Les Chansons des trains et des gares/Les chiens

La bibliothèque libre.
Édition de la Revue blanche (p. 37-38).


LES CHIENS


On ne peut pas dire que les chiens
Dans les wagons de chiens soient bien.

Car, sans parler du plus humble confort,
Qui fait totalement défaut,
Songez quelle angoisse les tord,
Quand, pendant le trajet, ils entendent un cor
Sonner près d’eux : Taïaut ! taïaut ! —
(Il n’est personne qui ignore
Que, dans les compartiments même de 3e classe,
Des jeunes gens, principalement ceux de la classe,
Aiment fort
Sonner du cor, du cor de chasse…)

Le cor sonne : Que faire ? Rien !
Ils se font vieux, les pauvres chiens.

Au quai des gares, les employés ont des casquettes
Qui rendent encor l’âme des chiens plus inquiète :
— Voyons, leur casquette, leur
Petite veste,
Oui, ce sont bien là des piqueurs ;
Mais les singulières couleurs !…
Que ces piqueurs ont une drôle de tournure !… —

Et tout le long du voyage,
Les pauvres chiens ont leur esprit à la torture,
Et enragent
De ne pas connaître le bouton de cet équipage.