Les Évangiles (Renan)/XXII. Ignace d’Antioche

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CHAPITRE XXII.


IGNACE D’ANTIOCHE.


Antioche eut sa part[1] et très-violente, dans ces cruelles mesures, qui devaient être si parfaitement inefficaces. L’Église d’Antioche, ou du moins la fraction de cette Église qui se rattachait à saint Paul, avait à ce moment pour chef un personnage entouré du plus profond respect, qu’on nommait Ignatius. Ce nom est probablement un équivalent latin du nom syriaque Nourana[2]. La réputation d’Ignace était répandue dans toutes les Églises, surtout en Asie Mineure[3]. Dans des circonstances que nous ignorons[4], probablement à la suite de quelque mouvement populaire[5], il fut arrêté, condamné à mort et, comme il n’était pas citoyen romain, désigné pour être conduit à Rome et livré aux bêtes dans l’amphithéâtre[6]. On choisissait pour cela les beaux hommes, dignes d’être montrés au peuple romain[7]. Le voyage de ce courageux confesseur d’Antioche à Rome le long des côtes d’Asie, de Macédoine et de Grèce[8], fut une sorte de triomphe. Les Églises des villes où il touchait s’empressaient autour de lui, lui demandaient des conseils. Lui, de son côté, leur écrivait des épîtres pleines d’enseignements, auxquels sa position, analogue à celle de saint Paul, prisonnier de Jésus-Christ, donnaient la plus haute autorité[9]. À Smyrne, en particulier, Ignace se trouva en rapport avec toutes les Églises de l’Asie[10]. Polycarpe, évêque de Smyrne, put le voir et garda de lui un profond souvenir[11]. Ignace eut à cet endroit une correspondance étendue[12] ; ses lettres étaient accueillies avec presque autant de respect que des écrits apostoliques. Entouré de courriers d’un caractère sacré qui allaient et venaient, il ressemblait plus à un personnage puissant qu’à un prisonnier. Ce spectacle frappa les païens eux-mêmes et servit de base à un curieux petit roman qui est venu jusqu’à nous[13].

Les épîtres authentiques d’Ignace paraissent à peu près perdues ; celles que nous possédons sous son nom adressées aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux Tralliens, aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, à Polycarpe, sont apocryphes[14]. Les quatre premières auraient été écrites de Smyrne, les deux dernières d’Alexandria Troas. Ces six ouvrages sont des décalques de plus en plus affaiblis d’un même type. Le génie, le caractère individuel y manquent absolument. Mais il semble que, parmi les lettres qu’Ignace écrivit de Smyrne, il y en eut une adressée aux fidèles de Rome, à l’imitation de saint Paul. Cette pièce, telle que nous l’avons, a frappé toute l’antiquité ecclésiastique. Irénée, Origène, Eusèbe, la citent et l’admirent. Le style en a une saveur âpre et prononcée, quelque chose de fort et de populaire ; la plaisanterie y va jusqu’au jeu de mots ; au point de vue du goût, certains traits sont poussés à une exagération choquante ; mais la foi la plus vive, l’ardente soif de la mort n’ont jamais inspiré d’accents aussi passionnés. L’enthousiasme du martyre, qui, durant deux cents ans, fut l’esprit dominant du christianisme, a reçu de l’auteur, quel qu’il soit, de ce morceau extraordinaire, son expression la plus exaltée.


À force de prières, j’ai obtenu de voir vos saints visages ; j’ai même obtenu plus que je ne demandais ; car, si Dieu me fait la grâce d’aller jusqu’au bout, j’espère que je vous embrasserai prisonnier de Christ Jésus. L’affaire est bien entamée, pourvu seulement que rien ne m’empêche d’atteindre le lot qui m’est échu. C’est de vous, à vrai dire, que viennent mes inquiétudes : je crains que votre affection ne me soit dommageable[15]. Vous autres, vous ne risquez rien ; mais moi, c’est Dieu que je perds, si vous réussissez à me sauver… Jamais je ne retrouverai une pareille occasion, et vous, à condition que vous ayez la charité de rester tranquilles, jamais vous n’aurez contribué à une œuvre meilleure. Si vous ne dites rien, en effet, j’appartiendrai à Dieu ; si, au contraire, vous aimez ma chair, me voilà de nouveau rejeté dans la lutte. Laissez-moi immoler, pendant que l’autel est prêt, pour que, réunis tous en chœur par la charité, vous chantiez au Père en Christ Jésus : « O grande bonté de Dieu, qui a daigné amener du levant au couchant l’évêque de Syrie ! » Il est bon, en effet, de se coucher du monde en Dieu, pour se lever en lui.

