Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Livre III/Chapitre XCIX

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Texte établi par J. A. C. Buchon (IIp. 667-674).

CHAPITRE XCIX.

Comment Géronnet de Ladurant, l’un des capitaines de Perrot le Bernois, ayant été prisonnier de Jean Bonne-Lance à Montferrant en Auvergne, trouva façon, après sa rançon payée, de mettre le Bernois dedans icelle ville de Montferrant.


Avenu étoit en celle propre année et saison, environ la moyenne de mai, qu’aucuns compagnons aventureux, environ quarante lances, étoient issus et partis hors de Chaluset que Perrot le Bernois tenoit ; et siéd celle forteresse en Limousin. Les compagnons à l’aventure couroient en Auvergne ; et avoient un écuyer gascon à capitaine, qui s’appeloit Géronnet de Ladurant, appert homme d’armes durement. Or, pour ce que le pays a été et étoit toujours en doute pour tels gens, sur les frontières de Bourbonnois se tenoit, de par le duc de Bourbon, un sien chevalier, vaillant homme aux armes, qui s’appeloit messire Jean Bonne-Lance, gracieux et amoureux chevalier, et qui grand courage avoit de lui avancer.

Entandis que Anglois chevauchoient, il demanda quelle somme de gens ils étoient : on lui dit qu’ils étoient environ quarante lances. « Pour quarante lances, dit-il, nous n’avons garde. J’en vueil mettre autant à l’encontre. » Lors se départit-il du lieu où il étoit, car la plus grand’charge de gens d’armes se tenoient devant Mont-Ventadour. Et toujours pour trouver armes, car il les désiroit, frontoit-il, à quarante ou cinquante lances, les frontières de Limousin, d’Auvergne et de Bourbonnois. Il se mit à l’adresse, à ce qu’il avoit de gens. Là étoit avecques lui un chevalier, nommé messire Louis d’Aubière ; et aussi messire Louis d’Apchon, et le sire de Saint-Aubin ; et prirent les champs, sans tenir voie ni chemin, car bien connoissoient le pays ; et s’en vinrent sur un pas où il convenoit que leurs ennemis passassent, non par ailleurs, pour les diverses montagnes, et pour une rivière qui descend et vient d’icelles, qui est durement grande quand il pleut, ou que les neiges fondent ès montagnes. Ils n’eurent pas été demie heure, quand evvous venir les Anglois lesquels ne se donnoient garde de celle rencontre ! Bonne-Lance et les siens abaissèrent leurs glaives, et s’en vinrent sur ces compagnons qui étoient descendus au pied d’une montagne, et écrièrent leur cri. Quand ils virent que combattre les convenoit, si montrèrent visage et se mirent à défense : et Géronnet, qui étoit assez appert écuyer, eut là de première venue forte rencontre de glaives et bons boutis, et des renversés des uns et des autres. Mais, à parler par raison, les François étoient plus droites gens d’armes que n’étoient les compagnons aventureux ; et bien le montrèrent, car ils rompirent tantôt celle route et les ruèrent jus, et les prirent, et les occirent ; oncques nul n’en retourna, si ce ne fut varlets qui së sauvèrent et mucièrent, entrementiers que les autres se combattoient. Il en y eut vingt et deux pris, et seize morts sur la place ; et fut le capitaine pris, et fiancé prisonnier de Bonne-Lance. Puis ils se mirent au retour.

En chevauchant et en ramenant leurs prisonniers, Bonne-Lance s’avisa comment, puis un mois, il avoit été, en la ville de Montferrant en Auvergne, et en grand ébattement avecques dames et damoiselles, tant qu’elles lui avoient prié et requis, en disant ainsi : « Bonne-Lance, beau sire, vous chevauchez souvent sur les champs ; et ne peut être que vous ne voyez à la fois vos ennemis, et que vous n’ayez aucune rencontre. Je le vous dis, dit l’une des dames qui s’avança de parler devant toutes les autres, et laquelle Bonne-Lance avoit bien en grâce, pourtant que je verrois volontiers un Anglois. On m’a dit aucunes fois, et par espécial un écuyer qui est de ce pays et qui s’appelle Gourdinois et que bien connaissez, que ce sont durement appertes gens d’armes, et aussi apperts, ou plus, que ceux de ce pays ; et bien le montrent, car ils chevauchent souvent ; et font de belles appertises d’armes ; et prennent, sur nous, villes et chastels ; et les tiennent. » Et Bonne-Lance avoit répondu : « Par Dieu ! dame, si l’aventure me peut venir si belle et si bonne que j’en puisse prendre un qui vaille que vous le voyez, vous le verrez. » — « Grands mercis ! » dit-elle.

