Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/154

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Slatkine reprints (p. 188).


ENTRE HIER ET DEMAIN


Mon cœur est plein. La chambre est vide. Sur ma voix qui parle seule, toujours reflue le silence noir. Et mes bras étendus, qui ne se ferment point, retombent.

Hier, qu’ai-je pu lui faire comprendre ? Que je l’aimais ? Non. Je ne crois pas. Je me souviens de ses paroles et je n’entends plus les miennes. Je ne lui ai rien dit.

Demain, je le crierai sur ses lèvres. Ah ! Demain. Hélas ! Demain. Demain qui viendra si tard vaudra-t-il cette nuit présente, irréparablement perdue ?

C’est aujourd’hui ! C’est à l’instant que je lui aurais donné tout ce peut tressaillir de la tendresse humaine !

Nous avons laissé fuir ce soir, l’heure qui fût devenue éternelle.