Les Amours (1553)/Poème 182
Apparence
Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte, (p. 212).
En nul endort, comme a chanté Virgile,
La foi n'est seure, & me l'a fait savoir
Ton jeune coeur, mais vieil pour decevoir,
Rompant la sienne infamement fragile.
Tu es vraiment, & site, & malhabile,
D'assubgettir les coeurs à ton pouvoir,
Joüet à vent, flot prompt à s'emouvoir,
Beauté trop belle en ame trop mobile.
Helas, Amour, si tu as quelque fois
Haussé ton vol sous le vent de ma vois,
Jamais mon coeur, de son coeur ne racointes,
Puisse le ciel sur sa langue envoier
Le plus aigu de sa foudre à trois pointes
Pour le paiment de son juste loier.