Les Cahiers du capitaine Coignet (Larchey)/Deuxième cahier

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Texte établi par Lorédan LarcheyHachette (p. 72-99).

DEUXIÈME CAHIER

Départ pour l’armée. — Ma vie militaire jusqu’à la bataille de Montebello.


Le 6 fructidor an VII, deux gendarmes se présentèrent pour me donner une feuille de route pour partir le 10 fructidor pour Fontainebleau. Je fis de suite mes préparatifs pour partir ; on voulait me faire remplacer ; je remerciai en pleurant : « Je vous promets que je reviendrai avec un fusil d’argent, ou je serai tué ! »

Mes adieux furent tristes ; je fus comblé d’égards par tout le monde, conduit un bout de chemin, et bien embrassé. Mon petit paquet sous le bras, je viens coucher à Rozoy, première étape militaire. Je fus chercher mon billet de logement que je présente à mon hôte qui ne fait pas attention à moi. Je sors et vais acheter un pot-au-feu, que le boucher me mit dans la main. Je fus blessé de voir cette viande dans le creux de ma main. Je la présente à ma bourgeoise pour qu’elle ait la complaisance de me la faire cuire et je vais lui chercher des légumes. On finit par mettre mon petit pot-au-feu ; j’eus alors les bonnes grâces de mes hôtes qui voulurent bien m’adresser la parole, mais je ne leur en tins aucun compte.

Le lendemain, j’arrive à Fontainebleau où des officiers peu ardents au service nous reçurent, et nous mirent dans une caserne en très mauvais état. Notre beau bataillon s’est formé dans la quinzaine ; il était de 1.800 hommes : comme il n’y avait pas de discipline, il se forma de suite une révolution, et la moitié s’en allèrent chez eux. Le chef de bataillon en fit son rapport à Paris, et il fut accordé quinze jours pour rejoindre le bataillon, sans quoi on serait porté déserteur et poursuivi comme tel.

Le général Lefèvre fut envoyé de suite pour nous organiser. On fit former les compagnies et tirer les grenadiers ; je fus du nombre de cette compagnie qui se montait à cent vingt hommes et nous fûmes habillés de suite. Nous reçûmes tout au grand complet, et de suite à l’exercice deux fois par jour !… Les retardataires furent ramenés par les gendarmes, et l’on nous mit à la raison.

Le dimanche c’était le décadi[1] pour tout le bataillon. Il fallait chanter la victoire, et les officiers brandissaient leurs sabres ; l’église en retentissait, et puis on criait : Vive la République ! tous les soirs, autour de l’arbre de la liberté, qui était dans la belle rue : il fallait chanter : Les aristocrates à la lanterne ! Comme c’était amusant !

Cette vie dura à peu près deux mois lorsque la nouvelle circula, dans les journaux, que le général Bonaparte était débarqué, qu’il venait à Paris, et que c’était un grand général. Nos officiers en devenaient fous, parce que le chef de bataillon le connaissait, et ce fut une joie dans le bataillon. On nous passait des revues de propreté ; on faisait porter et présenter les armes, croiser la baïonnette ; on voulait nous faire soldats dans deux mois. Nous en avions des durillons dans les mains à force de taper sur la crosse de nos fusils. Toute la journée sous les armes ! Nos officiers nous colletaient, ajustaient nos habillements ; ils se mettaient en quatre pour que rien n’y manquât.

Enfin, il nous arrive un courrier que Bonaparte passerait par Fontainebleau et qu’il devait passer la nuit. On nous mit sous les armes toute la journée, et rien ne venait. On ne voulait pas nous donner le temps de manger ; les boulangers et les traiteurs de la grande rue firent une bonne recette. Des vedettes furent placées dans la forêt ; à chaque instant on criait : Aux armes ! et tout le monde au balcon, mais en pure perte, car Bonaparte n’arriva qu’à minuit.

Dans la grande rue de Fontainebleau où il mit pied à terre, il fut enchanté de voir un si joli bataillon ; il fit venir les officiers autour de lui, et leur donna l’ordre de partir le lendemain pour Courbevoie. Il remonte dans sa voiture, et nous de crier « Vive Bonaparte ! », et de rentrer dans nos casernes faire nos sacs, faire lever les blanchisseuses, et payer partout.

Nous venons coucher à Corbeil ; nous y fûmes reçus en enfants du pays par tous les habitants, et le lendemain nous partîmes pour Courbevoie où nous trouvâmes une caserne dépourvue de tout le nécessaire ; même pas de paille pour nous coucher ! Nous fûmes obligés d’aller chercher les paisseaux dans les vignes pour nous chauffer et faire bouillir nos marmites.

Nous ne restâmes que trois jours et nous reçûmes l’ordre de partir pour l’École militaire, où l’on nous mit dans des chambres qui ne contenaient que des paillasses, et au moins cent hommes dans chaque chambre. Puis, on nous fit la distribution de trois paquets de cartouches (de quinze par paquet) ; et trois jours après, l’on nous fit partir pour Saint-Cloud où nous vîmes des canons partout, des cavaliers enveloppés dans leurs manteaux.