Vous n’avez jamais fait de mal à personne ; pourquoi commencer aujourd’hui ? Vous avez été des maîtres pour tant d’autres ! Je ne veux qu’une seule chose, réaliser ce que vous enseignez, ce que vous prescrivez[16]. Demandez seulement pour moi la force du dedans et du dehors, afin que je ne sois pas seulement appelé chrétien, mais que je sois trouvé tel, quand j’aurai disparu selon le monde. Rien de ce qui est apparent n’est bon. « Ce qu’on voit est temporaire, ce qu’on ne voit pas est éternel[17]. » Notre Dieu Jésus-Christ, existant dans son Père, ne paraît plus. Le christianisme n’est pas seulement une œuvre de silence, il devient une œuvre d’éclat quand il est haï du monde[18].

J’écris aux Églises, je mande à tous que je suis assuré de mourir pour Dieu, si vous ne m’en empêchez. Je vous supplie de ne pas vous montrer, par votre bonté intempestive, mes pires ennemis. Laissez-moi être la pâture des bêtes, grâce auxquelles il me sera donné de jouir de Dieu. Je suis le froment de Dieu ; il faut que je sois moulu par les dents des bêtes, pour que je sois trouvé pur pain de Christ. Caressez-les plutôt, afin qu’elles soient mon tombeau et qu’elles ne laissent rien subsister de mon corps, et que mes funérailles ne soient ainsi à charge à personne. Alors je serai vraiment disciple de Christ, quand le monde ne verra plus mon corps…

Depuis la Syrie jusqu’à Rome, sur terre, sur mer, de jour, de nuit, je combats déjà contre les bêtes, enchaîné que je suis à dix léopards (je veux parler des soldats mes gardiens, qui se montrent d’autant plus méchants qu’on leur fait plus de bien)[19]. Grâce à leurs mauvais traitements, je me forme ; « mais je ne suis pas pour cela justifié[20] ». Je gagnerai, je vous l’assure, à me trouver en face des bêtes qui me sont préparées. J’espère les rencontrer dans de bonnes dispositions ; au besoin je les flatterai de la main, pour qu’elles me dévorent sur-le-champ, et qu’elles ne fassent pas comme pour certains, qu’elles ont craint de toucher. Que si elles y mettent du mauvais vouloir, je les forcerai.

Pardonnez-moi, je sais ce qui m’est préférable[21]. C’est maintenant que je commence à être un vrai disciple. Non ; aucune puissance, ni visible, ni invisible, ne m’empêchera de jouir de Jésus-Christ. Feu et croix, troupes de bêtes, dislocation des os, mutilation des membres, broiement de tout le corps, que tous les supplices du démon tombent sur moi, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ… Mon amour a été crucifié, et il n’y a plus en moi d’ardeur pour la matière, il n’y a qu’une eau vive[22], qui murmure au dedans de moi et me dit : « Viens vers le Père. » Je ne prends plus de plaisir à la nourriture corruptible ni aux joies de cette vie. Je veux le pain de Dieu, ce pain de vie, qui est la chair de Jésus-Christ, fils de Dieu, né à la fin des temps de la race de David et d’Abraham ; et je veux pour breuvage son sang, qui est l’amour incorruptible, la vie éternelle.


Soixante ans après la mort d’Ignace, la phrase caractéristique de ce morceau « Je suis le froment de Dieu… » était traditionnelle dans l’Église, et on la répétait pour s’encourager au martyre[23]. Peut-être y eut-il à cet égard une transmission orale ; peut-être aussi la lettre est-elle authentique pour le fond, je veux dire quant à ces phrases énergiques par lesquelles Ignace exprimait son désir du supplice et son amour pour Jésus. Dans la relation authentique du martyre de Polycarpe (155), il y a, paraît-il, des allusions au texte même de l’épître aux Romains, telle que nous la possédons[24]. Ignace devint ainsi le grand maître du martyre, l’excitateur aux folles ardeurs de la mort pour Jésus. Ses lettres vraies ou supposées furent le recueil où l’on alla puiser des expressions frappantes, des sentiments exaltés. Le diacre Étienne avait par son héroïsme sanctifié le diaconat et les ministères ecclésiastiques ; avec plus d’éclat encore, l’évêque d’Antioche entoura d’une auréole sainte les fonctions de l’épiscopat. Ce n’est pas sans raison qu’on lui prêta des écrits où ces fonctions étaient relevées avec hyperbole. Ignace fut vraiment le patron de l’épiscopat, le créateur du privilège des chefs d’Église, la première victime de leurs redoutables devoirs.

Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que cette histoire, racontée plus tard à l’un des écrivains les plus spirituels du siècle, à Lucien, lui inspira les principaux traits de son petit tableau de mœurs intitulé De la mort de Peregrinus. Il n’est guère douteux que Lucien n’ait emprunté aux récits sur Ignace les passages où il représente son charlatan jouant le rôle d’évêque et de confesseur, enchaîné en Syrie, embarqué pour l’Italie, entouré par les fidèles de soins et de prévenances, recevant de toutes parts les députations des ministres chargés de le consoler[25]. Peregrinus, comme Ignace, adresse de sa captivité aux villes célèbres qui se trouvent sur son passage des épîtres pleines de conseils et de règles qu’on tient pour des lois[26] ; il institue, en vue de ces messages, des envoyés revêtus d’un caractère religieux[27] ; enfin il comparaît devant l’empereur et brave son pouvoir avec une audace que Lucien trouve impertinente, mais que les admirateurs du fanatique présentent comme un mouvement de sainte liberté[28].

Dans l’Église, la mémoire d’Ignace fut surtout relevée par les partisans de saint Paul[29]. Avoir vu Ignace fut une faveur presque aussi grande que d’avoir vu saint Paul[30]. La haute autorité du martyr fut une des raisons qui contribuèrent le plus à donner gain de cause à ce groupe, dont le droit d’exister dans l’Église de Jésus était encore si contesté. Vers l’an 170, un disciple de saint Paul, zélé pour l’établissement de l’autorité épiscopale, conçut le projet, à l’imitation des épîtres pastorales attribuées à l’apôtre, de composer, sous le nom d’Ignace, une série d’épîtres, destinées à inculquer une conception antijuive du christianisme, ainsi que des idées de stricte hiérarchie et d’orthodoxie catholique, en opposition avec les erreurs des docètes et de certaines sectes gnostiques. Ces écrits, que l’on voulait faire croire avoir été recueillis par Polycarpe[31], furent acceptés avec empressement, et eurent, dans la constitution de la discipline et du dogme, une influence capitale.

À côté d’Ignace, nous voyons figurer, dans les documents les plus anciens[32], deux personnages qu’on semble lui associer, Zosime et Rufus. Ignace ne paraît pas avoir eu de compagnons de voyage[33] ; peut-être Zosime et Rufus étaient-ils des personnes connues dans le cercle des Églises de Grèce et d’Asie, et recommandables par leur haut dévouement à l’Église du Christ.

Vers le même temps, put souffrir un autre martyr, auquel son titre de chef de l’Église de Jérusalem et sa parenté avec Jésus donnèrent beaucoup de notoriété, je veux dire Siméon, fils (ou plutôt arrière-petit-fils) de Clopas. L’opinion, arrêtée chez les chrétiens et probablement acceptée autour d’eux, d’après laquelle Jésus avait été de la race de David, attribuait ce titre à tous ses consanguins. Or, dans l’état d’effervescence où était la Palestine, un tel titre ne pouvait être porté sans péril. Déjà, sous Domitien, nous avons vu l’autorité romaine concevoir des appréhensions à propos de la prétention avouée par les fils de Jude. Sous Trajan, la même inquiétude se fait jour. Les descendants de Clopas, qui présidaient à l’Église de Jérusalem, étaient gens trop modestes pour se vanter beaucoup d’une descendance que les non-chrétiens leur eussent peut-être contestée ; mais ils ne pouvaient la celer aux affiliés de l’Église de Jésus, à ces hérétiques ébionites, esséens, elkasaïtes, dont certains étaient à peine chrétiens. Une dénonciation fut adressée par quelques-uns de ces sectaires à l’autorité romaine, et Siméon, fils de Clopas, fut mis en jugement[34]. Le légat consulaire de la Judée à ce moment était Tiberius Claudius Atticus, qui paraît avoir été le père même du célèbre Hérode Atticus[35]. C’était un Athénien obscur, que la découverte d’un immense trésor avait subitement enrichi, et qui par sa fortune avait réussi à obtenir le titre de consul subrogé. Il se montra, dans la circonstance dont il s’agit, extrêmement cruel. Durant plusieurs jours, on tortura le malheureux Siméon, sans doute pour le forcer à révéler de prétendus secrets. Atticus et ses assesseurs admirèrent son courage. On finit par le mettre en croix. Hégésippe, par qui nous savons tous ces détails, nous assure que les accusateurs de Siméon furent convaincus d’être eux-mêmes de la race de David et périrent comme lui. Il n’y a pas lieu d’être trop surpris de pareilles dénonciations. Nous avons déjà vu que, dans la persécution de l’an 64, ou du moins dans la mort des apôtres Pierre et Paul, les rivalités intérieures des sectes juives et chrétiennes eurent la plus grande part[36].

