Les Évangiles (Renan)/VIII. Le christianisme et l’Empire, sous les Flavius

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CHAPITRE VIII.


LE CHRISTIANISME ET L’EMPIRE, SOUS LES FLAVIUS.


Loin de diminuer l’importance des juifs à Rome, la guerre de Judée n’avait contribué en un sens qu’à l’augmenter. Rome était de beaucoup la plus grande ville juive du monde ; elle avait hérité de toute l’importance de Jérusalem. La guerre de Judée avait jeté en Italie des milliers d’esclaves juifs. De 65 à 72, tous les prisonniers faits durant la guerre avaient été vendus en masse. Les lieux de prostitution étaient pleins de juifs et de juives des familles les plus distinguées. La légende se plut à bâtir sur cette donnée des reconnaissances romanesques[1].

À part la lourde capitation qui pesait sur les juifs, et qui valait aux chrétiens plus d’une avanie[2], le règne de Vespasien ne fut marqué pour les deux branches de la famille d’Israël par aucune tourmente[3]. Nous avons vu que la nouvelle dynastie, loin de puiser en ses origines le mépris du judaïsme, avait été amenée par le fait de la guerre de Judée, inséparable de son avènement, à contracter des obligations envers un grand nombre de juifs. Il faut se rappeler que Vespasien et Titus, avant d’arriver au pouvoir, étaient restés près de quatre ans en Syrie et y avaient formé beaucoup de liens. Tibère Alexandre était l’homme à qui les Flavius devaient le plus. Il continuait d’occuper un rang de premier ordre dans l’État ; sa statue était une de celles qui décoraient le forum. Nec meiere fas est[4] ! disaient avec colère les vieux Romains, irrités de cette intrusion des Orientaux. Hérode Agrippa II, tout en continuant à régner et à battre monnaie à Tibériade, à Panéas, vivait à Rome[5], entouré de coreligionnaires, menant grand train, étonnant les Romains par la pompe et l’ostentation avec lesquelles il célébrait les fêtes juives[6]. Il montrait dans ses relations une certaine largeur, puisqu’il eut pour secrétaire le zélote radical Juste de Tibériade[7], lequel ne se fit aucun scrupule de manger le pain d’un homme qu’il avait sûrement plus d’une fois accusé de trahison. Agrippa fut décoré des ornements de la préture[8], et reçut de l’empereur une augmentation de fiefs du côté de l’Hermon[9].

Ses sœurs, Drusille et Bérénice, vivaient également à Rome. Bérénice[10], malgré son âge déjà mûr, exerçait sur le cœur de Titus un tel empire, qu’elle avait la prétention de l’épouser et que Titus le lui avait, dit-on, promis ; il n’était arrêté que par des considérations politiques[11]. Bérénice habitait le palais et, elle si pieuse, vivait publiquement avec le destructeur de sa patrie[12]. La jalousie de Titus était vive et paraît avoir contribué non moins que la politique au meurtre de Cæcina[13]. La favorite juive jouissait encore pleinement de ses droits régaliens. Des causes ressortissaient à sa juridiction, et Quintilien raconte qu’il plaida devant elle un procès où elle était juge et partie[14]. Son luxe étonnait les Romains ; elle réglait la mode ; une bague qu’elle avait portée au doigt se vendait des prix fous ; mais le monde sérieux la méprisait et qualifiait tout haut d’inceste ses rapports avec son frère Agrippa[15]. D’autres hérodiens vivaient encore en Italie, peut-être à Naples, en particulier cet Agrippa, fils de Drusille et de Félix, qui périt lors de l’éruption du Vésuve[16]. Enfin tous ces dynastes de Syrie, d’Arménie, qui avaient embrassé le judaïsme[17], restaient avec la nouvelle famille impériale dans des relations journalières d’intimité.

Autour de ce monde aristocratique, rodait comme serviteur complaisant le souple et prudent Josèphe. Depuis son entrée dans la domesticité de Vespasien et de Titus, il avait pris le prénom de Flavius[18] et, à la manière d’une âme médiocre, il conciliait des rôles contradictoires, à la fois obséquieux pour les bourreaux de son pays, vantard quand il s’agissait de souvenirs nationaux. Sa vie domestique, jusque-là fort peu assise, prenait enfin de la règle. Après sa défection, il avait eu le tort d’accepter de Vespasien une jeune captive de Césarée, qui le quitta dès qu’elle put. À Alexandrie, il prit une autre femme, de laquelle il eut trois enfants, dont deux moururent jeunes, et qu’il répudia vers 74, pour incompatibilité de caractère, dit-il. Il épousa alors une juive de Crète, à laquelle il trouva enfin toutes les perfections, et qui lui donna deux enfants[19]. Son judaïsme avait toujours été large, et le devenait de plus en plus ; il était bien aise de faire croire que, même à l’époque du plus grand fanatisme galiléen, il avait été un libéral, empêchant de circoncire les gens de force et proclamant que chacun doit adorer Dieu selon le culte qu’il a choisi. Cette idée, que chacun choisit son culte[20], inouïe à Rome[21], gagnait du terrain et servait puissamment à la propagande des cultes fondés sur une idée rationnelle de la divinité.

