Les Bains de Loèche, Suisse, Canton du Valais/Indications thérapeutiques

La bibliothèque libre.

Indications thérapeutiques
de la cure de Loèche


D’après le témoignage de tous les médecins qui se sont succédé à Loèche, on peut en recommander la cure pour les maladies suivantes :

Maladies de la peau ou dartres, ichtyosis, pityriasis, psoriasis, prurigo, herpes, acné, urticaire, eczème, pemphigus.

Ulcères chroniques et maladies des os.

Chlorose, anémie, scrofulose, goutte, arthrites, rhumatisme.

Syphilis invétérée, cachexie mercurielle[1].

Bronchite chronique.

Catarrhe chronique de l’estomac et des intestins, engorgement de la rate et du foie ; anomalies de la menstruation.

Paralysies, névralgies, contractures musculaires, raideur des articulations.

À propos de l’heureuse application des eaux de Loèche aux maladies de la peau, je ne puis mieux faire que de reproduire quelques lignes de feu le docteur J.-H. Grillet :

« C’est particulièrement à la guérison des maladies cutanées chroniques, graves, invétérées, rebelles, que Loèche doit l’affluence de malades qui s’y rendent chaque année. Toutes n’y guérissent pas, comme le prétendaient les anciens ; mais on peut affirmer sans exagération que presque toutes, depuis les formes légères les plus bénignes jusqu’aux plus graves, aux plus compliquées, y trouvent, sinon une guérison complète, au moins une amélioration notable.

« Les maladies cutanées qui cèdent le plus promptement et le plus sûrement à l’emploi des eaux de Loèche peuvent être rangées dans les catégories suivantes :

« Toutes les affections à formes humides, ayant pour caractère la vésicule grande ou petite, ou la pustule sur une surface secrétant une sérosité plus ou moins limpide, quelquefois purulente, se transformant au contact de l’air en squames ou lamelles plus ou moins étendues ou en furfures plus ou moins ténues, trouveront à Loèche une guérison rapide et définitive, souvent dans une seule saison quelquefois en deux ou trois si le cas est très ancien et invétéré. Ce sont donc toutes les variétés d’eczéma chronique, simple ou composé, localisé ou général, humide ou plus ou moins sec. »

M. le professeur Hardy recommande spécialement les eaux de Loèche dans le pityriasis et dans certaines formes d’eczéma chronique d’une ténacité exceptionnelle, caractérisées par des récidives fréquentes et une modification profonde de la peau. « Beaucoup de malades, dit-il, trouveront dans cette station une guérison qu’ils avaient inutilement demandée ailleurs. Dans le lichen agrius, avec récidive fréquente, les eaux de Loèche peuvent également rendre de grands services. »

Dans le prurigo, il les place en première ligne pour les résultats obtenus ; de même pour le traitement des diverses formes d’acné.

Médecin depuis longtemps aux bains de Loèche, je pourrais citer une foule de guérisons et de cures merveilleuses que j’ai vu s’accomplir sous mes yeux ; mais, afin de ne pas allonger inutilement, je me borne à rapporter ici quelques-uns des exemples les plus remarquables des vertus curatives des eaux de Loèche.



Docteur M., à B.

… Que la foule des baigneurs qui accourront à Loèche la saison prochaine soit légion et que vos précieuses eaux fassent constamment de nouveaux miracles. À ce sujet, j’ai le plaisir de vous annoncer que l’affection cutanée si rebelle (psoriasis) dont ma femme était atteinte, n’a pas seulement subi une amélioration sensible, mais qu’elle a entièrement disparu à la suite des bains. Peu de temps après notre retour, les taches ont pâli insensiblement et actuellement elles ont entièrement disparu. Figurez-vous notre bonheur et notre satisfaction d’un pareil résultat de la cure.


Docteur M., à Leipzig.

… D’après l’expérience que j’ai faite à Loèche, tant sur moi-même que sur beaucoup d’autres baigneurs, je dois reconnaître que contre la goutte et les maladies chroniques de la peau, les eaux de Loèche, pour leur grande vertu, peuvent être placées à côté des eaux minérales les plus renommées.


Docteur B. T., de Bucharest, pour un eczème.

… Je vous avais promis à mon départ de vous donner des nouvelles de la santé de MM. ; si je n’ai pas tenu parole jusqu’à ce jour, le motif en est que je voulais poursuivre mes observations et m’assurer de la disparition complète de la maladie. Maintenant que plus de quatre mois se sont écoulés, j’ai la satisfaction de vous apprendre que jusqu’à cette heure il ne s’est manifesté aucune récidive.

Comte A. de P.. pour un eczème.

… J’espère sous peu me rendre à Loèche, la cure que ma fille y a faite l’année dernière lui a tellement profité que je crois bien faire en y allant encore cette année. Elle a maintenant une superbe chevelure et plus trace de croûtes ou des humeurs qui existaient auparavant. L’effet de la cure a vraiment été miraculeux pour ma fille.


Lettre de M.F.A.L., à Middlebourg, pour un pemphigus.

