Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CCCLVII

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Texte établi par J. A. C. Buchon (Ip. 656-660).

CHAPITRE CCCLVII.


Comment les François mirent le siége devant Thouars ; et comment le roi d’Angleterre se mit en mer pour venir en Poitou lever leur siége.


Quand cils seigneurs de France furent retraits à Poitiers, et rafraîchis par quatre jours, et leurs chevaux, ils eurent conseil qu’ils ne s’en partiroient, et s’en iroient devant Thouars, où tous les chevaliers de Poitou se tenoient, cils qui soutenoient l’opinion du roi d’Angleterre ; et bien y en avoit cent, uns et autres ; et mettroient le siége ; et ne s’en partiroient si en auroient une fin, ou ils seroient tous François ou tous Anglois. Si se partirent en grand arroy et bien ordonnés, de la cité de Poitiers ; et étoient bien trois mille lances, chevaliers et écuyers, et quatre mille à pavois, parmi les Gennevois. Si chevauchèrent tant ces gens d’armes que ils vinrent devant Thouars où ils tendoient à venir. Si ordonnèrent et établirent tantôt leur siége grand et bel, et tout à l’environ de la ville et du châtel ; car bien étoient gens pour ce faire ; et ne y laissoient nullui entrer, ni issir ; ni point n’assailloient, car bien savoient que par assaut jamais ne les auroient ; car là dedans avoit trop de bonnes gens d’armes ; mais ils disoient que là tant seroient que ils les affameroient, si le roi d’Angleterre de sa puissance, ou ses enfans ne venoient lever le siége. Quand les barons et les bacheliers qui là dedans enclos étoient, tels que messire Louis de Harecourt, le sire de Parthenay, le sire de Tarste, messire Hugues de Vivone, messire Aymery de Rochechouart, messire Percevaux de Couloingne, messire Regnaut de Thouars, le sire de Roussillon, messire Guillaume de Crupegnac, messire Joffroy d’Argenton, messire Jacques de Surgières, messire Jean d’Angle, messire Guillaume de Montendre, messire Maubrun de Linières, et plusieurs autres que je ne puis mie tous nommer, perçurent la manière et imaginèrent l’arroy et l’ordonnance des François, comment ils étoient là traits et se fortifioient, et multiplioient tous les jours, si eurent sur ce avis et conseil, car bien véoient que cils seigneurs qui assiégés les avoient, ne se partiroient si en auroient leur volonté et entente, ou en partie. Si dit messire Percevaux de Couloingne, qui fut un sage et imaginatif chevalier, et bien enlangagé, un jour qu’ils étoient tous ensemble en une chambre pour avoir avis et conseil sur leurs besognes : « Seigneurs, seigneurs, vous savez que nous avons tenu notre loiauté devers le roi d’Angleterre tant que nous avons pu, et que par droit il doit nous en savoir gré ; car, en son service et pour son héritage aider à garder et deffendre, nous avons employé et aventuré notre corps sans nulle feintise, et mis notre chevance. Au parderrain nous sommes ci enclos et n’en pouvons partir ni issir hors fors par danger ; et sur ce j’ai moult imaginé et étudié comment nous ferons et comment de ci à notre honneur nous istrons ; car partir nous en faut ; et si vous le voulez ouir je le vous dirai, sauf tous jours le meilleur conseil. » Les chevaliers qui là étoient répondirent : « Oil, sire, nous le voulons ouir. » Lors dit messire Percevaux : « Il ne peut être que le roi d’Angleterre, pour qui nous sommes en ce parti, ne soit informé en quel danger cils François nous tiennent, et comment tous les jours son héritage se perd ; si il le veut laisser perdre, nous ne le pouvons sauver ni garder, car nous ne sommes mie si forts de nous-mêmes que pour résister ni estriver contre la puissance du roi de France ; car encore nous véons en ce pays que cités, villes, châteaux et forteresses avec prélats, barons, chevaliers, dames et communautés se tournent tous les jours François et nous font guerre, laquelle chose nous ne pouvons longuement souffrir ni soutenir ; pourquoi je conseille que nous entrons en traités devers ces seigneurs de France qui ci nous ont assiégés, et prenons unes trêves à durer deux mois ou trois. En celle trêve durant et au plutôt que nous pouvons, signifions tout pleinement notre état à notre seigneur le roi d’Angleterre, et le danger où nous sommes, et comment son pays se perd, et impétrons celle trêve devers ces seigneurs de France : que si le roi d’Angleterre, ou l’un de ses enfans pouvoient venir, ou tous ensemble, si forts devant cette ville, dedans un terme exprès que nous y assignerons par l’accord et ordonnance de nous et d’eux, que pour combattre eux et leur puissance et lever le siége, nous demeurons Anglois à tous jours mais ; et si le contraire est, nous serons François de ce jour en avant. Or respondez s’il vous semble que je aie bien parlé. » Ils répondirent tous d’une voix : « Oil, c’est la plus prochaine voie par laquelle nous en pouvons voirement à notre honneur et pour garder notre loiauté issir. »