Josèphe avait une instruction hellénique superficielle sans doute, mais dont il savait tirer parti en homme habile ; il lisait les historiens grecs ; cette lecture provoquait son émulation ; il voyait la possibilité d’écrire de cette manière l’histoire des dernières catastrophes de sa patrie. Trop peu artiste pour sentir la témérité de son entreprise, il se jeta en avant, comme il arrive parfois aux juifs qui font leurs débuts littéraires dans une langue étrangère pour eux, en homme qui ne doute de rien. Il n’avait pas encore l’habitude d’écrire le grec, et ce fut en syro-chaldaïque qu’il fit la première rédaction de son ouvrage ; puis il en donna l’édition grecque qui est venue jusqu’à nous. Malgré ses protestations, Josèphe n’est pas l’homme de la vérité. Il a le défaut juif, le défaut le plus opposé à la saine manière d’écrire l’histoire, une personnalité extrême. Mille préoccupations le dominent : d’abord le besoin de plaire à ses nouveaux maîtres, Titus, Hérode Agrippa ; puis le désir de se faire valoir et de montrer à ceux de ses compatriotes qui lui faisaient mauvais visage qu’il n’avait agi que par les plus pures inspirations du patriotisme[22] ; puis un sentiment honnête à beaucoup d’égards, qui le porte à présenter le caractère de sa nation sous le jour le moins compromettant aux yeux des Romains. La révolte, prétend-il, a été le fait d’une minorité de forcenés ; le judaïsme est une doctrine pure, élevée en philosophie, inoffensive en politique ; les juifs modérés, loin de faire cause commune avec les sectaires, ont été leurs premières victimes. Comment seraient-ils les ennemis irréconciliables des Romains, eux qui demandent aide et protection aux Romains contre les révolutionnaires ? Ces vues systématiques faussent à chaque page la prétendue impartialité de l’historien[23].

L’ouvrage fut soumis (Josèphe du moins veut que nous le croyions) à la censure d’Agrippa et de Titus, qui, à ce qu’il paraît, l’approuvèrent. Titus serait allé plus loin : il aurait signé de sa main l’exemplaire qui devait servir de type, pour montrer que c’était d’après ce volume qu’il entendait qu’on racontât l’histoire du siège de Jérusalem[24]. On sent là l’exagération. Ce qui apparaît avec évidence, c’est l’existence autour de Titus d’une coterie juive qui le flattait, voulait lui persuader que, bien loin d’avoir été le destructeur cruel du judaïsme, il avait voulu sauver le temple, que le judaïsme s’était tué lui-même, et qu’en tout cas un décret supérieur de la Divinité, dont Titus n’avait été que l’instrument, planait sur tout cela. Titus se plaisait évidemment à entendre soutenir cette thèse. Il oubliait volontiers ses cruautés et l’arrêt qu’il avait, selon toute apparence, prononcé contre le temple, quand ses vaincus eux-mêmes venaient lui suggérer de telles apologies. Titus avait un grand fond d’humanité ; il affectait une modération extrême[25] ; il fut sans doute bien aise que cette version se répandît dans le monde juif ; mais il était bien aise aussi quand, dans le monde romain, on racontait la chose d’une tout autre manière et qu’on le représentait sur les murs de Jérusalem comme un vainqueur altier, ne respirant que l’incendie et la mort[26].

Le sentiment de sympathie que tout cela suppose chez Titus pour les juifs devait aussi s’étendre aux chrétiens. Le judaïsme tel que l’entendait Josèphe se rapprochait par plusieurs côtés du christianisme, surtout du christianisme de saint Paul. Comme Josèphe, la plupart des chrétiens avaient condamné l’insurrection, maudit les zélotes ; ils professaient hautement la soumission aux Romains. Comme Josèphe, ils tenaient la partie rituelle de la Loi pour secondaire et entendaient la filiation d’Abraham dans un sens moral. Josèphe lui-même paraît avoir été favorable aux chrétiens et semble avoir parlé des chefs de la secte avec sympathie[27]. Bérénice, de son côté, et son frère Agrippa avaient eu pour saint Paul un sentiment de curiosité bienveillante[28]. La société intime de Titus était donc plutôt favorable que défavorable aux disciples de Jésus. Ainsi s’explique un fait qui paraît incontestable, c’est que, dans la famille flavienne elle-même, il y eut des chrétiens. Rappelons que cette famille n’appartenait pas à la haute aristocratie romaine ; elle faisait partie de ce qu’on peut appeler la bourgeoisie provinciale ; elle n’avait pas contre les juifs et les Orientaux en général les préjugés de la noblesse romaine, préjugés que nous allons voir bientôt reprendre tout leur pouvoir sous Nerva, et qui amèneront contre les chrétiens cent ans de persécution presque continue. Cette dynastie admettait pleinement le charlatanisme populaire. Vespasien ne se fit aucun scrupule de ses miracles d’Alexandrie, et, quand il se souvenait que des jongleries avaient eu une grande part à sa fortune, il n’éprouvait sans doute qu’un accès de cette gaieté sceptique qui lui était habituelle.

