Les Amours (1553)/Poème 35

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Les amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques odes de l'auteur, non encor imprimées
chez la veuve Maurice de la Porte (p. 41-42).

Puisse avenir, qu’une fois je me vange
De ce penser, qui devore mon coeur,
Et qui toujours, comme un lion veinqueur,
Sous soi l’etrangle, & sans pitié le mange.

Avec le tans, le tans mesme se change:
Mais ce cruel qui suçe ma vigueur,
Opiniatre au cours de sa rigueur,
En autre lieu qu’en mon coeur ne se range.

Bien est il vrai, qu’il contraint un petit,

Durant le jour son segret apetit,
Et dans mes flancs ses griffes il n’alonge:

Mais quand la nuit tient le jour enfermé,
Il sort en queste, & lion affamé,
De mile dens toute nuit il me ronge.