Les Bains de Loèche, Suisse, Canton du Valais/Loèche-les-bains

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LOÈCHE-LES-BAINS


La célèbre station thermale de Loèche est située au pied de la Gemmi, à 1415 mètres au-dessus de la mer, dans la belle vallée de la Dala. Les sources, jaillissent du sol à une température de 51.30 degrés centigrades. À proximité, s’élèvent les établissements de bains et plusieurs hôtels confortables auxquels se rattachent le charmant petit village de Loèche-les-Bains.

Cette haute vallée, l’une des plus remarquables de la Suisse, offre au voyageur les sites les plus variés : de vertes pelouses, émaillées de fleurs, de sombres forêts, des cascades, des torrents ; plus haut la région désolée des glaces éternelles et des hauts sommets.

Placé au centre d’un vaste amphithéâtre, le village est dominé au nord et à l’ouest par les rochers géants de la Gemmi, dépouillés de toute végétation, simulant au fond de la vallée un immense jeu d’orgues, où le tonnerre fait entendre sa formidable voix. Près du village s’élèvent les contre-forts du Torrenthorn, couverts de mélèzes verdoyants, tandis que la cime blanche du Balmhorn brille au-dessus de la vallée, avec les pentes resplendissantes du glacier de la Dala.

Sorti du glacier du même nom, le torrent de la Dala parcourt la vallée dans toute sa longueur, traverse le village et précipite ses flots au fond de gorges profondes, pour aller se jeter dans le Rhône. Outre les eaux si renommées, on jouit à Loèche, même au fort de l’été, d’un air pur, riche en ozone et fortifiant, grâce au voisinage des forêts de sapins, d’un véritable climat de montagne qui fait de cette localité une station de bains unique en son genre. La température moyenne de Loèche-les-Bains, pendant les mois de juin, juillet et août est de 13 degrés centigrades (moyenne des observations de 3 ans). Aussi est-ce par centaines que les baigneurs y affluent pendant la saison, et chaque jour en été ce charmant vallon est parcouru par des touristes de toutes nations, dont la plupart traversent le magnifique passage de la Gemmi.

Le voyageur qui voit cette contrée en été, sous ses aspects les plus riants, ne peut se faire une idée de la rudesse de l’hiver dans ces hautes régions et des dangers auxquels l’habitant des Alpes est exposé.

Plusieurs fois déjà les avalanches ont détruit les établissements de bains. En 1518, tout fut rasé jusqu’à l’église et soixante et une personnes périrent (Bridel). La plus terrible catastrophe fut celle du 17 janvier 1719.

À 8 heures du soir une avalanche épouvantable fondit sur le village avec la rapidité de l’éclair. En un clin d’œil, plus de cinquante maisons furent rasées ; tous les bains, les hôtels, un grand nombre de granges et de greniers furent entièrement détruits. Cinquante-cinq personnes des deux sexes et de tout âge perdirent la vie. Les victimes furent retrouvées, les unes à demi-mortes, les autres entièrement écrasées sous les décombres ; d’autres, emportées par le vent à de grandes distances. Une grande quantité d’animaux domestiques périrent en même temps. De la place jusqu’à l’église, quatre maisons seulement restèrent debout. Tout le reste avait disparu.

Aussitôt que la catastrophe fut consommée, le tocsin réunit ce qui restait de cette malheureuse population. Près de l’église on trouva une femme morte, et, auprès d’elle, deux autres miraculeusement sauvées. Au moment de la chute de l’avalanche, la pression de l’air fut si grande, que quatre personnes furent emportées, avec la rapidité de l’éclair, jusque dans les prairies appelées marêches, à une distance considérable du village, où elles ne furent retrouvées que le troisième jour.

Les masses de neige amoncelées sur le village étaient d’une hauteur effrayante. En dix jours on retrouva toutes les victimes du désastre, à l’exception d’un enfant qui ne fut découvert qu’au printemps, après la fonte des neiges, dans les prairies au couchant du village. Il vint beaucoup de monde au secours des malheureux habitants de Loèche-les-Bains, pour aider à ces recherches. Des secours considérables, recueillis en Suisse, furent employés à reconstruire les bains et à élever des barrières capables de prévenir de semblables malheurs.

L’une d’elles, construite en 1826, se développe obliquement sur un espace de 270 mètres, et présente un plan incliné de 5 mètres de hauteur au courant de l’avalanche.

Depuis 1767, grâces à ces sages précautions, Loèche n’a pas eu de grands malheurs à déplorer et a continué à prendre de l’extension. En 1875 on a encore fait, sous la direction de Mr  l’ingénieur Jules Zen-Ruffinen, d’autres grands travaux au dessus du village pour empêcher le glissement de la neige et le village a été épargné depuis lors.

Le village, tel qu’il se présente aujourd’hui, a une population de 700 habitants, parlant la langue allemande. Il est séparé en deux parties par la Dala, torrent impétueux qui s’échappe du glacier du même nom, distant de dix kilomètres environ.

Les mois les plus convenables pour bénéficier des eaux de Loèche sont : mai, juin, juillet, août et septembre. Le premier et le dernier offrent cet avantage que des concessions de prix assez sensibles sont faites pour ces deux mois.

En certaines années, en 1875, par exemple, le mois de mai a été le plus beau de la saison, ainsi que les trois premières semaines de septembre. Août et septembre sont les mois des touristes, ce qui s’explique parce que, à cette époque, les sommités des Alpes sont rendues accessibles par la fonte des neiges et offrent aux minéralogistes et aux géologues une abondante moisson de trésors.

Les botanistes préfèrent les mois de juin et de juillet ; c’est peu après la fonte des neiges que la flore des Alpes s’épanouit dans toute sa beauté.

Une fanfare y existe depuis bien longtemps, qui joue une ou deux fois par jour sur les places publiques. Une chapelle anglaise est construite depuis 1884 où les Anglais et les Protestants tiennent chaque dimanche leur culte.

Les Catholiques ont leur église paroissiale.

Un Kursaal a été ouvert l’année passée pour offrir aux baigneurs et aux touristes un centre commun de distractions.

Les hôtels sont éclairés à la lumière électrique.

Une colonne météorologique, don de M. Iselin de Bâle, est érigée sur la grande place.