Le royaume merveilleux/Chapitre IV

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Édition Herman Wolf (p. 41-45).

Campagne du Chili


Combat naval de Coquimbo


Dès que les stations navales de Regimal et Chincha eurent pris connaissance des ordres de Defrennes, les officiers japonais des sous-marins, donnèrent l’ordre de départ.

Ils naviguèrent en surface jusqu’à l’approche des eaux chiliennes qu’ils atteignirent le soir de l’ouverture des hostilités. Naviguant tantôt en surface, tantôt en plongée selon qu’ils voyaient un bateau suspect, l’escadrille du Nord atteignit Talcahuano et celle du Sud Antofagasta.

Cette nuit là, rien d’anormal ne se produisit. Au matin les flottilles firent leur jonction et naviguant de conserve, arrivèrent devant Coquimbo.

Ils y étaient à peine d’une heure, quand ils virent poindre dans le lointain une infinité de navires.

Après observation attentive ils reconnurent quatre cuirassés, six croiseurs-cuirassés, douze destroyers et vingt torpilleurs. Suivaient en outre quarante transports bondés de troupes, au moins 3000 hommes dans chacun.

Les commandants des sous-marins firent effectuer les préparatifs de combat.

Ensuite ils se rapprochèrent des bateaux arrivants. Se plaçant tous les six en lignes parallèles, ils visèrent, puis lancèrent leurs torpilles. Six torpilleurs furent atteints et coulèrent. Une nouvelle décharge atteignit six destroyers.

Les six autres destroyers et les quatorze torpilleurs s’élancèrent à leur poursuite mais les sous-marins plongèrent, tout en se dirigeant vers les transports.

Quand ils crurent le moment propice, ils remontèrent à la surface. L’escadre chilienne encadrait les transports mais les sous-marins se trouvaient entre les cuirassés et ceux-ci. Ils visèrent et lancèrent six torpilles. Sans s’arrêter ils lancèrent à nouveau six autres torpilles. Douze transports coulèrent. Les cuirassés, de la place où ils se trouvaient, ne pouvaient tirer sans toucher les transports.

Les sous-marins en profitèrent pour lancer encore 12 torpilles. Comme ils n’étaient qu’à 300 mètres, celles-ci portaient toutes. Chaque transport touché était coulé. La mer était remplie de noyés, de blessés, de soldats nageant vers les cuirassés. Ceux-ci avaient envoyé des chaloupes pour recueillir les naufragés mais la mer était houleuse.

Bien des barques, trop chargées, coulèrent à pic.

Les destroyers et torpilleurs étaient parvenus à contourner les cuirassés et pourchassaient les sous-marins mais ceux-ci plongèrent par dessous les transports et se trouvèrent de l’autre côté de ceux-ci.

Auparavant ils avaient lancé leurs six torpilles et détruit les six destroyers qui avançaient sur eux.

Les quatorze torpilleurs restants, se lancèrent à leur poursuite et contournèrent les transports mais les sous-marins, à leur tour, plongèrent et se trouvèrent du côté des cuirassés.

En même temps ils torpillaient six autres transports. Craignant à la fin d’être privés de munitions, ils se dirigèrent à toute vitesse vers Reginal, station la plus proche. Auparavant ils avaient radio-télégraphié à Legia, l’exploit accompli. L’appareil dont ils s’étaient servi était une nouvelle invention de Ramier : il supprimait les antennes.

Tous les avions et dirigeables d’Araucanie en étaient pourvus. D’après leurs constatations, 30 transports, 12 destroyers et 6 torpilleurs avaient coulés par leurs projectiles.

Comme la charge de torpilles de chaque sous-marin n’était que de douze, ils laissèrent 2 d’entre eux avec les charges complètes pour garder l’entrée du port, puis s’éloignèrent vers le Sud, Six heures après le départ de leurs compagnons, les deux commandants de sous-marins aperçurent le gros de la flotte chilienne. Cette fois leur disposition était toute autre, les cuirassés et croiseurs cuirassés étaient en avant, les transports au milieu flanqués des torpilleurs.

