Les Amours (1553)/Poème 25

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 29-30).

Ces deus yeus bruns, deus flambeaus de ma vie,
Dessus les miens foudroians leur clarté,
Ont esclavé ma jeune liberté,
Pour la damner en prison asservie.

De vos dous feus ma raison fut ravie,
Si qu'ébloüi de vôtre grand beauté,
Opiniastre à garder loiauté
Autres yeus voir depuis je n'eus envie.

D'autre éperon mon Tyran ne me point,
Autres pensers en moi ne couvent point,

Ni autre idole en mon cœur je n'adore.

Ma main ne sait cultiver autre nom,
Et mon papier n'est esmaillé, sinon
De vos beautés que ma plume colore.