Les Évangiles (Renan)/XXI. Trajan persécuteur. — Lettre de Pline

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CHAPITRE XXI.


TRAJAN PERSÉCUTEUR. — LETTRE DE PLINE.


À une foule d’égards, cette force était bienfaisante. Il n’y avait plus de patries, par conséquent plus de guerres. Avec les réformes qu’on pouvait se promettre des politiques excellents qui étaient aux affaires, le but de l’humanité semblait atteint. Nous avons montré précédemment[1] comment cette espèce d’âge d’or des libéraux, ce gouvernement des hommes les plus sages et les plus honnêtes fut pour les chrétiens un régime dur, pire en un sens que celui de Néron et de Domitien. Des hommes d’État froids, corrects, modérés, ne connaissant que la loi, l’appliquant même avec indulgence, ne pouvaient manquer d’être des persécuteurs ; car la loi était persécutrice ; elle ne permettait pas ce que l’Église de Jésus regardait comme l’essence même de sa divine institution.

Tout prouve, en effet, que Trajan fut le premier persécuteur systématique du christianisme. Les procès contre les chrétiens, sans être très-fréquents, se produisirent plusieurs fois sous son règne[2]. Sa politique de principes, son zèle pour le culte officiel[3], son aversion pour tout ce qui ressemblait à une société secrète l’y engageaient. Il y était également poussé par l’opinion publique. Les émeutes contre les chrétiens n’étaient point rares ; le gouvernement, en satisfaisant ses propres défiances, se donnait, par des rigueurs contre une secte calomniée, un vernis de popularité. Les émeutes et les persécutions qui s’ensuivaient avaient un caractère tout local[4]. Il n’y eut pas sous Trajan ce qu’on appela, sous Dèce, sous Dioclétien, une persécution générale ; mais l’état de l’Église fut instable, inégal. On dépendait de caprices, et ceux de ces caprices qui venaient de la foule étaient d’ordinaire plus à craindre que ceux qui venaient des agents de l’autorité. Parmi les agents de l’autorité eux-mêmes, les plus éclairés, Tacite, par exemple, et Suétone, nourrissaient contre « la superstition nouvelle » les préjugés les plus enracinés[5]. Tacite regarde comme le premier devoir d’un bon politique d’étouffer en même temps le judaïsme et le christianisme, « funestes pousses sorties du même tronc »[6].

Cela se vit d’une manière bien sensible quand un des hommes les plus honnêtes, les plus droits, les plus instruits, les plus libéraux du temps se trouva mis par ses fonctions en présence du problème qui commençait à se poser et embarrassait les meilleurs esprits. Pline fut nommé en l’an 111 légat impérial extraordinaire dans les provinces de Bithynie et de Pont[7], c’est-à-dire dans tout le nord de l’Asie Mineure. Ce pays avait été jusque-là gouverné par des proconsuls annuels, sénateurs tirés au sort, qui l’avaient administré avec la plus grande négligence[8]. À quelques égards, la liberté y avait gagné. Fermés aux hautes questions politiques, ces administrateurs d’un jour s’étaient préoccupés moins qu’ils ne l’auraient dû de l’avenir de l’empire. La dilapidation des deniers publics avait été poussée à l’extrême ; les finances, les travaux publics de la province étaient dans un état pitoyable ; mais, pendant qu’ils s’occupaient à s’amuser ou à s’enrichir, ces gouverneurs avaient laissé le pays suivre ses instincts à sa guise. Le désordre, comme il arrive souvent, avait profité à la liberté[9].

