moi du déshonneur. — N’ayez crainte, réplique le duc. » V. 2910-2940.

La reine est conduite à Charlemagne, qui croit à peine à cette heureuse capture. Il lui demande si elle veut se faire chrétienne. — « Volontiers, dit-elle, car Mahomet ne vaut pas un ail pelé, nous avons bien éprouvé son impuissance à Quidalet. » L’empereur satisfait sourit. Il appelle vite ses prélats et leur ordonne de préparer les fonts baptismaux. Le baptême se fait avec pompe. — Beauté de la néophyte. — Elle fut par la suite aimée et honorée des chrétiens. V. 2941-2969.

L’auteur laissant Charlemagne, suit Aquin dans sa fuite rapide. Tout en gémissant de la captivité de la reine, il se dirige vers un château très-fort et très-ancien qu’il connaissait de longue date, le château du Méné. V. 2970-81.

Les Français, conduits par Naimes, viennent relancer Aquin dans ce repaire. Le roi de France suit Naimes ; il ne s’arrête qu’après avoir occupé la forêt de Nevet. Aquin est cerné à la faveur de l’obscurité. L’armée campe. — Le lendemain, à l’aube, Aquin voit les troupes de Charles ; il sort immédiatement du château avec ses guerriers ; il les anime par ses paroles contre cette race qui lui a enlevé sa femme [5] qu’il aimait plus que la vie, et la belle cité de Quidalet, qui faisait toute sa joie. V. 2982-3006.

Excités par ces discours, les païens font des prodiges ; ils culbutent les troupes romaines, commandées par Garnier de Gascogne, neveu du pape, qui périt dans le combat. « C’est grand dommage », dit l’auteur, en manière d’oraison funèbre. — Aquin réussit dans la mêlée à reconquérir sa femme, qu’il entraîne dans le château. Désespoir de Charlemagne ; il pleure Garnier et jure de prendre ce château, ce qu’il exécute sur le champ. Le feu grégeois détruit la forteresse de fond en comble. V. 3007-3022.

Aquin n’a pas péri. Il abandonne les ruines et s’en va du côté de la mer. Il rencontre un ermitage. L’ermite s’appelle Corentin, il disait la messe en l’honneur de saint Martin. Les païens font grand bruit autour de l’église où ils s’apprêtent à se retrancher. Aquin lui-même pénètre dans l’intérieur. Le saint reconnaît les païens à leur langue, il savait « leur latin ». Il achève de dire sa messe et se dépouille des vêtements sacrés. À cet instant, les païens se jettent sur lui, mais Dieu fait un miracle et protège la fuite du saint en l’enveloppant d’un nuage. V. 3022-3040.

Charlemagne, à la recherche du roi Aquin qui lui a échappé, voit venir un étranger ; il appelle Naimes, Ripé et plusieurs autres, et les envoie demander à ce survenant, qu’il prend pour un des hommes d’Aquin, ce qu’est devenu son maître. Les comtes abordent brusquement cet inconnu, qui n’est autre que saint Corentin, échappé à ses persécuteurs. Ripé cherche même à l’effrayer. « Es-tu du pays des Norois ? lui demande-t-il avec arrogance. Dis-nous des nouvelles d’Aquin, sinon je vais t’occire. » Corentin répond en confessant sa foi et leur apprend qu’il a été chassé de son ermitage par les païens. V. 3041-3002.

Le récit de saint Corentin anime les chrétiens : ils accélèrent leur marche, le saint leur sert de guide, il amène les Français près de sa demeure, on surprend les païens. Lutte acharnée. Cette bataille va terminer la chanson, car le frère de Séguin y périt. (On se rappelle que Séguin lui-même avait été tué à Quidalet, de la propre main de Charlemagne, le jour où succomba Thierry de Vannes, père de Roland). 3063-3082.

Commencement du combat singulier engagé par le duc Naimes avec le frère de Séguin. 3083-3087.

Ce héros païen, frère de Séguin, qui va succomber dans ce duel final, n’est autre que le roi Aquin.


Les gloses qui accompagnent le texte donnent en style du XVIe siècle le résumé de la chanson ; nous croyons intéressant de les réunir.


*
C harles et sa compaignie chevauchent vers Bretaigne [6].

* Charles descend à Avranches.

* Au Mont sainct Michel va Charles.

* Charles arrive à Dol.

Remonstrances de l’Archevesque à Charles, fo 2 vo.

Charlemaine respond aux remonstrances de l’Archevesque, fo 3 vo.

Conseil de l’Archevesque, fo 4.

L’Archevesque fournit IVm hommes.

Dayres fist Quidallet, fo 4 vo.

Quidallet est descrite.

Chasteau de Solidor, fo 5.

Portraict d’Acquin, fo 5 vo.

Harangue des ambassadeurs davant Acquin, fo 6.

Acquin est fasché pour son dieu.

Description de la beaulté et parure de la femme d’Acquin, fo 6 vo.