On nous dit que c’étaient des gros talons[2], que c’était la foudre quand ils chaînaient sur l’ennemi, qu’ils étaient couverts de fer. Tout cela n’était pas ; ils avaient seulement de vilains chapeaux à trois cornes et deux plaques de fer en croix sur la forme de leurs chapeaux. Ces hommes ressemblaient à de gros paysans, avec des chevaux gros, pesants à faire trembler la terre, et des sabres de quatre pieds. Voilà les hommes de notre grosse cavalerie qui furent plus tard nos beaux cuirassiers qui se nommèrent les gilets de fer. Enfin, ce régiment était à Saint-Cloud. Les grenadiers du Directoire et des Cinq-Cents dans la première cour formaient la haie ; une demi-brigade d’infanterie était près de la grande grille, et quatre compagnies de grenadiers, derrière la garde du Directoire.

On entend crier : « Vive Bonaparte ! » de tous les côtés, et il paraît. Les tambours battent aux champs : il passe devant le beau corps de grenadiers, salue tout le monde, nous fait mettre en bataille, et parle aux chefs. Il était à pied, il avait un petit chapeau et une petite épée ; il monte les degrés seul.

Tout à coup nous entendons des cris, et Bonaparte de sortir et de tirer sa petite épée, et de remonter avec un peloton de grenadiers de la garde. Et puis on crie encore plus fort ; les grenadiers étaient sur le perron et dans l’entrée. Et puis nous voyons de gros monsieurs[3] qui passaient par les croisées : les manteaux, les beaux bonnets et les plumes tombaient par terre ; les grenadiers arrachaient les galons de ces beaux manteaux[4].

Bonaparte rappelle son frère Lucien qui était le président, et lui dit de se placer dans le beau fauteuil, avec Cambacérès à sa droite et Lebrun à sa gauche. Et les voilà installés.

À trois heures, on nous donne l’ordre de partir pour Paris, mais les grenadiers ne partirent pas avec nous. Nous mourions de faim ; en arrivant on fit la distribution d’eau-de-vie. Les Parisiens nous serraient de tous les côtés pour savoir des nouvelles de Saint-Cloud ; nous ne pouvions pas passer dans les rues pour arriver au Luxembourg où l’on nous mit dans une chapelle, en entrant dans le jardin (il fallait monter des marches). Et puis à gauche, c’était une grande pièce voûtée que l’on nous dit être la sacristie, où l’on nous fit établir des grandes marmites pour quatre cents grenadiers. Devant le corps de bâtiment, il y avait de beaux tilleuls, mais cette belle place devant le palais, ce n’étaient que des masures démolies. Il n’existait dans ce beau jardin que les vieux marronniers qui y sont encore, et une sortie derrière, au bout de notre chapelle. C’était pitié de voir ce beau jardin avec des démolitions.

Voilà qu’il nous arrive un beau grenadier qui se présente avec le chef de bataillon qui fait prendre les armes pour recevoir M. Thomas (ou Thomé) pour lieutenant dans la 96e demi-brigade ; et là sur-le-champ, il nous dit : « C’est moi qui ai sauvé la vie avec mon camarade à Bonaparte. La première fois qu’il est entré dans la salle, deux ont foncé sur lui avec des poignards et c’est moi et mon camarade qui avons paré les coups. Et puis il est sorti ; ils lui criaient : hors la loi ! C’est là qu’il a tiré son épée et nous a fait croiser la baïonnette, et leur a crié : hors la salle ! en appelant son frère. Tous les pigeons battus se sont sauvés par les croisées, et nous avons été maîtres de la salle. »

Il nous dit encore que Joséphine lui avait donné une bague qui valait bien quinze mille francs, avec défense de la vendre, disant qu’elle pourvoirait à tous ses besoins.

Tout notre beau bataillon fut définitivement incorporé dans la 96e demi-brigade de ligne, vieux soldats à l’épreuve qui avaient des officiers distingués qui nous menaient ferme. Notre colonel se nommait M. Lepreux, natif de Paris, bon soldat et doux à ses officiers. Notre capitaine se nommait Merle, il possédait tous les talents militaires : sévère, juste, toujours avec ses grenadiers aux distributions, à l’exercice deux fois par jour, sévère pour la discipline ; il assistait aux repas ; il nous faisait apprendre à tirer des armes. Tout notre temps se trouvait employé ; dans trois mois, nos compagnies pouvaient manœuvrer devant le premier Consul.