Quand cette souvenance fut venue à Bonne-Lance, il avoit pris le chemin pour venir à Clermont en Auvergne, car la bataille avoit été assez près de là ; mais il l’escheva, et prit le chemin de Montferrant qui siéd environ une petite lieue outre ; et passèrent sur la senestre ; et vinrent à Montferrant. De la venue de Bonne-Lance, et de la journée qu’il avoit eue sur les aventureux qui travailloient à la fois le pays, furent les gens de Montferrant très tous réjouis : et fut Bonne-Lance grandement le bien venu. Quand lui et ses gens furent descendus à l’hôtel, ils s’aisèrent et désarmèrent. Les dames et les damoiselles se mirent ensemble pour mieux conjouir et fêtoyer Bonne-Lance ; et le vinrent plus de vingt sept voir à l’hôtel. Il les recueillit moult doucement, car il étoit sage et gracieux chevalier ; et leur dit, espécialement à celle qui demandé lui avoit à voir un Anglois : « Dame, je me vueil acquitter envers vous. Je vous avois en convenant, n’a pas un mois, ou environ, si je pusse par l’aventure d’armes cheoir à taille que je prensisse Anglois, je le vous montrerois. Or m’a Dieu huy donné que j’ai trouvé et encontré une route de bien vaillans, car vraiment aux armes ils nous ont donné assez à faire : mais toutes fois la place nous est demeurée. Ils ne sont pas Anglois de nation, mais Gascons ; et font guerre d’Anglois. Ils sont de Béarn et de la haute Gascogne. Si les verrez à grand loisir, car, pour l’amour de vous, je les vous lairai en celle ville, tant qu’ils auront quis leur rançon. »

Les dames commencèrent à rire, qui tournèrent cette chose en revel, et dirent : « Grands mercis ! » Bonne-Lance s’en alla en ébattement avecques elles, et fut dedans Montferrant trois jours, en grand revel, et toujours entre les dames et damoiselles. Là en dedans Géronnet de Ladurant et ses compagnons se rançonnèrent ; et leur fit très bonne compagnie Bonne-Lance, car il vit bien qu’ils étoient povres compagnons aventureux. Et mieux vaulsist qu’il les eût tous pendus, ou noyés, que rançonnés ni laissés en la ville.

Quand il se dut partir, il dit à Géronnet : « Vous demeurerez cy pour tous vos compagnons. Les autres s’en retourneront querre votre rançon ; et, quant à ce que vous ferez et payerez, j’ai ordonné qui recevra les deniers. Et, sitôt comme ils seront mis outre, vous partirez, car je l’ai ainsi dit et ordonné. Or vous souvienne, Géronnet, que je vous fais bonne compagnie. Si les nôtres, par aventure d’armes, tournent en ce parti, faites leur ainsi. » — « Par ma foi ! répondît Géronnet, beau maître et sire, volontiers, car je, et tous les nôtres, y sommes tenus. » Adonc se départit Bonne-Lance et sa route et s’en retourna au siége de Ventadour ; et ses prisonniers, jusques à douze, demeurèrent dedans la ville de Montferrant, et les autres dix, par l’ordonnance qui faite avoit été, s’en allèrent vers Chaluset, pour quérir à Perrot le Bernois vingt et deux cents francs. Autant y étoient-ils l’un parmi l’autre, rançonnés. Et étoient les douze, qui demeurés étoient, tous à un hôtel, et se portoient bellement et liement : et faisoient de bons dépens, et n’avoient point de trop grand guet sur eux ; mais alloient par dedans la dite ville eux ébattre ; et furent là quinze jours ; et entrementiers apprirent-ils beaucoup de l’état du commun de la ville, et tant, que depuis coûta l’aventure cent mille francs.

Quand le capitaine de Chaluset fut informé de l’aventure de Géronnet de Ladurant, et comment il et ses gens avoient été rués jus de messire Jean Bonne-Lance, il n’en fit pas trop grand compte ; et répondit ainsi à ceux qui le lui avoient conté : « Vous êtes cy venus pour quérir argent et leur délivrance, n’est-ce pas ? » dit le capitaine. « Oui, répondirent-ils, on ne gagne pas toujours. » — « Je n’en sais, dit-il, de gagne ni de perte ; mais de par moi n’auront-ils rien, car je ne les y fis pas aller ; ils ont chevauché à leur aventure. Or leur mandez, ou dites, quand vous les verrez, qu’aventure les délivre. Pensez-vous que je vueille mettre mon argent en tel emploi ? Par ma foi, beaux compagnons, nenni. Toujours aurai-je des compagnons assez qui chevaucheront plus sagement que ceux n’aient fait. Si ne délivrerai, ni racheterai jà homme, s’il n’est pris en ma compagnie. »

