Les Eaux de Saint-Ronan/19

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Les Eaux de Saint-Ronan
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 25p. 325-326).


CHAPITRE XIX.

UNE LETTRE.


A-t-il pu parler si long-temps sans être fatigué, et s’arrête-t-il maintenant pour reprendre haleine ? Ah ! c’est bien…
Shakspeare. Richard III.


Lorsque Mowbray eut quitté l’appartement du comte, celui-ci s’assit à son bureau pour écrire à son ami et compagnon de plaisir, le capitaine Jekill, au Dragon-Fert, à Harrowgate.

Il lui rendait compte, dans une longue lettre, de tout ce qui lui était survenu depuis son arrivée aux Eaux de Saint-Ronan, et particulièrement de son duel avec sir Francis ou Tyrrel, son cousin ; car c’était par suite de cette rencontre que Tyrrel n’avait pu se trouver au rendez-vous avec sir Bingo. Il ne doutait pas que Francis, qui avait disparu subitement après l’avoir assez grièvement blessé, ne fût encore dans le pays ; il avait le plus vif désir de découvrir sa retraite, et de surveiller sa conduite à Saint-Ronan ; personne ne pouvait mieux remplir cette double commission que Jekill. En conséquence, son ami le sommait de quitter sur-le-champ Harrowgate, et d’arriver au plus tôt à Saint-Ronan. Là, outre le plaisir d’obliger un camarade, il trouverait, comme moyen de distraction, quelques joueurs faciles à plumer, et quelques femmes dignes de fixer son attention. Quant au laird de Saint-Ronan, le comte, après avoir raconté tout ce qui s’était passé entre eux, s’égayait fort aux dépens de ses prétentions ridicules et de sa fatuité provinciale.