Les conversions qui portèrent la foi en Jésus si près du trône ne se produisirent probablement que sous le règne de Domitien. L’Église de Rome se reformait lentement. L’inclination que les chrétiens avaient pu éprouver vers l’an 68[29] à fuir une ville sur laquelle allait incessamment tomber le feu de la colère de Dieu, s’était affaiblie. La génération fauchée par les massacres de 64 était remplacée par l’apport continuel que Rome recevait des autres parties de l’empire. Les survivants des massacres de Néron respiraient enfin ; ils s’envisageaient comme dans un petit paradis provisoire, et se comparaient aux Israélites ayant traversé la mer Rouge[30]. La persécution de 64 se présentait à eux comme une mer de sang, où tous avaient failli être suffoqués. Dieu avait interverti les rôles, et, comme à Pharaon, il avait donné à leurs bourreaux du sang à boire[31] ; c’était le sang des guerres civiles, qui, de 68 à 70, avait coulé par torrents.

La liste exacte des anciens presbyteri ou episcopi de l’Église romaine est inconnue. Pierre, s’il a été à Rome (comme nous le croyons), y occupa une place exceptionnelle, et n’eut sûrement pas de successeur proprement dit. Ce n’est que cent ans après, quand l’épiscopat fut régulièrement constitué, qu’on tint à présenter une liste suivie d’évêques de Rome, successeurs de Pierre[32]. On n’avait de souvenirs précis qu’à partir de Xyste, mort vers 125. L’intervalle entre Xyste et saint Pierre fut rempli avec des noms de presbyteri romains, qui avaient laissé quelque réputation[33]. Après Pierre, on mit un certain Linus[34], dont on ne sait rien de certain, puis Anenclet[35], dont le nom a été estropié plus tard, et dont on a fait deux personnages, Clet et Anaclet.

Un phénomène qui se manifestait de plus en plus, c’est que l’Église de Rome devenait l’héritière de celle de Jérusalem, et s’y substituait en quelque sorte. C’était le même esprit, la même autorité traditionnelle et hiérarchique, le même goût de l’autorité. Le judéo-christianisme dominait à Rome comme à Jérusalem. Alexandrie n’était pas encore un grand centre chrétien. Éphèse, Antioche même ne pouvaient lutter contre une prépondérance que la capitale de l’empire, par la force des choses, tendait de plus en plus à s’arroger.

Vespasien arrivait à une vieillesse avancée, estimé de la partie sérieuse de l’empire, réparant au sein d’une paix profonde, avec l’aide d’un fils actif et intelligent, les maux que Néron et la guerre civile avaient faits. La haute aristocratie, sans avoir beaucoup de sympathie pour une famille de parvenus capables, mais sans distinction et de mœurs assez communes, le soutenait et le secondait. On était enfin délivré de la détestable école de Néron, école d’hommes méchants, immoraux, sans gravité, administrateurs et militaires pitoyables. Le parti honnête qui, après la cruelle épreuve du règne de Domitien, arrivera définitivement au pouvoir avec Nerva, respirait enfin, et déjà presque triomphait. Seuls les fous et les débauchés de Rome, qui avaient aimé Néron, riaient de la parcimonie du vieux général, sans songer que cette économie était toute simple et on peut presque dire louable. Le fisc de l’empereur n’était pas nettement distinct de sa fortune privée ; or le fisc sous Néron avait été tristement dilapidé. La situation d’une famille sans fortune, comme les Flavius, portée au pouvoir dans de telles circonstances, devenait fort embarrassante. Galba, qui était de grande noblesse, mais d’habitudes sérieuses, s’était perdu, parce qu’un jour, au théâtre, il offrit à un joueur de flûte fort applaudi cinq deniers, qu’il tira lui-même de sa bourse. La foule l’accueillit par la chanson

Onésime vient du village,


dont les spectateurs répétèrent tous en chœur le refrain. — Il n’y avait moyen de plaire à ces impertinents que par le faste et les manières cavalières. On eût plus facilement pardonné à Vespasien des crimes que son bon sens un peu vulgaire et cette espèce de gaucherie que garde d’ordinaire l’officier pauvre engagé dans les rangs du grand monde par son mérite. L’espèce humaine encourage si peu dans les souverains la bonté et l’application, qu’il est surprenant que les fonctions de roi et d’empereur trouvent encore des hommes consciencieux pour les remplir.