À ce conseil et propos n’y eut plus rien répliqué ; mais fut tenu et affermé ; et en usèrent en avant par l’avis et conseil du dessus dit messire Percevaux, et entrèrent en traité devers le duc de Berry et le connétable de France. Cils traités entre eux durèrent plus de seize jours ; car les dessus dits seigneurs, qui devant Thouars se tenoient, n’en vouloient rien faire sans le sçu du roi de France. Tant fut allé de l’un à l’autre et parlementé, que cils de Thouars et cils de Poitou qui dedans étoient, et aussi cils qui devant séoient, demeurèrent en segur état parmi unes trêves qui furent là prises, durant jusques à la Saint-Michel prochain venant ; et si dedans ce jour, le roi d’Angleterre ou l’un de ses enfans, ou tous ensemble pouvoient venir si forts en Poitou, que pour tenir la place devant Thouars contre les François, ils demeuroient eux et leurs terres Anglois à toujours ; et si c’étoit que le roi d’Angleterre ou l’un de ses fils ne tenoient la journée, tous cils barons et chevaliers poitevins qui dedans Thouars étoient demeureroient François, et mettroient eux et leurs terres en l’obéissance du roi de France.

Cette cose sembla grandement raisonnable à tous ceulx qui en ouïrent parler. Nequedent, quoique les trêves durassent et qu’ils fussent en segur état dedans Thouars, et aussi au siége des dits seigneurs de France, pour ce ne se deffit mie le siége, mais tous les jours que Dieu amenoit se renforçoit ; car, par bonne délibération et conseil, tous les jours y envoyoit le roi de France gens, tous à élection des meilleurs de son royaume, pour aider à garder sa journée contre le roi d’Angleterre, ainsi que ordonné étoit et que devise portoit.

