Le sorcier de l’île d’Anticosti/Le lapin et la fruitière

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LE LAPIN ET LA FRUITIÈRE


CHANSONNETTE

Sur l’air : La Boulangère a des écus.

Enfants, je vais vous raconter
Une drôle d’histoire,
Non pas que je vais inventer,
Ça, vous pouvez me croire.
C’est une histoire de visu…
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
Oui, vous pouvez me croire.

Un lapin s’était échappé
Des mains d’une fruitière,
Et s’enfuyait, quoique éclopé,
D’une allure légère,
Sautant, haletant, éperdu.
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
Son allure légère.

Il se sauvait tout effaré,
Mais sans perdre la tête.
Juste ! l’auto était préparé…
À monter il s’apprête :
J’ignore s’il fut bien reçu.
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
Qu’à monter il s’apprête.

Hélas ! que va-t-il devenir !
N’est-ce point un piège ?
Va-t-il vivre ? Va-t-il mourir ?
Voilà qu’on l’assiège,
Oh ! quel affreux tohu-bohu !
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
J’ai vu qu’on l’assiège.


À qui va-t-il appartenir ?
Voyez-vous la fruitière,
Qui veut le faire revenir ?
Elle court en colère ;
Mais psitt ! l’auto a disparu.
J’ai vu, de mes deux yeux, vu
Oui, j’ai vu sa colère.

Quelqu’un qui le vit extorquer
M’a juré sur parole
Qu’il fut, sitôt le débarquer
Mis à la casserole…
On s’était lestement pourvu !
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
J’ai vu la casserole.

Il eut grand tort, le bon enfant,
D’abandonner son gite.
On ne sait pas ce que l’on prend,
On sait ce que l’on quitte :
Rester, peut-être, eût mieux valu.
J’ai vu, de mes deux yeux, vu,
Ce trait que je vous cite.

Mme C. DORÉ.