Je devins très fort dans les armes ; j’étais souple, j’avais deux bons maîtres d’armes qui me poussèrent. Ils m’avaient tâté et ils avaient senti ma ceinture[5] ; ils me faisaient la cour. Je leur payais la goutte (il fallait cela à ces deux ivrognes). Je n’eus pas lieu de m’en plaindre, car, au bout de deux mois, ils me mirent à une forte épreuve ; ils me firent chercher une querelle, et je puis dire sans sujet : « Allons ! me dit ce crâne, prends ton sabre ! Et que je te tire une petite goutte de sang ! — Eh bien ! voyons, monsieur le faquin. — Prends un témoin. — Je n’en ai pas. » Et mon vieux maître, qui était du complot, me dit : « Veux-tu que je sois ton témoin ? — Je le veux bien, mon père Palbrois. — En route ! dit-il, pas tant de raisons ! »

Et nous voilà partis tous les quatre : nous ne fûmes pas loin dans le jardin du Luxembourg, il s’y trouvait de vieilles masures, et ils me mènent entre des vieux murs. Là, habit bas, je me mets en garde. « Eh bien ! attaque le premier, lui dis-je. — Non, me dit-il. : — Eh bien ! en garde ! »

Je fonce sur lui ; je ne lui donnais pas le temps de se reconnaître. Voilà mon maître qui se met en travers, le sabre à la main. Je le repoussais, disant : « Ôtez-vous, que je le tue ! — Allons ! c’est fini, embrassez-vous ! »

Et nous allons boire une bouteille. Je disais : « Et cette goutte de sang, il n’en veut donc plus ? » — C’est pour rire, me dit mon maître.

Je fus reconnu pour un bon grenadier. Je vis où ils voulaient en venir, c’était une épreuve pour me faire payer l’écot ; c’est ce que je fis de bonne grâce, et ils m’en tinrent bon compte. Le grenadier qui voulait me tuer le matin, fut le meilleur de mes amis, il eut tous les égards pour moi, il me rendait de petits services.

Mes deux maîtres me poussèrent ferme : quatre heures d’exercice, deux heures de salle d’armes, ce qui faisait six heures par jour. Cette vie dura trois mois, et je payais bien des gouttes à ces ivrognes. Heureusement que M. et Mme Potier avaient garni ma ceinture. Je m’en sentis longtemps.

Nous passâmes l’hiver à Paris. La revue du premier Consul eut lieu au mois de février aux Tuileries ; les trois demi-brigades (24e légère, 43e de ligne et 96e de ligne) formaient une division de quinze mille hommes, dont il donna le commandement au général Chambarlhac. Le premier Consul nous fit manœuvrer, passa dans les rangs et fut content ; il fit appeler les colonels et voulut voir les conscrits à part. On lui présenta la compagnie de grenadiers du bataillon de Seine-et-Marne ; il dit à notre capitaine Merle de nous faire manœuvrer devant lui ; il fut surpris : « Mais c’est des vieux que vous faites manœuvrer. — Non, lui dit le capitaine, c’est la compagnie du bataillon auxiliaire qui a été formé à Fontainebleau. — Je suis content de cette compagnie. Faites-la rentrer au bataillon. Tenez-vous prêts à partir. »

Nous reçûmes l’ordre de partir pour le camp de Dijon qui n’existait pas, car je ne l’ai pas vu. Nous partîmes toute la division ensemble pour Corbeil, où Chambarlhac nous fit camper dans les vignes de ce brave département de Seine-et-Marne qui avait fait tant de sacrifices pour notre bataillon ; tout le long de la route nous avons ainsi campé. D’Auxerre, il nous amène à Sainte-Nitasse ; les citoyens voulaient nous loger, ils nous amenaient des voitures de bois et de paille[6]. Tout cela fut inutile ; il fallut brûler leurs paisseaux et couper leurs peupliers. On nous appelait les brigands de Chambarlhac, cependant il ne couchait pas au bivouac avec ses soldats. Cette vie dura jusqu’à Dijon, où on nous logea chez le bourgeois ; nous y restâmes près de six semaines.

Le général Lannes forma son avant-garde, et il partit pour la Suisse ; nous ne partîmes que les derniers de Dijon pour Auxonne où nous logeâmes. Le lendemain à Dole où nous ne fûmes que coucher, et de là à Poligny. De là à Morez ; le lendemain nous fûmes coucher aux Rousses ; de là à Nyon où nous fîmes toute notre petite réunion dans une belle plaine. Nous passâmes la revue du premier Consul assisté de ses généraux dont Lannes faisait partie ; on nous fit manœuvrer et former des carrés. Le Consul nous tint toute la journée ; il nous fit défiler, et le lendemain nous partîmes pour Lausanne, une très jolie ville ; le Consul y coucha et nous fûmes bien reçus.

De ces côtés, on arrive sur une hauteur boisée qui domine toute l’étendue du pays, on découvre Genève à droite de l’autre côté du lac ; on aperçoit le rivage boisé à perte de vue qui longe ce lac majestueux bordé de rochers, avec une eau bleue, dans toute sa longueur. On prend à gauche le chemin qui longe cette belle côte, qui est cultivée en amphithéâtre, ce ne sont que des murs jusqu’au sommet qui sont garnis d’espaliers. Cette côte est une richesse pour tout le pays ; c’est un chef-d’œuvre de la nature. Dans tous les villages de la Suisse, pays de montagnes et de bois, il faut des guides pour conduire. C’est un bon peuple pour le soldat ; nous ne partions pas sans un bon morceau de jambon dans du papier ; on nous reconduisait sur notre route, car il y avait de quoi se perdre.

