Les Callipyges/Tome 2/Chap. 9

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(Émile Desjardins)
Au dépens de la Compagnie (p. 139-152).

CONFÉRENCE ANECDOTIQUE.
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FIVE O’CLOCK
chez
Lady LOVEBIRCH.

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Lady FAIRBOTTOM.

Un de mes cousins, lord G. a épousé, il y a six mois, la fille d’un boyard russe, fort jolie, mais se ressentant des frimas de son pays, dont elle a gardé la froideur proverbiale. Dans les premiers jours de leur mariage, lord G. attribuait cette froideur à la pudeur exagérée de la blonde vierge slave, et aussi à sa candeur incomparable, le moindre mot la faisait rougir en effet ; c’étaient des shockings pudiques à chaque instant. Lord G. qui est un homme dans toute la force de la jeunesse, ne négligeait rien pour réveiller les sens endormis de la jeune femme ; mais quoi qu’il fît, elle le subissait en épouse soumise, sans jamais participer à la félicité de l’époux, restant invariablement au-dessous de zéro.

Quinze jours après la consommation du mariage, lord G. me confiait ses ennuis. D’abord, je me moquai un peu de son insuccès auprès d’un jeune cœur vierge, lui, le roué, qui ne comptait plus ses conquêtes dans tout le monde. Quand je fus assurée que la glace était inhérente au tempérament de la Slave, je pris sur moi de donner un conseil à l’époux, assurée qu’il s’en trouverait bien, s’il osait, et s’il pouvait le mettre en pratique.

Je savais que jadis les femmes russes faisaient ample provision de verges, qu’elles mettaient au chevet du lit conjugal, pour que l’époux pût être en mesure de ranimer leur ardeur trop souvent éteinte ; qu’elles considéraient même, comme peu attachés à elles, les maris qui ne les fouettaient pas. Je fis part de mes connaissances à lord G., qui prit d’abord la chose en plaisanterie ; mais, devant mon insistance, que j’assaisonnai de nombreux exemples, pris dans les auteurs russes, (je ne voulus pas lui parler de mon expérience), il finit par se convaincre que je pouvais être dans le vrai.

Mais, comment arriver à mettre la chose en pratique ? Comment décider la jeune épouse à recevoir le fouet. Je décidai mon cousin à me confier sa moitié, l’assurant que je saurais bien l’amener à essayer du stimulant que je lui présenterais. Le mari consent, mais à la condition qu’il assistera caché aux opérations, et que si le succès ne répond pas à mon attente, il ne veut paraître en rien dans l’affaire.

Le lendemain, il m’amenait son épouse, qu’il laissa chez moi, pendant qu’il allait à des visites d’affaires. En réalité, dès qu’il nous eut quittées, il va se cacher dans l’alcôve qui donne, par une porte vitrée, dans mon laboratoire de discipline.

Pendant que nous causions de choses indifférentes, ma charmante cousine et moi, on vient m’annoncer, comme par hasard, que la femme de chambre, condamnée à recevoir les verges venait d’être conduite dans la chambre du fouet, si je voulais présider moi-même à l’opération, ou si j’ordonnais que ma gouvernante se chargeât d’appliquer la correction.

— Mais, au fait, dis-je à lady G., vous n’avez peut-être pas encore eu à châtier une délinquante chez vous. Si vous voulez voir comment ça se pratique, pour pouvoir, le cas échéant, en faire autant dans votre maison, suivez-moi, vous prendrez une leçon.

Après quelque hésitation, lady G. se décide à m’accompagner, et deux minutes plus tard nous entrions dans le sanctuaire.

Marie, la coupable condamnée au fouet, est une superbe fille brune, venue de France, au teint mat, aux joues pleines et rondes, avec des reliefs rebondis aux bons endroits. Elle paraît surprise de me voir avec une étrangère, et le calme apparent qu’elle montrait, se change soudain en une confusion subite, qui empourpre sa figure et ses oreilles.

— Marie, vos désobéissances réitérées m’obligent à vous punir. Vous allez être fouettée sévèrement pour cette fois, à la prochaine je vous renverrai.

Vous, Gertry, et vous, Rosaly, attachez solidement votre camarade à ce fauteuil, puis vous vous en irez, je n’ai pas besoin de vos services aujourd’hui.

Les deux servantes conduisent Marie vers le fauteuil, l’agenouillent sur le bord, lui prennent la taille et les bras dans des courroies qui se bouclent au dossier. Elles attachent les jambes écartées ; puis, n’ayant plus rien à faire, elles disparaissent.

Je vais préparer la coupable méthodiquement, donnant le temps à lady G. de bien se graver tous les détails dans la mémoire ; je relève les jupes, que j’épingle dans le haut, je rabats le pantalon sur les genoux, et j’attache la chemise au haut des jupes, mettant à nu le gros postérieur et les cuisses rondes de la coupable, le tout d’une blancheur de neige, le beau derrière épanoui, s’offrant dans toute sa splendeur aux caresses de la verge.

