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Les Amours (Ovide)/Traduction Séguier/52

La bibliothèque libre.
Traduction par Ulysse de Séguier.
(p. 161-162).

ÉLÉGIE XV

À VÉNUS



Il renonce au genre élégiaque.


Cherche un autre poète, ô reine d’Amathonte ;
Je borne ici mes chants légers.
Enfant du sol Péligne, en tes riants vergers
J’ai butiné sans trop de honte.
Consignons-le : je dois mon équestre manteau
À mes aïeux, non à Bellone.
Virgile orne Mantoue, et Catulle Vérone :
Moi je resterai le flambeau

Des Pélignes qu’arma leur civisme notoire,
Lorsque Silo mit Rome en deuil.
Un jour, quelque étranger, embrassant d’un coup d’œil
Sulmone et son court territoire,
Dira : « Ville où put naître un cygne au tel essor,
Quoique infime, vous êtes grande. »
Belle Vénus, et toi, des Amours folle bande,
Portez ailleurs vos drapeaux d’or.
Lyéus m’a frappé de son thyrse implacable ;
Pégase entraîne mon essieu :
Innocente Élégie, ô tendre Muse, adieu !
Après moi cette œuvre est durable.