La roigne saulve les ambassadeurs.

Ripe fait sa legation à Acquin, fo 7.

Les ambassadeurs, fonction rude ; adieu aux Gentils, fo 8.

Miracle pour saulver les ambassadeurs.

Nesmes donne conseil, fo 8 vo.

Ripe, marchis de Dol, est frappé d’un payen, fo 9.

La roigne sermonne Acquin commander marcher contre Charles, fo 10.

Acquin promet à la roigne courir sus aux chrestiens.

Charlemagne menace Acquin par Tiori, fo 11 vo.

Acquin defie Charles, fo 12.

Bataille terrible, fo 12 vo.

IIIc François prisonniers, mil Sarrazins prisonniers, fo 13.

L’Archevesque de Doul conduit les Bretons, fo 13 vo.

Ysoré, archevesque de Doul.

La magnificence du chasteau de Doret, fo 14 vo.

Doret se saulve par bien courir, fo 15 vo.

Acquin, oncle de Doret.

Ohes, vieillard et vaillant, conte ses nouvelles, fo 16.

Chemyn ferré ou chemyn Ohes.

Par un merle mort congnoit la dame sa vanité.

Acquin menace Charles, fo 17.

Charles et Acquin se combattent rudement, fo 17 vo.

Charles en grande necessité.

XXVI mille Sarrazins desconfis.

La roigne rencontre Acquin tout honteux, fo 18.

La roigne donne courage au roy Acquin.

Tioris mort, beau frere de Charles et pere de Roland qui mourut à Roncevaulx.

Bagueheut, sœur de Charles, femme de Tioris et mere de Roland, fo 18 vo.

Seguyn turc tué par Charles.

La roigne rencontre Acquin fuyant et marri, fo 19.

Franczoys recueillent la despouille après la bataille, fo 20.

Charles demande secours en France contre Acquin.

Miracle pour sainct Malo, fo 21.

Sainct Malo estoit pauvre.

Charles donne Chasteau-Malo audit sainct Malo et le feit edifier, fo 21 vo.

Chapelle de Nostre-Dame construicte jouxte le maresq, pres Chasteau-Malo.

Payens demandent tribut aux christians, fo 23.

Parlent les christians.

Christians demandent Dinart aux payens, fo 23 vo.

Dinart assailli par les Bretons.

Mil Turcs tiennent Dinart.

Dinart destruict par feu gredays, fo 24.

Acquin fasché quand il vit Dinart bruslé.

Noter que Rence estoit ores petite entre Dinart et la Cité, fo 24 vo.

La roigne reconforte Acquin.

Assault sur Quidalet par Charles et ses gens.

L’archevesque Ysoré empesche les victuailles d’Aquin, fo 25.

Narratio Cesembrii, fo 26.

Acquin coronné à Nantes.

Entreprise pour faire embusche en Cesambre pour les chrestiens.

Noter qu’on passoit à Cesambre à pied et à cheval, fo 26 vo

Acquin se plaint voulant descouvrir l’embusche de Cesambre, fo 27.

Entreprise des payens pour lever le camp de Cesambre.

Cinq mille payens contre mille chrestiens à Cesambre, fo 27 vo.

Nesmes ouït les anges attendant les asmes, fo 28 vo.

Nesmes blessé aux deux costes, fo 29.

Tous les chrestiens occis dans Cesambre, excepté Nesmes et Fagon, fo 30.

Plus de payens mors que de chrestiens dans Cesambre.

Sarrazins se retirent de Cesambre.

Nesmes et Fagon demeurent seuls vivants dans Cesambre, fo 30 vo.

Fagon cherche Nesmes entre les mors et le trouve.

Fagon conduit Nesmes hors de Cesambre à pied, fo 31.

Nesmes foible.

Fagon laisse Nesmes pour querre secours à le porter, fo 31 vo.

Nesmes presque nayé attendant ayde, fo 32.

Charles plaint Nesmes qui se releve de sa pamayson, fo 32 vo.

Nesmes bien secouru de sa playe, fo 33.

Charles veult assaillir Quidalet pour venger les mors en Cesambre, fo 33 vo.

Plus de cent mille davant Quidalet.

Charles approche son camp davant Quidalet au lieu où est Sainct-Servan, fo 34.

L’oriflambe desployée.

Charles donne une crouez à sainct Servan avec reliques des Innocens et de sainct Estienne.

L’église sainct Servan consacrée du commandement de Charles, fo 34 vo.

L’oraison Charlemagne à sainct Servan.

Charles prient que ceux qui mentiront devant la crou ez perissent, fo 35 vo.

De sainct Servan et d’où il estoit.

Ici parle à sainct Servan, fo 36.

Le martyre de sainct Servan.

Conseil donné à Charles pour couper l’eau aux tenans Quidalet et ce par un chevalier, fo 36 vo.

La fontaine de sainct Servan trouvée par un cheval, fo 37.

La fontaine de sainct Servan empoisonnée, fo 37 vo.