Ce fut la réponse finable qu’ils purent lors avoir pour Géronnet. « C’est bon, dirent-ils entre eux, que les deux ou les trois des nôtres retournent à Monferrant et content ces nouvelles à Géronnet, parquoi il ait sur ce avis. » Ils le firent. Les trois retournèrent à Montferrant, et passèrent au dehors de Clermont en Auvergne, et abreuvèrent leurs chevaux au ru du moulin, qui court moult près des murs ; et là se tinrent un grand temps en l’eau, regardant la manière et ordonnance des murs de Clermont, et comment ils n’étoient pas trop hauts à monter, ni trop malaisés. « Ha, cap de Saint Antoine ! dirent-ils entre eux, comment cette ville de Clermont est bien prenable ! Si nous y venons une nuit, nous l’aurons, voire s’il ne font pas trop grand guet. Puis, dirent-ils tous en riant, et en leur gascon, nous la barguignons, et une autre fois nous l’acaterons[1]. On ne peut pas bargaingner, et achapter tout sur un jour. » Donc passèrent-ils outre, et chevauchèrent jusques à Montferrant, et trouvèrent illecques Géronnet et ses compagnons ; si leur recordèrent et leur contèrent leurs paroles, et leurs réponses, toutes telles, ni plus ni moins, que Perrot le Bernois avoit dites et parlées, dont ils furent tous ébahis et déconfits, car ils ne pouvoient ni savoient où ailleurs trouver finances. Et furent un jour et une nuit tout courroucés. À l’autre jour s’avisa Géronnet, et dit à ceux qui ces nouvelles lui avoient apportées : « Seigneurs compagnons, retournez devers notre capitaine, et lui dites, de par moi, que je l’ai, à mon pouvoir, toujours et tant que j’ai été de-lez lui, servi bien et loyaument, et servirai encore, s’il lui plaît ; et sache, de par moi, que, si je me tourne François pour moi délivrer, il n’y gagnera rien ; ce que je ferai trop envis, et du plus tard que je pourrai. Mais dites lui qu’il nous délivre d’ici ; et, un mois après ma délivrance, je le mettrai en tel parti d’armes, si à lui ne tient, qu’il gagnera, avecques ses compagnons, cent mille francs. »

Sur ces paroles retournèrent les trois compagnons gascons et vinrent à Chaluset, et trouvèrent Perrot le Bernois, et lui contèrent ces nouvelles, ainsi que Géronnet de Ladurant les lui mandoit. Il commença à penser sus et puis dit : « Il pourroit bien être qu’il seroit ainsi qu’il dit. Je le délivrerai tantôt. » Il fit ouvrir une huche, où il y avoit plus de quarante mille francs ; et tout venoit de pillage, que vous l’entendez, et non pas de ses rentes ni de ses revenues de Berne, car en la ville là où il fut né, et où il demeuroit quand il se partit de Berne, n’a que douze maisons ; et en est le comte de Foix sire ; et a nom la Ville-d’Adam ; et siéd la ville à trois lieues d’Ortais. Perrot le Bernois fit compter devant lui vingt deux cents francs, et puis cent francs pour les frais des compagnons ; et les fit mettre en une bourse ; et reclost l’arche, et appela les trois compagnons, qui étoient là venus pour querre l’argent. « Tenez, dit-il, je vous délivre vingt deux cents francs. Au besoin voit l’homme son ami. Je les aventurerai. Il est bien taillé de reconquérir autant, ou plus, s’il veut. » Les compagnons prirent l’argent, et se départirent de Chaluset ; et retournèrent à Montferrant ; et y a, de l’un à l’autre, quatorze grands lieues, mais ils avoient bon sauf conduit. Cela les faisoit aller, venir, passer, et rappasser sauvement.

Quand Géronnet de Ladurant sçut que sa finance étoit venue, et qu’il et ses compagnons seroient délivrés, si en fut grandement réjoui ; et manda ceux qui de par messire Jean Bonne-Lance étoient ordonnés de recevoir l’argent, et leur dit : « Comptez, car voilà tout ce que nous vous donnons. » Ils comptèrent jusques à vingt et deux cents francs. Après ce, ils comptèrent de leurs menus frais à leur hôtel ; et payèrent bien et largement, tant que tous s’en contentèrent. Quand ils eurent par tout payé, Géronnet emprunta hommes et chevaux, pour eux mener jusques à Chaluset, et pour ramener les chevaux ; et puis prirent congé ; et s’en partirent et tournèrent à Chaluset ; et Bonne-Lance fut certifié de son argent. Si l’envoya querre, si comme je le crois, ou il le laissa là espoir. Aussi bien sur la fiance du fort lieu l’y put-il laisser ; car messire Pierre de Giac, pour ce temps chancelier de France, y laissa son trésor ; lequel il perdit celle année, tout ou en partie, et à tout le moins ce qu’on y trouva ; si comme je vous dirai.

