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Les Callipyges/Tome 2/Chap. 7

La bibliothèque libre.
(Émile Desjardins)
Au dépens de la Compagnie (p. 108-121).

CONFÉRENCE ANECDOTIQUE.
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FIVE O’CLOCK
chez
Lady FAIRBOTTOM.

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Lady LOVEBIRCH.

J’arrive ce matin de chez mon amie lady R., mariée depuis quelques mois à un Lord du comté voisin, chez qui je viens de passer ces deux jours. Comme son goût pour la verge m’est connu depuis longtemps, j’espérais bien avoir l’occasion, pendant mon séjour, d’assister à quelque aimable séance de discipline, et comme mon amie est une fantaisiste, j’étais persuadée qu’elle me conviait pour me faire assister à quelque pratique originale de flagellation.

Hier, en effet, elle m’offrit un vrai régal de gourmet. Elle avait condamné au fouet une de ses femmes de chambre, qui s’était mise plusieurs fois dans le cas de se faire corriger pour des négligences répétées dans son service.

— Ma chère, me dit mon amie, tu sais que ma distraction favorite est de corriger moi-même les délinquantes de ma maison. J’ai ici tout un arsenal d’instruments de torture, et depuis la main jusqu’à la cravache, en passant par les intermédiaires, je châtie mon personnel féminin selon les fautes commises et suivant ma fantaisie. On n’a peut-être jamais eu l’idée du fouet par la pendaison. Ne t’effraie pas au premier mot ; toutes mes pendues se portent à merveille, Dieu merci. D’ailleurs, tu vas pouvoir te rendre compte que ma machine à pendre, qui est de mon invention, n’est pas aussi dangereuse que celle qui fait passer les criminels de vie à trépas. Nous allons passer dans la chambre du fouet, pour y attendre Catherine, la fille de chambre condamnée à la pendaison ; je te montrerai en détail la jolie potence qui me sert pour cette bizarre manière de fouetter.

Je suis mon amie dans la chambre de la discipline. Je vois bien réunis sur une table les divers instruments de supplice : martinets, verges, nerfs de bœuf, cravaches et fouets de diverses dimensions, à long manche, à manche court, divers meubles pour recevoir les coupables, mais je n’aperçois pas la moindre potence.

Lady R. va dans un coin de l’appartement, détache un câble, qui vient se balancer au milieu de la chambre, à un mètre du parquet ; au moyen d’un cric, muni de crans d’arrêt, on descend le câble qui s’enroule autour d’une poulie, fixée au plafond. Le câble qui pend est muni à l’extrémité de courroies.

— Dans ces deux courroies jumelles, garnies de coussinets, on passe les bras de la patiente jusqu’aux aisselles, qui reposent sur les coussinets rembourrés ; cette large courroie fait le tour du haut du corps, et se boucle par derrière. Quand la patiente est ainsi retenue sous les aisselles et par le haut du corps, on la hisse à la hauteur qu’on veut avoir le postérieur coupable, pour la main, les verges, la cravache et autres instruments de même dimension, ou pour le fouet de meunier ou de cocher, reposant sur le col, à un pied, à deux pieds, et le plus haut possible pour le fouet de cocher, de façon à atteindre avec le bout de la mèche la pointe des fesses.

La patiente peut supporter une longue correction, quand on sait ménager l’objet torturé ; les coussinets, moelleusement rembourrés, soutiennent douillettement les aisselles ; d’ailleurs, rien n’empêche de descendre la pendue pour la laisser se reposer un moment sur les pieds ; on peut en profiter pour lui caresser les fesses avec la main, ou lui donner la verge, ce qui lui fait faire des mouvements fort drôles, soit qu’elle cherche à fuir les cinglées, soit que celles-ci la poussent en avant.

Quand tu auras vu la jolie danse des pendues, tu n’auras pas de cesse que tu n’aies fait installer chez toi une potence de ce genre, qui est le comble de la discipline fantaisiste. Je n’ai pas encore pu réaliser le projet d’un voluptueux divertissement, pour lequel il faudrait être trois. Je ne veux pas mettre une de mes femmes en tiers dans nos jeux, ni mon mari dans le secret, et il faudrait cependant un homme ou une femme pour tenir ce troisième rôle.

— Qu’à cela ne tienne ; j’ai amené avec moi une fort jolie femme de chambre, la blonde Margaret, qui m’est dévouée à la vie et à la mort, et qui a aujourd’hui des talents inappréciables, grâce aux leçons que je lui ai données. Tu verras que j’ai parfaitement réussi à son éducation. Il vaudrait peut-être mieux qu’elle assistât à l’opération de la pendaison, pour qu’elle fût au courant quand nous aurons besoin de ses services, et d’ailleurs, ce joli spectacle la mettra en train.

— Je vais la faire monter.