Rome, à cette époque, ne semble pas avoir eu de martyrs. Parmi les presbyteri ou episcopi qui gouvernent cette Église capitale, on compte Évareste, Alexandre et Xyste[37], qui paraissent être morts en paix[38].

  1. Jean Chrys., Or. in Ign. mart., 4. Opp. II, p. 597, Montf.
  2. Dans les manuscrits syriaques et arabes, après le nom d’Ignace vient toujours l’épithète nourono ou nourani (igneus), qui renferme sûrement une allusion au nom d’Ignatius (ignis). Mais il est possible qu’à l’inverse Nourono vienne par jeu de mots d’Ignatius. Le nom d’Ignatius (pour Egnatius) était en usage chez les juifs. Corpus inscr. gr., no 4129.
  3. Les témoignages directs sur cet important personnage ecclésiastique font défaut, puisque l’épître attribuée à Polycarpe est de valeur douteuse. Irénée (V, xxviii, 4) et Eusébe (H. E., III, 36) ne connaissent, ce semble, Ignace que par les épîtres qu’on lui attribue. Les Actes du martyre d’Ignace sont du ive siècle, et ont été rédigés sans autres documents que ceux que nous possédons. Le renseignement Mart. Ignat., 3, d’après lequel Ignace aurait été élève de Jean, est donc sans valeur (v. ci-dessus, p. 424, note 2). L’authenticité complète des sept lettres attribuées à Ignace est insoutenable (voir l’Introduction). Mais cette correspondance fût-elle tout entière apocryphe, comme elle existait certainement, ainsi que l’épître de Polycarpe, avant la fin du iie siècle, ce fait suffit pour prouver la réalité du martyre d’Ignace et l’importance qu’on y attacha.
  4. C’est artificiellement que les Actes du martyre d’Ignace rattachent l’arrestation d’Ignace au séjour de Trajan à Antioche. Eusèbe ne sait rien de cette circonstance (H. E., III, 36) et place la mort d’Ignace avant le départ de Trajan pour l’Orient (Chron., à l’an 8 ou 10 de Traj.). Cf. saint Jérôme, De viris ill., 16. Les Actes de Dressel (Patr. apost., p. 368 et suiv.) sont pour la cinquième année de Trajan. Toute cette chronologie des Actes de saint Ignace est pleine d’erreurs. Cf. Dierauer, p. 170, note. Comparez le commencement des Actes de saint Scherbil.
  5. Ignace, Ad Smyrn., 11 ; Ad Polyc., 7 ; Ad Rom., 10.
  6. Voir l’Antechrist, p. 163-164. Cf. Digeste, XLVIII, xix, 31 ; Lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eus., H. E., V, i, 37, 47 (notez cependant 44, 50) ; le Pasteur d’Hermas, vis. iii, 2 ; Épître à Diognète, c. 7 ; Justin, Dial., c. 110 ; Tertullien, Apol., 40. Selon Malala (XI, p. 276, édit. de Bonn) et un fragment syriaque donné par Cureton (Corpus ignat., p. 221, 252), Ignace aurait souffert le martyre à Antioche, par l’ordre de Trajan, indigné des injures que lui adressait l’évêque ; mais c’est là une grossière bévue de Malala. L’épître de Polycarpe (§ 9) prouve le voyage dans la Méditerranée, et, supposât-on cette épître apocryphe comme les Épîtres pseudo-ignatiennes, il reste au moins qu’à la fin du iie siècle on croyait au voyage à Rome, et qu’on faisait de ce voyage la base d’écrits destinés à une vaste publicité.
  7. « Si ejus roboris vel artificii sint ut digne populo romano exhiberi possint. » Digeste, l. c. Cette coutume ne commença d’être abolie que par Antonin.
  8. Polyc., Ad Phil., § 9 ; Ignace, Ad Rom., § 9. Saint Paul voyage de même, en suivant la côte.
  9. Epist. ad Rom., § 9.
  10. Ignace, Ad Rom., 10 ; Ad Magn., 15 ; Ad Trall., 12.
  11. Polyc., Epist. ad Phil., § 9. Rappelons qu’il y a des doutes graves sur l’authenticité de cette épître.