La religion officielle n’avait pour se soutenir que l’appui qu’elle recevait de l’empire ; abandonnée à elle-même par ces préfets indifférents, elle était tombée tout à fait bas. En certains endroits, les temples passaient à l’état de ruines. Les associations professionnelles et religieuses, les hétéries, qui étaient si fort dans le goût de l’Asie Mineure[10], s’étaient développées à l’infini ; le christianisme, profitant des facilités que lui laissaient les fonctionnaires chargés de l’arrêter, gagnait de toutes parts. Nous avons vu que l’Asie et la Galatie étaient les pays du monde où la religion nouvelle avait trouvé le plus de faveur[11]. De là, elle avait fait des progrès surprenants vers la mer Noire. Les mœurs en étaient toutes changées. Les viandes immolées aux idoles, qui étaient une des sources de l’approvisionnement des marchés, ne trouvaient plus à se vendre. Le ferme noyau des fidèles n’était peut-être pas très-nombreux ; mais autour d’eux se groupaient des foules sympathiques, à demi initiées, inconstantes, capables de dissimuler leur foi pour éviter un danger, mais au fond ne s’en détachant jamais. Il y avait dans ces conversions en masse des entraînements de mode, des coups de vent, qui tour à tour portaient à l’Église et lui enlevaient des flots de populations instables ; mais le courage des chefs était à toute épreuve ; leur horreur de l’idolâtrie les portait à tout braver pour soutenir le point d’honneur de la foi qu’ils avaient embrassée.

Pline, parfait honnête homme et scrupuleux exécuteur des ordres impériaux, fut bientôt à l’œuvre pour ramener dans les provinces qui lui étaient confiées l’ordre et la loi. L’expérience lui manquait ; c’était plutôt un lettré aimable qu’un vrai administrateur ; sur presque toutes les affaires, il prit l’habitude de consulter directement l’empereur. Trajan lui répondait lettre pour lettre, et cette précieuse correspondance nous a été conservée[12]. Sur les ordres journaliers de l’empereur, tout fut surveillé, réformé ; il fallut des autorisations pour les moindres choses[13]. Un édit formel interdit les hétéries[14] ; les plus inoffensives corporations furent dissoutes. C’était l’usage en Bithynie de célébrer certains événements de famille et les fêtes locales par de grandes assemblées, où se réunissaient jusqu’à mille personnes ; on les supprima[15]. La liberté, qui la plupart du temps ne se glisse dans le monde que d’une façon subreptice, fut réduite à presque rien.

Il était inévitable que les Églises chrétiennes fussent atteintes par une politique méticuleuse, qui voyait partout le spectre des hétéries et s’inquiétait d’une société de cent cinquante ouvriers institués par l’autorité pour combattre les incendies[16]. Pline rencontra plusieurs fois sur son chemin ces innocents sectaires, dont il ne voyait pas bien le danger. Dans les différents stages de sa carrière d’avocat et de magistrat, il n’avait jamais été mêlé à aucun procès contre les chrétiens. Les dénonciations se multipliaient chaque jour ; il fallut procéder à des arrestations. Le légat impérial, suivant les procédés sommaires de la justice du temps, fit quelques exemples ; il décida l’envoi à Rome de ceux qui étaient citoyens romains ; il fit mettre à la question deux diaconesses. Tout ce qu’il découvrit lui parut puéril. Il eût voulu fermer les yeux ; mais les lois de l’empire étaient absolues ; les délations dépassaient toute mesure ; il se voyait mis en demeure d’arrêter le pays entier.

C’est à Amisus[17], sur la mer Noire, dans l’automne de l’an 112[18], que ces embarras devinrent chez lui un souci dominant. Il est probable que les derniers incidents qui l’avaient ému s’étaient passés à Amastris[19], ville qui fut dès le iie siècle le centre du christianisme dans le Pont[20]. Pline, selon sa coutume, en écrivit à l’empereur[21] :