Lady R. pousse un bouton ; une soubrette paraît, elle lui donne l’ordre de faire monter tout de suite Catherine et Margaret. Bientôt, les deux jeunes femmes de chambre font leur entrée. Vous connaissez Margaret ; voici en deux mots le portrait de Catherine. — Catherine est une fort belle fille de vingt-quatre ans, brune, piquante, à la peau fine et blanche, avec une opulente chevelure noire, solidement bâtie, et garnie de plantureuses saillies. Bien qu’elle connaisse le sort qui l’attend, elle rougit jusqu’au blanc des yeux, et reste interdite et tremblante quand elle m’aperçoit.

— Catherine, vous allez vous déshabiller, comme c’est convenu ; si vous ne voulez pas que je fasse monter le jardinier, qui remplira volontiers l’office de femme de chambre.

Catherine, effrayée par la menace de sa maîtresse, se déshabille en tremblant, quittant ses vêtements l’un après l’autre ; les dessous, sans être du dernier luxe, sont fort élégants, comme chez toutes les servantes de cette maison bien tenue ; le pantalon et la chemise cachent toujours les opulentes rotondités. Après une courte hésitation, elle descend son pantalon, et reste en chemise, la toile repoussée par la gorge en arrêt, se cambre fièrement dans le haut et exhibe au bas des reins un superbe rebondissement. Sur un signe de sa maîtresse, elle dénoue les cordons de sa chemise, retire les bras, les allonge le long du corps, et laisse glisser le dernier voile, qui, après un arrêt aux reliefs, glisse jusqu’aux pieds, laissant la belle fille toute nue, frissonnant de la tête aux pieds, avec sa belle carnation blanche, couverte au bas du ventre d’une véritable forêt de cheveux noirs.

Elle sort du milieu des voiles enroulés autour de ses pieds, et s’avance d’un air peu rassuré, les paupières baissées, vers la potence qui l’attend. Lady R. lui passe les bras dans les courroies garnies de coussinets, les faisant glisser jusque sous l’aisselle, et lui enserre le haut du corps au-dessus de la gorge, dans la grande courroie, qu’elle boucle par derrière. Quand la patiente est solidement attachée, la maîtresse remonte le cric de plusieurs crans ; la corde se tend, le corps s’enlève, les pieds perdent terre, et le corps blanc de la belle fille nue reste suspendu entre ciel et terre, à trois pieds du sol, balancé par l’agitation de la corde.

Le gros postérieur, aux lis immaculés, est trop haut pour la main ou pour les verges. Lady R. va prendre le fouet à long manche et s’avance. Elle mesure la distance de l’œil, et comme un postillon qui fait voler le poil de la bête, du bout de la mèche elle fait claquer le fouet, atteignant la cime de la fesse gauche, où apparaît, en même temps qu’on entend le clic sonore, un petit rond qui se colore d’un vif incarnat sous la vive piqûre, qui arrache un cri perçant à la victime ; un clac sur la fesse droite rougit la pointe du globe, arrachant un autre cri. Clic, clac, le fouet claque, la mèche pétille sur le sommet des chairs, les cris redoublent, la patiente gigote dans les airs, et bientôt, sur les deux fesses, le satin est pointillé en rouge vif, avec des espaces blancs, qui séparent la place des piquants baisers. La cuisson doit être terrible, car à chaque pet de la mèche, toute la peau du derrière se ride comme la surface d’un lac, agitée par le vent, et un cri déchirant accompagne chaque cliquetis.

Lady R. me passe le fouet ; j’essaie de le faire claquer, mais j’ai besoin d’un apprentissage, car bien que je vise les fesses, j’atteins la surface interne des cuisses, que le bout de la mèche pique de taches rouges, augmentant la douleur et les lamentations de la patiente. Margaret lui allonge à son tour quelques coups de fouet ; une cinglée, qui l’atteint entre les cuisses, fait voler le poil, tandis que Catherine hurle comme une écorchée.

Lady R. va au cric et descend la victime, jusqu’à ce que la pointe des pieds repose à terre. Aussitôt elle se poste devant la mappemonde pointillée, et, d’une main leste et sévère, elle claque le beau cul à deux tons, mettant des roses sur les lis encore intacts ; les ronds s’étendant et se rejoignant, et le postérieur est tout rouge quand elle me cède la place, que j’occupe avec plaisir ; pendant deux minutes je caresse le beau satin, accentuant la fessée avant de la terminer. Les gifles sonores retentissent sur les chairs pleines et dures, imprimant une impulsion au corps, qui se balance, poussé en avant par les claques et revenant tout seul, ramené par la corde. Margaret, elle aussi, est admise à pratiquer la fessée ; elle s’en acquitte à merveille, les yeux dilatés par le plaisir qu’elle prend à tâter cette belle viande rose et brûlante.

