Les Amours (1553)/Poème 103
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 117).
Le mal est grand, le remede est si bref
A ma douleur qui jamais ne s’alente,
Que bas ne haut, des le bout de la plante,
Je n’ai santé, jusqu’au sommet du chef.
L’oeil qui tenoit de mes pensers la clef,
En lieu de m’estre une estoile drillante
Parmi les flots de l’amour violante,
Contre un orgueil a fait rompre ma nef.
Un soin meurtrier soit que je veille ou songe,
Tigre affamé,le coeur me mange & ronge,
Suçant tousjours le plus dous de mon sang :
Et le penser qui me presse & represse,
Et qui jamais en repos ne me laisse,
Comme un mâtin, me mord toujours au flanc.