Une opposition plus importune que celle des badauds de l’amphithéâtre et des adorateurs de la mémoire de Néron était celle des philosophes ou pour mieux dire du parti républicain[36]. Ce parti, qui avait régné trente-six heures à la mort de Caligula, reprit, à la mort de Néron et durant la guerre civile qui en fut la suite, une importance imprévue[37]. On vit des hommes hautement considérés comme Helvidius Priscus et sa femme Fannia (la fille de Thraséa) se refuser aux fictions les plus simples de l’étiquette impériale, affecter à l’égard de Vespasien une attitude tracassière et pleine d’effronterie. Il faut rendre cette justice à Vespasien qu’il ne sévit qu’à regret contre de grossières provocations, qui ne se produisaient que grâce à la bonté et à la simplicité de cet excellent souverain. Les philosophes croyaient de la meilleure foi du monde, avec leurs petites allusions littéraires[38], défendre la dignité de la nature humaine ; ils ne voyaient pas qu’ils ne défendaient en réalité que le privilège d’une aristocratie, et qu’ils préparaient le règne féroce de Domitien. Ils voulaient l’impossible, une république municipale, gouvernant le monde, un esprit public dans un immense empire, composé des races les plus diverses, les plus inégales. Leur folie était presque aussi grande que celle des écervelés que nous avons vus de nos jours rêver Paris commune libre au milieu d’une France que Paris a formée à la monarchie. Aussi les bons esprits du temps, Tacite, les deux Plines, Quintilien, virent-ils bien la vanité de cette école politique. Tout en étant pleins de respect pour les Helvidius Priscus, les Rusticus, les Sénécion, ils abandonnèrent la chimère républicaine. Ne cherchant plus qu’à améliorer le principat, ils en tirèrent les plus beaux fruits durant près d’un siècle.

Hélas ! le principat avait un défaut capital, c’était de flotter déplorablement entre la dictature élective et la monarchie héréditaire. Toute monarchie aspire à être héréditaire, non-seulement par suite de ce que les démocrates appellent égoïsme de famille, mais parce que la monarchie n’a pour les peuples tous ses avantages qu’avec l’hérédité. L’hérédité, d’un autre côté, est impossible sans le principe germanique de la fidélité. Tous les empereurs romains visèrent à l’hérédité ; mais l’hérédité ne put jamais aller au delà de la deuxième génération, et elle n’amena guère que des conséquences funestes. Le monde ne respira que quand, par suite de circonstances particulières, l’adoption (le système le mieux accommodé au césarisme) l’emporta ; ce ne fut là qu’un hasard heureux ; Marc-Aurèle eut un fils et perdit tout.

Vespasien était uniquement préoccupé de cette question capitale[39]. Titus, son aîné, âgé de trente-neuf ans, n’avait pas d’enfant mâle. Domitien, à vingt-sept ans, n’avait pas non plus de fils. L’ambition de Domitien aurait dû se satisfaire de telles espérances. Titus le déclarait hautement son successeur et se contentait de désirer qu’il épousât sa fille Julia Sabina[40]. Mais la nature s’était livrée dans cette famille, sous tant de rapports favorisée, à un jeu atroce. Domitien était un scélérat auprès duquel Caligula et Néron pouvaient sembler des facétieux. Il ne cachait pas sa prétention de déposséder son père et son frère. Vespasien et Mucien avaient mille peines à l’empêcher de gâter tout.

Comme il arrive aux bonnes natures, Vespasien gagnait chaque jour en vieillissant. Même sa plaisanterie, qui était souvent, faute d’éducation, d’un genre grossier, devenait juste et fine. On vint lui dire qu’une comète s’était montrée au ciel : « C’est le roi des Parthes, répondit-il que cela concerne ; il porte de longs cheveux. » Puis, son état s’aggravant : « Je crois que je deviens dieu », fit-il en souriant. Il s’occupa d’affaires jusqu’à la fin ; et, se sentant défaillir : « Un empereur doit mourir debout », dit-il. Il expira en effet entre les bras de ceux qui le soutenaient[41] ; grand exemple de ferme tenue et de virile attitude au milieu de temps troublés et qui paraissaient presque désespérés ! Les juifs seuls gardèrent son souvenir comme celui d’un monstre, qui avait fait gémir la terre entière sous le poids de sa tyrannie[42]. Il y eut sans doute quelque légende rabbinique sur sa mort ; il mourut dans son lit, avouait-on ; mais il n’échappa point aux tourments qu’il avait mérités[43].

