Les Avadânas, contes et apologues indiens/70

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 236-238).


LXX

L’HOMME QUI AVAIT BESOIN DE FEU ET D’EAU FROIDE.

(De ceux qui perdent deux choses à la fois.)


Il y avait autrefois un homme qui, pour faire quelque chose, avait besoin de feu et ensuite d’eau froide. Il couvrit d’abord son feu, puis il mit de l’eau dans une cuvette de métal qu’il plaça par-dessus. Lorsqu’ensuite il voulut prendre du feu, il le trouva entièrement éteint, et lorsqu’il eut besoin d’eau froide, il la trouva chaude ; de sorte qu’il fut privé à la fois de feu et d’eau froide.

Les hommes du siècle agissent exactement de même. Lorsqu’ils sont une fois entrés dans la loi du Bouddha, ils sortent de la famille (embrassent la vie religieuse), et cherchent l’intelligence (Bôdhi)[1]. Mais, à peine sont-ils sortis de la famille, qu’ils pensent encore à leur femme, à leurs enfants, aux affaires du monde et aux joies des cinq désirs. De sorte qu’ils perdent à la fois le feu brillant des actions méritoires, et l’eau froide de la discipline.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Livre des cent comparaisons, Pe-yu-king, partie I.)
  1. Ils se livrent à des exercices de piété et à des mortifications qui ont pour objet de les faire arriver peu à peu à l’intelligence, c’est-à-dire à l’état de Bouddha (Bouddhaivam).