Les Avadânas, contes et apologues indiens/111

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 116-119).


CXI

LE PORTRAIT DU CORPS SUIVANT LES BOUDDHISTES.

(Détruisez les désirs.)


Le corps est comme un monceau d’écume ; on ne peut le saisir ; — comme la mer ; il ne peut se rassasier des cinq désirs ; — comme un fleuve qui se précipite vers l’Océan ; il arrive rapidement à la vieillesse, à la maladie et à la mort ; — comme un fumier ; les hommes sages et éclairés le quittent avec dégoût ; — comme une ville de sable que le vent emporte en un clin d’œil ; — comme un pays frontière où l’on voit une multitude d’ennemis ; — comme une route dangereuse ; il s’écarte constamment de la droite loi ; — comme une grande maison fondée par les cent huit passions ; — comme un vase fendu d’où l’eau s’échappe continuellement ; — comme un vase richement peint qui serait rempli d’ordures ; — comme un canal fangeux ; il est plein de souillures et d’impuretés ; — comme l’illusion d’un songe ; il égare les hommes stupides et les empêche de connaître la vérité ; — comme une fleur fanée ; il arrive promptement à la vieillesse et à la décrépitude ; — comme un char ; il marche de compagnie avec la mort ; — comme la rosée ; il ne peut subsister longtemps ; — comme une maison ; il est habité par quatre cent quatre maladies ; — comme un coffre où vit un serpent venimeux ; — comme un papillon qui voit la flamme et va s’y brûler ; — comme un royaume vaincu que possèdent dix-huit rois conjurés ; — comme un bananier qui manque de force et de solidité ; — comme un vaisseau naufragé ; les soixante-deux hérésies l’égarent ; — comme un pavillon pourri qui a perdu toute sa beauté ; — comme une guitare dont les cordes rendent de vains sons ; — comme un tambour couvert de peau et de bois, et dont le fond est vide ; — comme un vase d’argile séchée ; il n’a ni consistance ni fermeté ; — comme une ville faite de cendres qu’emportent le vent et la pluie ; il arrive rapidement à la vieillesse, à la maladie et à la mort.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Sieou-hing-tao-ti-king.)