Les Démoniaques dans l’art/p13

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SAINT JEAN GUALBERT DÉLIVRE DU DIABLE UN MOINE MALADE

PEINTURE SUR BOIS[1], ATTRIBUÉE À SIMONE MEMMI, NÉ EN 1284, MORT EN 1344. ÉGLISE DU COUVENT DE PASSIGNANO

Dans l’église du couvent très ancien de Passignano, dans le Val di Pesa, près Florence, se trouve le tombeau de saint Jean Gualbert, fondateur de l’ordre des moines de Vallombrosa et mort à Passignano le 12 juillet 1073.

On voit dans la sacristie de cette église une armoire sur les portes de laquelle sont des peintures attribuées à Simone Memmi, et représentant divers sujets relatifs à la vie du saint. Le panneau le plus important représente saint Jean Gualbert qui fait fuir le démon en le frappant de la croix et délivre ainsi un moine malade. Le démon à tête de pourceau s’échappe par la fenêtre. Cet exorcisme offre ceci de particulier que le saint s’adresse directement au diable déjà sorti du corps de sa victime. Il le chasse à coups de croix. Le malade assis dans son lit marque du geste sa délivrance, pendant que des moines préparent des médicaments, chauffent des linges ou bien rendent grâce pour le miracle qui vient de s’accomplir. Le possédé se nommait Florenzio, personnage riche et hostile à l’ordre de saint Jean Gualbert. Après une longue maladie il vint demander pardon au saint, et il se fit moine de Vallombrosa après avoir été délivré du diable par saint Jean lui-même. Ce même épisode de la vie de saint Jean Gualbert est représenté sur une lunette en toile peinte du couvent de Vallombrosa, et dont le docteur Tommaso-Tommasi nous a également envoyé la photographie. On voit au milieu du tableau saint Jean Gualbert qui de la main droite armée de la croix s’apprête à frapper le démon en fuite. Quant au possédé délivré, il est dans son lit, au pied duquel prient des moines à genoux.


SAINT JEAN GUALBERT DÉLIVRE DU DIABLE UN MOINE MALADE
D’après une peinture sur bois attribuée à Simone Memmi.

On trouve encore sur un bas-relief en marbre de la Galerie des Offices à Florence, ce même trait de la vie de saint Jean Gualbert, retracé d’une façon analogue.

Plus tard, au XVIIe siècle, cette même croix, dont s’était servi saint Jean Gualbert dans la circonstance que nous venons de rappeler, fut de nouveau utilisée par un de ses successeurs, le moine Hylarion Garbi, pour chasser le démon du corps d’une possédée. Ce nouveau miracle fut représenté sur un grand tableau conservé dans l’église de Vallombrosa, et dont nous dirons quelques mots plus loin.


  1. Le Dr Tommaso-Tommasià qui nous devons la connaissance de ce document a eu l’obligeance de nous en envoyer, un dessin dont nous donnons ici la reproduction.