… Je suis persuadé, mon cher docteur, que vous serez satisfait de moi. Je puis vous dire que je suis un tout autre homme, ma santé est comme elle était autrefois. Il se peut bien que je reçoive encore une visite de mon ancien ennemi, mais je puis dire en tout cas que les eaux de Loèche m’ont fait beaucoup de bien. Je suis tellement reconnaissant de la bonne réussite de ma cure, que je me propose de venir de nouveau cet été me plonger dans ces eaux salutaires.

Il ajoute dans une seconde lettre écrite la même année :

… Je puis heureusement vous annoncer que j’ai gardé ma santé, mais je veux de nouveau faire la cure pour « acquit de conscience », comme on dit, et pour preuve de reconnaissance aux bains de Loèche.


Madame X., pour la goutte.

Une dame tourmentée de violents accès de goutte survenus vers la fin de septembre à la suite de refroidissements répétés, fut retenue au lit pendant presque tout l’hiver. L’été suivant, elle se rendit assez souffrante aux bains de Loèche ; elle ne pouvait ni marcher, ni se tenir debout, sans éprouver de vives douleurs. Les articulations des orteils étaient fortement tuméfiées par des concrétions arthritiques ; diverses fonctions organiques étaient entravées, celles de la peau presque supprimées. Les bains et l’usage interne de l’eau furent ordonnés simultanément ; on fit usage de douches sur les parties douloureuses. Le dixième jour de la cure, la réaction s’opéra, les douleurs articulaires augmentèrent, la peau se couvrit de moiteur et une forte poussée envahit rapidement toute la surface du corps. Au bout de quelques jours, la malade éprouva une grande amélioration. Le gonflement et les douleurs articulaires diminuèrent au point que, vers la fin du traitement, elle marchait sans peine et pouvait faire de petites promenades. Ce succès se maintint pendant l’hiver suivant. Cette dame voulut néanmoins faire une nouvelle cure, afin de se garantir autant que possible contre un retour de son mal.


M. K. de L., pour une maladie constitutionnelle.

M. K. de L., âgé de 45 ans, célibataire, vint à Loèche accompagné de son médecin pour tenter d’y faire une cure. Tout son être portait l’empreinte de la souffrance ; il était réduit à l’état de squelette ; son teint jaune, ses joues creuses, ses yeux enfoncés dans la tête lui donnaient un aspect repoussant. Il n’éprouvait le besoin ni de boire, ni de manger ; rien ne l’attirait ; il était malheureux et découragé au plus haut degré. La maladie qu’il s’était attirée depuis des années n’avait jamais été l’objet d’une médication suivie et radicale ; le mal s’étant invétéré et ayant pris peu à peu un caractère chronique ; il fut enfin forcé de recourir à un traitement énergique et suivi. Après avoir reçu pendant tout l’hiver les soins éclairés de son médecin, une cure thermale fut ordonnée et M. de L. me fut confié. Il avait alors sur les jambes une vingtaine de plaies larges et profondes, bordées d’un liseré rouge cuivre et sécrétant un pus si fétide, qu’il fallut l’isoler complètement, soit pour la table, soit pour les bains. Ce malade était en un mot dans un état pitoyable et désespéré. Néanmoins la cure fut courageusement entreprise ; les eaux furent administrées largement intus et extra. À part un peu d’infusion de salsepareille, je ne lui administrai que peu de remèdes. Lorsque le malade était hors du bain, il enveloppait ses plaies de compresses d’eau minérale. Grâce à ce traitement, la guérison fut rapide. L’appétit et le sommeil reparurent, l’extérieur s’améliora, les plaies se nettoyèrent et se cicatrisèrent si bien qu’après soixante jours le malade put partir en pleine convalescence.

De retour chez lui, il fit encore usage de compresses pendant deux mois, et il m’écrivit ensuite pour me témoigner son entière satisfaction des résultats de la cure, en exprimant le désir de la répéter par prudence. Il revint en effet à Loèche l’année suivante, se soumit de nouveau à une cure aussi radicale que la première.

Une maladie de la peau.

Un évèque grec, M. A., vint à Loèche en 1884 pour une énorme hypertrophie de l’épiderme de la paume des mains et de la plante des pieds. Les surfaces malades étaient sillonnées de rhagades profondes, véritables fissures traversant un épiderme dont l’épaisseur atteignait deux lignes. Tout travail manuel était rendu presque impossible et la marche était excessivement douloureuse.

Ce malade prit des bains prolongés ; il y restait jusqu’à 8 heures par jour et ne se trouvait nulle part mieux que dans l’eau de nos thermes. Il eut du reste toute raison d’être satisfait du résultat de sa cure ; l’épiderme épaissi se détacha peu à peu et fut remplacé par un tissu absolument sain.

J’ai revu le malade en 1885 et j’avoue que ma surprise a été grande en constatant qu’il était entièrement guéri.




  1. M. Constantin Iames a écrit : « Les eaux de Loèche fournissent un excellent et précieux moyen de faire reconnaître les anciennes affections syphilitiques, dont rien ne trahit la présence au sein de l’économie : je crois même qu’à cet égard je leur accorderais plus de confiance encore qu’aux eaux sulfureuses. Loèche, à cause de sa poussée, est souvent la source révélatrice par excellence. »