Les Derniers Jours de Henri Heine/VII

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Calmann Lévy (p. 23-24).
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VII


Voulait-il savoir comment je me tirerais d’un pas difficile, s’assurer si mon esprit vibrait toujours à l’unisson du sien ? Curiosité ou désir de m’associer à ses travaux, il m’entretenait longuement de ses projets de traduction. Il s’agissait de trouver des expressions françaises à la fois assez harmonieuses et assez justes pour initier le public de la Revue des Deux Mondes à ce chef-d’œuvre qui, sous le titre de Nouveau Printemps, peint si bien l’état d’un cœur qui passe des glaces d’un amour refroidi aux délices printanières d’un amour nouveau.

Il voulait, disait-il, comparer ma version française avec celle de ses traducteurs ordinaires, et corriger leur travail sur mon texte. Insouciance presque invraisemblable ! J’attribuais si peu d’importance, à cette époque, à mes idées, que je n’ai jamais songé à me procurer le fascicule de Revue qui contient des fragments de mon premier travail littéraire. J’avais obligé mon ami, cela me suffisait et je n’en demandais pas plus.