Titus lui succéda sans difficulté. Sa vertu n’était pas une vertu profonde, comme celle d’Antonin ou de Marc-Aurèle. Il se forçait pour être vertueux, et quelquefois le naturel prenait le dessus[44]. Néanmoins on augurait un beau règne. Chose rare, Titus s’améliora en arrivant au pouvoir[45]. Il avait beaucoup d’empire sur lui-même, et débuta par faire à l’opinion le plus difficile des sacrifices. Bérénice renonçait moins que jamais à son espérance d’être épousée ; elle agissait en tout cas comme si elle l’eût déjà été. Sa qualité de juive, d’étrangère, de « reine », titre qui, comme celui de « roi », sonnait mal aux oreilles d’un vrai Romain et rappelait l’Orient[46], créaient à cette fortune un obstacle insurmontable. On ne parlait d’autre chose dans Rome, et plus d’une impertinence osait se produire tout haut. Un jour, en plein théâtre, un cynique nommé Diogène, qui s’était introduit dans Rome malgré les décrets d’expulsion portés contre les philosophes, se leva et, devant tout le peuple, vomit contre les deux amoureux un torrent d’injures ; on le fouetta. Héras, autre cynique, qui crut pouvoir jouir de la même liberté au même prix, eut la tête tranchée[47]. Titus céda, non sans peine, aux murmures du public. La séparation fut d’autant plus cruelle que Bérénice résista. Il fallut la renvoyer[48]. Les relations de l’empereur avec Josèphe et probablement avec Hérode Agrippa restèrent ce qu’elles avaient été avant ce déchirement[49]. Bérénice elle-même revint à Rome ; mais Titus n’eut plus de rapports avec elle[50].

Les honnêtes gens se sentaient revivre. Avec des spectacles et un peu de charlatanisme on contentait le peuple[51], et on le tenait tranquille. La littérature latine, qui, depuis la mort d’Auguste, avait subi une si forte éclipse, était en voie de renaissance. Vespasien encourageait sérieusement les sciences, les lettres et les arts. Il institua les premiers professeurs payés par l’État, et fut ainsi le créateur du corps enseignant ; en tête de cette illustre confrérie brille le nom de Quintilien[52]. La fade poésie des épopées et des tragédies artificielles se continuait piteusement. Des bohèmes de talent, tels que Martial et Stace, tout en excellant dans les petits vers, ne sortaient pas d’une littérature basse ou sans portée. Mais Juvénal atteignait, dans le genre vraiment latin de la satire, une maîtrise incontestée de force et d’originalité. Un haut esprit romain, étroit, si l’on veut, fermé, exclusif, mais plein de tradition, patriotique, opposé aux corruptions étrangères, respire dans ses vers. La courageuse Sulpicia osera défendre les philosophes contre Domitien. De grands prosateurs surtout se formèrent, rejetèrent ce qu’il y avait d’excessif dans la déclamation du temps de Néron, en gardèrent ce qui ne choquait pas le goût, animèrent le tout d’un sentiment moral élevé, préparèrent enfin cette noble génération, qui sut trouver et entourer Nerva, qui fit les règnes philosophiques de Trajan, d’Adrien, d’Antonin, de Marc-Aurèle. Pline le jeune, qui ressemble si fort aux esprits cultivés de notre xviiie siècle ; Quintilien, l’illustre pédagogue, qui a tracé le code de l’instruction publique[53], le maître de nos maîtres dans le grand art de l’éducation ; Tacite, l’incomparable historien ; d’autres, comme l’auteur du Dialogue des orateurs, qui les égalaient, mais dont les noms sont ignorés, ou dont les écrits sont perdus[54], grandissaient dans le travail ou portaient déjà leurs fruits. Une gravité pleine d’élévation, le respect des lois morales et de l’humanité remplacèrent la haute débauche de Pétrone et la philosophie à outrance de Sénèque. La langue est moins pure que dans les écrivains du temps de César et d’Auguste ; mais elle a du trait, de l’audace, quelque chose qui devait la faire apprécier et imiter des siècles modernes, lesquels ont conçu le ton moyen de leur prose sur une note plus déclamatoire que celle des Grecs.

Sous ce règne sage et modéré, les chrétiens vécurent en paix. Le souvenir que Titus laissa dans l’Église ne fut pas celui d’un persécuteur[55]. Un événement arrivé sous lui fit surtout une vive impression : ce fut l’éruption du Vésuve. L’année 79 vit le phénomène peut-être le plus frappant de l’histoire volcanique de la terre. Le monde entier en fut ému. Depuis que l’humanité avait une conscience, on n’avait pas été témoin de quelque chose d’aussi singulier. Un vieux cratère, éteint depuis un temps immémorial, se remit en activité avec une violence sans égale, comme si, de nos jours, les volcans de l’Auvergne recommençaient leurs plus furieuses manifestations[56]. Nous avons vu, dès l’an 68, la préoccupation des phénomènes volcaniques remplir l’imagination chrétienne et laisser sa trace dans l’Apocalypse. L’événement de l’an 79 fut également célébré par les voyants judéo-chrétiens, et provoqua une sorte de recrudescence de l’esprit apocalyptique. Les sectes judaïsantes surtout considérèrent la catastrophe des villes italiennes englouties comme la punition de la destruction de Jérusalem[57]. Les fléaux qui continuaient de s’abattre sur le monde justifiaient jusqu’à un certain point de pareilles imaginations. La terreur produite par ces phénomènes était extraordinaire. La moitié des pages qui nous restent de Dion Cassius est consacrée aux pronostics. L’an 80 vit le plus grand incendie que Rome eût éprouvé, après celui de l’an 64. Il dura trois jours et trois nuits ; toute la région du Capitole et du Panthéon brûla[58]. Une peste effroyable ravagea le monde vers le même temps ; on crut que c’était la plus terrible épidémie qu’il y eût jamais eu[59]. Les tremblements de terre faisaient rage de toutes parts[60] ; la famine sévissait[61].