Lady G., les yeux grands ouverts, contemple avec ravissement cette belle chair nue, au satin tendu, lisse et luisant ; c’est la première mappemonde qu’il lui est donné de voir ainsi étalée, ses yeux disent son étonnement et sa satisfaction ; son teint, si pale d’ordinaire, s’anime, ses yeux froids s’allument, sa gorge palpite sur sa poitrine, soulevée par l’émotion.

— Voulez-vous la fesser vous-même, lui dis-je.

Elle rougit beaucoup, sa tête semble dire non, mais son regard éloquent dit oui. J’insiste pour qu’elle se décide à rougir le blanc satin ; elle consent enfin, et s’approche de la croupe, vivement impressionnée. Sa main se lève, mais elle ne retombe pas. Elle s’abaisse peu à peu, se pose tout doucement sur la chair appétissante, et reste à plat sur la peau blanche. Sa gorge s’agite, soulevant son corsage, ses lèvres tremblent, sa main glisse sur le doux tissu, se relève et retombe toujours douce et caressante.

Ce n’est pas ainsi, lui dis-je, qu’on caresse un derrière ; tenez, c’est comme ceci. J’applique en même temps une claque formidable sur le cul proéminent ; il bondit sous la gifle, qui s’imprime en rouge vif sur la peau, et arrache un cri à la patiente. Lady G. recommence ; maintenant sa main retombe sévèrement sur la large mappemonde, la rougissant et la faisant sauter. Elle prend goût à la chose, et elle se met à fesser à tour de bras le cul qui se tortille et rougit sur toute la surface. Sa petite main, rouge comme une patte de langouste, doit lui cuire joliment, car elle froisse le satin à chaque coup, qui résonne sec et dur, mais l’ardeur qui l’anime l’empêche de rien sentir, et quand j’arrête la fessée, le cul de la patiente est du plus beau pourpre. Marie crie et sanglote, et la fesseuse flageole sur ses jambes, comme si elle était ivre de gin.

Je passe les verges à lady G., dont l’animation est à son comble, bien changée depuis un moment. Elle prend les verges, n’écoutant pas les indications que je lui donne, car, sans tenir compte de mes avis, incapable d’ailleurs de les suivre, elle se livre à une brillante improvisation, et assaisonne le pauvre postérieur d’une terrible façon. Les fesses se tordent sous l’horrible cuisson, la victime hurle, rien n’y fait, la belle Russe s’en donne à cœur joie, fustigeant à tour de bras, et soulevant des sillons sur les globes entamés. Marie écarte les cuisses violemment, la fouetteuse qui aperçoit l’huis entrebâillé, au milieu d’un fouillis de poils, dirige les pointes de la verge vers la grotte touffue, et la cingle avec une telle violence, que le premier coup ensanglante les bords, en arrachent un cri déchirant à la fustigée. Elle reprend ensuite sur le cul, fouettant toujours avec fureur.

Pour qu’elle ne fasse pas de la bouillie du pauvre derrière qu’elle maltraite, j’arrête le châtiment, laissant la victime un moment dans cette émoustillante posture. Le postérieur palpite toujours, Marie soupire tendrement, lady G. contemple avec un ravissement manifeste la croupe endommagée, puis elle se penche pour voir de près quelque chose qui l’intéresse entre les cuisses, et elle constate, le nez sur l’objet, que la fustigée est toute mouillée, et que quelque chose brille qui n’est pas du sang, au milieu des poils noirs.

Quand j’ai délivré la victime, et qu’elle a disparu, je donne à lady G. l’explication du phénomène qu’elle vient de remarquer. Elle n’en est point surprise, car elle m’avoue qu’elle a éprouvé elle-même une délicieuse sensation en fessant Marie, et qu’elle était sur le point d’en ressentir une semblable quand je l’avais arrêtée. Elle n’avait jamais éprouvé rien d’aussi agréable depuis son mariage. Devant cet aveu, je m’empresse de lui persuader, que, si elle veut goûter un plaisir divin, elle n’a qu’à se laisser caresser avec la verge, que quelques légers coups suffiront pour la diviniser, dans l’état avancé où le stimulant exercice l’a laissée.

Je la trouvai, non incrédule, mais irrésolue ; et cependant ses yeux vifs et brillants disaient clairement, qu’elle avait le feu quelque part. Elle hésitait encore, quand, tout-à-coup, la porte de l’alcôve s’ouvre devant lord G., qui s’avance en souriant. Je m’esquive, ne voulant pas les importuner, laissant les deux époux terminer ensemble leur tendre querelle. Mais, comme il y avait une porte secrète, qui s’ouvre dans l’alcôve que lord G. vient de quitter, j’y cours par un détour, afin de pouvoir assister cachée, au dénouement de l’affaire.

