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Les Îles de la Madeleine et les Madelinots/02

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Imprimerie Générale de Rimouski (p. 15-16).

PRÉ-HISTOIRE

Le jour où des navigateurs pénétrèrent dans le golfe Saint-Laurent, il leur fut impossible de ne pas s’émerveiller à la vue de ce splendide archipel. Des mariniers rapportent qu’ayant navigué plusieurs jours dans le golfe et se croyant bien loin au vent, ils furent tout surpris de se réveiller un beau jour échoués sur les battures de ces îles : un courant centripète ou quelque fée les attirant insensiblement vers ces rivages.

Depuis quand ces îles sont-elles connues et habitées ? Voilà une question que beaucoup d’auteurs se sont souventes fois posée, sans pourtant la trancher définitivement. Sans prétention de mieux faire, je condenserai ici pour l’instruction et l’édification de mes compatriotes tout ce qu’ont écrit depuis le seizième siècle, les explorateurs et aventuriers les plus en renom.

Longtemps avant Jacques Cartier, des flottilles de pêcheurs avaient visité les côtes du golfe. Les Bretons, les Basques et les Normands, toujours en quête d’entreprises audacieuses, découvrent les bancs de Terre-Neuve vers 1500 et sont les premiers à s’installer sur les Îles et dans les havres du Golfe.

Les Scandinaves qui de très bonne heure, même vers l’an 1000, connaissaient déjà une partie des côtes de notre continent, ont-ils pénétré dans la grande baye de Saint-Laurent ? C’est peu probable, car ils auraient évidemment fondé des établissements dont les vestiges eussent été repérés plus tard. Cependant le Dr Storn assure que les Scandinaves franchirent le détroit, pénétrèrent dans le golfe et essayèrent d’y fonder un établissement ; et pour appuyer cette opinion on a prétendu que les prairies naturelles trouvées par Cartier sur l’île Brion provenaient d’une culture antérieure. L’illustre Malouin parle en effet de prairies, de campagnes pleines de froment sauvage et de pois, qui semblent avoir été semées par des laboureurs.