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Les Avadânas, contes et apologues indiens/117

La bibliothèque libre.
Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 136-137).


CXVII

LE MÉDECIN CÉLÈBRE.


Le roi des Enfers envoya un jour sur la terre un démon qui faisait partie de ses satellites, avec mission de lui chercher un médecin célèbre, et lui donna ainsi ses ordres :

« Le médecin devant la porte duquel vous ne verrez aucune âme indignée d’avoir quitté la vie, c’est celui-là qu’il me faut[1]. »

Le démon obéit aux ordres de son souverain, et remonta sur la terre. Chaque fois qu’il passait devant la porte d’un médecin, il y voyait une multitude de mânes indignées. À la fin, il arriva à une maison devant laquelle errait une seule âme. « Pour le coup, s’écria-t-il, celui qui demeure là doit être un habile médecin. »

Il s’informa, et apprit que c’était un médecin qui avait suspendu la veille son tableau de docteur[2].

  1. Il est évident que le roi des morts laisserait vivre longuement le médecin qui grossirait chaque jour le nombre de ses sujets. Mais un médecin célèbre, qui prolonge la vie de ses malades, doit naturellement devenir sa proie.
  2. On voit par ce passage que ce médecin n’avait pas eu le temps de faire les affaires du roi du sombre empire, puisqu’il n’avait encore tué qu’un seul homme.