Les deux sous-marins visèrent les cuirassés de tête et peu après, deux explosions lançaient les cuirassés en l’air. La force de l’haguenite était telle qu’elle équivalait à cent fois la puissance des explosifs habituels des torpilles.

Les cuirassés et croiseurs commencèrent à tirer sur les sous-marins ; en voyant cela, ceux-ci plongèrent pour attaquer l’arrière de l’escadre. Peu après, visant deux transports, il les coulaient. À leur tour les torpilleurs se lancèrent à leur poursuite. À nouveau ils se placèrent au devant des cuirassés et coulèrent les deux autres. À ce moment, les croiseurs commencèrent à tirer. De leur côté, les torpilleurs délaissant leurs transports se mirent à leur poursuite.

Les sous-marins profitèrent de cette circonstance pour se porter sur l’arrière et en quatre fois, lancèrent 8 torpilles qui coulèrent les 8 autres transports.

Grisés par ces succès, ils résolurent d’attaquer les croiseurs et de les couler. Ils se portèrent donc à l’avant et coup sur coup, lancèrent six torpilles qui coulèrent les croiseurs.

Ce coup d’audace leur fut fatal, un des torpilleurs parvint à éperonner un des sous-marins qui coula, le flanc éventré. Toutefois son équipage put se sauver, il fut fait prisonnier par un des torpilleurs.

Le deuxième sous-marin disparut, mais en plongeant, put lancer une torpille qui coula, à son tour, le torpilleur qui avait éperonné son compagnon.

Ensuite il se dirigea vers le Sud à la rencontre des quatre autres submersibles.

En cours de route il radio-télégraphia le nouveau succès obtenu. D’une flotte de 72 navires, il en restait à peine une douzaine. Les pertes en vies humaines pouvaient être évaluées à 130.000 hommes, y compris l’équipage des bateaux coulés. Quand le gouvernement chilien apprit ce désastre, il renonça à attaquer l’Araucanie par la Terre de Feu, et envoya 350 mille hommes vers les Andes, avec 1500 canons et 3500 mitrailleuses. En outre, 150 pilotes étaient adjoints à cette armée. Cela constituait tout ce qui restait au pays, car hommes, canons et avions avaient été engloutis dans le désastre de Coquimbo.

Il fut convenu que les Andes seraient forcées en cinq endroits différents par cinq corps d’armée auxquels seraient adjoints 300 canons, 700 mitrailleuses et 30 avions. Une réserve de cent mille hommes était laissée pour combler les vides.

Dès que Defrennes put constater les cinq endroits choisis, il y posta 20.000 hommes et 500 mitrailleuses dans chacun.

En outre chaque passe était défendue par 100 avions.

Une semaine après le désastre de Coquimbo, les chiliens arrivaient au pied des Andes. Quinze jours se passèrent en escarmouches sans résultat appréciable, car les passes étaient tellement étroites que la plus large n’avait pas dix mètres.

Il fallut donc que les Chiliens franchissent des cimes de 2, 3 et jusqu’à 4000 mètres de haut.

Quand ils y arrivaient, ils trouvaient la crête gardée par une quantité de défenseurs. En quinze jours, ils avaient perdu plus de 150.000 hommes inutilement.

Sur ces entrefaites, arriva la nouvelle de l’anéantissement de l’Argentine, puis l’offre de médiation de celle-ci.

Le Chili refusa catégoriquement de faire la paix.

Lucien, résolu à en finir au plus tôt, décida de tenter un coup d’audace. En une nuit, avec 3000 avions, il fit franchir les Andes en 10 voyages, à 300.000 hommes et 3000 mitrailleuses. Puis, gardant ces avions pour détruire les servants des canons ennemis, il avança sur les derrières des Chiliens. En même temps Defrennes avait ordre d’avancer avec ses 100.000 hommes et 1500 canons, vers le Chili.

La bataille s’engagea dès le matin. Ce fut d’abord Lucien qui attaqua. Ayant choisi le centre des passes, il parvint, selon sa méthode, à écarter les divers corps d’armée, puis il les battit à tour de rôle.

Quand le soir vint, la bataille était gagnée.

Les Chiliens n’avaient plus d’artillerie et avaient laissé 115.000 hommes sur le terrain. Lucien avait eu 2000 tués et 14.000 blessés, renvoyés aussitôt à Légia. En outre, 200.000 hommes avaient été contraints de capituler.