Titus tiendrait-il jusqu’au bout sa gageure de bonté ? Voilà ce qu’on se demandait. Plusieurs prétendaient que le rôle de « Délices du genre humain » est difficile à garder, et que le nouveau César suivrait la voie des Tibère, des Caligula, des Néron, qui, après avoir bien commencé, finirent au plus mal. Il fallait, en effet, l’âme absolument blasée de philosophes désabusés de tout, comme Antonin et Marc-Aurèle, pour ne pas succomber aux tentations d’un pouvoir sans bornes. Le caractère de Titus était d’une trempe rare ; sa tentative de régner par la bonté, ses nobles illusions sur l’humanité de son temps furent quelque chose de libéral et de touchant ; sa moralité n’était cependant pas d’une parfaite solidité ; elle était voulue. Il réprimait sa vanité, et s’efforçait de proposer à sa vie des fins purement objectives. Mais un tempérament philosophe et vertueux vaut mieux qu’une moralité de parti pris. Le tempérament ne change pas, et le parti pris change. On a donc pu supposer que la bonté de Titus ne fut que l’effet d’un arrêt de développement ; on s’est demandé si, au bout de quelques années, il n’eût pas tourné comme Domitien.

Ce ne sont là cependant que des appréhensions rétrospectives. La mort vint soustraire Titus à une épreuve qui, trop prolongée, lui eût peut-être été fatale[62]. Sa santé dépérissait à vue d’œil. À chaque instant, il pleurait, comme si, après avoir atteint contre les désignations apparentes le premier rang du monde, il voyait la frivolité de toutes choses. Une fois surtout, à la fin de la cérémonie d’inauguration du Colisée, il fondit en larmes devant le peuple[63]. Dans son dernier voyage pour se rendre à Rieti, il était accablé de tristesse. À un moment, on le vit écarter les rideaux de sa litière, regarder le ciel, jurer qu’il n’avait pas mérité la mort[64]. Peut-être était-ce épuisement, énervation produite par le rôle qu’il s’imposait ; la vie de débauches qu’il avait menée à diverses reprises avant d’arriver à l’empire le laisserait croire. Peut-être aussi était-ce la protestation qu’une âme noble avait dans un pareil temps le droit d’élever contre la destinée. Sa nature était sentimentale et aimante. L’affreuse méchanceté de son frère le tuait. Il voyait clairement que, s’il ne prenait les devants, Domitien les prendrait. Avoir rêvé l’empire du monde pour s’en faire adorer, voir son rêve accompli, en apercevoir alors la vanité et reconnaître qu’en politique la bonté est une erreur, voir le mal se dresser devant soi sous la forme d’un monstre qui vous dit : « Tue-moi, ou je te tue ! » quelle épreuve pour un bon cœur ! Titus n’avait pas la dureté d’un Tibère ou la résignation d’un Marc-Aurèle. Ajoutons que son régime hygiénique était des plus mauvais. En tout temps et surtout à sa maison près de Rieti, où les eaux étaient très-froides, Titus prenait des bains capables de tuer les hommes les plus vigoureux[65]. Tout cela dispense assurément de recourir, pour expliquer sa mort prématurée, à la supposition d’un empoisonnement[66]. Domitien ne fut pas fratricide au sens matériel ; il le fut par sa haine, par sa jalousie, par ses désirs non dissimulés. Son attitude, depuis la mort de son père, était une conspiration perpétuelle[67]. Titus n’avait pas encore rendu l’esprit que Domitien obligeait tout le monde à l’abandonner comme mort, et, montant à cheval, se rendait en hâte au camp des prétoriens[68].

Le monde porta le deuil ; mais Israël triompha. Cette mort inexpliquée, par épuisement et mélancolie philosophique, n’était-elle pas un jugement manifeste du Ciel sur le destructeur du temple, sur l’homme le plus coupable qui fût au monde. La légende rabbinique à cet égard prit, comme de coutume, une tournure puérile, qui cependant n’était pas sans quelque justesse. « Titus le méchant », assurent les agadistes, mourut par le fait d’un moucheron, qui s’introduisit dans son cerveau et le fit expirer dans d’atroces tortures[69]. Toujours dupes des bruits populaires, les juifs et les chrétiens du temps crurent généralement au fratricide. Selon eux, le cruel Domitien, meurtrier de Clemens, persécuteur des saints, fut de plus l’assassin de son frère, et cette donnée, comme le parricide de Néron, devint une des bases du nouveau symbolisme apocalyptique, ainsi que nous le verrons plus tard[70].