  12. Epist. ad Rom., §§ 4, 9, 10.
  13. Lucien, Peregrinus, § 11 et suiv.
  14. Voir l’Introduction, en tête de ce volume.
  15. Il craint que les chrétiens de Rome, par leur crédit et leur fortune, ne le sauvent de la mort. Voir Constit. apost., IV, 9 ; V, 1, 2 ; Lucien, Peregrinus, 12 ; Eusèbe, H. E., IV, 40.
  16. L’Église romaine avait sur le martyre les principes les plus sévères. Voir le Pasteur d’Hermas (vol. VI de cet ouvrage).
  17. Citation de II Cor., iv, 18 ; manque dans les anciennes versions des épîtres de saint Ignace.
  18. La leçon σιωπῆς μόνον est la bonne. La leçon πεισμονῆς n’offre pas de sens ; on conçoit la chute de σιω, non son insertion ; ἀλλά suppose μόνον. Quant au second membre de phrase, qui a disparu dans la collection de sept lettres et s’est conservé dans celle de treize, il appartenait sûrement au texte primitif (voir Dressel, Patres apost., p. 167, note 7).
  19. Sans doute les soldats, pour se faire payer par les fidèles, redoublaient de dureté envers le confesseur (voir Lucien, Peregrinus, l. c.).
  20. I Cor., iv, 4.
  21. Ignace veut dire sans doute que la mort est tout profit, au point de vue du chrétien, mais aussi que les bêtes de l’amphithéâtre seront moins mauvaises pour lui que ses gardiens.
  22. Comp. Jean, vii, 38.
  23. Irénée, V, xxviii, 4.
  24. Comp. Ad. Rom., 5, à Mart. Polyc., 3.
  25. De morte Peregr., §§ 11-13, 18, 41.
  26. Διαθήκας τινὰς καὶ παραινέσεις καὶ νόμους. Lucien peut très-bien avoir eu entre les mains la collection des sept lettres pseudo-ignatiennes. La mort de Peregrinus est placée par Eusèbe en l’an 165. (Chron., p. 170, 171, Schœne.)
  27. Cf. Ign., Ad Polyc., 7, et Polyc., Ad Phil., 13.
  28. Lucien peut avoir lu certains Actes où Ignace insultait l’empereur (cf. Malala, l. c., ci-dessus, p. 487, note).
  29. L’imitation des Épîtres de saint Paul est sensible dans les Épîtres pseudo-ignatiennes. La doctrine y est tout à fait antijuive. Cf. Ad Smyrn., 1.
  30. Polyc., Ad Phil., 9.
  31. Polyc., Ad Phil., 13. Ce post-scriptum est en toute hypothèse apocryphe.
  32. Polycarpe, Ad Phil., 9. Cf. Martyrol. rom., 15 kal. jan.
  33. L’allusion, Polyc., 1, ne se rapporte pas à Ignace. Voir l’Introduction, en tête de ce volume.
  34. Hégésippe, dans Eus., H. E., III, 32 ; Eus., Chron., à l’année 10 de Trajan ; Chron. pasc., p. 252. Cf. Cotelier, Ad Const. apost., VII, 46.
  35. La date du martyre de saint Siméon est douteuse. Eusèbe, dans sa Chronique, donne, selon son habitude, l’année par à peu près. Eusèbe n’avait d’autre renseignement que l’assertion d’Hégésippe, qui place ledit martyre ἐπὶ Τραϊανοῦ Καίσαρος καὶ ὑπατικοῦ Ἀττικοῦ. Les dates manquent par ailleurs sur les consulats et les légations d’Atticus (Waddington, Fastes des prov. asiat., I, p. 192-194 ; Borghesi, Œuvres compl., t. V, p. 533-534). Cet Atticus se retrouve dans certaines rédactions des Actes de saint Ignace, qui paraissent en cela imiter Hégésippe (cité par Eusèbe). Dressel, Patres apost., p. 368 ; Zahn, Ignatius von Ant., p. 17 et suiv., 630.
  36. Clem. Rom., Epist., 6.
  37. Irénée, III, iii, 3, et dans Eus., H. E., V, xxiv, 14 ; Eus., H. E., IV, iv, 5. Cf. Lipsius, Chron. der rœm. Bisch., p. 165 et suiv. Les Gnomes pythagoriciennes de Sextus n’ont été attribuées au pape Xystus que par une confusion de nom.
  38. Irénée, III, iii, 3. Le seul pape martyr du iie siècle est Télesphore.