Faulte de vivres, c’est misère, fo 38.

Consilium datur.

Cinq ans depuis les navires d’Acquin perdus.

Ils ne disnent point par faulte d’en habvoir, fo 38 vo.

Terzon, cité ; Brons enxin.

A Brest arrive Acquin, fo 39.

Acquin s’en va à Karhes, fo 39 vo.

Acquin mande à Nantes pour le secourir.

XXX mille viennent secourir Acquin.

Les remanans en Quidalet se desesperent, oyant Fagon, fo 40.

Charles et les siens entrent à Quidalet, fo 41.

Le roy Dayres fit la prison de Quidalet et la Cité, fo 41 vo.

Fondation de Sainct-Pere de la cité de Quidalet par Charlemagne, fo 42.

Ysoré, archevesque, chante la messe à Sainct-Pere dans la Cité.

Charlemagne fut sept ans en Bretagne.

Charles donne Quidalet à Ysoré, archevesque de Doul, fo 42 vo.

Charles prend son repas en Quidalet conquise.

La cité de Gardayne tenue par Doret, nepveu d’Aquin, fo 43.

Le chasteau Doret.

Plusieurs chrestiens mors à Chasteauneuf, fo 43 vo.

Un geant à Gardayne et diverses bestes.

Gardayne plus belle que Quidalet.

Quatre mille Turcs sortent de Gardayne sur les Franczois, fo 44.

Christians soutindrent la guerre en Bretaigne sept ans contre les payens.

Christians se plaignent pour defaut de secours, fo 44 vo.

Sarrazins prennent la fuite.

Christians gaignent les fossés de Gardayne.

Payens se plaignent à Doret, fo 45.

Doret demande ranczon aux chrestiens.

Responce de Nesmes aux payens, fo 45 vo.

Chrestiens traitent payens rudement.

Deux payens font complainte à Doret.

Doret se desespere, fo 46.

Doret se veult venger des christians, o vingt mille fait saillie de Gardayne.

Nesmes prend courage voïant Charles venant pour secourre ses gens, fo 46 vo.

Les Turcs perdent courage voïant Charles venu au secours de ses gens.

Les payens se saulvent en Gardayne.

Charles livre assault à Gardayne, fo 47.

Charles grandement blessé.

Orayson fait Charles contre Gardayne, fo 47 vo.

Gardayne confondue par l’orayson Charlemaigne, fo 48 vo.

La mer deborde 6 lieues de leise et 2 de long.

Dix mille François noyés en Gardayne, fo 48 vo.

L’archevesque Ysoré prie Dieu contre la tempeste, fo 50.

Toute tempeste s’en va.

Dix mille chevaliers romains envoyés du pape à Charles, fo 50 vo.

Nesmes effrayé voyant les Romains envoyés du pape à son secours.

Garnier de Quoquaigne se declare à Charles, fo 51.

Charlemaine porté en un char vers Kerahes, fo 51 vo.

L’armée Charles passe Rance à cheval et à pied.

Charles pasmé et fort plainct.

Corseult fut ancienne et riche cité, fo 52.

Rencontre devant Kerahes, fo 52 vo.

Dix mille Turcs contre Francs et Bretons devant Carhes, fo 53 vo.

A l’archevesque Ysoré fut donné Quidalet par Charlemagne, fo 53 vo.

Nesmes et Acquin s’entrerencontrent.

Acquin est estourdi des coups de Nesmes, fo 54.

La roigne s’enfuyant apres Acquin est prise par Nesmes.

Regina capitur et fit christiana, fo 54 vo.

La pauvre roigne payenne craint son deshonneur.

Nesmes presente la roigne payenne à Charlemagne.

La roigne convertie.

La roigne baptisée, fo 55.

Acquin s’en va au Mens [7], fo 55 vo.

Nivet chasteau.

Acquin va contre les François davant Nivet.

Acquin maître XXX ans de Quidalet, fo 56.

Garnier romain tué.

Acquin recouvre sa femme.

Nivet bruslé par feu grecouais.

Sainct Corentin assailli par les payens, fo 56 vo.

Miracle pour sainct Corentin.

Sainct Corentin interrogé respont aux christians, fo 57.

Charles tua le payen qui avait tué son beau frere Tiori, père de Roland, fo 57 vo.


  1. Cf. le début des Lorrains.
  2. Mortuum ad vitam revocat... (Propr. Maclov.)
  3. Ou « devers Chaliart », car Chaliart, au lieu d’être un nom d’homme, pourrait être aussi le roc Chalibert, indiqué en face de la Brillantais par la carte des côtes (Beautemps-Beaupré, 1836). Le sens de ce passage demeure, du reste, fort obscur.
  4. Corr. s. d. Rennes.
  5. V. note du vers 3014.
  6. Les gloses précédées d’astérisques sont empruntées au ms. de ste Geneviève ; toutes les autres au ms. 2233.
  7. Cf. Introd. lxxxiv et Sommaire cxviii, cxix.