De Lausanne, après avoir tourné le lac de Genève, on remonte la vallée du Rhône, et on arrive à Saint-Maurice. De là nous partîmes pour Martigny (tous ces villages sont tout ce que l’on peut voir de plus malheureux) ; on prend une autre vallée que l’on peut dire la vallée de l’Enfer ; là, on quitte la vallée du Rhône pour prendre la vallée qui conduit au Saint-Bernard ; et l’on arrive au bourg de Saint-Pierre, situé au pied de la gorge du Saint-Bernard.

Ce village n’est composé que de baraques couvertes de planches, avec des granges d’une grandeur immense où nous couchâmes tous pêle-mêle. Là, on démonta tout notre petit parc, le Consul présent. L’on mit nos trois pièces de canon[7] dans une auge ; au bout de cette auge il y avait une grande mortaise pour conduire notre pièce gouvernée par un canonnier fort et intelligent qui commandait quarante grenadiers. Avec le silence le plus absolu, il faut lui obéir à tous les mouvements que sa pièce pourrait faire. S’il disait : Halte, il ne fallait pas bouger ; s’il disait : En avant, il fallait partir. Enfin il était le maître.

Tout fut prêt pour le lendemain matin au petit jour, et on nous fit la distribution de biscuits. Je les enfilai dans une corde pendue à mon cou (le chapelet me gênait beaucoup), et on nous donna deux paires de souliers. Le même soir, notre canonnier forma son attelage qui se montait de quarante grenadiers par pièce, vingt pour traîner la pièce (dix de chaque côté, tenant des bâtons en travers de la corde qui servait de prolonge), et les vingt autres portaient les fusils, les roues et le caisson de la pièce. Le Consul avait eu la précaution de faire réunir tous les montagnards pour ramasser toutes les pièces qui pourraient rester en arrière, leur promettant six francs par voyage et deux rations par jour. Par ce moyen, tout fut rassemblé au lieu du rendez-vous, et rien ne fut perdu.

Le matin, au point du jour, notre maître nous place tous les vingt à notre pièce : dix de chaque côté. Moi je me trouvais le premier devant, à droite ; c’était le côté le plus périlleux, car c’était le côté des précipices, et nous voilà partis avec nos trois pièces. Deux hommes portaient un essieu ; deux portaient une roue ; quatre portaient le dessus du caisson ; huit, le coffre ; huit autres, les fusils ; tout le monde était occupé, chacun à son poste.

Ce voyage fut des plus pénibles. De temps en temps, on disait : Halte ! ou En avant ! et personne ne disait mot. Tout cela n’était que pour rire, mais arrivé aux neiges, ça devient tout à fait sérieux. Le sentier était couvert de glace qui coupait nos souliers, et notre canonnier ne pouvait être maître de sa pièce qui glissait ; il fallait la remonter, il fallait le courage de cet homme pour y tenir. « Halte !… En avant !… » criait-il à chaque instant. Et tout le monde restait silencieux.

Nous fîmes une lieue dans ce pénible chemin ; il fallut nous donner un moment de répit pour mettre des souliers (les nôtres étaient en lambeaux) et casser un morceau de biscuit. Comme je détachais ma corde autour de mon cou pour en prendre un, ma corde m’échappe et tous mes biscuits dégringolent dans le précipice. Quelle douleur pour moi de me voir sans pain ! et mes quarante camarades de rire comme des fous ! « Allons, dit notre canonnier, il faut faire la quête pour mon cheval de devant qui entend à la parole[8] »

Cela fit rire tous mes camarades. « Allons, dirent-ils tous, il faut donner chacun un biscuit à notre cheval de devant. »

Et la gaîté reparaît en moi-même. Je les remerciai de tout mon cœur, et je me trouvais plus riche que mes camarades. Nous voilà partis bien chaussés de souliers neufs, « Allons, mes chevaux, dit notre canonnier, à vos postes, en avant ! Gagnons les neiges, nous serons mieux, nous n’aurons pas tant de peine. »

Nous atteignîmes ces horreurs de neiges perpétuelles, et nous étions mieux, notre canot glissait plus vite. Voilà que le général Chambarlhac passe et veut faire allonger le pas ; il va vers le canonnier et prend le ton de maître, mais il fut mal reçu.