Au plus tôt que les barons et les chevaliers qui dedans Thouars assiégés étoient purent, ils envoyèrent en Angleterre certains messages et lettres moult douces et moult sentans sur l’état du pays et du danger où ils étoient, et que pour Dieu et par pitié il y voulsist pourvoir de remède, car à lui en touchoit plus que à tout le monde. Quand le roi ouït ces nouvelles, et comment ses chevaliers de Poitou lui signifioient, si dit que, s’il plaisoit à Dieu, il iroit personnellement et seroit à la journée devant Thouars, et y meneroit tous ses enfans. Proprement le prince de Galles son fils, comment qu’il ne fût mie bien haitié, dit qu’il iroit, dût-il demeurer au voyage. Adonc fit le roi d’Angleterre un très grand et très espécial mandement de tous chevaliers et écuyers parmi son royaume et dehors son royaume, et le fit à savoir au royaume d’Escosse, et en eut bien depuis trois cents lances ; et se hâta le dit roi du plus tôt qu’il put ; et lui chéit adonc si bien que, toute la saison, on avoit fait pourvéances sur mer pour son fils le duc de Lancastre, qui devoit passer la mer et arriver à Calais : si que ces pourvéances furent contournées en l’armée du roi, et le voyage du duc de Lancastre brisé et retardé. Oncques le roi d’Angleterre, pour arriver en Normandie, ni en Bretagne, ni nulle part, n’eut tant de bonnes gens d’armes ni tel foison d’archers qu’il eut là. Ançois que le roi partit d’Angleterre, il ordonna, présens tous les pairs de son royaume, prélats, comtes, barons et chevaliers et conseils des cités et bonnes villes, que si il mouroit en ce voyage il vouloit que Richard, fils au prince de Galles, son fils, fût roi et successeur de lui et de tout le royaume d’Angleterre, et que le duc de Lancastre son fils, ni ses autres trois fils, messire Jean, messire Aymon et messire Thomas n’y pussent clamer droit ; et tout ce leur fit leur père jurer solennellement, et avoir en convent à tenir fermement, devant tous les prélats, comtes et barons à ce espécialement appelés. Quand toutes ces choses furent ordonnées et faites, il se partit de Londres et ses trois fils ; et jà la plus grand’partie de ses gens l’attendoient à Hantonne ou là environ, où ils devoient monter en mer, et où toute leur navie et leurs pourvéances étoient[1]. Quand ils virent que point fut, ils se désancrèrent du dit havène, et commencèrent à singler et à tourner devers la Rochelle. En celle flotte avoit bien quatre cents vaisseaux, que uns que autres, quatre mille hommes d’armes et dix mille archers.

Or vous dirai qu’il avint de celle navie et du voyage du roi qui tiroit pour venir en Poitou. Il n’eut cure où il eût pris terre, ou en Poitou ou en Bordelois, tout lui étoit un, mais qu’il fût outre mer. Le roi, ses enfans et sa grosse navie vaucrèrent et furent sus la mer le terme de neuf semaines, par faute de vent, ou contraire ou autrement, que oncques ne purent prendre terre en Poitou, en Xaintonge, en Rochelois, ni ès marches voisines, dont trop courroucés et émerveillés étoient. Si singloient-ils de vent de quartier et de tous vents pour leur voyage avancer ; mais ils reculoient autant sur un jour que ils alloient en trois. En ce danger furent-ils tant que le jour Saint-Michel expira, et que le roi vit bien et connut que il ne pourroit tenir sa journée devant Thouars pour conforter ses gens. Si eut conseil, quand il eut ainsi travaillé sur mer que je vous dis, de retourner arrière en Angleterre, et que il comptât Poitou à perdu pour celle saison. Adonc dit le roi d’Angleterre de cœur courroucé, quand il se mit au retour : « Dieu nous aide et Saint George, il n’y eut oncques mais en France, si méchant roi comme cil à présent est, et si n’y eut oncques roi qui tant me donnât à faire comme il fait. » Ainsi, et sur cel état, sans rien faire, retourna le roi en Angleterre, ses enfans et toutes leurs gens. Et si très tôt comme ils furent retournés, le vent fut si bon et si courtois sur mer, et si propice pour faire un tel voyage que ils avoient empris, que deux cents nefs d’une voile, marchans d’Angleterre, et de Galles et d’Escosse, arrivèrent au havène de Bordeaux sur la Garonne, qui là alloient aux vins. Donc on dit et recorda en plusieurs lieux en ce temps que Dieu y fut pour le roi de France.

