Les Amours (1553)/Poème 113
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 126).
Franc de raison, esclave de fureur,
Ie vois chassant une Fere sauvage,
Or sur un mont, or le lon d'un rivage,
Or dans le bois de ieunesse & d'erreur.
I'ai pour ma lesse un lon trait de malheur,
I'ai pour limier un trop ardent courage,
I'ai pour mes chiens, & le foin, & la rage,
Le déplaisir, la peine, & la douleur.
Mais eus voiant que plus elle chassée
Loin loin devant moins s'enfuit eslancée,
Tournant sur moi la dent de leur effort.
Comme mastins affamés de repaitre,
A lons morceaus se paissent de leur maitre,
Et sans merci me trainent à la mort.