« Ce n’est pas vous qui commandez ma pièce, dit le canonnier, c’est moi qui en suis responsable. Aussi, passez votre chemin ! Ces grenadiers ne vous appartiennent pas dans ce moment, c’est moi seul qui les commande. »

Il voulut venir vers le canonnier, mais celui-ci fit faire halte : « Si vous ne vous retirez pas devers ma pièce, dit-il, je vous assomme d’un coup de levier. Passez, ou je vous jette dans le précipice. »

Il fut contraint de passer son chemin, et nous arrivâmes avec des efforts inouïs au pied du couvent. À quatre cents pas, la montée est très rapide, et là nous vîmes que des troupes avaient passé devant nous ; le chemin était frayé ; pour gagner le couvent, on avait formé des marches. Nous déposâmes nos trois pièces et nous entrâmes quatre cents grenadiers, avec une partie de nos officiers, dans la maison de Dieu où ces hommes dévoués à l’humanité sont pour secourir tous les passagers et leur donner l’assistance. Leurs chiens sont toujours en faction pour guider les malheureux qui pourraient tomber dans les avalanches de neige et les reconduisent dans cette maison où l’on trouve tous les secours dus à l’humanité. Pendant que nos officiers et notre colonel étaient dans les salles avec de bons feux, nous reçûmes de ces hommes vénérables un seau de vin pour douze hommes, un quarteron de fromage de Gruyère et une livre de pain ; on nous mit dans des corridors très larges. Ces bons religieux nous firent tout ce qui dépendait d’eux, et je crois qu’ils furent bien traités. Pour notre compte, nous serrâmes les mains de ces bons pères en les quittant, et nous embrassions leurs chiens qui nous caressaient comme s’ils nous connaissaient. Je ne puis trouver d’expressions dans mon intelligence pour pouvoir exprimer toute la vénération que je porte à ces hommes.

Nos officiers décidèrent de prendre nos pièces pour les descendre et notre tâche fut terminée là. Notre brave capitaine Merle fut désigné pour conduire les trois compagnies. On passe sur le lac qui est au pied du couvent, où nous vîmes, en une place, que la glace était trouée. Le bon religieux qui nous fit faire le tour nous dit que c’était la première fois depuis quarante ans qu’il avait vu l’eau. Il serra la main de notre capitaine et nous salua tous. On redescend à pic ; en deux heures, on arrive à Saint-Rémy. Ce village est tout à fait dans des enfers de neige ; les maisons sont très basses et couvertes en laves très larges, nous y passâmes la nuit. Je me fourrai dans le fond d’une écurie où je trouvai de la paille, et je passai une bonne nuit avec une vingtaine de mes camarades ; nous n’eûmes pas froid. Le matin, rappel, et départ pour faire trois lieues plus loin. Enfin nous sortîmes de l’enfer pour descendre au paradis. « Ménagez vos biscuits, nous dit notre capitaine, nous ne sommes pas encore dans le Piémont. Nous avons de mauvais passages pour arriver en Italie. »

Nous arrivâmes au rendez-vous du rassemblement de tous les régiments, qui était une longue gorge et un village adossé à cette montagne. À droite, une pente rapide qui montait à un rocher très élevé. Dans cette plaine, tout notre matériel se réunit dans deux jours ; nos braves officiers arrivèrent sans bottes, n’ayant plus de drap aux manches de leur redingote ; ils faisaient pitié à voir.

Mais ce rendez-vous, c’était le bout du monde, il n’y avait pas de chemin pour passer. Le premier Consul arrive et fait de suite apporter des pièces de bois très fortes ; il se présente avec tous ses ingénieurs et fait faire un trou dans ce rocher qui était au bord d’un précipice. Cette roche était comme si on l’avait sciée[9]. Une première pièce de charpente est posée dans le trou. Il en fit mettre une autre en travers (ce fut le plus difficile à faire), et un homme au bout.

Lorsque la deuxième pièce fut posée, avec des poutres sur les deux premières, il ne fut plus difficile d’établir notre pont. On fit mettre des garde-fous du côté du précipice, et ce chef-d’œuvre fut terminé dans deux jours. Durant ce temps, tout notre matériel fut remonté et rien ne fut perdu.

De l’autre côté, on pouvait descendre facilement dans la vallée qui conduit au fort de Bard qui est entouré de rochers. Ce fort est imprenable : il ne peut être battu en brèche ; ce n’est qu’un roc et des rochers tout autour qui le dominent et que l’on ne peut franchir. Là, le Consul prit bien des prises de tabac, et eut fort à faire avec tout son grand génie. Ses ingénieurs se mirent à l’œuvre pour passer à portée des canons. Ils découvrirent un sentier dans des murgers[10] de pierres, qui avaient plus de deux cents toises de long, et il le fit aplanir. Ce sentier arrivait vers le pied d’une montagne, il fit fabriquer un sentier dans le flanc de cette montagne à coup de masse de fer pour pouvoir faire passer un cheval, mais ce n’était pas le plus difficile à faire. Le matériel était là, dans un petit enfoncement à l’abri du fort, mais il ne pouvait monter le sentier, il fallait le passer près du fort. Et voilà qu’il prend toutes ses mesures ; il commence par placer deux pièces sur la route en face du fort, et fait tirer dessus. Il fallut les retirer de suite, car un boulet entra dans une de nos pièces. Il envoya un parlementaire pour sommer le chef du fort de se rendre, mais la réponse ne fut pas en notre faveur ; il fallut agir de finesse. Il choisit des bons tirailleurs et leur donna des vivres et des cartouches, les plaça dans des fentes, et leur fit faire des niches dans des roches qui dominaient le fort. Leur feu tombait sur le dos des soldats ; ils ne pouvaient faire aucun mouvement dans leur cour. Le même jour, il découvrit à gauche du fort une roche plate très large. Il en fit de suite faire la reconnaissance pour y monter deux pièces. Les hommes, les cordages, tout fut mis à l’œuvre, et les deux pièces placées sur cette plate-forme qui dominait de plus de cent pieds le fort. Elles le foudroyaient à mitraille, et ils ne pouvaient sortir dans le jour de leurs casemates ; mais il restait nos pièces et nos caissons qu’il fallait passer.