Bien savoit messire Thomas de Felleton, qui étoit sénéchal de Bordeaux, la journée expresse pour eux rendre aux François que les barons et chevaliers qui dedans Thouars se tenoient avoient pris ; et avoit bien sçu que le roi d’Angleterre son sire en étoit signifié ; si le manda et signifia, et avoit mandé et signifié certainement et surement à tous les barons de Gascogne qui pour Anglois se tenoient, tant que par son pourchas et pour eux acquitter, le sire de Duras, le sire de Rosem, le sire de Mucident, le sire de Langueran, le sire de Condon, messire Bernardet de la Breth sire de Gironde, le sire de Pommiers, le sire de Caumont, le sire de Montferrant, messire Pierre de Landuras, messire Petiton de Courton et plusieurs autres, eux et leurs gens, chacun au plus qu’ils en pouvoient avoir, étoient venus à Bordeaux, et partis de là, le dit sénéchal en leur compagnie, et aussi le sénéchal des Landes ; et avoient tant chevauché que ils étoient entrés en Poitou et venus à Niort, et là trouvèrent-ils les chevaliers anglois, monseigneur d’Angouse, messire Jean d’Éverues, monseigneur Richart de Ponchardon, monseigneur Hue de Cavrelée, monseigneur Robert Mitton, monseigneur Martin l’Escot, monseigneur Baudoin de Frainville, monseigneur Thomas Banastre, monseigneur Jean Trivet, Jean Cresuelle, David Holegrave et les autres qui tous s’étoient là recueillis, et aussi messire Aymery de Rochechouart, monseigneur Joffroi d’Argenton, monseigneur Maubrun de Linières et monseigneur Guillaume de Montendre, qui s’étoient partis de Thouars et du traité des autres seigneurs de Poitou et retraits à Niort avec les Anglois.

Quand ils se trouvèrent tous ensemble, si furent plus de douze cents lances. Sitôt que ils virent que la journée étoit expirée et que du roi d’Angleterre on n’avoit nulles nouvelles.

Vous devez savoir que, pour tenir sa journée à l’ordonnance du connétable dessus dite, le roi de France avoit envoyé là toute la fleur de son royaume, car il avoit entendu que le roi d’Angleterre et ses enfans y seroient au plus fort que ils pourroient. Si vouloit aussi que ses gens y fussent si forts que pour tenir honorablement leur journée : pourquoi avec le dit connétable étoient ses frères le duc de Berry et le duc de Bourgogne, moult étoffément de chevaliers et d’écuiers, et aussi le duc de Bourbon, le comte d’Alençon, messire Robert d’Alençon son frère, le Dauphin d’Auvergne, le comte de Boulogne, le sire de Sully, le sire de Craon et tant de hauts seigneurs que un detri seroit au nommer : car là étoit la fleur de gens d’armes de toute Bretagne, de Normandie, de Bourgogne, d’Auvergne, de Berry, de Touraine, de Blois, d’Anjou, de Limousin et du Maine, et encore grand foison d’étraigniers, d’Allemans, de Thiois, de Flamans et de Hainuyers ; et étoient bien quinze mille hommes d’armes et trente mille d’autres gens. Nonobstant leur force et leur puissance, ils furent moult réjouis quand ils sçurent et virent que le jour Saint-Michel étoit passé et expiré, et le roi d’Angleterre, ni aucuns de ses enfans ne étoient point comparus pour lever le siége. Si signifièrent aussi tantôt ces nouvelles au roi de France qui en fut moult réjoui, quand, sans péril de bataille, mais par sages traités, il convenoit que cils de Poitou et leurs terres fussent en son obéissance.

Les Gascons et les Anglois qui étoient à Niort, et là venus et amassés, et se trouvoient bien douze cents lances de bonnes gens, et savoient tous les traités des barons et chevaliers de Poitou qui en Thouars se tenoient, car notifié espécialement leur étoit, virent que le jour étoit passé qu’ils se devoient rendre, si ils n’étoient confortés, et que le roi d’Angleterre ni aucuns de ses enfans n’étoient encore point traits avant, dont on eût eu nouvelles, dont ils étoient moult courroucés. Si eurent conseil entr’eux comment ils pourroient persévérer et trouver voie d’honneur que cils Poitevins, qui obligés s’étoient envers les François, demeurassent toudis de leur parti ; car moult les aimoient dalès eux. Si eurent sur ces besognes, en la ville de Niort, grands consaux ensemble : finablement, eux conseillés et avisés, ils signifièrent par lettres scellées, envoyées par un héraut, leur entente aux Poitevins qui en Thouars se tenoient. Si devisoient et disoient ces lettres, avec saluts et amitiés, que : comme ainsi fût que, à leur avis, pour le meilleur ils s’étoient composés envers les François, par foi et par serment, d’eux mettre en l’obéissance du roi de France et de devenir bons François, si dedans le jour de la Saint-Michel ils n’étoient confortés du roi d’Angleterre leur cher seigneur, ou d’aucuns de ses enfans personnellement, or véoient que la deffaute y étoit, si supposoient que c’étoit par fortune de mer et non autrement : toutes fois il étoient là traits et venus à Niort à quatre lieues près d’eux, et se trouvoient bien douze cents lances ou plus de bonnes gens d’étoffe ; si offroient que, s’ils vouloient issir de Thouars et prendre journée de bataille pour combattre les François, ils aventureroient leurs corps, avec l’héritage de leur seigneur le roi d’Angleterre.

