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Les Amours (1553)/Poème 139

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 161).

J'irai toujours, & révant, & songeant
En la douce heure, où je vis l'angelette,
Qui d'esperance & de crainte m'alaitte,
Et dans ses yeus mes destins va longeant.

Quel or ondé en tresses s'allongeant
Frapoit ce jour en sa gorge nouvelette ?
Et sus son col, ainsi qu'une ondelette
Flotte aus zephyrs, au vent alloit nageant ?

Ce n'étoit point une mortelle femme
Que je vi lors, ni de mortelle dame
Elle n'avoit, ni le front, ni les yeus :

Donques, mon cœur, ce ne fut chose etrange
Si je fu pris : c'étoit vraiment un Ange
Qui pour nous prendre etoit volé des cieus.