Dès que Bonaparte apprit que les chevaux du train étaient passés, il fit ses préparatifs pour faire passer son artillerie sous les murs du fort ; il fit empailler les roues et tout ce qui pouvait faire du bruit, et jusqu’à nos souliers pour ne pas éveiller l’attention. Tout fut prêt à minuit. Les canonniers de notre demi-brigade demandèrent des grenadiers pour le passage de leur artillerie, et l’on nomma les vingt hommes qui avaient monté le mont Saint-Bernard, et ça leur fut accordé. Je fus du nombre avec le même canonnier qu’au passage du Saint-Bernard, il me mit à la tête de la première pièce, et tout le monde à son poste. Nous eûmes le signal du départ ; il ne fallait pas souffler. Nous passâmes sans être aperçus.

Arrivés de l’autre côté, ou tourne à gauche tout court ; en longeant le chemin de quarante pas, on se trouve garanti par le rocher qui tend la tête sur le chemin et qui masque le fort. Nous trouvâmes les chevaux tout prêts ; ils furent de suite attelés et partis. Nous revînmes par le même chemin sur la pointe du pied, à la queue au loup[11], mais ils nous entendirent et nous lancèrent des grenades par-dessus le rempart. Comme elles tombaient de l’autre côté du chemin, nous ne fûmes pas atteints, personne ; nous en fûmes quittes pour la peur, et nous revînmes prendre nos fusils. On fit là une faute ; il fallait mettre nos fusils sur les caissons, et nous faire continuer notre chemin ; on nous a exposés, mais on ne pense pas à tout.

En arrivant de notre pénible corvée, le colonel nous fit compliment de notre bon succès. « Je vous croyais perdus, mes braves. » Notre capitaine nous fit former le cercle autour de lui, et nous dit : « Mes grenadiers, vous venez de remplir une belle mission. C’est une bonne épreuve pour la compagnie ! » Il nous serra la main à tous, et me dit : « Je suis content de votre premier début, je vous noterai. » Et il me serra fortement le bras, en répétant : « Je suis content ! »

Et nous de répondre : « Capitaine, nous vous aimons tous. — Ah ! c’est bien, grenadiers, je m’en rappellerai, je vous remercie. »

Nous remontâmes ce sentier si rapide, et arrivés au sommet de cette montagne, on découvre les belles plaines du Piémont. La descente est praticable, et nous nous trouvâmes descendus dans le paradis, à marches forcées jusqu’à Turin, où les habitants furent surpris de voir arriver une armée avec son artillerie.

C’est la ville la mieux bâtie de l’Europe ; elle est bâtie sur un même modèle, toutes les maisons sont pareilles, avec des ruisseaux d’une eau limpide ; toutes les rues sont droites, des rues magnifiques. Nous partîmes le lendemain pour Milan ; nous n’eûmes point de séjour ; la marche fut forcée. Nous fîmes notre entrée dans la belle ville de Milan où tout le peuple formait la haie pour nous voir. Ce peuple est magnifique. La rue qui va à la porte de Rome est tout ce que l’on peut voir de plus beau. En sortant de cette porte à droite, nous trouvâmes un camp tout formé et les baraques toutes faites ; nous vîmes qu’il y avait une armée devant nous. On nous fit former les faisceaux, on commande des hommes de corvée pour aller aux vivres et je fus du nombre ; personne ne pouvait rentrer en ville. Je me détachai durant la distribution pour voir la cathédrale ; l’œil ne peut voir rien de pareil, tout n’est que colonnes en marbre blanc. Je revins porter mon sac de pain et on nous fît une bonne distribution.