Lucien envoya aussitôt vers les frontières de l’empire du Soleil, 300.000 hommes, l’artillerie, les mitrailleuses et les avions, ne conservant avec lui que 80.000 hommes, 300 canons et 500 mitrailleuses de même que 100 avions, avec lesquels il marcha sur Santiago.

Il y parvint après quatre jours et y entra après une courte résistance.

Comme pour l’Argentine, il exigea la remise du restant de la flotte et du matériel de guerre, l’occupation de Valparaiso et Santiago jusqu’à la fin de la guerre.

Il signa la paix et un traité d’alliance, puis, après avoir laissé 30.000 hommes, 300 canons et 300 mitrailleuses pour assurer l’exécution des conventions, il quitta le pays et se rendit en dirigeable vers Cuzco, envoyant les 30.000 hommes disponibles, par chemin de fer.

En moins de deux mois, il avait fini deux campagnes et avait les mains libres pour lutter contre le Brésil, son plus redoutable adversaire, car la guerre avec ce pays, devait se faire dans un pays de forêts et rivières, peu pratique aux opérations de grande envergure.

Il se réservait toutefois d’obliger son ennemi à se battre, là où cela lui conviendrait le mieux.

Il commença par donner ordre aux sous-marins, de gagner Buenos Ayres et d’attendre là ses instructions.

Ensuite il fit une levée supplémentaire d’hommes pour combler les vides, de façon à pouvoir avoir sous ses ordres 500.000 hommes.

En outre, tous les dirigeables devaient rallier Cuzco, leur nouveau port d’attache.

Son armée, jointe à celle de l’empire du Soleil, s’élevait à un million d’hommes, 4.000 canons, 10.000 mitrailleuses, 4.000 avions et 10 dirigeables. Mais ces troupes étaient celles de première ligne.

Dans la précédente guerre il avait pu mobiliser 2.000.000 d’hommes, armés, il est vrai, en grande partie de flèches empoisonnées.

La situation avait changé depuis : la production de ses usines lui permettait de ravitailler, en munitions, un plus grand nombre d’hommes, il avait en outre un atout formidable : ses avions invulnérables, montés par des fusiliers émérites, les meilleurs tireurs de l’empire.

Le produit dont étaient remplis ses projectiles, l’haguenite, lui permettait de soutenir une longue guerre. Plus elle serait longue, mieux cela vaudrait, car tout homme touché, était un homme mort.

Son service d’ambulance par avions, lui était également très précieux ; cela lui permettait de ramener les blessés dans des conditions de confort et de rapidité, inconnues jusqu’à ce jour.

Une fois ramenés à Cuzco ou à Légia, selon les cas, ils étaient soignés par des médecins indiens, lesquels n’étaient pas chirurgiens, il est vrai, mais savaient guérir les blessures par les remèdes simples, genre d’homéopathie, qui donnait des résultats excellents car la nature produit toutes les plantes médicinales, à la guérison des maladies humaines, le tout c’est de les connaître et de savoir s’en servir. Comme depuis des siècles, les indiens n’avaient jamais connu d’autres produits pour guérir les maux, les blessures, les morsures des fauves, des serpents, des caïmans et d’autres animaux de la jungle, ils étaient parvenus par l’étude, la sélection et la pratique, à guérir tout sans intervention chirurgicale, tout au plus connaissaient-ils l’antisepsie et encore, à leur façon.

Dès son arrivée à Cuzco, Lucien reçut le colonel Nogi, et ensemble ils se dirigèrent vers le front qui faisait face au centre brésilien, le seul qui avait commencé les opérations. Comme l’inca voulait temporiser et permettre à Lucien d’en finir avec l’Argentine et le Chili, les hostilités s’étaient bornées à de simples escarmouches. Les Brésiliens attendaient probablement l’arrivée des armées du Nord et du Sud, ce qui porterait leurs effectifs de première ligne à 1 000 000 d’hommes, 500 canons, 10 000 mitrailleuses, 4 dirigeables et 600 avions.

Un million d’hommes étaient tenus en réserve.