Je me fais un devoir, sire, d’en référer à vous sur toutes les affaires où j’ai des doutes. Qui, en effet, peut mieux que vous diriger mes hésitations ou instruire mon ignorance ? Je n’ai jamais assisté à aucun procès contre les chrétiens ; aussi ne sais-je ce qu’il faut punir ou rechercher, ni jusqu’à quel point il faut aller. Par exemple, je ne sais s’il faut distinguer les âges ou bien si, en pareille matière, il n’y a pas de différence à faire entre la plus tendre jeunesse et l’âge mûr, s’il faut pardonner au repentir ou si celui qui a été tout à fait chrétien ne doit bénéficier en rien d’avoir cessé de l’être, si c’est le nom lui-même, abstraction faite de tout crime, ou les crimes inséparables du nom que l’on punit[22]. En attendant, voici la règle que j’ai suivie envers ceux qui m’ont été déférés comme chrétiens. Je leur ai posé la question s’ils étaient chrétiens ; ceux qui l’ont avoué, je les ai interrogés une seconde, une troisième fois, en les menaçant du supplice ; ceux qui ont persisté, je les ai fait conduire à la mort ; un point, en effet, hors de doute pour moi, c’est que, quelle que fût la nature délictueuse ou non du fait avoué, cet entêtement, cette inflexible obstination méritaient d’être punis. Il y a eu quelques autres malheureux atteints de la même folie que, vu leur titre de citoyens romains, j’ai marqués pour être renvoyés à Rome. Puis, dans le courant de la procédure, le crime, comme il arrive d’ordinaire, prenant de grandes ramifications, plusieurs espèces se sont présentées. Un libelle anonyme a été déposé, contenant beaucoup de noms. Ceux qui ont nié qu’ils fussent ou qu’ils eussent été chrétiens, j’ai cru devoir les faire relâcher, quand ils ont invoqué après moi les dieux, et qu’ils ont supplié par l’encens et le vin votre image, que j’avais pour cela fait apporter avec les statues des divinités, et qu’en outre ils ont maudit Christus, toutes choses auxquelles, dit-on, ne peuvent être amenés par la force ceux qui sont vraiment chrétiens. D’autres, nommés par le dénonciateur, ont dit qu’ils étaient chrétiens, et bientôt ils ont nié qu’ils le fussent, avouant qu’ils l’avaient bien été, mais assurant qu’ils avaient cessé de l’être, les uns il y a trois ans, d’autres depuis plus longtemps encore, certains il y a plus de vingt ans. Tous ceux-là aussi ont vénéré votre image et les statues des dieux, et ont maudit Christus. Or ils affirmaient que toute leur faute ou toute leur erreur s’était bornée à se réunir habituellement à des jours fixés, avant le lever du soleil, pour chanter entre eux alternativement un hymne à Christus comme à un dieu, et pour s’engager par serment non à tel ou tel crime, mais à ne point commettre de vols, de brigandages, d’adultères, à ne pas manquer à la foi jurée, à ne pas nier un dépôt réclamé ; que, cela fait, ils avaient coutume de se retirer, puis de se réunir de nouveau pour prendre ensemble un repas, mais un repas ordinaire et parfaitement innocent[23] ; que cela même ils avaient cessé de le faire depuis l’édit par lequel, conformément à vos ordres, j’avais interdit les hétéries. Cela m’a fait regarder comme nécessaire de procéder à la recherche de la vérité par la torture sur deux servantes, de celle qu’on appelle diaconesses[24]. Je n’ai rien trouvé qu’une superstition mauvaise, démesurée. Aussi, suspendant l’instruction, j’ai résolu de vous consulter. L’affaire m’a paru le mériter, surtout à cause du nombre de ceux qui sont en péril. Un grand nombre de personnes, en effet, de tout âge, de toute condition, des deux sexes, sont appelées en justice ou le seront ; ce ne sont pas seulement les villes, ce sont les bourgs et les campagnes que la contagion de cette superstition a envahies. Je crois qu’on pourrait l’arrêter et y porter remède. Ainsi il est déjà constaté que les temples, qui étaient à peu près abandonnés, ont recommencé à être fréquentés, que les fêtes solennelles, qui avaient été longtemps interrompues, sont reprises, et qu’on expose en vente la viande des victimes, pour laquelle on ne trouvait que de très-rares acheteurs. D’où il est facile de concevoir quelle foule d’hommes pourrait être ramenée, si on laissait de la place au repentir.


Trajan répondit :


Tu as suivi la marche que tu devais, mon cher Secundus, dans l’examen des causes de ceux qui ont été déférés à ton tribunal comme chrétiens. En pareille matière, en effet, on ne peut établir une règle fixe pour tous les cas. Il ne faut pas les rechercher ; si on les dénonce et qu’ils soient convaincus, il faut les punir, de façon cependant que celui qui nie être chrétien et qui prouve son dire par des actes, c’est-à-dire en adressant des supplications à nos dieux, obtienne le pardon comme récompense de son repentir, quels que soient les soupçons qui pèsent sur lui pour le passé. Quant aux dénonciations anonymes, dans quelque genre d’accusation que ce soit, il n’en faut tenir compte ; car c’est là une chose d’un détestable exemple et qui n’est plus de notre temps[25].