Quand Géronnet de Ladurant s’en fut retourné à Chaluset, les compagnons lui firent bonne chère ; et, après trois ou quatre jours qu’il se fut là rafreschi, Perrot le Bernois l’appela et lui dit : « Or, Géronnet, la belle promesse que vous me signifiâtes par mes varlets vous a faite certainement votre délivrance, et non autre chose ; car je n’y étois en rien tenu envers vous, au cas que, sans mon sçu, vous étiez allé chevaucher à l’aventure. Or, tenez votre parole, et faites tant qu’elle soit véritable, ou autrement il y aura mau-talent et très grand courroux de vous à moi. Et sachez, de vrai, que je n’ai pas appris à perdre, mais à gagner. » — « Capitaine, dit Géronnet, vous avez raison de tout cela dire ; et je vous dis que, si vous voulez, je vous mettrai dedans la ville de Montferrant, en quinze jours ; en laquelle ville gît très grand pillage, car elle est riche de soi, et bien marchande ; et y a des riches villains grand’foison ; et aussi messire Pierre de Giac, qui est chancelier de France, et qui sait bien et a où mettre la main, a dedans celle ville de Montferrant, si comme je l’ai entendu, grand trésor ; et vous dis que c’est la ville où on fait le plus simple et povre guet qui soit au royaume de France. Véez-là la parole que je vous vueil dire, et la promesse que je vous ai promise. » — « En nom Dieu ! dit Perrot le Bernois, c’est bien dit ; et je m’y incline, car je y entendrai ; et vous qui savez les aisemens et ordonnances de la ville, y faudroit-il grands gens ? » Répondit Géronnet : « De trois ou quatre cens combattans ferons-nous tous bien notre fait, car ce ne sont pas gens de grand’deffense. » — « De par Dieu ! dit Perrot le Bernois, j’y entendrai, et le signifierai aux autres capitaines des forts d’ici environ ; et nous mettrons et cueillerons ensemble ; et puis irons celle part. »

Sur cel état que je vous dis, s’ordonna Perrot le Bernois ; et manda secrètement aux capitaines qui tenoient forts prochains, tout son fait, et la volonté de son emprise, et assit sa journée à être à Ouzac[2], un chastel en l’évêché de Clermont, assez près de là, duquel un pillard, et très outrageant et Gascon qui se nommoit Olim Barbe, étoit capitaine.

Tous s’assemblèrent à Ouzac les compagnons des forts, tous Anglois ; et se trouvèrent quatre cens, et tous bien montés ; et n’avoient que six lieues à chevaucher. Le premier des capitaines, qui vint à Ouzac, ce fut Perrot le Bernois, pour montrer que l’emprise étoit sienne, et aviser les compagnons, le jour devant, qu’ils fussent tous assemblés et conseillés l’un à l’autre, parmi l’information que Géronnet de Ladurant lui avoit faite et dite, et montrer à quelle heure ils viendroient. Ce Géronnet, lui douzième de compagnons, vêtus en habits de gros varlets et marchands, à cottes de bureaux, et chacun menant chevaux de harnois, tous unis, atout bats, selon l’usage qu’ils ont au pays, se départirent d’Ouzac devant l’aube du jour ; et se mirent au chemin vers Montferrant, tenans arroutés leurs chevaux, comme marchands voituriers ; et entrèrent, comme environ nonne, en la ville de Montferrant. On ne se donna garde quelles gens ils étoient, car jamais on n’eût cuidé que se eussent été pillards et robeurs, mais marchands qui vinssent là au marché pour cueillir et acheter draps ou touailles ; et disoient qu’ils étoient devers Montpellier, et outre ; et venoient là en marchandise, car la foire y devoit être ; et là y avoit grand’foison de marchands venus et des marchandises des villes et cités de là environ.

Si se trairent Géronnet et les siens à l’hôtel de la Couronne ; et establérent[3] leurs chevaux, et prirent une belle chambre pour eux ; et se tinrent tout cois, sans aller aval la ville, à fin que on ne s’aperçût de leur malice. Or, bien pensèrent ce jour d’eux, car ils supposoient bien qu’ils ne payeroient pas d’écot. Quand ce vint sur le soir, il s’ensonnièrent trop grandement au tour leurs chevaux ; et faisoient entendre à l’hôte et à l’hôtesse, et aux varlets de l’hôte, que leurs chevaux étoient grandement travaillés, et qu’ils les convenoit aiser. Si se pourvéirent trop grandement de candouaille ; et on ne les en pouvoit assouffir[4] ; et ne se vouloient aller coucher ; mais burent dans leurs chambres ; et menoient grand’vie. L’hôte et l’hôtesse, et tous ceux de l’hôtel, par tanison allèrent coucher, et les laissèrent faire leurs volontés ; car ils n’avoient nul soupçon d’eux.