Lord G., pratiquait sur sa noble épouse, sans respect pour l’hospitalité, les droits que le mariage octroie à l’époux. Un ensemble de tendres soupirs me permet de constater l’heureuse issue simultanée de leurs ébats, ce qui ne me surprit nullement, étant donné l’état d’excitation dans lequel j’avais laissé la jeune femme.

Mais, ce qui m’étonna par exemple, c’est quand après deux voyages consécutifs à Cythère, dûment constatés par moi, je vis lord G. descendre seul du lit, sans avoir pris soin de cacher l’arme qui venait de mener les deux assauts ; il pousse le verrou, va prendre un paquet de verges, et revient vers le lit où l’attend son épouse, avec laquelle il a dû faire un accord tacite, car, sans qu’elle s’oppose le moins du monde à ses intentions, elle se laisse disposer sur le bord du lit, les pieds par terre, penchée en avant ; il relève les jupes, froissant sans pitié les plus riches étoffes soyeuses, fripant les dentelles de prix qui ornent l’élégant pantalon, qu’il déboutonne, car ils n’avaient pas pris le temps de le défaire pour se livrer leurs hâtives batailles, le rabat, et le retire ; puis, relevant la chemise qu’il donne à tenir à la jeune épouse, avec ses autres vêtements, il se dispose à la fouetter.

Sans doute, c’est la première fois, qu’il lui est donné de contempler dans cette adorable posture le ravissant objet neigeux qu’il va rougir, car il reste extasié devant la splendide mappemonde, faite des lis les plus purs, d’un satin éblouissant, au-dessus d’une paire de cuisses rondes et fermes, du même satin étincelant et neigeux. Il ne peut se décider à appliquer les verges. Sa main se pose sur la chair douce et ferme, glissant caressante sur le velours, allant de l’une à l’autre fesse, prenant à pleine main, enchanté de tâter cette chair appétissante, ces rondeurs exquises. Enfin il lève la main, qui retombe légèrement, cinglant de petites claques le satin qui se rose à peine sous ses doigts. Cependant malgré l’indulgence de la fessée, les jolis globes se remuent dans un dandinement voluptueux.

Il lève la verge et se met à l’appliquer doucement ; les globes, peu habitués à cette sensation nouvelle pour eux, se trémoussent sous les légères cinglées. À quelques coups plus sévères, les fesses s’écartent et se resserrent, se tortillent comme sous des spasmes convulsifs ; lord G., penché vers la mappemonde, semble considérer le mouvement identique qui se produit entre les cuisses, et satisfait de sa constatation, il jette les verges, et s’apprête à profiter des heureuses dispositions de sa tendre moitié, pour la caresser dans cette alléchante posture. En effet, après quelques hésitations d’une attaque mal dirigée, il a trouvé sans doute son chemin, car il se comporte comme un homme qui est chez lui.

Je ne vous décrirai pas les diverses évolutions du couple énamouré, mais la nuit tombait quand ils songèrent à mettre un terme à leurs exploits amoureux. Lady G. soupirait pour la dixième fois, quand le noble époux se déclara satisfait. Il est vrai qu’entre les divers assauts, celui-ci avait usé d’un subterfuge, employé généralement avec succès par les mâles en détresse. Cette fois, grâce à mes conseils, lord G. avait bien rompu la glace de la jeune Slave.

Depuis ce jour-là, la maison de lord G. retentit du bruit des verges. Les servantes, qui se félicitaient de la douceur angélique de leur nouvelle maîtresse, se plaignent aujourd’hui que, par un phénomène bien naturel cependant, leurs postérieurs métamorphosés en parterres, voient trop souvent leurs lis changés en roses. Mais, comme la maîtresse est équitable, que les châtiments sont impartialement proportionnés aux fautes, que lady G. a acquis un véritable talent de flagellante, et qu’elle conduit la correction avec une sage méthode, les servantes préfèrent la main plus lourde de la rigide gouvernante, dont les fonctions disciplinaires sont devenues d’ailleurs une sinécure.

Lorsque lady G. n’a pas eu dans la journée de stimulant à se mettre sous la main, faute de coupable, c’est lord G., qui est chargé de ranimer l’ardeur éteinte ; et il paraît qu’il s’acquitte à merveille de son émoustillante fonction.

Lord G., qui est venu me remercier du signalé service que je lui ai rendu, m’a mis au courant de ce qui se passe chez lui. Sa noble épouse, si froide au repos, est un tison ardent, dès que les verges ont fondu la glace.

J’ai voulu assister à quelques-unes de ces séances et j’ai pu me convaincre de l’état d’érotisme dans lequel la met cette stimulante pratique, qui métamorphose la femme de glace en femme de feu. Inutile de vous dire que j’en fais mon profit quand nous sommes seules ; je n’ai pas eu grande peine à la convertir au culte de Lesbos, après un de ces violents exercices, qui la prédisposant aux plus folles expansions.

Lundi prochain, réunion chez Mrs. Whipping, qui fera sa dernière conférence sur la Discipline entre amies.


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