Les Dieux antiques/L’Héphaïstos grec ou la Vulcain latin

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J. Rothschild, éditeur (p. 95-98).




L’HÉPHAISTOS GREC OU LE VULCAIN LATIN.





Héphaistos. — Ce dieu nous apparaît comme l’artisan qui forge des armes irrésistibles, mais est laid et boiteux (fig. 67). Pourquoi ? Parce que Héphaistos est strictement « l’éclat de la flamme » ; et comme la flamme provient d’une petite étincelle, on représenta le dieu chétif et difforme à sa naissance, mais fort et puissant, une fois grand. La légende est belle. Fils de Zeus et de Héré, voilà l’enfant ; et quelquefois de Héré seulement. Sa laideur déplut tant à sa mère, qu’elle pensa le rejeter de l’Olympe ; et c’est plus tard, quand il prit le parti de la déesse dans une querelle, que Zeus le précipita du ciel. Il tomba, blessé et estropié, à Lemnos, où les Sintiens le traitèrent avec bonté. Tout en forgeant, il resta le porte-coupe des dieux, et il faisait des cuirasses et des armes. Quand Hector eut dépouillé de l’armure d’Achille le corps de Patrocle, Héphaïstos, à la prière de Thétis, fit un nouvel habit de guerre, brillant comme un soleil et Fig. 67. — Statue d’Héphaïstos ou Vulcain.
ravissant le héros comme le ferait l’aile d’un oiseau. Cent œuvres d’art nous montrent, épouse du rude forgeron, Aphrodite elle-même ; mais certaines légendes donnent ce titre à Charis, et d’autres à Aglaïa ; trois leçons voulant dire une seule et même chose, à savoir que la flamme du feu est apparentée à l’éclat de la lumière du soleil.

Héphaistos se retrouve dans des traditions étrangères à celles des Grecs, mais point sous ce nom. Des Latins et Fig. 68. — Buste de Vulcain.
des Romains d’époque avancée, il était connu en tant que Vulcain (fig. 68). Dans les poèmes védiques il s’appelle Agni, le même mot qu’en latin Ignis, le feu. Les Latins semblent, dans cette légende et dans d’autres, avoir emprunté un grand nombre de notions grecques ; mais les poètes hindous insistaient plutôt sur la force de la flamme nouvellement allumée que sur son aspect chétif. Au lieu de dire, comme nous, que le feu brûle et que le bois fume, je les entends chanter : « Hennissant d’ardeur à se nourrir, il s’avance hors de sa forte prison ; puis le vent, après cette explosion, souffle, et le sentier d’Agni (le feu) est tout de suite obscur. » La même idée se rencontre dans la mythologie du nord de l’Europe.

Rappelez-vous l’histoire de Sigurd, qui est l’Achille ou le Persée des légendes norses ; Régin, l’artisan de Hialprek, roi de Danemark, répond exactement à Héphaistos, et, pareil à lui, forge des armes auxquelles nul ennemi ne peut résister.

Vulcain. — Vulcain est donc le dieu latin du feu, qu’on identifiait avec l’Héphaistos grec. Aussi le dit-on l’époux de Vénus, nom apparenté au vieux mot sanscrit ulkâ, un « brandon de feu », un « météore ».

Vulcain.