Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre I, Partie II/Chapitre CXL

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CHAPITRE CXL.


Comment le roi d’Angleterre fit faire une commission générale, à la requête du roi de France, que tous les Anglois des forteresses de France se vidassent.


Quand cette arrière charte, qui s’appelle lettre des renonciations tant d’un roi comme de l’autre, fut écrite, grossée et scellée, on la lut et publia généralement en la chambre du conseil, présens les deux rois dessus nommés et leur conseil. Si sembla à chacun être bonne et belle, bien dictée et ordonnée ; et là de rechef jurèrent les deux rois et leurs deux ains-nés fils sur les saintes Évangiles corporellement, et sur le corps de Jesus-Christ sacré, à tenir, garder et accomplir et non enfreindre toutes les choses dessus dites. Depuis encore, par l’avis et regard du roi de France et de son conseil, et sur la fin de leur parlement, fut requis le roi d’Angleterre qu’il voulsist donner et accorder une commission générale qui s’étendît sur tous ceux qui pour le temps tenoient, en l’ombre de sa guerre, villes, châteaux ou forteresses au royaume de France, parquoi ils eussent cause, commandement et connoissance d’en vider et partir. Le roi d’Angleterre qui ne vouloit que tout bien et bonne paix nourrir entre lui et son frère le roi de France, ainsi que juré et promis l’avoit, descendit à cette requête légèrement et lui sembla de raison ; et commanda à ses gens que elle fût faite sur la meilleure forme que on pourroit, à l’entente et discrétion du roi de France son frère et de son conseil. Adonc de rechef se remirent les plus espéciaux du conseil des deux rois dessus nommés ensemble ; et là fut jetée, écrite, et puis grossée, par l’avis de l’un et de l’autre, une commission dont la teneur est telle.