Nous partîmes le lendemain matin et nous prîmes à droite pour descendre sur le Pô qui est un fleuve très profond. Là, nous trouvâmes un pont volant qui pouvait contenir cinq cents hommes, et, au moyen d’une grosse corde qui traversait le fleuve, on parvenait de l’autre côté en tirant la corde. Cela demanda beaucoup de temps, surtout pour notre artillerie. Nous arrivâmes fort tard sur des hauteurs toutes ravagées où nous couchâmes. On fit partir notre division pour Plaisance, une superbe ville. Le général Lannes battait les Autrichiens et les rabattait sur le Pô, et nous de nous porter sur tous les points sans nous battre. On nous faisait marcher de tous les côtés au secours des divisions d’avant-garde, et nous ne brûlâmes pas une cartouche. Ce n’étaient que des manœuvres.

Nous redescendîmes sur le Pô. Là, les Autrichiens s’emparèrent des hauteurs avant d’arriver à Montebello. Leur artillerie ravageait toutes nos troupes qui montaient, et il fallut faire marcher la 24e et la 43e demi-brigade pour être maître de ces positions. Enfin le général Lannes les renversa sur Montebello et les poursuivit jusqu’à la nuit. Le lendemain, il leur souhaitait le bonjour, et notre demi-brigade occupa les hauteurs qui coûtèrent tant de peine à prendre, vu qu’ils étaient le double de nous. Nous partîmes le matin pour suivre le mouvement de cette grosse avant-garde, et on nous plaça à une demi-lieue en arrière de Montebello, dans une belle plantation de mûriers, dans une allée très large. On nous fit former les faisceaux par bataillon.

Nous étions à nous régaler de mûres (les arbres en étaient chargés), lorsque sur les onze heures nous entendîmes la canonnade. Nous la croyions très loin. Pas du tout ! Elle se rapprochait de nous. Il arrive un aide de camp pour nous faire avancer le plus vite possible. Le général était forcé de tous les côtés. « Aux armes ! dit notre colonel, allons, mon brave régiment ! c’est notre tour aujourd’hui de nous signaler ! » Et nous de crier : « Vive notre colonel, vivent nos bons officiers ! »

Notre capitaine, avec ses cent soixante quatorze grenadiers, dit : « Je réponds de ma compagnie. Je serai le premier à la tête. »

On nous met par sections sur la route, on nous fait charger nos armes en marchant, et c’est là que je mis ma première cartouche dans mon fusil. Je fis le signe de la croix avec ma cartouche et elle me porta bonheur.

Nous arrivons à l’entrée du village de Montebello où nous voyons beaucoup de blessés, et voilà la charge qui bat…

Je me trouvai à la première section, au troisième rang, par mon rang de taille. En sortant du village une pièce de canon fit feu à mitraille sur nous et ne fit de mal à personne. Je baissai la tête à ce coup de canon. Mais mon sergent-major me donne un coup de sabre sur mon sac : « On ne baisse pas la tête ! me dit-il. — Non ! lui répondis-je. »

Le coup parti de cette pièce, le capitaine Merle crie pour prévenir le second coup : « À droite et à gauche dans les fossés ! »

Comme je n’avais pas entendu le commandement de mon capitaine, je me trouvais tout à fait à découvert. Je cours sur la pièce, je dépasse nos tambours et tombe sur les canonniers. Comme ils finissaient de charger, ils ne me virent pas ; je les passai à la baïonnette tous les cinq. Et moi de sauter sur la pièce, et mon capitaine de m’embrasser en passant ! Il me dit de garder ma pièce, ce que je fis, et nos bataillons se jetèrent sur l’ennemi. C’était un carnage à la baïonnette, avec des feux de peloton ; les hommes de notre demi-brigade étaient devenus des lions.

Je ne restai pas longtemps. Le général Berthier vint au galop et me dit : « Que fais-tu là ? — Mon général, vous voyez mon ouvrage. C’est à moi cette pièce, je l’ai prise tout seul. — Veux-tu du pain ? — Oui, mon général. »

Il parlait du nez et dit à son piqueur : «  Donne-lui du pain. » Puis, il tire un petit calepin vert et me demande comment je m’appelle : « Jean-Roch Coignet. — Ta demi-brigade ? — Quatre-vingt-seizième. — Ton bataillon ? — Premier. — La compagnie ? — Première. — Ton capitaine ? — Merle. — Tu diras à ton capitaine qu’il t’amène à dix heures près du Consul. Va le trouver, laisse là ta pièce ! »

Et il part au galop. Moi, bien content, je pars à toutes jambes rejoindre ma compagnie qui avait pris dans un chemin à droite. Ce chemin était creux, bordé de haies et encombré de grenadiers autrichiens. Nos grenadiers les attaquaient à la baïonnette, ils étaient dans un désordre complet, sur tous les points. Je me présente à mon capitaine, et lui dis qu’on m’avait mis en écrit : « C’est bien, dit-il. Passons par ce trou pour gagner le devant de la compagnie ; ils pourraient être coupés, ils vont trop vite. Suivez-moi ! »

Je passe par le même trou ; à deux cents pas, de l’autre côté du chemin, il se trouvait un gros poirier sauvage, et derrière, un grenadier hongrois qui attendait que mon capitaine fût en face de lui pour l’ajuster. Mais comme il le vit, il me cria : « A vous, grenadier ! »

Comme j’étais en arrière, je le mets en joue à dix pas ; il tombe roide mort, et mon capitaine de m’embrasser : « Ne me quittez pas de la journée, dit-il, vous m’avez sauvé la vie ! » Et nous voilà à courir pour gagner le devant de la compagnie qui était trop avancée.