Plus d’équivoque. Être chrétien, c’est être en contravention avec la loi, c’est mériter la mort. À partir de Trajan, le christianisme est un crime d’État. Seuls, quelques empereurs tolérants du iiie siècle consentiront à fermer les yeux et à souffrir qu’on soit chrétien[26]. Une bonne administration, selon les idées du plus bienveillant des empereurs[27], ne doit pas chercher à trouver trop de coupables ; elle n’encourage pas la délation ; mais elle encourage l’apostasie en faisant grâce aux renégats[28]. Enseigner, conseiller, récompenser l’acte le plus immoral, celui qui rabaisse le plus l’homme à ses propres yeux, paraît tout naturel. Voilà l’erreur où un des meilleurs gouvernements qui aient jamais existé a pu se laisser entraîner, parce qu’il a touché aux choses de la conscience et conservé le vieux principe de la religion d’État, principe tout naturel dans les petites cités antiques, qui n’étaient qu’une extension de la famille, mais funeste dans un grand empire, composé de parties n’ayant ni la même histoire, ni les mêmes besoins moraux.

Ce qui ressort également avec évidence de ces inappréciables documents, c’est que les chrétiens ne sont plus persécutés comme juifs, ainsi que cela eut lieu sous Domitien ; ils sont persécutés comme chrétiens. La confusion ne se produisit plus dans le monde juridique, bien que dans le vulgaire elle se fît souvent encore[29]. Le judaïsme n’était pas un délit[30] ; il avait même, en dehors des jours de révolte, ses garanties et ses privilèges[31]. Chose singulière, le judaïsme, qui se révolta trois fois contre l’empire avec une fureur sans nom, ne fut jamais officiellement persécuté ; les mauvais traitements que subissent les juifs sont, comme ceux qu’endurent les raïas des pays musulmans, la conséquence d’une position subordonnée, non un châtiment légal[32] ; très-rarement, au second et au troisième siècle, un juif est martyrisé pour ne pas vouloir sacrifier aux idoles ni à l’image de l’empereur. Plus d’une fois même, on voit les juifs protégés par l’administration contre les chrétiens[33]. Au contraire, le christianisme, qui ne se révolta jamais, était en réalité hors la loi. Le judaïsme eut, si l’on peut s’exprimer ainsi, son concordat avec l’empire[34] ; le christianisme n’eut pas le sien. La politique romaine sentait que le christianisme était le termite qui rongeait intérieurement l’édifice de la société antique. Le judaïsme n’aspirait pas à pénétrer l’empire ; il en rêvait le renversement surnaturel ; dans ses heures d’emportement, il prenait les armes, tuait tout, frappait à l’aveugle, puis, comme un fou furieux, après l’accès, se laissait enchaîner, tandis que le christianisme continuait son œuvre lentement, doucement. Humble et modeste en apparence, il avait une ambition sans bornes ; entre lui et l’empire la lutte était à mort.

La réponse de Trajan à Pline n’était pas une loi ; mais elle supposait des lois et en fixait l’interprétation. Les tempéraments indiqués par le sage empereur devaient avoir peu de conséquence. Les prétextes étaient trop faciles à trouver pour que la malveillance dont les chrétiens étaient l’objet fût entravée[35]. Il suffisait d’une dénonciation signée, portant sur un acte ostensible. Or l’attitude d’un chrétien en passant devant un temple, ses questions au marché pour savoir la provenance des viandes, son absence des fêtes publiques, le décelaient tout d’abord[36]. Aussi les persécutions locales ne cessèrent plus. Ce sont moins les empereurs que les pro-consuls qui persécutent[37]. Tout dépendait du bon ou du mauvais vouloir des gouverneurs[38] ; or le bon vouloir était rare. Le temps était passé où l’aristocratie romaine accueillait ces nouveautés exotiques avec une sorte de curiosité bienveillante. Elle n’a plus maintenant qu’un dédain froid pour des folies qu’on renonce, par esprit de modération et par pitié pour l’espèce humaine, à supprimer tout à fait. Le peuple, d’un autre côté, se montrait assez fanatique. Celui qui ne sacrifiait jamais ou qui, en passant devant un édifice sacré, n’envoyait pas un baiser d’adoration, courait risque de la vie[39].