  1. Midrasch rabba sur Éka, i, 16 ; iv, 2 ; Talm. de Bab., Gittin, 58 a.
  2. V. l’Antechrist, p. 538.
  3. Tertullien, Apol., 5 ; Eusèbe, H. E., III, 17. Les Actes des prétendus martyrs qui auraient souffert sous le règne de ce prince n’ont pas d’autorité. L’opinion d’après laquelle le Colisée aurait été bâti par des prisonniers juifs n’apparaît que tard, et n’a de valeur que comme conjecture.
  4. Juv., sat. i, 128-130. V. Mém. de l’Acad. des inscr., XXVI, 1re partie, p. 294 et suiv. Sur sa famille, voir ibid., p. 302.
  5. Jos., B.J., III, iii, 1, 5 ; VII, v, 1 ; Vita, 65 ; Madden, Jewish coinage, p. 121-133 ; Eckhel, III, 493 et suiv. ; de Saulcy, dans les Mém. de la soc. franç. de num. et d’arch., 1869, p. 26 et suiv. ; le même, Numism. de la terre sainte, p. 315, 316.
  6. Juvénal, v, 179-184. Cf. vi, 159-160.
  7. Jos., Vita, 65.
  8. Dion Cassius, LXVI, 15.
  9. Juste de Tibériade, dans Photius, cod. xxxiii.
  10. V. l’Antechrist, p. 479, 480.
  11. Tacite, Hist., II, 2, 81 ; Suétone, Titus, 7 ; Dion Cassius, LXVI, 15 ; Aurelius Victor, Epit., X, 7.
  12. Dion Cassius, LXII, 13, 15. Voir Jos., B. J., II, xv, 1.
  13. Aurelius Victor, Épit., X, 4.
  14. Quintilien, Instit. orat., IV, i, 2.
  15. Juvénal, sat. vi, vers 156-160.
  16. Jos., Ant., XX, vii, 2.
  17. Voir les Apôtres, p. 254.
  18. Minucius Félix, 33 (texte douteux, v. l’édit. de Halm) ; Origène, In Matth., tom. x, 17, Opp., III, p. 463 ; Cohortatio ad Græcos, faussement attribuée à saint Justin, 9 ; Photius, cod. lxxvi.
  19. Jos., Vita, 1, 75, 76.
  20. Δεῖν ἕκαστον ἄνθρωπον κατὰ τὴν ἑαυτοῦ προαίρεσιν τὸν θεὸν εὐσεϐεῖν, ἀλλὰ μὴ μετὰ βίας. Vita, 23.
  21. Sua cuique civitati religio est, nostra nobis, Cic., Pro Flacco, 23.
  22. V. l’Antechrist, p. 504-505.
  23. V. l’Antechrist, ch. x, xii, xviii, xix.
  24. Jos., Vita, 65. Cf. Contre Apion, I, 9.
  25. Philostrate, Vie d’Apoll., VI, 29.
  26. V. l’Antechrist, p. 504 et suiv., 511 et suiv.
  27. Outre les passages plus ou moins contestés, sur Jean-Baptiste, sur Jésus, sur Jacques, on peut alléguer la prompte adoption de Josèphe par les chrétiens, adoption qui n’eût pas eu lieu, si les exemplaires primitifs eussent porté beaucoup de traces d’hostilité contre le christianisme.
  28. V. Saint Paul, p. 543 et suiv.
  29. Apoc., xviii, 4.
  30. Apoc., xv, 3.
  31. Apoc., xvi, 6.
  32. Hégésippe dressa sa διαδοχή sous Anicet, vers 160 ; elle est perdue ; mais il est probable qu’elle ne différait pas de la liste qui fut classique en Orient ; autrement Eusèbe l’aurait dit. Irénée dressa la sienne sous Éleuthère, vers 180. Eusèbe, saint Épiphane et les Pères vraiment instruits suivent la liste d’Irénée (III, iii, 3) : « Linus, Anenclet, Clément, Évareste, Alexandre, Xyste, etc. » C’est par erreur qu’on a quelquefois transposé Anenclet entre Clément et Évareste. Comme, d’un autre côté, le nom d’Ἀνέγκλητος s’altéra de bonne heure en Κλῆτος (Epiph., hær. xxvii, 6), on fut amené à prendre Clet et Anaclet pour deux personnages, l’un prédécesseur, l’autre successeur de Clément, ce que contredit Caïus, dans Eusèbe, H. E., V, xxviii, 3. Quant à l’opinion, répandue surtout chez les Latins, d’après laquelle Clément aurait été consacré par saint Pierre (Constit. Apost., VII, 46 ; Tertullien Præscr., 32 ; cf. saint Jérôme, De viris ill., 15), elle fut une conséquence des liens que la littérature pseudo-clémentine établit entre Clément et le chef des apôtres. La liste authentique d’Irénée exclut absolument ce système. Les chiffres marquant la durée des pontificats ont été introduits postérieurement. V. Lipsius, Chronologie der römischen Bischöfe, Kiel, 1869.
