Le roman de Violette/00

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(Auteur présumé)
Antonio Da Boa-Vista (p. 1-2).
Avant-Propos

Le Roman de Violette, Bandeau de début de chapitre
Le Roman de Violette, Bandeau de début de chapitre


AVANT-PROPOS



J ’ai passé sur terre des milliers d’années, paraît-il ; j’ai promené l’essence spiritualiste de mon être à travers la chaîne des créatures humaines, avant d’arriver à compter au nombre des citoyens de la planète Mars, mon domicile actuel.

Est-il heureux ? vont se dire ceux qui pleurent sur la terre, il a quitté notre vallée de larmes.

— Eh bien, pas du tout ! Il n’en est rien et je m’ennuie ici malgré la supériorité indiscutée du séjour de la planète que j’explore en ce moment.

J’ai des accès de spleen qui me portent à jeter en arrière des regards rétrospectifs ; et c’est aux influences de l’un d’eux que je dois de me trouver aujourd’hui la plume à la main, essayant de fixer sur le papier les bons souvenirs de mon passé.

Je dois l’avouer à mes futurs lecteurs, je fus, pendant le cours de mes incarnations terrestres, un grand pêcheur devant l’Éternel. Aussi, parmi les ombres que ma mémoire évoque avec le plus de consolation se dressent des silhouettes féminines.

Celle qui ranime aujourd’hui mes sensations engourdies, hélas, par la poésie éthérée de l’air ambiant que je respire actuellement, avait sur terre l’euphonique de Violette. Je connus près d’elle les joies de ce paradis promis par Mahomet à ses fervents adeptes ; quand elle mourût, je la regrettai amèrement.

Personne ne sait plus depuis longtemps qui se cacha sous ce joli pseudonyme. Je puis librement écrire son histoire, celle de nos amours ! Elle n’en eut pas d’autre !

Maintenant, un mot, que la prudence me commande de mettre en tête de ce livre, avant de confier aux soins du zéphir amoureux qui va le déposer sur le bureau d’un éditeur hardi, le récit n’est pas fait pour les jeunes filles.

Lecteurs pudibonds, lectrices timorées, qui craignez d’appeler un chat un chat et Rollet un fripon n’allez pas plus loin : je n’écris pas pour vous.

Que ceux-là seulement qui ont compris, aimé, pratiqué l’aimable science qui a nom Volupté, me suivent.