Ces lettres furent entre les Poitevins volontiers ouïes et vues ; et en sçurent les plusieurs grand gré aux Gascons et aux Anglois qui ainsi leur signifioient ; et se conseillèrent sur cettes grandement et longuement ; mais eux conseillés, tout considéré, et bien imaginé leur affaire et les traités lesquels ils avoient promis à tenir aux François, ils ne pouvoient voir, ni trouver par nulle voie de droit, que ils fissent autre chose que d’eux rendre, puisque le roi d’Angleterre ou l’un de ses fils ne seroit à la bataille que les Gascons vouloient avoir personnellement. En ce conseil avoit grand’voix le sire de Partenay ; et voult celle fois que on acceptât la journée des Gascons ; et y montroit voie de droit et de raison assez, par deux conditions : la première étoit, que ils savoient de vérité, et étoit ce tout notoire, que le roi d’Angleterre et ses enfans et la greigneur partie de leur puissance, étoient sur mer, et que fortune leur avoit été si contraire que ils n’avoient pu ni pouvoient arriver ni prendre terre en Poitou, dont ils devoient bien y être excusés, car outre pouvoir n’est rien. La seconde raison étoit que : quoique ils eussent juré et scellé aux François, ils ne pouvoient l’héritage du roi d’Angleterre donner, aliéner ni élever aucunement aux François sans son gré. Ces paroles et raisons proposées du dit baron de Partenay étoient bien spécifiées et examinées en ce conseil ; mais tantôt on y remettoit autres raisons qui toutes les affoiblissoient. Dont il avint que le sire de Partenay sit un jour du parlement, et dit que il demeureroit Anglois, et s’en revint à son hôtel. Mais le sire de Poiane et le sire de Tonnai-Bouton le vinrent, depuis qu’il fut refroidi, requerre, et l’emmenèrent de rechef, où tous les consaux étoient. Là lui fut dit et remontré tant de l’un puis de l’autre, que finablement il s’accorda à tous leurs traités ; et s’excusèrent moult bellement et sagement par lettres envers les barons et les chevaliers Gascons et Anglois qui à Niort se tenoient et qui leur réponse attendoient. Si leur reporta un héraut ; et envoyèrent, avec leurs lettres scellées, la copie du traité, ainsi que ils le devoient tenir aux François, pour mieux colorer leur excusance. Quand les Gascons et les Anglois virent qu’ils n’en auroient autre chose, si furent moult courroucés ; mais pour ce ne se départirent-ils mie si très tôt de Niort : ainçois se tinrent-ils là bien un mois, pour savoir encore plus à plein comment les François se maintiendroient. Tantôt après ce parlement parti et finé, qui fut en la ville de Thouars, les barons et les chevaliers qui là étoient, mandèrent au duc de Berry, au duc de Bourgogne, au duc de Bourbon et au connétable de France qu’ils étoient tous appareillés de tenir ce que promis et scellé avoient. De ces nouvelles furent les seigneurs de France tout joyeux, et chevauchèrent devers Thouars à grand’joie ; et se mirent eux et leurs gens et leurs terres en l’obéissance du roi de France.

  1. Il parait que l’armée s’embarqua à Sandwich et non à Southampton, d’où elle partit vers les premiers jours de septembre. Il est du moins certain, d’après des actes publiés par Rymer, que le roi d’Anglelerre était dans le premier port le 31 août.