Or, vous dirai de Perrot le Bernois et de sa route. Ce propre jour le soir, ils se partirent d’Ouzac ; et étoient sept capitaines : et, tout premièrement ; Perrot le Bernois, pour le souverain ; et puis le bourg de Compane, qui s’appeloit Ernauton, le bourg Anglois, le bourg de Carlat, Apton Seguin, Olim Barbe et Bernaudon des Îles ; et encore y étoit un grand pillard de Berne, qui s’appeloit le sire de Lane-Plane. Par cestuy, et par le bourg de Compane, sçus-je et fus-je informé à Ortais de toute la besogne. Celle entreprise fut faite après la Chandeleur, ainsi que huit jours, que les nuits sont encore longues et froides. Et vous dis que toute celle nuit il pleuvoit et ventoit et fit un trop désespéré temps : pour quoi le capitaine du guet de Montferrant, pour la cremeur du laid temps, n’issit oncques celle nuit hors de son hôtel ; mais y envoya son fils, un jeune enfant de seize ans ; lequel, quand il vint sur un guet, entre une porte et l’autre, y trouva quatre povres hommes qui veilloient et geloient de froid. Si lui dirent : « Prends à chacun de nous un blanc ; si nous laisse aller chauffer et dormir. Il sera tantôt onze heures. » Le varleton convoita l’argent, et le prit ; et ceux se départirent de leur guet, et retournèrent en leurs maisons.

Géronnet et les siens étoient toujours en aguet à l’huis de la porte de l’hôtel de la Couronne, pour savoir quand le guet retourneroit. Ils virent le valeton revenir, et ceux aussi qui partis étoient de leur guet, et dirent : « La chose va bien. Il fait hui une droite nuit pour nous. Il n’y a si hardi en la ville qui ne s’en voise coucher. Le guet est passé. Nous n’avons meshui garde de cela. »

D’autre part, Perrot le Bernois et les siens chevauchoient tant comme ils pouvoient ; et leur convenoit passer assez près de Clermont, joignant des fossés et des murs. Ainsi comme à une lieue de Clermont, ils rencontrèrnt Aimerigot Marcel et bien cent lances, lequel étoit capitaine de la garnison d’Alose, de-lez Saint-Flour. Quand ils se furent ravisés et connus, ils se firent grand’chère ; et demandèrent l’un à l’autre où ils alloient par tel temps, ni quelle chose ils quéroient. Si répondit Aimerigot Marcel : « Je viens de mon fort d’Alose, et m’en vais vers Carlat. » — « En nom Dieu ! répondirent les deux capitaines qui là étoient, le bourg Anglois et le bourg de Companne, véez nous ci ; si rien vous avez à parler à nous, si le nous dites. » — « Oil, dit-il. Vous avez aucuns prisonniers de la terre au comte Dauphin d’Auvergne ; et vous savez que nous sommes en traité ensemble, par le moyen du comte d’Ermignac. Et voudrois bien ces prisonniers échanger à aucuns autres que j’ai en ma garnison, car j’en suis trop fort requis de la comtesse Dauphine, qui est une très bonne dame, et pour qui on doit moult faire. » — « Marie ! répondit le bourg de Compane, Aimerigot, vous êtes bien tenu que vous fassiez aucune chose pour la dame, car vous eûtes, n’a pas trois ans, de son argent, cinq mille francs pour le rachapt du chastel de Mercœur. Et où est le comte Dauphin pour le présent ? » Répondit Aimerigot : « On m’a dit qu’il est en France, sur l’état que vous savez des traités que nous avons au comte d’Ermignac et au comte Dauphin. » Adonc répondit Perrot le Bernois : « Aimerigot, laissez ces paroles ; si en venez avecques nous ; si ferez votre profit, car vous partirez à notre butin. » — « Et où allez-vous ? » dit Aimerigot. « Par ma foi ! compains, nous nous en allons tout droit à Montferrant, car la ville me doit à nuit être rendue. » Adonc reprit Aimerigot : « Perrot, c’est trop mal fait ce que vous voulez faire, car vous savez que nous sommes en traité avec le comte d’Ermignac et ce pays ; et sont ainsi toutes les villes, et tous les chastels, comme demi assurés. Et ferez trop grandement votre blâme, si vous faites ce que vous dites ; et si romprez tous nos propos et traités. » — « Par ma foi, compagnon ! dit Perrot, je ne tiendrai jà traité, tant que je puisse courir sur les champs, car il faut les compagnons vivre. Mais venez-vous-en avecques nous, car vous n’avez que faire à Carlat ; véez en ci les compagnons. Ceux qui y sont demeurés ne vous lairroient jamais au fort entrer. » — « Avecques vous, dit Aimerigot, n’irai-je point. Je m’en retournerai à mon fort, puis qu’ainsi est. »