Lady R. va donner un tour au cric, et quand la pendue est à un pied du sol, sa maîtresse, armée d’une longue verge, s’installe devant la croupe rougie, et se met à appliquer de vigoureuses cinglées en travers des globes rebondis, qu’elle sillonne de haut en bas de raies livides, soulevant des cloques sur la peau ; la victime gigote violemment, agitant ses jambes dans l’espace ; de temps en temps les pointes viennent la piquer sur les tendres bords fourrés, arrachant à la pendue des hurlements déchirants. Quand elle la laisse, pas une goutte de sang ne perle à la surface, grâce à l’habileté de la flagellante, qui a parcouru tout le vaste champ des opérations, sans repasser sur le sillon déjà tracé.

Elle me met le martinet entre les mains, en me recommandant les cuisses. Je dirige les lanières de façon à atteindre la chair vive et tendre, et après quelques cinglées, adroitement dirigées sur la grotte énamourée, j’ai le plaisir de voir la victime se tordre, sans pousser un cri, par les plus douces sensations. Margaret, qui manie les lanières à son tour, caresse les alentours touffus de la fente, et nous voyons aussitôt des pleurs d’amour luire dans les poils qui l’entourent.

On descend la pendue, qui reprend ses habits, et qui profite de la permission qu’on lui donne d’aller soigner son postérieur meurtri.

En un clin d’œil nous sommes toutes nues, pressées d’éprouver de douces émotions ; Margaret, qui devine qu’on va s’amuser, nous a imitées, et quand nous sommes dans la tenue d’Ève au paradis terrestre, lady R. me mène vers la potence, m’attache aux courroies, et va tourner le cric, qui m’enlève à deux pieds de terre. Elle indique son rôle à Margaret, qui s’installe devant moi, le nez dans la toison, la bouche juste sur ma fente. Lady R. prend les verges et vient me stimuler par derrière. Margaret me prend par les cuisses, pour retenir l’embouchure sur ses lèvres, car chaque coup de verge me pousse en avant, et mon corps se détache de sa bouche en se retirant. Ainsi collée à moi, elle suit tous les mouvements que m’impriment les cinglées, et en moins de temps que je n’en mets à le raconter, je goûte les plus douces joies.

Je demande qu’on continue. Margaret, qui tient toujours les humides bords embrassés sous les lèvres, poursuit sa suave besogne par devant, et mon amie continue à me communiquer par derrière le précieux stimulant, réchauffant mon postérieur par les cinglées méthodiquement appliquées, dont quelques-unes plus sévères me font sauter, mais déjà je me sens doucement remuée, et j’inonde pour la seconde fois les lèvres de l’aimable tribade.

Dès que je suis dépendue, lady B. se fait attacher aux courroies, et je l’enlève à deux pieds du parquet. Je viens ensuite tenir devant son amour de grotte, le rôle que Margaret vient de tenir si brillamment devant moi. La soubrette chargée d’allumer le feu dans le cul de la pendue, n’avait pas appliqué dix fois la verge, quand je sentis couler sur mes lèvres les preuves brûlantes de la félicité de mon amie. Sans un instant de répit, je recommence la douce fête. Margaret augmente l’ardeur dans le postérieur par des cinglées retentissantes, qui ébranlent la pendue, si bien et si habilement, que je sens bientôt pleurer pour la seconde fois le bienheureux bouton sous le velours qui l’émeut.

Margaret, suspendue dans les airs, offre à mes coups son opulent reposoir, et son ravissant minet aux caresses de lady R., l’une et l’autre, mon amie par devant, moi par derrière, nous nous escrimons à lui faire goûter un délicieux plaisir, qui vient bientôt la ravir. Au second voyage, excitée par les plaisantes mines du gros postérieur, qui se tord en bonds désordonnés, j’accentue la sévérité, cinglant les globes en travers, les marquant de sillons rouges. Margaret se tortille pour la seconde fois voluptueusement, payant un nouveau tribut au double stimulant.

Dès que la soubrette est détachée, sans prendre un instant de repos, nous recommençons le ravissant exercice, trouvant un grand charme à cette façon originale de se caresser. On prétend que les pendus par le cou, éprouvent une délicieuse sensation au moment où on les lance dans le vide ; je préfère le système de lady R., qui est fort agréable, sans être dangereux, on ne s’étrangle pas par les aisselles.

Pour ma part, indépendamment du charme qu’il y a à se caresser ainsi, cette manière bizarre d’appliquer la discipline aux délinquantes, semble extrêmement piquante. Le fouet de cocher, dont la mèche pique les fesses, en claquant dessus, m’a paru un exercice digne d’une artiste flagellation. Aussi on prend les mesures chez moi pour installer au plus tôt une potence du genre de celle que j’ai expérimentée hier, chez mon amie lady R., et je me propose de me passer de temps en temps la fantaisie de voir gigoter une pendue dans l’espace.

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Demain vendredi, conférence expérimentale chez Mrs. Whipping.


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