Les Actes des Apôtres/2

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Librairie de L. Hachette et Cie (p. 9-13).




II

ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR.


Les Apôtres et les disciples qui se trouvaient un jour avec Notre-Seigneur avant son Ascension…

Armand. Qu’est-ce que c’est Ascension, Grand’mère ? J’ai oublié.

Grand’mère. Ascension veut dire, qui monte. On appelle fête de l’Ascension, le jour où Notre-Seigneur est remonté au Ciel.

Jacques. Je trouve qu’on n’aurait pas dû faire une fête de ce jour, où Notre-Seigneur nous a quittés pour toujours ; c’était fort triste, au contraire.

Grand’mère. L’Église a très-bien fait, cher enfant, parce que ce jour terminait la mission de Notre-Seigneur en ce monde et achevait l’œuvre de la Rédemption…

Louis. Qu’est-ce que c’est que Rédemption ?

Grand’mère. Rédemption veut dire rachat. Notre-Seigneur avait racheté les hommes de la puissance du démon, en payant notre salut et notre bonheur éternel par les souffrances de toute sa vie, et surtout par celles de sa Passion et de sa mort. Après sa Résurrection, son œuvre, la Rédemption des hommes, ne fut tout à fait accomplie que lorsqu’il eut apparu assez de fois aux disciples pour les convaincre tous parfaitement de sa Résurrection.

Et j’achève de répondre à Jacques, en disant que Notre-Seigneur, tout en remontant au Ciel, ne nous quittait pas ; il reste et restera toujours avec nous comme il l’a dit lui-même dans l’Évangile : « Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des siècles. »

Il reste avec nous par sa grâce dans nos cœurs, et par le Sacrement de l’Eucharistie que je vous ai expliqué dans l’Évangile. Et puis, dans les fêtes de Notre-Seigneur, il ne s’agit pas seulement de nous, mais encore et surtout de lui. Or, son Ascension a été son jour de triomphe. C’est donc réellement un jour de fête que celui où Jésus-Christ, notre Dieu, notre Père, notre Frère, notre Sauveur, termine l’œuvre de notre salut. Je reprends mon récit.

Les Apôtres demandèrent à Notre-Seigneur : Est-ce dans le temps où nous serons baptisés dans l’Esprit-Saint que vous rétablirez le royaume d’Israël ?

Jésus leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les moments que le Père a réservés pour sa puissance. Mais vous recevrez la vertu (c’est-à-dire la force) de l’Esprit-Saint qui viendra en vous, et vous serez mes témoins en Jérusalem, dans toute la Judée, et en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.

En parlant ainsi, Notre-Seigneur étendit les mains sur eux, et pendant qu’il les bénissait, les disciples le virent s’élever vers le Ciel, et une nuée l’enveloppa et le cacha à leurs regards.

Jeanne. Comme ils ont dû Être tristes en voyant Notre-Seigneur disparaître à leurs yeux !

Valentine. Et sans pouvoir l’arrêter ni le rejoindre !

Grand’mère. Certainement qu’ils ont eu beaucoup de peine de leur séparation extérieure avec leur bon Maître, mais ils en ont eu encore plus de joie, parce qu’ils avaient un grand amour pour Notre-Seigneur et qu’ils étaient heureux de sa gloire. Et puis ils avaient déjà assez de foi pour comprendre que la mission de Notre-Seigneur, comme homme, était finie et que c’était à eux qu’il confiait le soin de le faire connaître dans le monde entier.

Henriette. Pourquoi, Grand’mère, dites-vous qu’ils avaient déjà assez de foi ? Est-ce qu’ils en ont eu davantage plus tard ?

Grand’mère. Oui, sûrement. Quand le Saint-Esprit est descendu sur eux, ils ont reçu le don d’une foi parfaite et de la science des choses de Dieu ; ils ont tout compris et tout cru.

Louis. Pourquoi le bon Dieu leur a-t-il donné tout cela et pas à nous ? Je trouve que ce n’est pas juste.

Grand’mère. Cher petit, le bon Dieu, dont la justice égale la bonté, ne peut jamais rien faire que de très-juste. Il ne doit rien à personne ; et s’il donne plus aux uns qu’aux autres, personne n’a le droit de réclamer. En second lieu, les grâces extraordinaires que les Apôtres ont reçues, leur ont été données bien plus pour nous que pour eux-mêmes. Enfin, chargés de prêcher l’Évangile à tous les hommes, les Apôtres avaient besoin d’une force et d’une foi extraordinaires pour consacrer leur vie à de si rudes travaux ?

Valentine. En quoi étaient-ils rudes ?

Grand’mère. Ils étaient rudes, parce que pour faire connaître Jésus-Christ dans le monde, il fallait d’abord supporter de grandes fatigues pour parcourir des pays éloignés ; il fallait avoir le courage de tout quitter, de braver les dangers de toute espèce, d’aller partout sans soutien, sans moyens d’existence ; il fallait braver les persécutions des ennemis de Dieu, les souffrances de la prison, les tortures et même une mort cruelle comme vous le verrez plus tard. Les Apôtres et les disciples devaient prêcher la charité à des hommes durs, égoïstes et avares ; l’humilité, à des hommes remplis d’orgueil et qui ne cherchaient que les honneurs et la gloire ; l’amour des privations et des souffrances, à des hommes qui ne vivaient que pour le plaisir et les richesses ; le pardon des injures, la bonté et la douceur, à des méchants qui ne songeaient qu’à se venger et à opprimer les faibles. Vous pensez bien que ces conseils devaient irriter ceux qui ne voulaient pas les suivre, ni changer de vie.

Voilà pourquoi le bon Dieu a envoyé à ses Apôtres des grâces extraordinaires qu’il ne nous accorde pas, à nous qui n’avons heureusement pas de si grands obstacles à surmonter.

Pendant que les Apôtres et les disciples regardaient encore la nuée dans laquelle avait disparu Notre-Seigneur, ils virent tout à coup devant eux deux hommes, debout, vêtus de blanc, qui leur dirent :

« Hommes de Galilée, pourquoi vous tenez-vous là, regardant en haut ? Ce Jésus qui est monté au Ciel en votre présence en redescendra de même tel que vous l’avez vu monter.

Marie-Thérèse. Comment : Il en redescendra ? Quand donc ?

Grand’mère. Notre-Seigneur descendra sur la terre, avec tous ses Anges, dans toute sa majesté, à la fin du monde. C’est ce qu’on appelle le second avènement de Jésus-Christ. Il est de foi que Notre-Seigneur reviendra de la sorte : il appellera à lui tous les bons, et il repoussera loin de lui tous les méchants, c’est-à-dire ceux qui sont morts en état de péché mortel.