Adonc se départirent-ils l’un de l’autre. Perrot tint le chemin de Clermont et de Montferrant. Et avint que, quand ils furent dessous Clermont, ils s’arrêtèrent tout coi, et eurent une nouvelle imagination ; car les trois Gascons qui là étoient, lesquels avoient porté et rapporté les traités de la délivrance de Géronnet de Ladurant, les émurent. Et dirent aux capitaines qui se tenoient tous ensemble. « Véez-ci la cité de Clermont qui est bonne et riche, et aussi prenable, ou plus, que ne soit Montferrant. Nous avons échelles. Échellons là. Nous y aurons plus de profit pour le présent qu’à Montferrant. » Sur ce propos ils furent ainsi comme d’accord, et sur le point que de faire leur fait droit là, quand aucuns des capitaines se ravisèrent, et remirent en terme en disant : « Clermont est une puissante ville et fort peuplée, et les gens bien pourvus d’armures. Si nous les avions jà estourmis, ils s’assembleroient, et mettroient à défense. Il n’est pas doute que nous ne l’aurions pas d’avantage ; et, si nous étions reculés par force d’armes, et nos chevaux pris et perdus, nous ne pourrions aller avant. Nous sommes loin de nos forts. Le pays s’émouveroit. Nous serions poursuivis et en aventure d’être tous morts sans remède. Il nous vaut tous mieux penser d’aller outre, et de fournir ce que nous avons empris, que de faire nouvelle emprise, car trop il nous pourroit coûter. » Ce conseil fut tenu ; nul ne le releva ni débattit depuis. Ils passèrent outre joignant Clermont, au plus bellement qu’ils purent, et sans faire noise ; et chevauchèrent tant, que sur le point d’onze heures ils vinrent assez près de Montferrant. Quand ils virent la ville, ils s’arrêtèrent tout cois, ainsi comme à deux traits d’arc près ; et lors dit Perrot : « Véez-ci Montferrant. Nos gens sont dedans. Vous, demeurez tous ici. Je m’en irai côtoyant ces vallées, pour ouïr et savoir si j’aurai nulles nouvelles de Géronnet, qui nous a mis en celle quête ; et ne vous partez, tant que je retournerai. » — « Or allez, répondirent les compagnons, nous vous attendrons ici ».

À ces mots se départit Perrot le Bernois, lui quatrième tant seulement ; et faisoit si noir, si brun, et si ténébreux, qu’on ne véoit point devant soi un arpent loin ; et encore avec ce il pleuvoit, négeoit, ventoit, et faisoit moult froid. Géronnet à celle heure là étoit sur l’allée des murs ; et n’attendoit autre chose qu’il ouït des nouvelles. Il regarda tout bas et vit, ce lui fut avis, ombres d’hommes qui alloient sur les fossés. Il commença à sifler en fausset. Tantôt l’entendirent ceux qui étoient en aguet, et approchèrent plus près ; car ens ès fossés, à ce lez là, n’y avoit point d’eau. Géronnet parla, en demandant : « Qui est là et qui êtes vous ? » Perrot le reconnut tantôt en son Gascon, et lui dit : « Je suis Perrot le Bernois. Géronnet, es-tu là. » — « Oui, dit-il. Appareillez-vous ; et faites approcher vos gens, car je vous mettrai par ci en la ville. La chose est en point ; tous dorment en la ville. » — « Par là ! répondit Perrot. Dieu m’en garde que jà par là je n’y entre ; car, si j’y entre, ce sera par la porte et non par ailleurs. » Donc, dit Géronnet, qui fut tout courroucé de celle réponse. « Par ma foi, Perrot ! il n’est pas en ma puissance, mais venez par ci ; et faites apporter vos échelles cordées ; et nul ne vous débattra l’entrer ni le monter. » — « Entends, Géronnet, dit Perrot. Tu me dois mettre en la ville. Mais par ce parti, que tu me montres, je n’y entrerai jà fors que par la porte. » — « Je ne le puis amender, dit Géronnet. Par la porte ne vous y puis je mettre, car elle est fermée ; et si sont les gardes dedans, mais ils dorment. » Entrementiers qu’ils étoient en cet estrif, les aucuns des compagnons de Géronnet alloient et venoient dessus les allées des murs, pour savoir s’ils orroient rien. Assez près de là y avoit une petite maison, en descendant des murs ; et celle maison étoit tout aseulée hors des autres ; et un pauvre homme couturier y demeuroit dedans, qui avoit veillé jusques à celle heure et s’en devoit aller coucher. Ainsi que le vent porte le son des choses, il avoit ouï parler sur les murs, car de nuit on oyt moult clair. Si étoit issu hors de la maison et avoit rampé amont ; et d’aventure il trouva ces compagnons qui alloient et venoient. Si tôt comme il les vit, il commença à crier. L’un d’eux saillit tantôt avant, et le prit parmi la gueule, et lui dit : « Villain, tu es mort si tu sonnes mot. » Quand il se vit en ce parti, il se tut tout coi, car il douta la mort. Géronnet se retourna, qui avoit ouï la voix de l’homme et dit : « Ho, ho ! N’occiez pas le vilain. Il nous vient trop bien à point. Dieu le nous envoye, car par lui ferons-nous le parfait de notre entreprise. » Adoncques dit-il à Perrot le Bernois : « Perrot, retournez devers les compagnons ; et, si vous oyez la première porte ouvrir, si saillez avant, et de vos haches ou épées, taillez ou découpez celle de devers vous, car nous allons à la porte. » Adoncques lui dit-il l’aventure de l’homme qu’ils avoient trouvé. Perrot se départit et retourna vers ses compagnons, et leur dit aucques toutes les paroles que vous avez ci-dessus ouïes. Si dit Géronnet de Ladurant à cet homme qu’ils avoient trouvé : « Si tu ne fais à notre volonté, tu y es mort sans remède, » — « Et que voulez-vous que je fasse ? » dit l’homme. « Je vueil, dit Géronnet, que tu voises à la porte, et que tu éveilles les portiers ; et puis leur dis que le capitaine t’envoye là, et qu’ils ouvrent la porte ; ou qu’ils te baillent les clefs, et tu l’ouvriras pour laisser entrer dedans marchands de Montpellier qui sont là dehors atout grands fardeaux, lesquels viennent à la foire. » — « Je ne sais, dit l’homme, s’ils me voudront croire. » — « Oui, dit Géronnet, à toutes enseignes qu’il n’étoit point hier soir au guet, mais son fils y fut. Et si tu ne fais bien et sagement ce que je dis, je t’occirai de ma dague ; et fais tant, que je ne puisse pas voir que par ton défaut nous faillions à notre emprise. »

