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Les Avadânas, contes et apologues indiens/65

La bibliothèque libre.
Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 225-226).


LXV

L’AVEUGLE ET LA COULEUR DU LAIT.

(Des hommes stupides.)


Il y avait un aveugle de naissance, qui, naturellement, ne connaissait pas la couleur du lait. Il demanda à un autre homme : « À quoi ressemble la couleur du lait ?

— La couleur du lait, dit celui-ci, est blanche comme une cauris (sorte de coquille).

— Cette couleur du lait, demanda l’aveugle, a-t-elle le son d’une cauris ?

— Pas du tout, répondit l’autre.

— À quoi une cauris ressemble-t-elle ?

— À du riz.

— La couleur du lait est-elle tendre et molle comme le riz ? De plus, à quoi ressemble le riz ?

— À la neige.

— Ce riz est-il froid comme la neige ? De plus, à quoi ressemble la neige ?

— La neige est blanche comme une cigogne. »

Quoique cet aveugle de naissance eût entendu ces comparaisons, il ne put jamais savoir quelle était la vraie couleur du lait.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Youen-yang-miao-king, partie II.)