Les Eaux de Saint-Ronan/34

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Les Eaux de Saint-Ronan
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 25p. 386-387).


CHAPITRE XXXIV.

UN THÉ.


Fermez les rideaux, disposez les sofas autour de la salle, et pendant que l’eau bouillonne dans cette urne, et lance au loin une colonne de fumée, que les coupes répandent partout non l’ivresse, mais la gaîté ; nous aurons une paisible soirée.
Cowper.


Toute la société qui se trouvait aux Eaux était réunie dans le salon de lady Pénélope. Cette dame, cédant à son penchant naturel autant qu’à son animosité contre Mowbray et sa sœur, se permit de dire assez haut plusieurs choses peu favorables à l’honneur de miss Clara. Mowbray était alors dans une autre partie de l’appartement ; mais quelques mots dits avec intention par lady Binks, ennemie mortelle de lady Pénélope, lui apprirent que cette dernière venait de se permettre des insinuations peu flatteuses pour sa sœur. La femme de chambre de lady Pénélope, occupée à préparer le thé, avait été constamment auprès de sa maîtresse. Mowbray l’attira dans une chambre voisine, et là, en l’intimidant par ses menaces, il arracha d’elle l’aveu que lady Pénélope avait dit que « miss Clara n’était pas ce qu’elle devait être. »

La femme de chambre allait continuer, mais elle s’aperçut que quelqu’un écoutait à la porte ; c’était Touchwood. Il prétendit que, chassé du salon par la chaleur, il était venu dans l’antichambre pour se rafraîchir. Il offrit à Mowbray de lui donner des conseils dans la position critique où il se trouvait, car la perte qu’il avait faite ce soir avec le comte n’était pas un secret. Malgré ces offres de service, et l’obligeance sincère avec laquelle elles semblaient faites, Mowbray, agité par la colère et le dépit, repoussa brusquement M. Touchwood, descendit avec précipitation, s’élança sur son cheval qui attendait tout sellé dans la cour, et partit au grand galop pour Castle-Shaws.