Ce povre homme qui s’oyoit menacer d’occire, et en véoit les apparences, et ces Gascons tout appareillés pour l’occire, si en étoit tout ébahi et tout effrayé ; et leur répondit. « Je ferai à mon pouvoir loyaument ce que vous me requérez. » Il s’en vint à la porte, et heurta à l’huis, là ou cils dormoient qui les clefs de la porte gardoient, et fit tant qu’ils furent éveillés. Ils demandèrent : « Qui es-tu, qui nous éveilles à celle heure ? » — « Je suis, dit-il, tel ; et si nomma son nom. J’ai anuit fait besogne pour l’hôtel du capitaine ; si que, ainsi que je lui rapportois son ouvrage, nouvelles lui vinrent de marchands de Montpellier qui sont là dehors, tout lassés et mouillés, et leurs fardages. Si vous mande, de par moi, que vous ouvriez la porte, ou que vous me bailliez les clefs, et je l’ouvrirai, à ces enseignes que celle nuit il n’a point été au guet, mais son fils y a été. » — « C’est vérité, répondirent-ils. Tu les auras. Attends un petit. » Adonc se releva un des deux ; et prit les clefs de la porte qui pendoient à une cheville ; et ouvrit une petite fenêtre ; et les lui bailla. L’homme prit les clefs ; et tôt comme il les tint, Géronnet les lui tollit, et puis vint au flayel de la porte et bouta d’aventure premièrement la clef en la serrure, celle qui y alloit, et l’ouvrit toute arrière ; et puis vint, aussi firent tous ses compagnons, à l’autre porte, et la cuida ouvrir, mais oncques il ne put ni sçut. Perrot le Bernois et sa route étoient au dehors, qui attendoient que la porte fût ouverte. Adonc leur dit Géronnet : « Beaux Seigneurs, aidez-vous ; et vous avancez. Je ne puis ouvrir celle seconde porte. Dérompez-la à vos haches. Autrement vous ne pourrez entrer en la ville. » Et ceux qui étoient pourvus de haches et de quingnies commencèrent à férir et à frapper en celle porte, comme charpentiers. Si donnèrent à Géronnet et à ses compagnons, quand ils eurent pertuisé la porte, haches et quingnies, pour couper le flayel de la porte. Adonc s’estourmirent et levèrent plusieurs hommes hors de leurs lits, qui ouïrent le hutin ; et de premier s’émerveillèrent durement que ce pouvoit être, car jamais ils n’eussent pensé, ni imaginé, que ce fussent Anglois qui à celle heure les fussent venus réveiller ; et demeurèrent en ce pensement sans eux sitôt lever ; et se rendormirent. Adonc les gardes de la porte qui mal l’avoient gardée, quand ils ouïrent l’effroi et le bucher, et gens parler, et chevaux hennir, connurent tantôt qu’ils étoient déçus et surpris. Si se levèrent ; et vinrent aux fenêtres de la porte, et commencèrent à crier, à haute voix : « Trahis ! trahis ! » Adoncques s’estourmirent en grand effroi ceux de la ville. Plusieurs se levèrent, et s’ensonnièrent à sauver le leur, et à fuir vers le chastel. Mais trop petit de gens y entrèrent, car, quand le chastelain qui le chastel gardoit entendit que les Anglois avoient pris la ville, pour la doutance de plus perdre il ne voulut oncques le pont abaisser. Aucuns de ses amis qui premiers s’aperçurent de celle aventure, il les recueillit par une planche ; et puis tantôt, quand il eut ouï grand effroi en la ville, et hommes, femmes et enfans crier, il retrait à lui la planche ; ni point ne la voult remettre depuis ; et entendit fort que le chastel fût bien gardé et défendu, si on l’assailloit.