  33. Irénée, Adv. hær., III, iii, 3.
  34. Peut-être identique au personnage nommé dans II Tim., iv, 21. V. l’Antechrist, p. 13-14.
  35. Ἀνέγκλητος « irréprochable ». Cf. Corpus inscr. græc., no 1240 ; de Rossi, Bull., 1865, p. 39. C’était, ce semble, un nom servile. Cf. Arch. des miss. scient., nouv. série, t. III, p. 413, 415, note.
  36. Dion Cassius, LXVI, 12, 13, 15 ; Suétone, Vesp., 13, 15 ; Arrien, Dissert. Epict., I, c. 2 ; Philostrate, Apoll., V, 22. Comp. Lucien, Peregr., 18.
  37. Voir Revue numismatique, 1862, p. 197 et suiv.
  38. Voyez Dialogue des orateurs c. 2, 10.
  39. Suétone, Vesp., 23 ; Dion Cassius, LXVI, 12.
  40. Suétone, Domit., 22.
  41. Suétone, Vesp., 22, 24.
  42. IV Esdr., xi, 32 ; xii, 23-25.
  43. IV Esdr., xii, 26. Peut-être rapportait-on à Vespasien le supplice du moucheron. V. ci-après, p. 153.
  44. Suétone, Titus, l, 6, 7.
  45. Suétone, Titus, 1, 7 ; Dion Cassius, LXVI, 18.
  46. V. les Apôtres, p. 247.
  47. Dion Cassius, LXVI, 15, On se demande pourtant si αὐτούς ne se rapporte pas à ἀνδρῶν. Le texte paraît mutilé.
  48. Dimisit invitus invitam. Suétone, Titus, 7 ; Dion Cassius, LXVI, 15, 18 ; Aurelius Victor, Épît., X, 7 ; Julien, Cæs., init.
  49. Il est remarquable que Josèphe n’y fait aucune allusion.
  50. Dion Cassius, LXVI, 18.
  51. C’est ce que Vespasien appelait plebeculam pascere. Suét., Vesp., 18.
  52. Suétone, Vesp., 18 ; Eus., Chron., an 8 de Dom.
  53. Instit. orat., I, II et III.
  54. Voir le Dialogue des orateurs.
  55. Eusèbe, H. E., III, 17.
  56. Dion Cassius, LXVI, 24 ; Suétone, Titus, 8 ; Pline, Epist., VI, 16, 20 ; Tac., Hist., I, 2.
  57. Carm. sib., IV, 136.
  58. Dion Cassius, LXVI, 24 ; Suétone, Titus, 8 ; Eusèbe, Chron., à la deuxième année de Titus.
  59. Dion et Suétone, l. c. ; Carm. sib., IV, 142 ; Eusèbe, Chron., année 9 de Vesp.
  60. Carm. sibyll., IV, 128-129, 143-144, 151 ; Eusèbe, Chron., à l’année 8 de Vesp. ; Orose, l. VII, c. 9 ; Philostr., Apoll., VI, 16, 17 ; Malala, X, 10 ; Georges le Syncelle, p. 647 (Bonn).
  61. Carm. sib., IV, 150-151.
  62. Dion Cassius, LXVI, 18 ; Ausone, De duod. imp., p. 866 (édit. Migne).
  63. Suétone, Titus, 10 ; Dion Cassius, LXVI, 26.
  64. Suétone, Titus, 10.
  65. Plutarque, De sanitate præc., 3. Vespasien était mort aussi de l’abus de ces eaux froides. Suétone, Vesp., 24.
  66. Dion Cassius, LXVI, 26 ; Philostrate, Apoll., VI, 32 ; Aurelius Victor, Cæs., X, 5 (le même, Epit., X, 15, se contredit). Suétone ne parle pas de ce bruit. Plutarque (l. c.) l’exclut, et déclare tenir ses renseignements des médecins mêmes de Titus. Tacite y ferait allusion, par exemple, Hist., I, 2. Le récit du coffre plein de neige (Dion Cassius, LXVI, 26 ; cf. Zonaras, II, p. 498 c, Bonn) s’explique par Plutarque (l. c.)
  67. Suétone, Titus, 9 ; Dom., 2 ; Dion Cassius, LXVI, 26.
  68. Suétone, Dom., 2 ; Dion Cassius, LXVI, 26.
  69. Bereschith rabba, ch. x ; Vayyikra rabba, ch. xxii ; Tanhouma, 62 a ; Talm. de Bab., Gittin, 56 b.
  70. IV Esdr., xi, 35 ; xii, 27-28 ; Car. sib., XII, 120-123.