Le venin des vipères françaises/Complément

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Librarie J. B. Baillière et Fils (p. 144-148).

COMPLÉMENT


La clinique avait montré depuis longtemps que l’envenimation vipérique se traduit dans l’organisme par des symptômes locaux et par des symptômes généraux.

La découverte de deux principes toxiques différents, constituant le venin de vipère, l’échidnase et l’échidnotoxine (Phisalix) permet d’expliquer ce double mode d’action du venin.

L’échidnotoxine qui produit des effets généraux semble correspondre aux neurotoxines qui ont été isolées dans les venins d’autres serpents. Toutefois le terme échidnotoxine semble être d’une compréhension plus grande que celui de neurotoxine. L’anatomie pathologique nous apprend en effet que l’échidnotoxine est à la fois neurotoxique, hépatotoxique et néphrotoxique.

L’échidnase produit la lésion locale, caractérisée par un œdème hémorragique avec suffusions sanguines. L’étude de l’évolution clinique de cet œdème montre que ce principe semble diffuser dans les tissus par continuité, son action s’épuisant peu à peu à mesure qu’il s’éloigne du point d’inoculation. Elle répond au principe étudié dans d’autres venins et désigné sous le nom d’hémorragine (Flexner).

L’échidnase que Phisalix assimile à un fermement produit les modifications observées dans la coagulation du sang et qui, étudiées par Noc chez d’autres venins que celui des vipères semblent pour lui n’être que le résultat d’une action spéciale, l’action protéolytique s’exercant sur la fibrine du sang.

Quant à l’action hémolytique, il est plus difficile de voir duquel de ces deux éléments, échidnase ou échidnotoxine, elle relève. Étudiée avec d’autres venins, elle s’est montrée indépendante et dissociable de l’action exercée sur la coagulation du sang (Noc). En est-il ainsi en ce qui concerne plus spécialement le venin de vipère ? L’échidnase est-elle capable à elle seule de causer la mort ? Ces points seraient intéressants à résoudre, et leur solution n’est pas impossible puisque Phisalix enseigne la façon de séparer dans le venin de vipère l’échidnase et l’échidnotoxine.

La nature de l’œdème, accident local, est encore mal élucidée. L’assimilation de l’échidnase à un ferment pourrait peut-être permettre d’en présenter sous un jour nouveau la pathogénie et l’évolution. Il existe une théorie des « fermentations cellulaires ».

La pathologie ne nous donne aucun renseignement sur l’existence de l’échidnovaccin d’ailleurs mise en doute par Calmette qui ramène la vaccination obtenue par le procédé de Phisalix à une vaccination par accoutumance. Toutefois la fièvre apparaissant au cours de l’envenimation vipérique et considérée par les anciens observateurs comme de bon augure pourrait être considérée comme la traduction d’une réaction vaccinale.

BIBLIOGRAPHIQUE

(Complément concernant les ouvrages non cités dans les index des chapitres parce qu’ils n’ont pas servi à leur rédaction).

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