Les Amours (1553)/Poème 127

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 148-149).

Quand en songeant ma follâtre j’acolle,
Laissant mes flancs sus les siens s’alonger,
Et que d’un branle habilement leger,
En sa moitié ma moitié je recolle:

Amour adonc si follement m’affolle,
Qu’un tel abus je ne voudroi changer,
Non au butin d’un rivage étranger,
Non au sablon qui jaunoïe en Pactole.

Mon dieu, quel heur, & quel contentement,
M’a fait sentir ce faus recollement,
Changeant ma vie en cent metamorfoses?

Combien de fois doucement irrité,
Suis-je ore mort, ore resuscité,
Entre cent lis, & cent vermeilles roses?