Les Démoniaques dans l’art/p18

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POSSESSION D’EUDOPIA, FILLE DE L’EMPEREUR THÉODOSE

TAPISSERIES D’ARRAS (FIN DU (XVe SIÈCLE)

Le Musée de Cluny possède une suite de tapisseries d’Arras, relatives à l’histoire de saint Étienne, premier martyr, et à la légende de l’invention de ses reliques. (Catalogue par E. du Sommerard, 1883. p. 494).

Parmi ces tapisseries, il en est deux qui représentent la fille de l’empereur Théodose, possédée du démon, en proie à un accès de son mal.

Voici, d’après le catalogue, la légende et la description de ces deux morceaux.

I. — Eudopia, fille de l’Empereur Théodose, possédée du démon, déclare qu’elle sera guérie, si le corps de saint Étienne est apporté à Rome. L’empereur renvoie chercher promettant en échange le corps de saint Laurent.

Un cardinal est debout devant les marches du palais, vêtu d’une longue robe et tenant son chapeau sur sa poitrine ; auprès de lui sont l’empereur et le souverain pontife, accompagnés d’évêques et de personnages de la cour. Un singe est accroupi près d’un pilastre ; à gauche un écuyer de l’empereur invite le cardinal à monter sur le cheval que tient prêt un homme de service. Dans le fond on voit la princesse Eudopia en proie à un accès de son mal.

Légende :

Cōme Eudopia fille de Théodozē ēpere’de Rome estat possessee du diable qui a près plusieurs cōjurations dire ne partirait point qui ne apporteroit le corps saint Estienne a Rome. Le pap ala requeste de lēpēre envoye a Constantinople quérir le corps sainct Étienne lequel fut baillie et promectant baille le corps de saint Laurens.

Ici la scène de possession est reléguée au second plan. La princesse est au milieu de la plus vive agitation. Elle se renverse soutenue par deux aides, étendant les bras et le visage dirigé en haut,

II. — Eudopia possédée du démon, déclare dans l’un de ses accès, que saint Étienne veut reposer près de saint Laurent.

La princesse est agenouillée sur le premier plan, en proie à un accès de délire ; elle se renverse sur le côté droit les deux bras levés, les mains à hauteur de la tête, la paume tournée en avant, dans un geste qui rappelle celui de l’étonnement ; près d’elle est un personnage qui semble être un médecin ; dans le fond est le souverain pontife entouré de hauts personnages de l’Église.

Légende :

Cōme le corps de S. Estieñe est apporté en l’église de S. Pierre mais le diable par la bouche de la fille dit que le corps de s. Estien coulait estre prés de celuy de s. Laurens.