  1. Voir ci-dessus, p. 391 et suiv.
  2. Pline, Epist., X, 96 (97), remarque comme une singularité que lui, homme d’administration (plus homme de lettres, à vrai dire, que d’administration), n’ait jamais assisté, avant sa légation de Bithynie, à un procès de cette espèce.
  3. Pline, Panégyr., 52.
  4. Μερικῶς καὶ κατὰ πόλεις… ἐν πλείοσι τόποις… μερικοὺς κατ’ἐπαρχίαν. Eus., H. E., III, ch. 32 et suiv. Cf. Barhébræus, Chron. syr., p. 56, texte syr. ; Chron. arabe, p. 119-120, texte ar. Sulpice Sévère (II, 31) ne fait que commenter le conquirendi non sunt. Cf. Orose, VII, 12. Tertullien (Apol., 5, ex parte frustratus est) atténue également les torts de Trajan, obéissant à la même tendance que Méliton (dans Eus., H. E., IV, 26) c’est-à-dire au désir de montrer que les bons empereurs ont été favorables au christianisme et que les mauvais l’ont persécuté. Déjà dès le iiie siècle, l’opinion chrétienne est favorable à Trajan (Carm. sibyll., X, 147-163). Sur la prétendue inscription des trente martyrs de l’an 107, voyez de Rossi, Inscr. christ., I, 3.
  5. Tacite, Ann., XV, 44 ; Suétone, Néron, 16.
  6. Phrases de Tacite dans Sulpice Sévère, II, 30 (Bernays).
  7. La date de la légation de Pline a été fixée avec précision du 17 septembre 111 au printemps de 113. Voir Dierauer, dans Büdinger, Untersuchungen zur rœmischen Kaisergeschichte, I (1868), p. 113, 126, note 2 ; Mommsen, dans l’Hermès, III (1868), 55 et suiv., traduit dans la Bibl. de l’Éc. des hautes études, xve fascic. (1873), p. 25-30, 70-73 ; Keil, Plinii Epist. (Leipzig, 1870) ; Noël Desvergers, Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1866, p. 83-84 ; Biogr. génér., art. Trajan, col. 593-596.
  8. Pline, Epist., IV, 9 ; V, 20 ; VII, 6 ; X, 17 a, 17 b, 18, 31, 32, 38, 54, 56, 57.
  9. Pline, Epist., X, 54, 93, 116, 11.
  10. V. Saint Paul, p. 354 et suiv.
  11. Ibid. ch, ii, v, xiii ; l’Antechrist, ch. xv.
  12. Pline, Epist., livre X. Cf. Tertullien, Apol., 2.
  13. Pline, Epist., X, 98.
  14. Pline, Epist., X, 96.
  15. Pline, Epist., X, 116 et 117.
  16. Hetæriæque brevi fient. Ibid., X, 33, 34.
  17. Aujourd’hui Samsoun.
  18. L’ordre chronologique des Lettres de Pline à Trajan se laisse rétablir avec certitude (voir Mommsen, op. cit., p. 25-30. et l’édition de Keil, Leipzig, 1870), De cet ordre chronologique, l’itinéraire administratif de Pline se déduit facilement (Mommsen, p. 30).
  19. Aujourd’hui Amassera. Cf. Epist., X, 98 (99).
  20. Eusèbe, H. E., IV, 23. Cf. Synecdème d’Hiéroclès, p. 696, Wesseling.
  21. Epist., X, 96 (97), 97 (98). Les objections qu’on a faites contre l’authenticité de cette lettre ne sauraient prévaloir contre les arguments tirés du style et surtout de la place que la pièce occupe dans la correspondance administrative de Pline et de Trajan. En admettant que les chrétiens eussent fabriqué une telle lettre, il n’eût pas dépendu d’eux de l’intercaler dans le recueil de la correspondance administrative. La supposition aurait eu lieu avant Tertullien, puisque Tertullien cite la pièce, de mémoire il est vrai et avec quelques inexactitudes (Apol., 2 ; cf. 5). À cette époque, la collection des Épîtres de Pline n’était pas à la disposition des chrétiens. Si la lettre avait été