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Les Enfantines du bon pays de France/Histoires curieuses

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Histoires Curieuses.


LE BON TOTO ET LE MÉCHANT TOM
ou la Journée de deux petits garçons.


On habille Toto, dans cinq minutes, zeste !
Il a mis ses souliers, son pantalon, sa veste,
Et sa petite sœur trouve qu’il est très-beau.
Tom, lui, c’est différent, car il a peur de l’eau ;
Il repousse l’éponge en criant et se cabre,
Le méchant, comme si le peigne était un sabre.
Sur sa chaise il trépigne, aux pieds n’ayant qu’un bas.
La cuvette est par terre et le peigne est à bas.

Trimm[1].


LES INFORTUNES DE TOUCHE-A-TOUT.


Gros Thomas, notre jardinier,
Dit-il, est toujours à crier
Qu’on ne touche pas à sa ruche !
Ce jardinier est une cruche :
Une mouche qui fait du miel
Ne peut avoir le moindre fiel.
Les abeilles, je le parie,
Entendent la plaisanterie.
Il dit, et, sans plus de façon,
Voilà notre petit garçon
Qui, de sa baguette, fourrage
Les abeilles et leur ouvrage.

Soudain l’essaim se précipite
Sur son nez, ses mains et ses yeux.
Comme Touche-à-Tout prend la fuite
Devant leur assaut furieux !

Pendant qu’à terre il se démène,
Gros Thomas sur lui fait pleuvoir
Toute l’eau de son arrosoir,
Et le délivre avec grand’peine.

En un clin d’œil il est enflé,
Déformé, gonflé, boursouflé.
Il souffre, et sa triste figure
Devient rouge comme une mûre.
Touche-à-Tout, piqué, jura bien
De ne jamais toucher à rien.

Bertall.

Voyez la fin de l’histoire dans : les Infortunes de Touche-à-Tout ; Hachette, éditeur.


LES INFORTUNES DE TOUCHE-A-TOUT.


Comme c’est drôle l’eau qui tout !
Dit un jour Monsieur Touche-à-Tout ;
Et comment dans cette bouillote
Se fait-il donc que l’eau clapote ?
On croirait ouïr le caquet
D’une pie ou d’un perroquet.

Il vous saisit la cafetière.
Ahi ! ahi ! vite en arrière
Il se jette ; mais à l’instant.
Sur ses pieds se précipitant,
L’eau chaude, par mainte brûlure,
Met le bonhomme à la torture,
Et, ce qui n’est pas le plus-beau,
Ses pauvres pieds n’ont plus de peau.

Bertall.

Voyez la fin de l’histoire dans le volume : les Infortunes de Touche-à-Tout.


LOUSTIC COLLÉ A LA POMPE.


Jusqu’à présent tout allait bien
Pour le joyeux petit vaurien.
Mais à force de rire on pleure,
Vous le verrez bien tout à l’heure.
Un jour, on était en hiver,
Loustic applique sur le fer
De la pompe sa langue rose,
En faisant, quelle absurde chose !
Le pari qu’il l’y laisserait
Cinq minutes. Ah ! le pauvret !

Une minute est écoulée,
Et voilà la langue collée
Toute gelée au puits glacé,
Loustic y demeure fixé.

Hélas ! il n’est plus à la fête,
Il voudrait retirer la tête ;
Il ne peut pas ! Son cou gonflé,
Bleuit, il ahane essouflé ;
Son œil pleure, et sur la margelle,
La langue et les larmes, tout gèle.


LOUSTIC SE BARBOUILLE DE GROSEILLE.


Il se frottait jusqu’aux oreilles,
La bouche de jus de groseilles,
Puis il poussait des cris de paon.
Ahi ! je saigne !… La maman
Accourt, à peine elle respire,
Et l’espiègle éclate de rire.

Trimm. (Histoire de Loustic[2].)


LOUSTIC PERD UN ŒIL.


Quand une voiture passait,
Loustic après elle courait,
Et puis se pendait par derrière ;
C’était sa farce journalière.

Contre Loustic plus d’un cocher
Avait fini par se fâcher.
Un jour qu’il faisait son manège,
Collignon du haut de son siège,
Lui fit présent d’un coup de fouet
Appliqué si dur et si droit,

Qu’un œil tiré de la cervelle
S’enlève au bout de la ficelle.
Pauvre œil ! C’était comme un poisson
Qu’on aurait pris à l’hameçon.

Trimm.


LOUSTIC SE MOUCHE LA TÊTE.


Une des farces de Loustic,
Quand il se mouchait en public,
Était de sonner la trompette
D’une façon fort indiscrète.
Il ne songeait pas, le vaurien,
Que son cou ne tenait plus bien.
Un jour qu’il fit la clarinette
En se mouchant dans sa serviette,
Il moucha si bien son nez sec
Qu’il se moucha la tête avec !

