Les Bains de Loèche, Suisse, Canton du Valais/Cure de Loèche

La bibliothèque libre.

CURE DE LOÈCHE


Les eaux de Loèche s’utilisent à l’intérieur et à l’extérieur, comme boisson, bains, douches, injections, lotions, fomentations, pulvérisations, suivant les affections à traiter ; mais dans la plupart des cas, ce sont les bains qui constituent la partie essentielle de la cure.

C’est ordinairement la matinée, de cinq à neuf heures, que les eaux de Loèche se prennent en boisson, de un à cinq verres de quart d’heure en quart d’heure, en se promenant, chaudes ou refroidies, pures ou avec d’autres mélanges, comme l’estomac est encore vide, leur digestion s’opère mieux, stimulée qu’elle est du reste par la promenade et par l’air frais. Pour faire cette cure il faut toujours 15 à 20 jours.

Dans la plupart des cas, cette manière d’en faire usage est un puissant adjuvant de la cure des bains à laquelle elle s’allie parfaitement.

Les bains se prennent une à deux fois par jour à une température de 27 à 28 R. soit 34 à 35 C. Les bains du matin sont toujours plus longs que ceux du soir et bien souvent on prend les bains que le matin pour avoir les après-midi libres pour les promenades. On se baigne soit dans les grands carrés de société, qui contiennent de 25 à 30 personnes, soit dans ses carrés particuliers, suivant le goût de chacun. Mais les carrés de société ont cet avantage que le temps y paraît plus court et que l’on y supporte plus aisément les bains prolongés, qui caractérisent la cure de Loèche. On commence par se baigner une demi heure à une heure par jour, puis on augmente graduellement jusqu’on atteigne un maximum de 5 à 6 et même 8 heures par jour selon le cas qu’on a à traiter.

Pour les maladies de la peau, il faut, sans dépasser naturellement ce que le malade peut supporter, insister sur les bains prolongés ; c’est du reste l’avis de feu Prof. Dr. Hebra de Vienne, qui reconnait à nos eaux une vertu toute spéciale dans le traitement des maladies de la peau.

Mais bien que les bains prolongés soient la règle à Loèche, on a fréquemment des cas dans lesquels la durée maximale du bain ne dépasse jamais une heure par jour, c’est ainsi qu’on traite les personnes faibles qu’on veut fortifier et toutes celles qui ne supportent absolument pas les bains chauds prolongés. Cette méthode du bain court ne date pas d’aujourd’hui, je l’ai pratiquée depuis ma longue pratique et mes anciens collègues, que j’ai eu l’honneur de connaitre ont fait de même.

C’est sur le système cutané que les eaux de Loèche exercent leur principale action, et bien qu’on les emploie avec succès pour diverses maladies, c’est avant tout pour les affections de la peau qu’elles jouissent du pouvoir le plus merveilleux. L’excitation de la peau et l’augmentation de l’activité vasculaire à la surface du corps se traduit ordinairement au bout de 5 à 10 jours par une éruption de taches rouges que l’on nomme la poussée. Elle se montre d’abord à la face interne des coudes et des genoux, par une rougeur plus ou moins prononcée, accompagnée de vives démangeaisons ; puis elle se répand graduellement sur le corps entier, sous forme de petites taches rouges semblables à celles de la rougeole en épargnant seulement les mains et la figure. Ce phénomène, qui est particulier aux bains de Loèche, est considéré comme une crise salutaire et salué par les baigneurs comme une garantie du succès de leur cure. La poussée diminue d’elle-même au bout de quelques jours de bains ; elle est remplacée par une desquamation plus ou moins abondante de la peau, puis disparaît enfin sans laisser de traces. Il est rare que cette éruption fasse entièrement défaut, mais cela se voit cependant quelquefois, surtout chez les personnes dont la peau est maigre et atrophiée. Les individus sanguins et bien nourris ont, au contraire, une poussée plus forte.

Les bains de Loèche agissent, en outre, sur l’ensemble de l’économie, ils provoquent une grande dérivation de l’intérieur à l’extérieur, déchargent les organes internes, ils activent les sécrétions, celle des urines en particulier et ils favorisent les procédés de désassimilation, augmentent l’appétit et activent l’ensemble de la nutrition. D’une manière générale, nous pouvons dire que les eaux minérales de Loèche sont stimulantes, résolutives et fortifiantes, action qui est encore rehaussée par celle de l’air pur et vivifiant de la montagne.

La durée moyenne de la cure est de 25 jours environ, mais il faut souvent compter plus longtemps, et il n’est pas rare de voir des baigneurs devoir prolonger leur séjour pendant 5 semaines et plus. Ce n’est qu’après la complète disparition de la poussée et de la desquamation qui lui succède, que la cure peut être considérée comme terminée. On a souvent remarqué que les malades qui, contrairement à l’avis de leur médecin, interrompent trop tôt les bains, s’attirent de graves inconvénients. Dans ces cas, l’irritation de la peau peut se prolonger ou persister ; la cuisson et le prurit devenir continus ; il peut se développer des gerçures de la peau ; enfin, la maladie peut revêtir une forme eczémateuse chronique qui ne cède qu’à un nouveau traitement. Je connais personnellement différents malades qui ont eu à regretter leur désobéissance sur ce point ; on les a vus reparaître aux eaux, vers la fin de la saison, pour réparer la faute commise et se libérer par une nouvelle cure de leur éruption ou de leurs démangeaisons importunes.