supposée, elle fût restée sans place fixe ; tout au plus eût-elle été ajoutée à la fin du recueil. On ne croira jamais qu’un faussaire chrétien eût pu si admirablement imiter la langue précieuse et raffinée de Pline. Avant Tertullien et Minucius Félix, aucun chrétien n’écrivit en latin ; les premiers essais de littérature chrétienne en latin sont d’origine africaine. Le grec était ailleurs, à Rome en particulier, la langue des fidèles. Il faudrait donc supposer la pièce fabriquée en Afrique, c’est-à-dire dans le pays où la latinité atteignait le dernier degré de la barbarie. Ajoutons que, quant à commettre un faux, les chrétiens l’eussent fait bien plus favorable à leur cause que n’est ce petit écrit, où plus d’un trait dut les blesser.
  22. Comp. Justin, Apol. I, 4, 7 ; Apol. II, init. ; Athénagore, Leg., 3 ; Tertullien, Apol., 2, 3 ; Ad nat., I, 3 (nomen in causa est).
  23. Distinction claire de la réunion sacramentelle (prototype de la messe) et des agapes, non essentielles au culte.
  24. Ministræ. La plupart des collegia avaient de ces sortes de ministræ.
  25. Cf. Tertullien, Apol., 2 ; Eusèbe, H. E., III, 33 ; Chron., p. 162, 165, édit. Schœne. Méliton, dans Eus., H. E., IV, xxvi, 10 ; Sulp. Sév., Hist. sacra, II, 31 ; les Actes de saint Ignace publiés par Dressel (Patr. apost., p. 371), y font allusion. — La lettre de Tibérien (dans Malala et Suidas, au mot Τραϊανός, n’est qu’un pendant apocryphe en grec de la lettre de Pline. Un écho de la lettre de Trajan se trouve dans l’édit prétendu de Trajan, contenu dans les Actes des saints Scherbil et Barsamia. Cureton, Ancient syr. doc., p. 70, 186.
  26. Lampride, Alex. Sév., 22.
  27. Eutrope, VIII, 2 ; Julien, Cæs., p. 311, édit. Spanh.
  28. Tertullien, Apol., 2, 5.
  29. Spartien, Septime Sévère, 16 ; Caracalla, 1 ; Lampride, Alex. Sév., 22, 45, 51, et surtout la lettre d’Adrien, dans Vopiscus, Saturn., 8.
  30. L’opposition est bien indiquée dans saint Justin, Dial. cum Tryph., 39, fin.
  31. Lampride, Alex. Sév., 22 : Judæis privilegia reservavit. Cf. Tertullien, Apol., 21.
  32. Il ne faut pas exagérer ceci. Cf. Spartien, Carac., 1 ; Talm. de Bab., Aboda zara, 8 b.
  33. Voir Philosophumena, IX, 11.
  34. Digeste (L, ii), l. 3, § 3, de Decurionibus ; ibid. (XXVII, i), l. 15, § 6, de Excusationibus (lois de Sévère et de Caracalla, réservant expressément quæ superstitionem eorum læderent… per quæ cultus inquinari videtur).
  35. Eus., H. E., III, 33. Les Actes des martyres qui sont censés avoir eu lieu sous Trajan n’ont pas de valeur. Les Actes syriaques des saints Scherbil et Barsamia (Cureton, Ancient syr. doc., p. 41-72 ; Mœsinger, Acta SS. mart. Edess., I, Inspruck, 1874) ne font certes pas exception.
  36. V. surtout Minucius Félix, 12.
  37. Tel fut cet Arrius Antoninus qui versa en Asie tant de sang chrétien (Tertullien, Ad Scap., c. 5). Il s’agit là non d’Arrius Antoninus, aïeul maternel d’Antonin le Pieux, mais d’un personnage du même nom, du temps de Commode. Tillemont, Mém., II, p. 572-573 ; Waddington, Fastes des prov. asiat., p. 154-155, 239-241 ; Mommsen, index de Pline le Jeune, édit. Keil, p. 402.
  38. Tertullien, Ad Scap., 4.
  39. Lucien, Demonax, 11 ; Apulée, De magia, 56. V. ci-dessus, p. 293.