Trimm.


JEAN LE NEZ-EN-L’AIR.


Lorsque Jean allait à l’école
Il regardait l’oiseau qui vole,
Et les nuages et le toit,
Toujours en l’air jamais tout droit
Devant lui, comme tout le monde ;
Et chacun disait à la ronde,
En le voyant marcher : « Mon cher !
Regardez Jean le Nez-en-l’air. »


Un jour en courant un chien passe,
Et Jean regardait dans l’espace
Tout fixement ;
Et personne là justement,
Pour crier : Jean ! le chien ! prends garde !
Le voilà près de toi, regarde !
Paf ! petit Jean est culbuté,
Et le chien tombe à côté.

Trimm.
Hachette, éditeur.


JEAN BOURREAU.


Il aimait, le cruel ! à torturer les bêtes.
Les mouches qu’il prenait, il leur coupait les têtes.
Les jolis papillons, il leur lardait le corps,
Les perçant d’une épingle avant qu’ils fussent morts.
Aux arbres il grimpait, et là, comme un sauvage,
Il arrachait les nids cachés dans le feuillage :
Et, voyez, sur l’image on vous a copié
Un pauvre oiseau que Jean a pendu par le pié !

Trimm.
Hachette, éditeur.


JEAN BOURREAU.


Quand il se promenait avec son cousin Pierre,
Les crapauds étaient tous tués à coups de pierre ;
Ou bien il arrachait la patte aux grenouillons,
Et leur perçait le corps comme à ses papillons.
Et les contorsions des pauvres créatures
Amusaient le bourreau qui causait leurs tortures.
Bourreau fut son surnom : Jean le méritait bien.
Tout le monde appelait Jean Bourreau ce vaurien.


LA PETITE PARESSEUSE.


C’est bien Pauline qu’on l’appelle,
Mais fainéante est son vrai nom.
On a beau crier après elle,
A tout travail elle dit non.

Elle s’étale sur sa chaise ;
Elle y bâille de tout son cœur.
Son petit chat, elle le baise ;
Elle bat sa petite sœur.

Elle sait ses lettres à peine,
Ne veut pas écrire du tout,
Et n’a jamais, sans quelque scène,
Dit ses prières jusqu’au bout.


Pour regarder à droite, à gauche,
Ses yeux ne sont jamais perclus ;
Mais quant au feston qu’elle ébauche,
Ses mains dorment bientôt dessus ;

Et l’aiguille qui les chagrine
S’en va par terre avec le fil…
Pauline, petite Pauline,
Comment cela finira-t-il ?

De Grammont. (Les Bébés.
Hetzel, éditeur.)


Cette pièce est-elle traduite de la poésie allemande que voici, ou en est-elle l’original ?

Paulinchen heisst sie,
Faulinchen ist sie,
Ihr Schwesterchen schlägt sie.
Ihr Käzchen küsst sie.
Guckaus heissen die Augen,
Thunichts heissen die Hände,
Paulinchen, Faulinchen,
Bedenke das Ende !

(Daheim. 20 Bilder von Pletsch. Dresden,
Verlag von N. Richter.)


LE DOCTEUR PLUME.


Il est distrait dès qu’il se lève,
On ne sait s’il veille ou s’il rêve. —
A la chasse on se préparait,
Mais le docteur est si distrait
Que personne ne se soucie
De chasser dans sa compagnie.
— Qu’on me donne un fusil, un chien,
Et tout seul je chasserai bien.
Chacun s’écarte et lui fait place :
Monsieur Plume se met en chasse.
Le chien levait lapins, perdrix,
Qui se jetaient, tout ahuris,
Jusque dans les mollets de Plume ;
Mais lui ne voit ni poil ni plume,
Et s’en revient sans tuer rien…
Si fait ! il a tué… son chien.

Trimm. (Plume le Distrait.
Hachette, éditeur.)


LE DOCTEUR PLUME.


Il va toujours. Sur l’entrefaite
Un vieux camarade l’arrête
Qui, ne l’ayant vu de longtemps,
Veut lui parler quelques instants,
Et demande comment se porte
Madame Plume (elle était morte).
Plume répond : Tout doucement !
Et chez toi ? — Chez moi, mal vraiment,
Ma fille a pris un méchant rhume.
— Allons, tant mieux, tant mieux ! dit Plume.

Trimm.
  1. Voyez la fin de l’histoire dans le livre : le Bon Toto et le méchant Tom, ou la Journée de deux petits garçons. (Hachette, éditeur.)
  2. Hachette, éditeur.