Je vous ai dit comment la première porte fut ouverte, et la deuxième rompue et brisée par force de quingnies et de haches. Adoncques entrèrent dedans tout bellement et tout paisiblement les capitaines et leurs routes en la ville ; et tout premier, sans entrer en nulle maison, pour savoir et ouïr si nuls ne se reveilleroient, ni mettoient ensemble pour faire défense, ils allèrent au long de la ville, et la cerchèrent toute. Oncques n’y trouvèrent hommes qui se missent en défense : si ce ne furent aucuns, qui étoient venus et retraits devers le chastel, et cuidoîent entrer dedans. Ceux se défendirent un petit ; mais tantôt ils furent déconfits, ou morts ou pris. Que vous ferai-je long conte ? Ainsi fut la ville de Montferrant en Auvergne prise, le jeudi, par nuit, devant le dimanche gras, treizième jour du mois de février, par Perrot le Bernois et ses complices : et, si tôt qu’ils virent qu’ils étoient seigneurs de la ville, ils se logèrent par les hôtels, tout à leur aise, sans bouter feu ni faire autre violence ; car Perrot le Bernois défendit, sur la tête à perdre, que nul ne violât femme, ni pucelle, ni ne boutât feu, ni prensist pillage, ni prisonnier, grand ni petit, dont il n’eût la connoissence ; et que nul, sur la peine dessus dite, ne grevât ni molestât église nulle ni hommes d’église, ni que rien n’y fût pris ni ôté.

Toutes ces choses avoit Perrot le Bernois coutume et usage d’entretenir, et avoit entretenues, depuis qu’il se bouta en France pour faire guerre ès villes et chastels qu’il prenoit, fût par force ou autrement. Mais Geoffroy Tête-Noire faisoit tout le contraire, car il n’avoit cure où il fût pris, fût sur église ou ailleurs, mais qu’il en eût.

Quant ce vint au matin, que les nouvelles en vinrent en la cité de Clermont en Auvergne, qui siéd à une petite lieue de là, comment les Anglois en la nuit avoient pris et conquis la bonne ville de Montferrant qui leur est si prochaine et si voisine, si en furent toutes gens durement ébahis, et à bonne cause, car leurs ennemis étoient trop près amassés ; et n’en savoient que dire ni que faire ; et entendirent fort à garder leur ville. Ces nouvelles s’épandirent en plusieurs lieux, à Ville-Neuve sur Allier, à Thiers, à Yssoire, à Quersy, à Riom, une grosse ville, et, là de lez, à Aigue-Perse, au chastel de Montpensier : et tous ces pays, que je vous nomme, et toutes ces villes, la greigneur partie est au duc de Berry.

Les nouvelles furent tantôt trop loin sçues, comment les Anglois, Gascons et pillards, avoient pris et conquis la bonne ville de Montferrant en Auvergne. Tous ceux qui en ouïrent parler, et à qui il en touchoit, s’en émerveilloient et s’en doutoient, et frémissoient les voisins pays, Auvergne, Bourbonnois, Forez et jusques en Berry. Quand les nouvelles en furent venues à Paris, le roi et ses oncles en furent tout courroucés ; ce fut raison. Pour ce temps étoit le comte Dauphin d’Auvergne à Paris pour les besognes du pays, car il en étoit souverain regard et gardien avecques le comte d’Ermignac. Si lui vinrent à très grand’déplaisance ces nouvelles ; car il lui fut avis qu’il en recevroit blâme et parole : pourtant qu’il en étoit ainsi avenu, et on le savoit hors du pays. Mais l’excusance véritable et raisonnable qu’il avoit étoit telle, qu’il étoit en traité envers eux, et sur cel état il tenoit le pays pour assuré. Or ces nouvelles sçues, le comte Dauphin se départit tantôt de Paris, pour venir vers Auvergne pour remédier à ces besognes, et laissa tout son état derrière ; et chevaucha, lui et son page seulement, le chemin de Moulins en Bourbonnois, pour venir en Auvergne, et renouveloit tous les jours chevaux. En chevauchant en celle hâte, il ouït autres nouvelles à Saint-Pierre le Moustier qu’il n’avoit ouïes en devant, lesquelles je vous dirai.

  1. Nous le marchandons, une autre fois nous l’achèterons
  2. Fonzac.
  3. Les mirent à l’écurie.
  4. Approvisionner suffisamment.