Les Amours (1553)/Poème 130

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 151).

 
Ce ne sont qu'haims, qu'amorces, et qu'apas
De son bel oeil qui m'aleche en sa nasse,
Soit qu'elle rie, ou soit qu'elle compasse
Au son du Luth le nombre de ses pas.

Une minuit tant de flambeau n'a pas,
Ni tant de sable en Euripe ne passe,
Que de beautés embellissent sa grace,
Pour qui j'endure un milier de trespas.

Mais le tourment qui moissonne ma vie,
Est si plaisant, que je n'ai point envie
De m'élongner de sa douce langueur :

Ains face Amour que mort encores j'aie
L'aigre douceur de l'amoureuse plaie,
Que vif je porte au plus beau de mon coeur.