Voilà un sergent qui passe de l’autre côté comme nous ; il est enveloppé par trois grenadiers. Moi de courir pour le délivrer : ils le tenaient et me disaient de me rendre. Je leur tends mon fusil de la main gauche et je lui fais faire bascule de la main droite, en plongeant ma baïonnette dans le ventre d’un, et ainsi de suite à son camarade ; le troisième fut jeté par terre par le sergent qui le prit par le haut de la tête et le mit sous ses pieds. Le capitaine finit la besogne.

Le sergent reprit sa ceinture et sa montre, et les dépouilla à son tour. Nous le laissâmes se remettre et se rhabiller, nous courûmes pour gagner le devant de la compagnie qui débouchait dans une grande prairie où le capitaine prit la tête pour la réunir au bataillon qui marchait toujours au pas de charge.

Nous étions embarrassés de trois cents prisonniers qui s’étaient rendus dans le chemin creux ; on les remit à des hussards de la mort qui avaient échappé, car ils avaient été massacrés le matin ; il n’en restait pas deux cents de mille. On faisait des prisonniers ; on ne savait qu’en faire, personne ne voulait les conduire et ils s’en allaient tout seuls. C’était une déroute complète. Ils ne faisaient plus feu sur nous ; ils se sauvaient comme des lapins, surtout la cavalerie, qui avait mis l’épouvante dans toute leur infanterie… Le Consul arriva pour voir la bataille gagnée et le général Lannes couvert de sang (il faisait peur), car il était partout au milieu du feu, et c’est lui qui fit la dernière charge. Si nous avions eu deux régiments de cavalerie, toute leur infanterie était prise.

Le soir, le capitaine me prit par le bras, me présente au colonel, et lui dit ce que j’avais fait dans ma journée. Il répond : « Mais, capitaine, je n’en savais rien du tout. »

Il vient me serrer la main et dit : « Il faut le noter. — Le général Berthier veut le présenter au Consul à dix heures ce soir, dit mon capitaine ; je le mène. — Ah ! c’est bien, mon grenadier. »

En arrivant près de Berthier, mon capitaine lui dit : « Voilà mon grenadier qui a pris la pièce, puis il m’a sauvé la vie et a délivré mon premier sergent ; il a tué trois grenadiers hongrois. — Je vais le présenter au Consul. »

Le général Berthier et mon capitaine vont près du Consul, et lui parlent un peu de temps. On me fait approcher. Le Consul vint et me prit par l’oreille. Je croyais que c’était pour me gronder. Pas du tout ! c’était de l’amitié. Me tenant l’oreille, il dit : « Combien as-tu de services ? — C’est le premier jour que je vais au feu. — Ah ! c’est bien débuté. Berthier, lui dit-il, marque-lui un fusil d’honneur. Tu es trop jeune pour être dans ma garde ; il faut quatre campagnes. Berthier, marque-le de suite et porte-le dans le portefeuille des notes… Va, me dit-il, tu viendras dans ma garde. »

Et mon capitaine me prit, et nous vînmes bras dessus, bras dessous, comme si j’étais son égal. « Savez-vous écrire, me dit-il ? — Non, mon capitaine. — Oh ! que c’est fâcheux pour vous ; votre carrière serait ouverte. Mais c’est égal ; vous serez bien noté. — Je vous remercie, mon capitaine. »

Tous les officiers me serrèrent la main, et le brave sergent que j’avais délivré vint m’embrasser devant toute la compagnie qui me fit compliment. Comme j’étais heureux !

Ainsi finit la bataille de Montebello.

  1. Le décadi remplaçait le dimanche comme jour consacré au repos ; mais il n’arrivait que tous les dix jour ». Chanter la victoire veut dire ici chanter le chant du départ qui commence par ces mot : « La victoire en chantant…, etc.
  2. Des cuirassiers, ainsi appelés à cause de leurs bottes fortes. On les appela esuite gilets de fer, à cause de leurs cuirasses.
  3. Les gros monsieurs étaient les représentants de la nation.
  4. Le manteau et la toque à plume faisaient alors partie de la tenue parlementaire.
  5. L’argent se plaçait sur les hanches et sous la chemise, dans une ceinture de cuir.
  6. Pour se chauffer et coucher au bivouac.
  7. Chaque demi-brigade avait alors son artillerie.
  8. C’est-à-dire qui comprend bien le commandement.
  9. Cette roche était à pic, aussi droite que si elle était sciée.
  10. Amoncellements de pierres. (Expression usitée dans l’est de la France.)
  11. Un à un, en se tenant l’un à l’autre par le pan de l’habit.